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Côte d'Ivoire

Publié le 10/04/2013

Extrait du document

1 PRÉSENTATION

Côte d'Ivoire, pays d’Afrique de l’Ouest, ouvert sur le golfe de Guinée. Sa capitale est Yamoussoukro.

La Côte d’Ivoire est limitée au nord par le Mali et le Burkina, à l’est par le Ghana, à l’ouest par le Liberia et la Guinée et au sud par l’océan Atlantique (golfe de Guinée).

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La Côte d’Ivoire couvre une superficie totale de 322 462 km². La côte, basse, est bordée dans sa partie orientale par des lagunes que les bancs de sable et l’absence de chenaux de communications rendent inaccessibles aux bateaux de haute mer (à l’exception de la lagune d’Abidjan, ouverte en 1950). Ces lagunes sont séparées de la mer par un cordon littoral. La côte devient rocheuse à la frontière avec le Liberia.

Le relief, peu marqué dans l’ensemble du pays, s’élève dans la partie occidentale : la région d’Odienné, au nord-ouest, est formée de collines ; au centre-ouest, dans le prolongement des monts Nimba de Guinée, s’élèvent les monts des Toura culminant au mont Tonkoui à 1 189 m.

La moitié occidentale du pays est arrosée par le Sassandra et son affluent le Nizo ; à l’est, le Bandama et le Comoé traversent pratiquement le pays du nord au sud ; ils ne sont pas navigables au-delà de quelques dizaines de kilomètres, en raison de leur cours accidenté et du bas niveau des eaux durant la saison sèche.

2.2 Climat

La Côte d’Ivoire est soumise à un climat de type équatorial humide, caractérisé par des précipitations abondantes dans le Sud et le Centre. La température moyenne annuelle s’élève à 26,1 °C. Sur la côte, les précipitations moyennes annuelles atteignent quelque 1 900 mm. Les pluies les plus fortes tombent de mai à août. L’automne est marqué par l’alternance d’une période sèche et d’une période humide. Une saison relativement sèche se prolonge de décembre à mai. Dans le Centre et le Nord, le climat est de type soudanais, avec une saison humide et une longue saison sèche. La région centrale reçoit ainsi des précipitations de 1 100 mm en moyenne annuelle, concentrées durant la saison des pluies, de juillet à septembre.

2.3 Flore et faune

La mangrove borde les lagunes. Une zone de forêts humides lui succède, pénétrant à l’intérieur des terres sur près de 250 km à l’Est et à l’Ouest, et environ 100 km dans le Centre. Dans le nord et le centre du pays, la forêt laisse peu à peu la place à une savane arborée, où les hautes herbes alternent avec des restes de forêts secondaires.

La forêt ivoirienne compte plus de 225 essences, dont l’obeche, l’acajou et l’iroko, mais du fait de la surexploitation des ressources forestières et du défrichage agricole, sa superficie a été divisée par 6 de 1956 à 1996. La faune ivoirienne compte parmi ses représentants le chacal, la hyène, le léopard, l’éléphant, le buffle des savanes, l’antilope-cheval, le phacochère, l’hippopotame, le chimpanzé, le crocodile, ainsi que divers lézards et serpents venimeux.

2.4 Ressources naturelles

Le sol, relativement riche, favorise l’agriculture. Le bois issu de la forêt constitue, depuis 1990, une ressource importante. Les ressources minières sont essentiellement le minerai de fer et de manganèse, les diamants et le pétrole (gisements offshore). Des centrales hydroélectriques fonctionnent sur le Bia, le Sassandra et le Bandama ; en 2003, 32 p. 100 de l’électricité consommée dans le pays étaient d’origine hydroélectrique. L’exploitation des gisements de gaz atteint 1,30 milliards de m³ en 2003.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population de Côte d’Ivoire était estimée à 18,4 millions d'habitants, dont 30 p. 100 environ de travailleurs immigrés établis dans le pays avec leurs familles (Burkinabés, Maliens, Ghanéens et Libériens). La densité globale atteignait 57,8 habitants au km². En 2008, le taux d’accroissement naturel de la population s’élevait à 2 p. 100 ; l’indice de fécondité était de 4,3 enfants par femme et le taux de mortalité infantile de 85,7 p. 1 000. L’espérance de vie à la naissance était de 49,2 ans.

Le peuplement de la Côte d’Ivoire est très divers. Les Adioukou, les Ébrié, les Atié, les Abé et les Nzima constituent les petits peuples des lagunes. Les Agni, les Baoulé et les Gouro vivent à la limite de la forêt. Les Kru, les Dan (ou Yacouba), les Bété et les Guéré habitent les forêts à l’ouest du Bandama tandis que les Malinké, les Lobi et les Sénoufo habitent les savanes du Nord.

3.2 Langues et religions

Un cinquième de la population pratique le christianisme (le catholicisme surtout, mais également le protestantisme et des cultes syncrétiques) ; un autre cinquième adhère à l’islam, surtout dans le Nord. Le reste de la population, notamment dans les campagnes, est demeuré fidèle aux religions traditionnelles qui imprègnent plus ou moins profondément les autres croyances. La langue nationale officielle est le français, mais chaque communauté possède sa langue et parle ou comprend celle de ses voisins (voir langues d’Afrique).

3.3 Éducation

En 2005, le taux d’alphabétisation est de 53,6 p. 100. L’enseignement est gratuit et le cycle primaire obligatoire. Le taux de scolarisation est de 78 p. 100 (estimation pour 2002–2003) dans l'enseignement primaire, de (23 p. 100 (2000–2001) dans le secondaire, et de 7 p. 100 dans l’enseignement supérieur (1998–1999), avec de fortes disparités entre les hommes et les femmes. L’Université nationale de Côte d’Ivoire, créée en 1964 à Abidjan, est le plus anciens des établissements d’enseignement supérieur ; au début des années 1990, trois grands centres universitaires sont créés à Bouaké, Daloa et Korhogo.

3.4 Culture

L’influence de la culture française, maintenue dans le système éducatif et diffusée par les moyens modernes d’information, demeure forte. Toutefois, les cultures locales ont été préservées et dynamisées, comme en témoignent notamment les arts plastiques (masques et statuaire). Chaque communauté possède ses modes d’expression spécifiques : dans les zones forestières, les masques sont plutôt massifs, tandis que les régions de savane produisent des masques élancés. Les peuples d’origine akan, comme les Baoulé, sont réputés pour le travail de l’or (voir art d’Afrique noire). La littérature écrite s’exprime essentiellement en français sur des thèmes contemporains ou faisant référence à la tradition orale (voir littérature d’Afrique noire).

3.5 Villes principales et divisions administratives

Le territoire ivoirien est divisé en 34 départements (subdivisés en sous-préfectures), chacun étant placé sous l’autorité d’un préfet nommé par le gouvernement et étant administré par un conseil général. En 2005, 46 p. 100 des Ivoiriens étaient citadins. Abidjan, la capitale économique du pays et son plus grand port, abrite 3,34 millions d'habitants. Depuis qu’en 1983 Yamoussoukro, ville natale de Felix Houphouët-Boigny, est devenue la capitale du pays, sa population a plus que triplé pour dépasser 416 000 habitants. Bouaké (461 618 habitants) est un important centre administratif et commercial dans le centre du pays.

3.6 Institutions et vie politique
3.6.1 Cadre institutionnel

La Constitution de 1960, amendée de nombreuses fois, institue un régime présidentiel au sein duquel le pouvoir exécutif est détenu par le président de la République, élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Le président de l’Assemblée nationale, dont les 225 membres sont élus au suffrage universel pour cinq ans, est le deuxième personnage de l’État : la Constitution prévoit qu’il achève le mandat du président de la République lorsque celui-ci décède en cours de mandat ou se trouve dans l’incapacité de gouverner.

3.6.2 Le code électoral de 1994

Jusqu’en 1990, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire — Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) — est la seule formation politique autorisée. Le PDCI maintient son hégémonie sur l’Assemblée nationale. À la mort de Félix Houphouët-Boigny, au pouvoir depuis 1960, Henri Konan Bédié achève le mandat du président à partir de décembre 1993. En octobre 1995, l’élection présidentielle confirme Konan Bédié dans ses fonctions par 90 p. 100 des suffrages exprimés (60 p. 100 de participation selon les chiffres officiels). Ce scrutin est boycotté par les principaux partis d’opposition : le Front populaire ivoirien (FPI), membre de l’Internationale socialiste et dirigé par Laurent Gbagbo, candidat malheureux contre Houphouët-Boigny en 1990 ; le Rassemblement des républicains, formation centriste fondée en 1994 par Djény Kobéna, ancien rénovateur du PDCI, et l’Union des forces démocratiques (UDF), fédération de six petits partis. Ces trois mouvements, réunis en un Front républicain, refusent le code électoral voté par l’Assemblée nationale en décembre 1994. Celui-ci, en interdisant à ceux dont les parents ne sont pas nés ivoiriens de se présenter à la présidentielle, exclut du scrutin le candidat le mieux placé de l’opposition, Alassane Ouattara, directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Premier ministre de 1990 à 1994 et originaire d’une région du Burkina, intégrée jusqu’en 1960 à la Côte d’Ivoire. Durant la campagne, les partis d’opposition sont, par ailleurs, exclus des médias officiels.

3.6.3 Le coup d’État du général Gueï et la transition démocratique

En 1998, le président Bédié fait adopter une révision constitutionnelle instituant le septennat renouvelable jusqu’à l’âge de 75 ans. Il est destitué le 26 décembre 1999 par le général Robert Gueï, qui met en place un Comité national de salut public (CNSP), lequel s’engage à organiser des élections. Un gouvernement de transition réunissant le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo et le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara est formé en janvier 2000. Un projet de Constitution, qui doit être soumis à référendum le 23 juillet, est adopté, stipulant qu’« un candidat à la présidentielle ne doit pas s’être prévalu d’une autre nationalité «. Le 18 mai, un nouveau gouvernement de transition voit le jour, comportant huit des neuf membres de la junte au pouvoir et un seul représentant du RDR, le parti d’Alassane Ouattara.

3.6.4 Tentatives et échecs de réconciliation nationale

En octobre 2000, après la victoire de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle et une tentative avortée de coup d’État du général Gueï ont lieu de violents affrontements entre les partisans (chrétiens) du président nouvellement investi, et ceux (musulmans) de l’ancien Premier ministre, Alassane Ouattara, dont la candidature a été invalidée par la Cour suprême. En décembre 2000, les élections législatives sont remportées par le parti du nouveau président, le Front populaire ivoirien (FPI).

En dépit de la mise en place d’un processus de réconciliation nationale, qui aboutit notamment à la reconnaissance de la nationalité ivoirienne d’Alassane Ouattara en juin 2002, une tentative de coup d’État à Abidjan le 19 septembre dégénère en soulèvement armé dans le nord, puis l’ouest du pays. La Côte d’Ivoire menace de sombrer dans une guerre civile, à laquelle l’intervention militaire de la France (« opération Licorne «) et la médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tentent de mettre fin. La signature des accords de Linas-Marcoussis (24 janvier 2003) entre les principales formations politiques ivoiriennes et les trois mouvements rebelles fixent la cessation des hostilités, le maintien au pouvoir du président Gbagbo et la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le 8 mars, toutes les parties parviennent à un compromis (accord d’Accra) sur l’entrée au gouvernement des représentants des groupes rebelles dans le cadre d’un Conseil national de sécurité (CNS), composé de 15 membres, dont le chef de l’État, le Premier ministre, Seydou Diarra, et un représentant de chaque partie signataire de l’accord de Linas-Marcoussis.

Compte tenu de la persistance de la crise et de la stagnation du processus de paix — plusieurs accords sur le désarmement des milices restent lettre morte, et le pays n’est pas réunifié —, l’élection présidentielle prévue pour le 30 octobre 2005 est reportée. Le Conseil de sécurité de l’ONU fixe une période de transition d’un an pendant laquelle le président Gbagbo demeure le chef de l’État, aux côtés d’un Premier ministre aux pouvoirs élargis, « acceptable par toutes les parties ivoiriennes signataires de l’accord de Linas-Marcoussis «, et chargé de procéder au désarmement de toutes les milices et d’organiser les élections (résolution 1633 du 21 octobre 2005).

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

Dès son indépendance, la Côte d’Ivoire opte pour une économie libérale, ouverte à l’aide et aux investissements étrangers. Dès les années 1970, elle connaît une croissance économique exceptionnelle et devient la « locomotive « de l’Afrique de l’Ouest, attirant de nombreux travailleurs originaires des pays voisins. Ce « miracle ivoirien « repose sur la production et l’exportation de cacao et de café et permet l’édification d’un réseau d’infrastructures très développé. Mais sa dépendance à ces produits hautement spéculatifs sur le marché mondial expose très fortement la Côte d’Ivoire aux fluctuations des cours. Si un système de caisse de compensation pour les petits planteurs permet, pendant de nombreuses années, d’amortir les trop grandes amplitudes du prix des produits agricoles, il contraint le pays à s’endetter lourdement. Au milieu des années 1980, la chute des prix du café et du cacao marque la fin du miracle ivoirien. La hausse des cours et la dévaluation du franc CFA, en 1994, permettent à la Côte d’Ivoire de renouer avec la croissance. Mais le pays demeure vulnérable et, à la fin des années 1990, plonge dans une crise économique et sociale, qui se double de troubles politiques. Les tensions culminent en 2002, avec une tentative de coup d’État menaçant de dégénérer en véritable guerre civile et entraînant une partition entre le nord et le sud du pays. Même si elle stagne et doit faire face à la fuite des capitaux étrangers (en particulier français), l’économie ivoirienne parvient cependant à résister à cette grave crise, avec une croissance de 1,8 p. 100 en 2005.

L’agriculture demeure encore de nos jours son pilier traditionnel, employant plus des deux tiers de la population active. La Côte d’Ivoire peine à diversifier son industrie et mise sur le développement des services (notamment dans le domaine des nouvelles technologies). L’exploitation de gisements de pétrole offshore, encore à des débuts, constitue une manne financière de plus en plus importante.

4.1.1 Agriculture

En 2006, l’agriculture contribue pour 22,7 p. 100 au PIB. Les principales cultures d’exportation sont le cacao — dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial — et le café en zone forestière ; la banane et l’ananas sont cultivées dans le Sud, le coton et la canne à sucre dans les savanes du Nord. Les cultures vivrières locales sont le manioc, le riz, le maïs, le mil, l’arachide et l’igname. Dans un effort de diversification des cultures d’exportation, le gouvernement a encouragé la plantation du palmier à huile et de l’hévéa, ainsi que la culture de la canne à sucre, du coton et du soja.

La Côte d’Ivoire, où les zones forestières du Centre, favorables à la culture du café et du cacao, furent exploitées dès l’époque coloniale et au lendemain de l’indépendance, a fait porter ses efforts, depuis la fin des années 1970, sur la zone forestière frontalière du Liberia. Le port de San Pedro est ainsi devenu le grand exportateur de grumes de cette région riche en bois d’œuvre et en bois précieux, où ce qui reste de l’ancienne grande forêt guinéenne disparaît peu à peu chaque année. Le bois (10,1 millions de m³ de coupes en 2006) constitue l’un des principaux produits d’exportation ivoiriens.

La pêche joue également un rôle économique considérable. La pêche vivrière est pratiquée sur la côte, dans les nombreuses rivières et les lagunes ; la pêche maritime industrielle porte sur la sardine, le thon, la bonite et les crevettes. En 2005 les prises annuelles avoisinent 55 866 tonnes de poisson.

4.1.2 Mines, industries et énergie

Le secteur minier est amené à reposer sur la production pétrolière, lancée en 1980, trois ans après la découverte des premiers gisements offshore — de 33 000 barils par jour au milieu des années 2000, la Côte d’Ivoire table sur une production de 200 000 barils/jours à la fin de la décennie.

L’industrie, qui contribue pour 26,3 p. 100 au PIB en 2006, est centrée sur l’agroalimentaire. L’activité industrielle ne concernait, avant l’indépendance, que la première étape de la transformation des produits d’exportation (dépulpage du café, séchage du cacao, égrenage du coton, dégrossissement des grumes, préparation des peaux). Depuis 1960, le pays tente de maîtriser de bout en bout les chaînes des productions.

La production d’électricité permet de répondre à la demande extérieure et de fournir plusieurs pays de la région.

4.1.3 Échanges

La Côte d’Ivoire est l’un des huit membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UMOA). Sa monnaie est le franc CFA, émis par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (voir zone franc).

Le commerce extérieur joue un rôle fondamental dans l’économie ivoirienne, avec une balance commerciale traditionnellement excédentaire. Les principaux produits d’exportation sont le café, le cacao, le bois et le pétrole. Le premier partenaire commercial est la France, suivie par les États-Unis et le Nigeria. Il existe un commerce régional important avec le Mali et le Burkina, concernant notamment du bétail sur pied, dont l’élevage en Côte d’Ivoire est handicapé par la présence de la mouche tsé-tsé.

Le train reliant Abidjan, Bobo-Dioulasso et Ouagadougou joue un rôle essentiel d’intégration économique avec le Burkina et favorise les migrations saisonnières des habitants de ce pays vers les plantations de la zone forestière et les ports.

Les ports d’Abidjan et de San Pedro jouent un rôle de premier plan pour les pays enclavés de la région et comptent parmi les plus actifs d’Afrique. La Côte d’Ivoire dispose d’un bon réseau routier, constitué de 80 000 km de routes (en 2004), dont 8,1 p. 100 sont bitumées.

5 HISTOIRE

Les recherches archéologiques sont difficiles dans un pays en grande partie couvert par la forêt : l’histoire ancienne du pays est donc encore largement à élucider. Elle s’écrit différemment dans la savane du Nord, que peuplaient les populations de langue mandé (Malinké et Dioula) migrant du nord vers le sud, et dans la zone forestière et lagunaire correspondant aux parties centrale et méridionale du territoire ivoirien, où s’étaient établies les populations du groupe akan (Baoulé) en provenance de l’est.

5.1 La période précoloniale

Le commerce transsaharien atteint le nord de la Côte d’Ivoire dès le xe siècle et entraîne les premières migrations de populations mandingues qui s’établissent, vers le xiiie siècle, à la lisière de la forêt, dans une région productrice d’or et de noix de cola. Au fil des siècles se développent des cités marchandes, sur l’initiative des marchands dyula (caste de commerçants malinké constituée au sein de l’empire du Mali) et que dirigent des conseils présidés par les négociants spécialisés dans le commerce à longue distance. Au xviiie siècle, la cité-État de Kong, fondant sa prospérité sur les échanges entre la savane et la forêt, domine la région.

Le développement du commerce transsaharien, contrôlé par les Malinké islamisés, va de pair avec la diffusion de l’islam dans la région. Celle-ci se fait d’abord plus par imprégnation que par l’utilisation de moyens coercitifs, et les populations établies de longue date, comme les Lobi et les Sénoufo, présents depuis le xie siècle, maintiennent leur identité animiste. Toutefois, au xviiie siècle, le clan musulman des Ouatara renverse le pouvoir traditionnel animiste et étend sa domination sur les régions englobant l’actuelle Bobo-Dioulasso (Burkina) : leur expansion territoriale est avant tout motivée par la volonté d’assurer la sécurité des communications et des échanges.

Les explorateurs portugais sont parvenus, dès le xve siècle, jusqu’à la côte à partir de laquelle ils organisent la traite négrière et le commerce de l’ivoire. De cette période datent les différentes appellations données au pays par les Européens, lesquelles varient en fonction de l’accueil que les populations leur réservent et des produits qu’ils troquent avec celles-ci : Côte des males gens (« mauvaises gens «), Côte des graines et de la malaguette (nom donné au poivre de Guinée), Côte des dents, Côte du morphil (ivoire), Côte d’ivoire. Les peuples habitant les lagunes deviennent les auxiliaires des commerçants européens ; ils servent d’intermédiaires avec l’arrière-pays dont ils rapportent esclaves, ivoire et huile de palme.

La grande migration des peuples akans, venus de l’actuel Ghana, a lieu au début du xviiie siècle. Les Baoulé, groupe proche de celui des Ashanti, s’établissent, sous la conduite de la reine Abla Pokou, dans le centre du pays. Ils sont porteurs d’une conception du pouvoir très éloignée de celle qui prévaut chez les peuples de la forêt : l’autorité y est détenue par les anciens et le pouvoir y est davantage éclaté tandis que les royaumes akan sont plus centralisés, le roi détenant une autorité sacrée, donc absolue.

5.2 La colonisation française

Les Français s’établissent sur la côte au début du xviiie siècle. Dans la seconde partie du xixe siècle, ils se trouvent en compétition pour la domination de la région avec les Britanniques qui ont jeté leur dévolu sur la Côte-de-l’Or (actuel Ghana). Les zones d’influence respectives de ces deux puissances coloniales sont définies au congrès de Berlin, en 1885. Dans son entreprise de conquête de l’intérieur des terres, la France se heurte dans le Nord au conquérant malinké, Samory Touré, dont les forces sont armées de fusils négociés auprès des Britanniques. En 1897, Samory fait raser Kong, dont les habitants ont pactisé avec la France ; il doit toutefois se rendre et est déporté. Mais le conflit a dévasté durablement la région.

La France ne peut asseoir sa domination sur l’ensemble de la Côte d’Ivoire qu’au début du siècle : en 1904, le territoire ivoirien devient colonie de l’empire colonial français. Jusqu’en 1915, les autorités coloniales répriment les révoltes des Baoulé et des Bété. La culture du café, introduite en Côte d’Ivoire par les colonisateurs dès 1882, se développe et une classe de petits planteurs apparaît. Dès 1932, l’un d’eux, Félix Houphouët-Boigny, prend la tête de la contestation contre l’accaparement des terres par les grands propriétaires coloniaux et contre la politique économique qui pénalise les petits planteurs autochtones. La Côte d’Ivoire est à l’époque sous la coupe des milieux d’affaires qui incitent le gouvernement français à intégrer à la colonie, entre 1932 et 1947, les régions très peuplées du centre et du sud de la Haute-Volta (actuel Burkina), dont les habitants sont recrutés pour le travail dans les plantations et constituent le gros des contingents de « tirailleurs sénégalais « envoyés sur le front européen durant les deux guerres mondiales. Le recours au travail forcé, pour la construction de la voie ferrée entre Abidjan et Ouagadougou, destinée à parfaire l’intégration économique de ces territoires, renforce l’opposition anticoloniale. En 1944, Houphouët-Boigny crée un syndicat agricole africain, qui est à l’origine du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), section ivoirienne du Rassemblement démocratique africain (RDA) fondé en 1946 à Bamako (Mali). Les différentes sections du RDA créées dans les colonies de l’Afrique-Occidentale française (AOF) mènent la lutte pour l’indépendance. En 1946, député de la Côte d’Ivoire à l’Assemblée française, Houphouët-Boigny est à l’origine de la loi abolissant le travail forcé dans les territoires d’outre-mer, statut auquel accède la Côte d’Ivoire la même année.

Le PDCI-RDA, alors apparenté au Parti communiste français, s’oppose violemment à l’Administration française, en 1949, soutenant les grèves suscitées par la chute des cours du cacao. En 1951, cependant, Houphouët-Boigny adopte une stratégie de coopération avec le gouvernement français, et le PDCI-RDA rallie l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), présidée par François Mitterrand, ministre de la France d’outre-mer. Ministre à deux reprises dans le gouvernement français, Houphouët-Boigny participe à l’élaboration des réformes qui vont déboucher sur la décolonisation.

5.3 La Côte d’Ivoire indépendante
5.3.1 La présidence d’Houphouët-Boigny (1960-1993)

Le 4 décembre 1958, la Côte d’Ivoire devient une république au sein de la Communauté française, Houphouët-Boigny assurant les fonctions de Premier ministre. Il en devient tout naturellement le président lorsque l’indépendance est proclamée le 7 août 1960.

L’ancienne Afrique-Occidentale française (A-OF) voit naître un second pôle économique et politique, concurrent du Sénégal, où se trouvent les administrations coloniales. La rivalité entre Léopold Sedar Senghor, un intellectuel, et Felix Houphouët-Boigny, un syndicaliste paysan pragmatique, est ancienne. Le président ivoirien fait échouer le projet d’une grande fédération, qui doit reconstituer l’A-OF et qui a permis au Sénégal de maintenir sa prépondérance sur l’Afrique de l’Ouest francophone. La Côte d’Ivoire en est le pays le plus riche et son dirigeant a l’ambition de fonder sa puissance politique sur le développement économique national. Avec l’ouverture du canal de Vridi en 1950, Abidjan, la capitale ivoirienne, devient un port de mer puis un centre financier.

La stabilité politique du pays qu’a établie Houphouët-Boigny à travers un régime de parti unique favorise la forte croissance économique des années 1960 et 1970 (le « miracle ivoirien «), grâce à la bonne tenue des cours du café et du cacao, et à la création d’une caisse de stabilisation (Caistab) assurant aux paysans des revenus réguliers. La politique paternaliste d’Houphouët-Boigny suscite cependant une opposition croissante (manifestations étudiantes, conspirations dans l’armée). À la fin des années 1980, le président entreprend des travaux grandioses, notamment à Yamoussoukro où est transférée la capitale et édifiée une cathédrale sur le modèle de Saint-Pierre de Rome. Le déploiement d’un tel faste, alors même que l’économie nationale s’effondre, alimente le mécontentement de la population. En 1990, Houphouët-Boigny accepte, sous la pression des manifestations, d’instaurer le multipartisme. Dès cette époque, le problème de sa succession se pose, mais le président ne laisse pas aux dauphins constitutionnels (les présidents successifs de l’Assemblée nationale) la possibilité de s’imposer. C’est notamment le cas de Philippe Yacé (1920-1998). Président de l’Assemblée nationale pendant de nombreuses années, et collaborateur dévoué d’Houphouët-Boigny depuis 1941, il réprime le « complot « de 1963 et est longtemps considéré comme le dauphin du chef de l’État, jusqu’à sa disgrâce en 1980. En octobre 1990, Houphouët-Boigny est réélu pour un septième mandat de cinq ans, à l’issue des premières élections pluralistes du pays. L’ouverture politique n’est cependant que formelle : en 1992, les principaux dirigeants de l’opposition, dont Laurent Gbagbo, fondateur du Front populaire ivoirien, sont emprisonnés.

5.3.2 La présidence d’Henri Konan Bédié (1993-1999)

Après la disparition du président ivoirien, en 1993, le président de l’Assemblée nationale Henri Konan Bédié (« HKB «) termine le mandat en cours, conformément à la Constitution. Mais ne tenant pas son pouvoir d’une élection, sa position s’en trouve considérablement affaiblie. À la faveur d’un climat politique et social tendu, les oppositions entre communautés et régions se manifestent. Le scrutin présidentiel d’octobre 1995 est ainsi marqué par des violences intercommunautaires touchant les immigrés. Ces dissensions opposent, notamment dans l’ouest du pays, les Bété aux Baoulé, dont fait partie le nouveau président Henri Konan Bédié, tandis que les musulmans du Nord et les Burkinabés immigrés de longue date et se considérant souvent comme Ivoiriens (l’ancienne Haute-Volta a été intégrée à la Côte d’Ivoire pendant l’époque coloniale) restent marqués par la marginalisation dans laquelle les institutions tentent de maintenir Alassane Ouattara, ancien Premier ministre, en raison de ses origines burkinabés. En 1998, le président Bédié fait adopter une révision constitutionnelle instituant le septennat renouvelable jusqu’à l’âge de soixante-quinze ans. La possibilité pour le chef de l’État de reporter l’élection présidentielle prévue pour l’an 2000 soulève les protestations d’une opposition divisée.

À cette forte tension politique et communautaire liée à la future élection présidentielle s’ajoutent les problèmes nés d’une économie en chute libre. Celle-ci, dont le taux de croissance est passé de 1,8 p. 100 en 1994 à 6,8 p. 100 en 1996, avait été stimulée par la dévaluation du franc CFA jusqu’en 1998. En 1999, la libéralisation de la filière cacao, la déréglementation, la suppression de la Caistab en pleine chute des cours du cacao, la suspension des versements du Fonds monétaire international (FMI) pour « mauvaise gouvernance «, de même que l’arrêt des crédits européens pour cause de corruption, ont plongé le pays dans le marasme économique.

5.3.3 La transition militaire du général Gueï

Le 26 décembre 1999, intervenant pour faire cesser les manifestations de soldats mal payés, le chef de l’armée ivoirienne, le général Robert Gueï, destitue le président Bédié qui se réfugie au Togo, puis en France. Bénéficiant de l’accord des partis de l’opposition, dont celui de Ouattara, puis rapidement du PDCI du président déchu, Gueï met en place un Comité national de salut public (CNSP) qui s’engage à organiser des élections. En janvier 2000, la formation d’un gouvernement de transition réunissant le Front populaire ivoirien (FPI) de Gbabo et le Rassemblement des républicains (RDR) de Ouattara tourne rapidement à la compétition entre ces deux candidats à la présidentielle, faisant ressurgir le problème de l’« ivoirité « qui avait été la cause politique de la crise précédente. En mai, l’annonce d’un référendum constitutionnel prévu pour le 23 juillet et stipulant qu’« un candidat à la présidentielle ne doit pas s’être prévalu d’une autre nationalité « est suivie de la formation d’un nouveau gouvernement de transition qui fait la part belle aux militaires et réduit la représentation du RDR.

5.3.4 La présidence de Laurent Gbagbo (2000- )

En octobre 2000 a lieu le premier tour de l’élection présidentielle, qui doit mettre un terme à la transition militaire. L’opposant historique, Laurent Gbagbo, déclare l’avoir emporté, mais le général Gueï tente de se maintenir au pouvoir par un coup d’État avant d’être mis en fuite par des manifestations massives. Laurent Gbagbo est investi président de la République, mais de violents affrontements opposent ses partisans, chrétiens, à ceux, musulmans, de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, dont la candidature a été invalidée par la Cour suprême. Lors des élections législatives de décembre 2000, le Front populaire ivoirien (FPI), le parti du nouveau président, remporte 96 des 225 sièges du Parlement. Avec un taux de participation de 33 p. 100, ces élections sont marquées par un boycott actif du RDR, qui en empêche le déroulement régulier dans le nord du pays. Des élections partielles sont organisées en janvier 2001 afin de pourvoir les sièges restés vacants en raison du boycott. Ces élections, qui se déroulent dans le calme, mais avec une participation extrêmement faible, soulignent le pouvoir du RDR, qui a appelé à un « boycottage pacifique «, dans les circonscriptions du Nord, et viennent gonfler les rangs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui voit son nombre de sièges passer de 77 à plus de 94 ; le RDR dispose de 5 sièges, et les partis indépendants de 22.

D’octobre à décembre 2001, un Forum de réconciliation nationale se tient à Abidjan afin de réunir tous les leaders politiques du pays, dont les quatre principaux protagonistes de la crise ivoirienne : Laurent Gbagbo, l’ancien président Henri Konan Bédié, le général Gueï et Alassane Ouattara. Les travaux du Forum, qui reconnaissent la légitimité du gouvernement de Laurent Gbagbo par l’acceptation des résultats des élections présidentielle et législatives, tout en préconisant la formation d’un gouvernement d’union nationale et la reconnaissance de la nationalité ivoirienne d’Alassane Ouattara, sont confirmés par le sommet de Yamassoukro au mois de janvier 2002. Au mois de juin, Alassane Ouattara se voit délivrer un certificat de nationalité par la justice ivoirienne et, au mois d’août, son parti, le RDR, entre au gouvernement.

Ces avancées ne sont cependant que de courte durée, et la fragilité du processus de réconciliation est mise en évidence le 19 septembre 2002 par le début d’un soulèvement militaire dans le nord du pays, alors que le président Gbagbo est en voyage en Italie. Dès les premières heures de combats, les rebelles s’emparent de la ville de Bouaké. Le ministre de l’Intérieur, Émile Boga Doudou, et le général Gueï sont assassinés — accusé d’être l’instigateur de la tentative de putsch, ce dernier aurait été tué par l’armée ivoirienne à la suite de l’assassinat du ministre de l’Intérieur. Alors que la Côte d’Ivoire accuse ses pays voisins de soutenir la rébellion, et plus particulièrement le Burkina d’en être à l’origine, la France répond à la demande ivoirienne d’aide militaire par l’envoi de troupes dès le 22 septembre, conformément à l’Accord de défense franco-ivoirien du 24 avril 1961. Le dispositif ainsi mis en place, baptisé « opération Licorne «, est à l’origine chargé de la sécurité des ressortissants étrangers. Une semaine plus tard, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) décide l’envoi d’une force de paix.

Un accord de cessation des hostilités est signé le 17 octobre entre le gouvernement ivoirien et les rebelles, qui, regroupés en un Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), contrôlent la moitié nord du pays. Les quelque 2 500 soldats français de l’opération Licorne sont chargés de faire respecter le cessez-le-feu, dans l’attente de l’arrivée d’une force d’interposition africaine. Dès la fin du mois de novembre, alors que la situation est loin d’être sécurisée sur le front nord, les forces gouvernementales doivent faire face à une extension de la rébellion à l’ouest par l’apparition de deux nouveaux groupes rebelles, le Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la justice et la paix (MJP). À la suite de l’acceptation d’un cessez-le-feu par le MJP et le MPIGO le 13 janvier 2003, les tentatives de négociation entreprises sous l’égide du ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, pour le rétablissement de la paix en Côte d’Ivoire, aboutissent à la tenue en France (Linas-Marcoussis) d’une table ronde réunissant toutes les parties au conflit (15-24 janvier), ainsi que les principales formations politiques du pays. L’accord signé le 24 janvier prévoit le maintien au pouvoir du président Laurent Gbagbo et la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale, dirigé par un « Premier ministre de consensus «, et dans lequel les mouvements rebelles obtiennent les ministères de la Défense et de l’Intérieur.

Le 4 février, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, « réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité de la Côte d’Ivoire «, autorise le déploiement de forces appartenant à la France et à la CEDEAO (résolution 1464). Tandis que l’opération Licorne est renforcée, les manifestations anti-françaises s’intensifient à Abidjan parmi les partisans de Laurent Gbagbo, qui jugent les accords de Linas-Marcoussis trop favorables aux rebelles. Le 8 mars, les formations politiques ivoiriennes et les mouvements rebelles parviennent toutefois à un compromis (accord d’Accra) sur la formation d’un gouvernement d’union nationale instituant notamment la création d’un Conseil national de sécurité (CNS), composé de 15 membres, dont le chef de l’État, le Premier ministre, Seydou Diarra, et un représentant de chaque partie signataire de l’accord de Linas-Marcoussis.

À la suite de la découverte de massacres et de charniers mettant en cause les mouvements rebelles, ainsi que de nombreux assassinats par des mystérieux « escadrons de la mort «, une commission internationale d’enquête est chargée de faire toute la lumière sur les violations des droits de l’homme commises en Côte d’Ivoire depuis septembre 2002, et d’assurer que les auteurs de ces actes seront traduits devant la justice. Les raisons de l’explosion de cette guerre civile, dans un pays loué pour sa stabilité jusqu’au début des années 1990, sont complexes. Pays de forte immigration et de fort métissage, la Côte d’Ivoire semble rongée par des divisions ethniques et religieuses, exacerbées par le développement du concept d’ivoirité à des fins électorales, dans un contexte économique et social creusant les discriminations.

Si les accords de Linas-Marcoussis ont permis d’éviter une véritable guerre civile, les tensions demeurent très fortes dans le pays, comme en témoigne la répression meurtrière d’une manifestation d’opposants interdite par les autorités, le 25 mars 2004. Après la mort d’au moins 120 personnes, une commission d’enquête de l’ONU accuse le régime ivoirien d’avoir mené « une opération planifiée « aboutissant à « une tuerie indiscriminée de civils innocents «. Le mois suivant, l’ONU déploie en Côte d’Ivoire une force de maintien de la paix d’environ 6 500 hommes (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire, Onuci). Tandis que les réformes politiques ne progressent guère — l’une des principales pierres d’achoppement est la modification des conditions d’éligibilité à la présidence —, le désarmement piétine aussi. La situation s’envenime au mois de novembre avec la mort de 9 soldats français lors d’un raid de l’aviation ivoirienne et la riposte de l’armée française, qui détruit la totalité de la flotte ivoirienne. Les exactions anti-françaises qui s’ensuivent imposent le renforcement de l’opération Licorne et le rapatriement urgent de plusieurs milliers de ressortissants français (plus de 8 000 sur un total de 13 000). Après plusieurs mois de tension, des négociations entre les principaux leaders ivoiriens se tiennent à Pretoria (Afrique du Sud), en avril 2005, grâce à la médiation de Thabo Mbeki. Elles aboutissent à un communiqué de fin de guerre et annoncent le démantèlement des milices tandis que, conformément aux recommandations du médiateur, le président Laurent Gbagbo accepte la candidature d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle à venir — son mandat expire le 30 octobre.

Face à l’impossibilité d’organiser des élections compte tenu de la persistance de la crise, le Conseil de sécurité de l’ONU décide (résolution 1633 du 21 octobre 2005) d’une période de transition d’un an pendant laquelle le président Gbagbo demeure le chef de l’État, aux côtés d’un Premier ministre aux pouvoirs élargis, « acceptable par toutes les parties ivoiriennes signataires de l’accord de Linas-Marcoussis «, et chargé de procéder au désarmement de toutes les milices et d’organiser les élections. Au mois de décembre, les médiateurs de la crise ivoirienne (Thabo Mbeki, Olusegun Obasanjo et Mamadou Tandja) désignent à ce poste Charles Konan Banny, un économiste de 63 ans, ancien gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). À la suite d’un dialogue initié par Laurent Gbagbo, un accord de paix est signé le 4 mars 2007 à Ouagadougou (Burkina) avec le dirigeant rebelle Guillaume Soro (leader des Forces nouvelles). Cet accord prévoit la formation d’un nouveau gouvernement de transition et le départ des soldats français et des casques bleus de l’ONU, ainsi que la suppression de la zone tampon séparant le nord du pays (aux mains des rebelles) et le sud (contrôlé par les forces gouvernementales). Le président Gbagbo nomme alors Guillaume Soro au poste de Premier ministre ; celui-ci est notamment chargé de désarmer les milices, réunifier le pays et organiser les élections (impliquant un processus d’identification générale de la population).

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