Devoir de Philosophie

Deux des pirates de l'air avaient été repérés par la CIA

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

11 septembre 2001 Oussama Ben Laden a beau clamer son innocence, George Bush continue de voir en lui le « principal suspect » des attentats. Il faut donc croire que les services de police et de renseignement disposent d'informations permettant au président américain, ainsi qu'à ses ministres, d'accuser sans détour le dirigeant islamiste. Les 4 000 agents du FBI chargés de l'enquête aux Etats-Unis et à travers le monde se montrent pourtant d'une discrétion absolue sur les liens supposés entre le milliardaire saoudien et les dix-neuf pirates de l'air. De fait, même si l'enquête est très médiatisée, peu d'éléments filtrent sur ce point crucial. Le volet « Ben Laden » du dossier reste dans l'ombre et les journalistes en sont réduits aux suppositions... Ces derniers jours, ils ont ainsi relevé que la police avait effectué diverses perquisitions dans le New Jersey. Quelques-uns des kamikazes, mais aussi deux hommes interpellés le 12 septembre dans un train texan et interrogés depuis par le FBI, ont vécu dans cet Etat voisin de New York. Simple coïncidence ? En 1993, au moment de l'attentat à la camionnette piégée contre le World Trade Center (six morts, un millier de blessés), plusieurs terroristes étaient domiciliés dans ce même quartier de Jersey City, à proximité d'une mosquée. A l'époque, déjà, Ben Laden avait été désigné comme le commanditaire de l'opération. ÉVENTUELS COMPLICES Autre élément, développé en particulier par le New York Times : l'homme d'origine arabe interpellé le 13 septembre dans un aéroport new-yorkais en possession de faux papiers, serait une relation de Ben Laden et de l'un de ses frères. Cette hypothèse n'a pas été confirmée de source officielle, mais il est acquis que l'homme en question figure parmi les deux à quatre personnes placées en état d'arrestation au motif qu'elles détiendraient des informations décisives concernant les terroristes ou leurs éventuels complices encore en liberté. Enfin, quarante-neuf autres personnes faisaient toujours l'objet de vérifications, mardi matin 18 septembre, sans pour autant être inculpées. Dans cette enquête tentaculaire, un troisième élément conduit, indirectement tout au moins, au « principal suspect ». Il concerne cette fois deux des kamikazes, Khalid Al- Midhar et Nawaq Al- Hamzi, morts dans le crash du Boeing 757 d'American Airlines contre le Pentagone. A en croire des informations transmises par la CIA au FBI dès le mois d'août, ceux-ci pourraient avoir été en relation avec la mouvance du millionnaire saoudien. Leur parcours, dans les semaines précédant les attentats, laisse en outre supposer une défaillance du FBI. Selon le Washington Post, tout commence le 21 août, lorsque la CIA alerte les services d'immigration sur la prochaine venue aux Etats-Unis d'Al-Midhar et d'Al-Hamzi. Le premier, surtout, est en ligne de mire : des images de vidéosurveillance, filmées auparavant en Malaisie, l'ont montré aux côtés d'un homme suspecté d'être impliqué dans l'attentat contre un destroyer de l'US Navy, en octobre 2000, au Yémen (17 morts). Cette opération, comme celle de 1993 au World Trade Center, avait alors été attribuée aux réseaux Ben Laden. Deux jours plus tard, le 23 août, la CIA prévient la police fédérale, le FBI. Les deux visiteurs feront donc l'objet de « fiches de signalement ». En d'autres termes, ils devront être surveillés, voire interceptés, aux frontières. Malheureusement, il est trop tard : le duo, arrivé quelques jours plus tôt à l'aéroport international de Los Angeles, se trouve déjà sur le sol américain. En arrivant, l'un et l'autre auraient présenté des passeports saoudiens et des visas en règle. Afin de brouiller les pistes, ils auraient indiqué de fausses adresses sur les formulaires d'accès aux Etats-Unis. Conséquence : le FBI ne parviendra jamais à retrouver leur trace. Moins de trois semaines plus tard, ils seront identifiés parmi les cinq kamikazes du vol 77 d'American Airlines... APPEL À CANDIDATURES Depuis, les enquêteurs ont établi qu'Al-Hamzi avait acheté son billet d'avion sur Internet, à l'aide d'une carte de crédit. Il aurait séjourné à San Diego (Californie) et dans le New Jersey ( Le Monde du 18 septembre). Quant à Khalid Al-Midhar, il avait réglé l'achat du billet en espèces, le 5 septembre, à l'aéroport international de Baltimore, près de Washington. Sa dernière adresse connue a conduit la police à Daytona Beach, en Floride, un Etat où la plupart des terroristes ont vécu pendant des mois, voire des années. Ce scénario de l'entrée des deux hommes aux Etats-Unis n'a pas été confirmé par les autorités policières ou judiciaires. Mais le directeur du FBI, Robert Mueller, l'a validé de manière implicite, lundi, devant la presse. Interrogé sur les procédures de « signalement » aux frontières, le patron de la police fédérale a estimé qu'il était « très difficile » de localiser en peu de temps des individus ayant fourni une fausse adresse à leur arrivée sur le territoire. « Rien ne laissait supposer qu'une opération de ce type [les attentats] était en préparation dans notre pays », a-t-il insisté afin de couper court aux critiques. Dans la foulée, M. Mueller a confirmé, bien involontairement, le retard américain face à la menace islamiste, en lançant un appel à candidatures pour le moins révélateur : le FBI recrute d'urgence des citoyens américains pratiquant l'arabe ou le farsi.

Liens utiles