Définition: CLASSICISME.
Publié le 22/02/2012
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n. m. 1° En littérature française, le classicisme est le mouvement intellectuel et artistique qui s'est développé sous
Louis XIV et dont les auteurs les plus renommés (les « classiques »,
— ceux qu'on enseigne dans les « classes ») sont La Fontaine, Pascal, Molière, Racine, Boileau, Bossuet, Mme de Lafayette, La Bruyère, etc. L'art classique, par opposition au baroque, à la préciosité et au burlesque (puis, plus tard, au romantisme) se caractérise par la recherche de l'ordre, de la clarté, de la mesure, du naturel, du « vraisemblable », d'une certaine retenue et maîtrise de l'expression (la « raison » domine le « coeur »). Codifiée après coup par Boileau, l'esthétique classique met l'accent sur plusieurs principes :
— la fidélité aux Anciens : les auteurs de l'Antiquité gréco-latine sont admirés pour avoir produit les premières oeuvres conformes à la « raison », fidèles à la nature humaine; ils seront d'ailleurs eux-mêmes nommés classiques (le grec et le latin sont des « langues classiques »);
— le respect de la nature, du « naturel » considéré comme l'expression mesurée, raisonnable, belle en soi, de tout ce qui est humain : l'auteur classique, dans sa peinture de l'âme humaine, recherche d'ailleurs ce qui est vrai de tout temps, ce qui exprime le plus universellement la nature humaine ; il ne cherche nullement à exprimer sa singularité, son moi personnel ;
— l'économie de moyens, l'ajustement constant entre le « fond » et la «forme», la recherche de la concision et de la simplicité (une simplicité savante lorsqu'il s'agit d'atteindre au « sublime», ce qui n'exclut pas la recherche de la grandeur (quand le sujet traité est lui-même l'expression d'une grande vérité); les classiques pensent que l'énoncé du vrai est en lui-même beau, et que le style ne touche que lorsqu'il est au service de la pensée ou de l'émotion véritable (ce qui suppose une parfaite maîtrise des figures de style);
— le travail de l'art : écrire est un métier. Pour « plaire et se rendre utile», objectif des auteurs classiques, il ne suffit pas d'avoir du talent ou de l'inspiration. Concevoir, ordonner, rédiger, respecter les règles de chaque genre, cela ne s'improvise pas. D'où les conseils de Boileau :
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse et le repolissez;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Notons que le mot classicisme est postérieur à l'âge classique.
« Nos » classiques ne savaient pas qu'ils étaient des « classiques ».
2° En général, et pas seulement en littérature, le classicisme devient une sorte d'idéal artistique de mesure et d'équilibre, par opposition aux tendances nouvelles, modernistes, romantiques, qui se font jour par intervalles. Les détracteurs du classicisme le nomment alors académisme, voire archaïsme, alors que les défenseurs de l'art classique en font l'idéal, le modèle esthétique inimitable hors duquel il ne peut y avoir que des ouvrages de seconde valeur. D'où des oppositions sans fin, d'éternelles « querelles des Anciens et des Modernes » : car très vite, les (bons) ouvrages d'une époque donnée, modernes ou décriés comme tels aux yeux des contemporains, deviennent des « classiques » pour l'âge qui suit. Les auteurs romantiques du début du XIX° siècle, opposés en leur temps au classicisme, font maintenant partie de la « littérature classique ». Dans tous les arts, il y a des périodes « classiques ». On parlera des « classiques de la chanson » à propos d'auteurs en vogue il y a seulement deux ou trois décennies (Brel, Brassens, Ferré).
Le classicisme est donc à la fois une forme d'art, une esthétique précise dont la référence est historique (cf. Sens n° 1) et une notion extensible qui recouvre les modèles du passé par opposition aux productions modernes (comme le montre, par exemple, l'expression de « musique classique »).
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- Le classicisme La Thébaïde, Racine, 1664