Dreifuss, Ruth

Dreifuss, Ruth (1940- ), femme politique suisse, conseillère fédérale de 1993 à 2002.

Née à Saint-Gall, Ruth Dreifuss vit ensuite à Berne, avant de s'installer à Genève dès 1945. Originaire d'une famille juive — son père contribue à sauver, dans l'illégalité, des réfugiés lors de la Seconde Guerre mondiale —, elle affiche une sensibilité particulière dans le débat qui agite la Suisse sur son passé. Titulaire d'une licence en économie, elle s'engage à gauche dès 1963. Elle adhère au Parti socialiste et participe à la fondation d'un organe « socialiste anti-stalinien «.

Son parcours tiers-mondiste, puis syndical, attire l'attention de la société civile. Si bien qu'en 1993, lorsque se joue une élection à rebondissements au Conseil fédéral, elle est appelée à la dernière minute pour remplacer une candidate officielle dont le Parlement n'a pas voulu. Après le passage éclair de la radicale Elisabeth Kopp, Ruth Dreifuss est la seconde femme à siéger au gouvernement. En 1999, elle deviendra la première femme à présider la Confédération helvétique, du fait du système de présidence tournante.

En dépit des circonstances singulières de son élection, la ministre de l'Intérieur se révèle très vite être une femme d'État. Ce lourd département est particulièrement exposé dans le domaine des assurances sociales. Pour faire entendre sa voix de gauche dans un gouvernement et un Parlement majoritairement à droite, elle n'hésite pas à briser l’unité du gouvernement constitué de sept ministres. Dans le même temps, ses responsabilités ministérielle la placent souvent en porte-à-faux avec son parti et les syndicats qui s'estiment trahis par leur camarade, notamment au sujet de l'assurance vieillesse. Elle fait cependant admettre des réformes, notamment en matière de santé et de sécurité sociale, dont la reconnaissance de la nécessité d'une assurance maternité digne de ce nom dans la législation suisse.

Ruth Dreifuss démissionne du gouvernement en 2002. Micheline Calmy-Rey lui succède au poste de conseillère fédérale.