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Corrigé du commentaire: Zola, Germinal, 1ère partie, chapitre IV

Publié le 15/09/2006

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zola

 

 

 Chef de file du naturalisme, Emile Zola a entrepris, à travers la fresque romanesque des Rougon-Macquart, de dresser un tableau de la société français du Second Empire en étudiant plus particulièrement l'influence du milieu et de l'hérédité sur les personnages. Dans Germinal, écrit à la suite d'un important travail de documentation, il s'intéresse au monde ouvrier qui, exploité, finit par se révolter. L'extrait de la première partie du chapitre IV nous plonge dans les entrailles du Voreux, au plus près de Maheu et des autres mineurs. Comment Zola parvient-il à nous montrer les conditions inhumaines dans lesquelles travaillent les ouvriers de la mine? Nous étudierons d'abord le tableau réaliste du travail des mineurs, proposé dans cette page par l'auteur. Nous verrons ensuite qu'au-delà du caractère documentaire, le romancier confère à sa description une dimension symbolique. 

 Plan détaillé: 

   Zola propose un tableau réaliste du travail des mineurs 

         le romancier fait d'abord la description précise d'un métier 

     Cette description a d'abord une valeur documentaire: termes techniques: « rivelaines « « havage «; 

 sens du détail (indices spatiaux « en haut « « au-dessus «: permettent de visualiser la scène) 

 Zola nous plonge au cœur de la mine avec les notations sensorielles (vue « ténèbres « « noir « ouïe « bruits sourds « toucher « buée de lessive « « goutte « odorat « gaz «) et nous montre la pénibilité de ce travail nécessitant une force physique (« grands coups «) et de l'endurance. 

      les dangers de ce travail dont les conditions sont inhumaines    champs lexicaux de la chaleur et de l'humidité: les conditions de travail sont, certes insupportables, mais elles constituent un danger mortel: la menace de l'inondation ou du coup de grisou est rappelée par ces champs lexicaux qui encadrent le 1er paragraphe. 

 C'est un travail de forçat qui est présenté comme un supplice, une punition: « supplice « causé par une simple goutte d'eau (lignes 14-15) comparaison au crime « comme pour un crime « 

      la lutte acharnée et courageuse des mineurs    courage de Maheu qui, malgré la goutte, ne veut pas « lâcher son havage « et de l'ensemble des mineurs « tous tapaient «. 

 Une description, donc, qui a une valeur documentaire (cf. carnets d'enquête de Zola; ambitions du naturalisme) 

   Au-delà de l'aspect documentaire, le romancier donne à cette    description une valeur symbolique. 

         Zola nous entraîne dans une véritable « descente aux enfers    « 

     impression de pénétrer dans un autre monde: « noir inconnu « ou dans un univers de fantômes « formes spectrales «: les mineurs sont déshumanisés, ils semblent peupler un véritable Enfer, condamnés à un supplice éternel (champ lexical de la souffrance; effacement des repères temporels « sans relâche « ; références symboliques: « fumant « « la température montait « « étouffement « « air mort « « points rougeâtres « « pesanteur de l'air «) 

      Les mineurs sont aux prises avec une nature personnifiée      et hostile    La nature est sujet grammatical des phrases (« la roche...ruisselait « « une goutte s'acharnant « ) et même personnifiée (le rythme « entêté « des gouttes; l'acharnement le la goutte qui gêne Maheu 

 ). La nature se hisse à un niveau mythique (thème des 4 éléments constitutifs de l'univers: eau / air/ feu / terre. Mais cette Mère Nature n'est pas ici source de vie, au contraire: elle engendre la mort {text:soft-page-break} (annonce de la catastrophe finale) 

 Au sein de cette nature, l'homme n'est qu'un objet (« qui le secouaient violemment entre les deux roches «) il est assimilé à des spectres, à des bêtes (« grognement « comparaison du puceron qui montre bien sa vulnérabilité); Ce ne sont plus des êtres humains à part entière, ce ne sont que des membres (« bras noueux « « hanches «) ils sont assimilés à leur outil (« les rivelaines tapaient «); ce sont presque des machines (ils ne parlent pas, dégagent une « chaude buée «) 

      ce passage évoque le problème de la condition ouvrière    Impression d'isolement des ouvriers les uns par rapport aux autres, anonymat (typographie du texte; ils ne se voient pas, ne se parlent pas). 

 Le narrateur souligne le manque de prise de conscience collective, l'aveuglement concernant leurs conditions de travail et de vie; mais ils sont symboliquement dans le noir et ne peuvent réfléchir (références à la tête:« chauffait sur son crâne « « s'acharnant dans son œil «). Ils n'ont d'ailleurs pas conscience de la richesse de ce qu'ils extraient du ventre de la terre (métaphore du cristal). 

 Néanmoins, l'allusion à une menace (« crime « « têtes violentes «) semble annoncer la suite du roman (fonction narrative de la description). 

 Dans ce passage, situé dans les premières pages du roman, Zola se livre donc à une description réaliste du métier de mineur, attentif à dépeindre celui-ci et ses conditions de travail. Mais il donne également à son texte une fonction symbolique: engloutis par le ventre de la terre, happés par une Nature hostile, ces ouvriers sont déshumanisés, aliénés par leur labeur. C'est un sentiment d'injustice qui touche le lecteur lisant ces lignes: les mineurs sont effectivement exploités par d'autres, par ceux qui profitent de cette « houille-cristal «. Mais ces hommes ne seront pas toujours aveuglés par l'eau ou le gaz. Dans la révolte et la lutte pour des conditions de vie décentes naîtra la conscience d'appartenir à une classe sociale. Et c'est ainsi que l'on peut comprendre le titre choisi par Zola.

 

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