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Dix Ans, guerre de

Publié le 12/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Dix Ans, guerre de, premier conflit important au XIXe siècle entre Créoles et colons espagnols sur l’île de Cuba (1868-1878).

2   AUX ORIGINES DE LA GUERRE

Durant les années 1850, Cuba devient le premier exportateur de sucre de canne vers les États-Unis. Ce développement profite aux régions occidentales de l’île, peuplées d’esclaves travaillant dans de grands domaines, au détriment de la partie orientale où domine la petite propriété libre. Dans cette perspective de croissance et d’autonomie économique progressive à l’égard de la métropole espagnole, de nombreuses élites cubaines, les réformistes, réclament un assouplissement du pouvoir colonial qui pèse sur l’île. Parallèlement à l’activisme des abolitionnistes, deux autres courants voient également le jour : les indépendantistes et les annexionnistes, ces derniers étant favorables à un rattachement de Cuba aux États-Unis.

Mais, malgré l’espoir suscité par le gouvernement libéral d’Enrique O’Donnell à Madrid (1858-1863), la répression organisée par le gouvernement conservateur qui lui succède scandalise de nombreux Cubains, surtout dans l’est de l’île, moins tributaire du régime servile et de la domination espagnole, et donc plus prompte à espérer un desserrement du joug colonial.

3   LA SÉCESSION DE CÉSPEDES DÉCLENCHE LA GUERRE

C’est dans ce contexte que les désordres de la politique intérieure espagnole (déposition d’Isabelle II en 1868, proclamation d’une république fédérale refusant les réformes) poussent le planteur Carlos Manuel de Céspedes à proclamer l’Indépendance de Cuba, le 10 octobre 1868 (Grito de Yara). D’un geste hautement symbolique, il libère les esclaves — programme de libéralisation politique et instauration du suffrage universel masculin — et invite ses compatriotes à combattre pour la liberté de l’île. Débute alors entre les groupes de manzanilleros et le pouvoir espagnol une guérilla qui dure jusqu’en 1875, et qui touche principalement la partie orientale et montagneuse de l’île.

Les paysans soutiennent les rebelles — pour la plupart noirs ou mulâtres — en fournissant nourriture, refuge et informations. L’Espagne, embourbée dans ses affaires intérieures, réagit sans énergie cependant que les rebelles multiplient les initiatives : une assemblée constituante promulgue une constitution libérale, vote la liberté des esclaves et une motion pour annexer l’île aux États-Unis.

4   UN ÉCHEC PROFITABLE

Les frictions entre autorités civiles et militaires rebelles, les divergences d’intérêts entre les gros planteurs créoles de l’Ouest et les élites libérales de l’Est fragilisent la résistance, d’autant qu’avec le couronnement d’Alphonse XII en 1875, la métropole peut dorénavant se tourner vers ses colonies. Par une habile politique, le général espagnol Martínez Campos parvient à diviser les guérilleros déjà passablement divisés socialement, géographiquement et politiquement. Aussi, le 10 février 1878, une majorité de Cubains se prononce en faveur de l’armistice et signe le pacte de Zanjón.

En échange de cette paix, la métropole concède la liberté aux esclaves combattants et l’émancipation progressive de la main-d’œuvre servile. Le bilan d’une guerre de dix ans est lourd : 250 000 morts et une industrie du sucre exsangue. Mais, paradoxalement, la destruction des moulins traditionnels débouche sur une modernisation rapide de l’industrie sucrière, conduite en partie grâce aux capitaux américains dans les années 1880.

La guerre de Dix Ans contribue à la formation d’une ferme conscience nationale (pensons aux indépendantistes José Julian Martí et Tomás Estrada Palma) qui unit dorénavant la population au-delà des oppositions sociales ou ethniques. Elle annonce surtout le mouvement d’émancipation de l’île vis-à-vis de sa métropole ibérique, qui aboutit au protectorat américain de 1895-1899.

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