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Le classicisme La Thébaïde, Racine, 1664

Publié le 29/11/2023

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« Le classicisme La Thébaïde, Racine, 1664 Introduction Thèmes récurrents chez Racine : - amour - dilemmes (amour vs politique) - référence au textes antiques (mythes, théâtre…) → classicisme La Thébaïde → 1ère pièce publiée et jouée de Racine, jouée en 1664. Il choisit un thème fondamentalement politique.

La question de l’amour est quasi absente. Ce questionnement politique qu’il propose va résonner pendant des siècles. → Un homme qui a du pouvoir est-il forcément conduit à en abuser ? Racine est pessimiste quant à la nature humaine → se distingue de Corneille (1ère moitié du 17e) I.

La Thébaïde, « le sujet le plus tragique de l’Antiquité » → Racine, préface de 1675 1) Retour au mythe 1/ La malédiction des Labdacides La Thébaïde raconte le déchirement entre Polynice et Etéocle, fils d’Œdipe. L’intrigue de la pièce fait référence à l’histoire d’une des grandes famille du la mythologie, au cœur des conflits et tragédies : les Labdacides. Labdacos, roi de Thèbes. Son fils est Laïos → chassé du trône de Thèbes et se rend en Elide, où il trouve refuge auprès du roi Pélops. Pélops s’attache tellement à Laïos qu’il en fait le précepteur de son fils Chrysippe. Laïos tombe amoureux de Chrysippe → il le viole Cela conduit selon l’une des versions du mythe, au suicide de Chrysippe. Il s’agit de la faute originelle de la famille des Labdacides. Pélops souhaite se venger et appelle les dieux à punir Laïos et tous ses descendants → malédiction de génération en génération. La lignée des Labdacides est donc vouée à l’anéantissement. Mais Laïos ne se fait pas vraiment de soucis, il retourne à Thèbes et devient roi.

Il épouse Jocaste. L’oracle dit : « si par malheur tu engendres un fils, il te tuera » Laïos finit par avoir un fils, et il se rappelle de l’oracle → il souhaite éliminer son fils.

Mais pas le tuer lui-même par peur des représailles des dieux. Stratégie : perce les tendons de son fils et le confie à un berger qui a pour mission de l’abandonner très loin, à l’entrée de la forêt. Mais le berger a beaucoup de mal à l’abandonner, et il le confie à un autre berger qu’il croise. En plus, le roi et la reine de Corinthe, Polybe et Mérope ne réussissent pas à avoir d’enfant. Le nourrisson devient leur fils (il ne sait pas qu’il est adopté), et ils le nomment Œdipe. Oracle « tu tueras ton père et couchera avec ta mère ». Oedipe décide de quitter Corinthe pour échapper à sa destinée. En chemin, il rencontre un équipage qu’il tue → il y avait Laïos. Il arrive à Thèbes, qui est à feu et à sang en raison du sphinx qui terrorise le royaume.

Oedipe réussit à résoudre l’énigme du sphinx. Oedipe devient le roi de Thèbes, épousant Jocaste (sa mère). Ils ont 4 enfants : deux fils et deux filles. - Polynice - Etéocle - Antigone - Ismène Œdipe se crève les yeux quand il comprend ce qu’il a fait et se laisse mourir en errant. Polynice et Etéocle étant trop jeunes pour régner, c’est Créon, frère de Jocaste, qui assure la couronne. Œdipe avait prévu dans son testament une alternance au trône des deux frères.

Or, Etéocle ne cède pas le pouvoir à son frère au bout de la première année. Les deux frères s’entre-tuent. 2/ Racine et le mythe En reprenant un mythe grec, Racine s’inscrit dans le mouvement du classicisme. → la question n’est pas celle de la création d’une histoire originale, mais quelles variations l’auteur pourra apporter pour changer les interprétations. Racine se démarque de ses prédécesseurs par plusieurs nouveautés : - raconte un épisode « entre deux » → une partie de l’histoire qui n’est d’habitude pas autant développée - Œdipe - [Polynice et Etéocle] - Antigone → il s’agit de la 1ere pièce de Racine, et il souhaite se démarquer de Corneille : il reprend la suite le son œuvre → faire sa place en littérature : histoire connue mais insiste sur un épisode particulier - gémellité d’Etéocle et Polynice → question de la légitimité au trône car pas d’aîné - changements plus marginaux sur la chronologie des évènements → Labdacides maudits → bonne histoire pour une tragédie et point de lancement pour Racine dans l’écriture dramatique : base parfaite pour entrer dans les codes tragiques Tragédie : - péril de mort - retournement → de la fortune à la disgrâce 2) Le poids du destin 1/ Une volonté transcendante Le destin est une notion centrale dans la tragédie.

On peut aussi parler de la fatalité. Cf.

fado (genre musical italien). Ce destin découle d’une transcendance (force supérieure) qui impose au héros un destin tout tracé auquel il ne pourra pas échapper. Pas d’issue possible, individu trop faible pour changer les choses. Ce sont les oracles qui révèlent la destinée des personnages, qui se savent condamnés.

Ils savent qu’ils ne seront que de simples spectateurs de leur vie. → prisonniers d’une histoire qu’on ne peut pas écrire soi-même. Le héros essaiera de se débattre, de changer son destin mais n’y parviendra pas. Dans la Thébaïde (polycopié) : - Olympe fait part de l’« ordre fatal », un destin irrévocable à Jocaste. - La fatalité de la haine entre les deux frères es d’autant plus forte qu’elle remonte à très longtemps : le fait qu’ils soient jumeaux permet à Racine de faire remonter cette haine au ventre de leur mère → guerre intestine dans un sens littéral.

Cette haine est au fondement même des deux hommes, ils n’existent que par celle-ci.

Si cette haine disparaît, ils cesseront d’exister. - Un élément sur lequel ils sont d’accord : apprécie que l’autre le déteste aussi → cette mutualité, réciprocité justifie la haine et la colère qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. 2/ L’impuissance des personnages Tout est joué d’avance.

Dès lors, l’entourage des deux frères ne peut rien faire pour empêcher le massacre → spectateurs impuissants : - Antigone qui tente de parler à ses frères - Jocaste qui va essayer de raisonner ces fils Cette idée de spectateurs impuissants est renforcée par le fondement même de la pièce : on ne voit pas les combats entre Polynice et Etéocle.

Il s’agit de récits rapportés.

C’est un personnage qui vient narrer les épisodes sanglants. En cela, Racine respecte l’une des grandes règles du classicisme : la règle de la bienséance (pas de violence sur scène).

Cette règle n’interdit pas les batailles ni les morts, il faut simplement qu’elles aient lieu hors scène. Au delà du respect de la règle, ces récits rapports sont assurés par des personnages qui adoptent une posture identique aux propos qu’ils rapportent : - les scènes rapportés sont les scènes de violence - les personnages qui racontent sont spectateurs, ne prennent pas part à la scène → témoins oculaires de la scène - ils ne peuvent pas agir sur la scène, impuissance forte - position sur la muraille → postés sur cette muraille pour observer la bataille.

C’est un lieu frontière entre l’extérieur dangereux et l’intérieur qui reste protégé. Une sorte de zone neutre.

Lorsque Jocaste fait venir ses deux fils en même temps, ils ne s’entre-tuent pas → zone neutre. Ambiguïté dans l’observation des combats : - crainte que cela arrive - sorte de fascination et d’attraction pour l’horreur qui se déroule → caractère spectaculaire lutte fratricide de cette → méta-theâtralité : les personnages qui observent les scènes de violence sont en fait les doubles du lecteur de la pièce. Malgré toute cette impuissance, le personnage de Jocaste conserve de l’espoir tout au long de la pièce.

Elle va sans cesse essayer de s’interposer entre ses fils.

Consciente de la fatalité, mais lutter tout de même contre le destin → forme d’impiété ? Elle penserait que sa volonté de mère est plus forte que la volonté des dieux. Elle fait preuve de démesure (hubris) et pensant pouvoir atteindre le rang des dieux.

Jocaste ne parvient pas à croire l’oracle (cf.

Œdipe, Sophocle) Ce regain d’espoir permanent implique qu’elle reçoit des coups de plus en plus douloureux.

Elle finit par se suicider lorsqu’elle perd espoir. 3/ La construction de la pièce Toute la pièce est centrée autour du conflit fratricide, qui va causer la mort de tous les autres personnages. A partir du IIIe acte, les morts s’enchaînent (meurtres, suicides), avec une accélération à l’acte V. - Ménécée, fils de Créon : se suicide à l’acte III, présenté comme un sacrifice (« dernier du sang royal) → sacrifice vain - Jocaste : se suicide à l’acte V.

Olympe l’annonce à Antigone - Hémon, fils de Créon, fiancé d’Antigone : meurt alors qu’il tentait de séparer les deux frères - Polynice et Etéocle : s’entre-tuent.

Créon raconte cette scène à l’acte V : Etéocle est mortellement blessé, et trouve un dernier souffle pour tuer son frère - Antigone : se suicide avec le même poignard que sa mère - Créon : effondrement, il tombe sur scène de malheur, mais on ne.... »

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