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déchristianisation

Publié le 12/02/2013

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1   PRÉSENTATION

déchristianisation, phénomène séculaire qui voit le recul de l’influence de l’Église catholique dans la société et les consciences depuis la fin du xviiie siècle.

2   UNE PREMIÈRE REMISE EN CAUSE À LA FIN DE L’ANCIEN RÉGIME

À la fin de l’Ancien Régime, de nombreux indices annoncent le recul de l’influence de l’Église en France. C’est ainsi que chez les notables se met en place une régulation des naissances par des pratiques que condamne formellement l’Église. De même, dans les dispositions testamentaires des élites marseillaises et parisiennes, se raréfie l’habitude d’affecter une partie du legs aux messes vouées aux âmes des défunts.

La période révolutionnaire cherche à institutionnaliser ce phénomène de remise en cause : une politique active est menée contre toutes les représentations religieuses (fermeture des lieux de culte, abdication forcée des ministres du culte et arrestation des réfractaires, Constitution civile du clergé), qui sont remplacées par leurs pendants révolutionnaires (instauration du calendrier républicain, du catéchisme républicain, des fêtes révolutionnaires et du culte de l’Être suprême).

3   L’EFFORT DE RECONQUÊTE POST-RÉVOLUTIONNAIRE

Il faut attendre le Concordat de 1801 pour que la France, « fille aînée de l’Église «, redevienne officiellement chrétienne. Mais c’est surtout avec la Restauration que l’Église entreprend de reconquérir ses fidèles. On assiste alors à une renaissance des congrégations, notamment féminines, à de nombreuses reconstructions d’églises, à la fondation de nouvelles missions. Plus tard, la loi Falloux (1850) contribue à faire de l’Église un pilier du système scolaire. Tout au long du xixe siècle, l’Église de France incite à l’expiation des péchés (les thèmes les plus récurrents étant la Révolution, la modernisation et la défaite de 1870) par des manifestations de foi et des constructions d’édifices religieux, tel le Sacré-Cœur de Montmartre. Des pèlerinages, comme celui de Lourdes, institué en 1858, canalisent la foi collective avec succès.

La reconquête touche notamment les femmes qui se montrent plus attachées à la religion que les hommes. Mais la vitalité religieuse varie selon les régions : pour exemple, l’Ouest demeure une terre de christianisme, contrairement au Bassin parisien. De plus, les bouleversements sociaux creusent de plus en plus le fossé existant entre la société et l’Église, accentuée par le Syllabus de Pie IX sur les « principales erreurs de notre temps « (1864).

4   UN DÉCALAGE GRANDISSANT AVEC LA SOCIÉTÉ
4.1   La résistance de l’Église aux mutations sociales…

Malgré la volonté des mouvements caritatifs (tels l’Action catholique et le Sillon) et du pape (encycliques de Léon XIII Rerum Novarum, 1891, puis Au milieu des sollicitudes, 1892) de prendre en compte les besoins de la classe ouvrière en pleine explosion, la doctrine chrétienne officielle reste en décalage avec l’évolution économique et sociale.

Les progrès de la science remettent également en cause les dogmes chrétiens. Toutefois, les idées de Charles Darwin sur l’évolution et d’Ernest Renan sur les origines du christianisme ne provoquent dans l’Église qu’un enfermement dans les dogmes traditionnels.

Dans le domaine politique, le clergé perd également du terrain. La IIIe République mène une lutte déterminée contre l’influence de l’Église : commencée par l’instauration de la laïcité de l’enseignement (lois Ferry, 1882), elle s’achève violemment et radicalement par la séparation de l’Église et de l’État (9 décembre 1905).

4.2   …engendre un détachement de tout ce qui touche à la religion

Tous ces facteurs expliquent la moindre observance par les fidèles des règles dictées par l’Église, recul avant tout sensible dans les villes. Ainsi, la pratique de la communion pascale est en régression (16 p. 100 seulement à Paris sous le second Empire) et, dès les années 1870, l’intervalle de temps qui sépare la date de naissance et celle du baptême s’accroît : il est de plus en plus souvent supérieur à une semaine, ce qui est le signe d’une crainte moindre des parents que l’âme de l’enfant non baptisé séjourne dans les limbes en cas de décès. Il faut cependant faire la part de ce qui relève du domaine de la foi et de celui des choix politiques et sociaux dont les Français veulent de plus en plus assurer la maîtrise par eux-mêmes : les Français restent majoritairement catholiques, même si l’Église doit désormais se contenter d’arbitrer les seules affaires de la foi.

Cette situation, qui se prolonge durant le xxe siècle, varie cependant beaucoup selon les régions, tant la carte de la France religieuse reste diversifiée, comme le souligne en 1947 le chanoine Fernand Boulard dans sa Carte religieuse de la France rurale, la fameuse carte Boulard.

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