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Égypte

Publié le 10/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Égypte, en arabe Mişr, pays situé à la charnière de l’Afrique et de l’Asie, le plus peuplé du monde arabe. Sa capitale est Le Caire.

L’Égypte est ouverte sur la mer Méditerranée au nord et sur la mer Rouge à l’est. Bordée à l’ouest par la Libye et au sud par le Soudan, l’Égypte s’étend à l’extrémité orientale de l’Afrique du Nord et se prolonge sur le continent asiatique par le Sinaï. Cette situation géographique détermine son appartenance au Proche-Orient.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

L’Égypte couvre une superficie de 997 739 km². Moins de 10 p. 100 du territoire est habité et cultivé. Il s’agit de la vallée et du delta du Nil, auxquels s’ajoutent les oasis occidentales. Le reste du pays est constitué de zones désertiques. À l’ouest s’étend, sur les deux tiers du pays, le désert Libyque, prolongeant le Sahara. Formé de plateaux de faible altitude et couvert de dunes de sable hautes de 300 à 400 m, il serait totalement inhospitalier s’il n’était creusé de dépressions dont la plus profonde — celle de Kattara, au nord — se situe à 133 m au-dessous du niveau de la mer et couvre 18 000 km². Les sources qui affleurent au fond de ces dépressions, et qu’alimente une nappe souterraine, ont permis la naissance d’oasis : du nord au sud se succèdent celles de Ouadi Natroum, du Fayoum, de Baharieh, de Farafreh, de Sioua, de Dakhleh et de Khargeh. Sur la rive orientale du Nil, le désert Arabique repose sur un fragment de la plaque continentale africaine relevé en bordure de la mer Rouge et du golfe de Suez par le jeu de la tectonique des plaques. Il s’élève depuis la vallée du Nil jusqu’à une altitude de 610 m à l’est et se hérisse, le long de la côte de la mer Rouge, de pics abrupts et déchiquetés culminant à 2 000 m d’altitude. À l’extrême sud, le long de la frontière avec le Soudan, le désert de Nubie est une vaste région de dunes et de plaines de sable. Le Sinaï, encadré par les fossés tectoniques de Suez et d’Aqaba et rattaché au désert Arabique par l’isthme de Suez, est constitué, dans sa partie septentrionale, d’une étendue sablonneuse, qui se prolonge par un plateau central (1 000 m). La pointe de la péninsule est dominée par des montagnes rocailleuses (mont Sinaï) culminant à plus de 2 000 m (mont Moïse, 2 637 m et Jabal Katharina, 2 642 m).

Le Nil, dont les crues régulières ont fertilisé les terres égyptiennes depuis des millénaires et permis le peuplement de cette région désertique, pénètre en Égypte par le Soudan et remonte vers le nord sur 1 280 km pour se jeter dans la Méditerranée. Sur toute sa longueur, depuis la frontière sud jusqu’au Caire, il a creusé une étroite vallée, bordée de falaises. Le lac Nasser, immense réservoir de retenue du haut barrage d’Assouan, s’étend au-delà de la première cataracte, sur quelque 480 km de long et 16 km en son point le plus large. Au sud de la ville d’Edfou, la vallée du Nil dépasse rarement 3 000 m de large. D’Edfou en remontant vers Le Caire, sa largeur moyenne est de 23 km, et les terres arables se situent essentiellement sur la rive occidentale. Le fleuve se ramifie ensuite pour former un vaste delta (24 000 km2), plaine en forme d’éventail, sur 250 km jusqu’à la côte méditerranéenne. Le limon, déposé par le Nil de Rosette (Rashid en arabe), le Nil de Damiette (Dumyat en arabe) et les autres bras du fleuve, a fait de cette région, appelée Basse-Égypte, la plus fertile du pays. Cependant, le barrage d’Assouan a réduit le débit du Nil, provoquant l’érosion des terres côtières par les eaux salées de la Méditerranée et une salinisation des sols. Quatre lacs d’eau saumâtre peu profonds bordent la côte du delta. Un autre lac plus important, le Birket el-Keroun, est situé à l’intérieur des terres.

Si l’Égypte possède 2 450 km de côtes, dont les deux tiers sur la mer Rouge, les échancrures pouvant abriter des ports se limitent à la côte du delta.

2.2 Climat

À l’exception de la bordure littorale qui s’inscrit dans la zone climatique méditerranéenne, l’Égypte est soumise au climat tropical aride, caractérisé par une saison chaude, de mai jusqu’en septembre, et une saison fraîche, de novembre jusqu’en mars. Dans la région côtière, les températures varient d’un maximum de 37,2 ° à un minimum de 13,9 °. Le contraste thermique entre le jour et la nuit est particulièrement marqué dans les régions désertiques (maximum diurne de 45,6 °, minimum nocturne de 5,6 ° ; l’hiver, la température diurne peut tomber à 0 °).

La région la plus humide se trouve le long de la côte méditerranéenne, où les précipitations annuelles moyennes atteignent 200 mm. Ce chiffre diminue rapidement vers le sud puisque Le Caire ne reçoit que 25 mm par an tandis que, dans certaines parties désertiques, il peut ne pleuvoir que tous les cinq ou dix ans.

2.3 Végétation et faune
2.3.1 Végétation

Dans le delta, la vallée du Nil et les oasis, le palmier-dattier est l’arbre le plus répandu. Sycomores, tamariniers, acacias et caroubiers font également partie des espèces endémiques. Le cyprès, l’orme, l’eucalyptus, le mimosa, ainsi que divers arbres fruitiers ont été introduits par l’homme. Dans les régions arides, seuls les épineux résistent à l’absence de précipitations. Le papyrus, autrefois très répandu sur les rives du Nil, se limite maintenant à l’extrême sud du pays.

2.3.2 Faune

La faune égyptienne est peu variée. Gazelles, fennecs, hyènes et chacals peuplent les déserts. Ânes sauvages, sangliers et mangoustes se rencontrent dans les montagnes qui bordent la mer Rouge. Le crocodile et l’hippopotame, autrefois répandus dans toute la vallée du Nil, sont désormais cantonnés dans la haute vallée du Nil. Le pays compte environ trois cents espèces d’oiseaux. Une centaine d’espèces de poissons se pêchent dans le Nil et les lacs du delta.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

L’Égypte est le pays arabe le plus peuplé : en 2008, la population égyptienne était estimée à 81,7 millions d'habitants. Elle s’accroît très rapidement, à raison de 1,2 million d’habitants par an, soit un taux d’accroissement naturel de 1,70 p. 100. 99 p. 100 de la population est concentrée sur moins de 4 p. 100 de la superficie totale, soit une densité dans les zones peuplées de 1 683 habitants au km2 (densité globale de 82 habitants au km²). En 2008, le taux de mortalité infantile s’élevait à 28 p. 1 000 ; l’espérance de vie à la naissance était de 71,8 ans.

La formation du peuple égyptien remonte à l’époque gerzéenne (3500 av. J.-C.), lorsque des populations de souche chamito-sémitique se sont établies dans le pays. La population actuelle est issue de ce fonds ancien et des apports liés aux invasions qui ont marqué l’histoire de l’Égypte : Libyens, Grecs, Romains, mais surtout Arabes, qui ont conquis la région au viie siècle apr. J.-C. La population égyptienne est alors presque totalement arabisée. Seule demeure aujourd’hui une minorité nubienne, habitant depuis des millénaires les villages du sud de l’Égypte et du nord du Soudan. Mais la mise en eau du lac Nasser a détruit beaucoup de ces villages.

3.2 Divisions administratives et villes principales

En 2005, 42 p. 100 des Égyptiens étaient citadins. La population du Caire était de 10,8 millions d'habitants en 2003. La capitale égyptienne a, dans sa croissance, absorbé la ville de Gizeh, centre industriel et site archéologique prestigieux. Toutes les autres villes d’importance se situent sur les côtes : Alexandrie, le grand port égyptien, et Port-Saïd, à l’entrée du canal de Suez, sont baignées par la Méditerranée. Suez commande l’extrémité sud du canal.

3.3 Langues et religions

L’arabe est la langue officielle. Le français et l’anglais sont parlés couramment en seconde langue au sein de l’élite urbaine. L’influence de la culture française, à travers sa langue, remonte au début du xixe siècle, plus exactement à l’expédition de Bonaparte (voir campagne d’Égypte). Elle s’est perpétuée à travers le biais d’écoles (notamment religieuses) et d’institutions culturelles, même après que la Grande-Bretagne eut étendu sa domination politique sur le pays.

L’islam sunnite est la religion officielle du pays et rassemble 90 p. 100 de la population. L’Église copte (voir Églises chrétiennes d’Orient) s’est maintenue dans le pays après l’islamisation de celui-ci et compte environ 9 p. 100 de fidèles.

3.4 Éducation

À l’avènement du régime républicain, seuls les enfants de l’élite urbaine avaient accès à l’éducation. Dans les campagnes, un enseignement rudimentaire, fondé sur la mémorisation plus que sur la réflexion, était assuré dans les écoles coraniques. Le nouveau régime, en 1952, a entrepris de démocratiser l’enseignement, rendu obligatoire et gratuit pour les enfants de 6 à 12 ans. L’analphabétisme a reculé de manière non négligeable. Cependant, en 1995, il concernait encore 48,6 p. 100 de la population, ce qui constitue un taux relativement élevé dans le monde arabe. Un tiers seulement des enfants accomplissaient une scolarité primaire et secondaire en 1970. Ils sont deux fois plus nombreux aujourd’hui et 29 p. 100 des jeunes Égyptiens poursuivent leurs études dans l’enseignement supérieur.

L’université islamique al-Azhar occupe une place particulière dans l’enseignement supérieur. La mosquée, fondée au Caire en 970 apr. J.-C., est devenue un prestigieux centre d’enseignement de la théologie musulmane en même temps qu’un lieu d’élaboration du droit musulman. Son rayonnement au sein de la umma (communauté) musulmane demeure grand. Al-Azhar compte aujourd’hui 90 000 étudiants, égyptiens et non égyptiens, versés dans les sciences islamiques mais de plus en plus ouverts aux enseignements profanes. Méhémet Ali, dirigeant réformateur de l’Égypte au xixe siècle, a doté le pays d’un réseau d’écoles supérieures spécialisées (médecine, administration, agriculture, etc.) dans le but de former les cadres supérieurs du nouvel État égyptien. En 1907 s’est ouverte la première université d’État, l’université du Caire, et, en 1919, des missionnaires protestants ont fondé l’Université américaine. Les universités provinciales se sont multipliées à partir des années 1950. Les femmes ont été autorisées à s’y inscrire en 1962.

Le système d’enseignement égyptien est aujourd’hui confronté au problème de l’adéquation de la formation universitaire au monde du travail. Le président Nasser s’était engagé à trouver un emploi à tous les diplômés des universités égyptiennes, qui sont venus gonfler les effectifs de l’administration. Mais depuis le début des années 1970, le chômage des jeunes diplômés est devenu l’une des questions cruciales dans la société égyptienne.

3.5 Culture

La culture de l’Égypte ancienne a nourri la civilisation grecque et l’histoire biblique, dont procède notre civilisation (voir littérature de l’Égypte ancienne). Plus tard, la chrétienté égyptienne apportera une contribution essentielle au développement du monachisme chrétien.

L’Égypte a été également, avec le Liban et la Syrie, le berceau de la renaissance culturelle arabe (la Nahda) du xixe siècle. Poètes, écrivains, dramaturges ont façonné l’histoire de la littérature égyptienne (voir littérature arabe). L’Égypte se distingue, par ailleurs, du reste du monde arabe par une abondante production cinématographique : elle produit chaque année des centaines de films et de séries télévisées qu’elle exporte dans tout le monde arabe et au-delà. La littérature égyptienne, comme le cinéma, a gagné une reconnaissance récente en Europe — particulièrement en France —, comme en témoignent l’attribution du prix Nobel de littérature en 1988 à l’écrivain égyptien Naguib Mahfouz ou les succès remportés par le réalisateur Youssef Chahine qui traite de sujets actuels de façon critique.

L’Égypte possède des musées remarquables, parmi lesquels le Musée égyptien ou musée des Antiquités égyptiennes. Le patrimoine est riche et varié de même que l’art de l’Égypte.

La presse égyptienne est la plus développée du monde arabe, et Le Caire est le principal centre d’édition du Proche-Orient. Le premier quotidien d’Égypte est al-Ahram (les pyramides). Il tire à près d’un million d’exemplaires, soit le tiers de la diffusion quotidienne totale. La presse, malgré une histoire ancienne (elle est née dans les années 1860), reste contrôlée par le gouvernement.

3.6 Institutions et vie politique

La République arabe d’Égypte est régie par la Constitution de 1971, qui instaure un régime présidentiel fort.

3.6.1 Organisation des pouvoirs

Le président de la République est le chef de l’État. Détenteur du pouvoir exécutif, il était élu par référendum populaire pour six ans, sur proposition de l’Assemblée du peuple, le corps législatif jusqu’à l’amendement constitutionnel approuvé par référendum en mai 2005 qui institue l’élection au suffrage universel du président de la République parmi plusieurs candidats. Il nomme et peut révoquer le Premier ministre, à la tête du gouvernement. Le président de la République peut dissoudre l’Assemblée et gouverner par décrets dans des circonstances critiques.

Le pouvoir législatif est dévolu à un Parlement monocaméral, l’Assemblée du peuple. Celle-ci comprend 454 membres dont 444 sont élus au suffrage universel direct, tandis que les 10 membres restants, issus de la communauté copte, sont nommés par le président de la République. Les députés ont un mandat de cinq ans. Leurs compétences sont, selon la Constitution, proches de celles qui sont dévolues aux représentants du peuple dans les régimes parlementaires occidentaux : ils votent le budget, peuvent constituer des commissions d’enquête et retirer leur confiance au gouvernement. Dans la pratique, l’Assemblée n’a guère le pouvoir de s’opposer au chef de l’État, d’autant que, depuis l’indépendance, elle est dominée par le parti présidentiel.

La branche législative comprend aussi un Conseil consultatif (Majlis al-Choura), composé de 264 membres, dont 176 sont élus au suffrage universel et 88 sont nommés par le président de la République.

3.6.2 Partis politiques

L’existence de partis politiques en Égypte date du protectorat britannique. Le plus ancien, le Wafd (« délégation «), a été le principal mouvement nationaliste jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Il a, depuis, très considérablement décliné et représente aujourd’hui une partie de l’opposition laïque sous le nom de Néo-Wafd. Favorable au libéralisme économique, il se positionne sur l’échiquier politique au centre-droit. Le Parti national démocratique (PND), parti présidentiel, est l’héritier de l’ancien parti unique, l’Union socialiste arabe, constitué sous la présidence de Nasser. Malgré l’adoption du multipartisme, en 1977, le PND a maintenu son hégémonie sur la vie politique égyptienne.

Le Parti communiste demeure interdit en Égypte de même que les mouvements islamistes Jihad et Jamaa islamiya, en conflit ouvert, depuis le début des années 1990, avec le pouvoir. Le mouvement des Frères musulmans, fondé en 1928 et qui a longtemps représenté seul la mouvance islamiste égyptienne, participe à la vie politique en appuyant officieusement des candidats indépendants. Seulement toléré, il n’a cependant pas le droit de se constituer en parti politique ni même en association.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

Dans ce pays où s’est constitué très tôt un pouvoir central fort, l’État joue toujours un rôle très important dans l’économie. Le « socialisme arabe « de Gamal Abdel Nasser s’inscrivait ainsi dans une longue tradition. Nasser a nationalisé tous les secteurs de l’économie et a mené une politique de grands travaux, symbolisée par la construction du barrage d’Assouan en 1960. Le président Sadate, héritant d’un pays laissé exsangue par la guerre des Six-Jours, a amorcé la libéralisation de l’économie (infitah) qui est toujours en cours. Mais le programme de privatisation des entreprises se réalise très lentement. Le pays est en outre confronté à une dette publique chronique. Ces difficultés ne sont pas sans susciter les réticences des bailleurs de fonds, alors que le pays dépend fortement de l’aide extérieure.

L’Égypte, dont le produit intérieur brut (PIB) s’élevait à 107 milliards de dollars en 2006, constitue une puissance économique au Proche-Orient. Pourtant, la croissance du PIB demeure inférieure à l’accroissement de la population. L’économie égyptienne repose aujourd’hui sur le pétrole et les services (lesquels contribuent pour 47,5 p. 100 au PIB). Le chômage touche officiellement 11 p. 100 de la population (statistiques de 2003), mais il peut être multiplié par deux ou trois dans la réalité, alors qu’arrivent chaque année 650 000 jeunes sans formation sur le marché de l’emploi.

4.2 Agriculture

L’agriculture occupe toujours 29,9 p. 100 de la population active, mais ne réalise que 14,1 p. 100 du PIB en 2006. Les caractéristiques de la propriété foncière ont été profondément modifiées par les réformes agraires de l’époque nassérienne. Les terres, dont les deux tiers étaient alors concentrés dans les mains de 6 p. 100 de propriétaires, ont été réquisitionnées par le gouvernement et redistribuées aux fellahin (les paysans), mais il subsiste encore un fossé économique entre les fermiers des classes moyennes et les fellahin. Les pouvoirs publics cherchent constamment à augmenter la surface agricole, malgré la concentration des terres arables dans l’étroite vallée du Nil, par le défrichement, le développement de l’irrigation (notamment depuis l’achèvement du barrage d’Assouan en 1970) ainsi que par la mécanisation et l’usage des engrais. 18 000 hectares sont ainsi gagnés chaque année sur le désert, mais l’urbanisation en absorbe 13 000. Le barrage d’Assouan a cependant eu des effets pervers sur l’environnement agricole. Les terres de Basse-Égypte ne sont plus fertilisées par les crues du Nil ; les sols souffrent également d’une remontée des eaux salées et la bilharziose se diffuse de manière inquiétante.

Le rendement des terres cultivées d’Égypte se situe désormais parmi les plus élevés au monde. Il est vrai que la totalité des 3,52 millions d'hectares cultivés sont des terres irriguées. Le blé, le maïs et le coton occupent 70 p. 100 des surfaces cultivées. Le coton est exporté. L’agriculture égyptienne produit également des agrumes, des pommes de terre et des oignons. Cette relative diversité des productions de base et la très forte productivité de l’agriculture ne suffisent toutefois pas à assurer l’autosuffisance alimentaire. La balance agricole est structurellement déficitaire. L’élevage est très peu développé : le nombre de bêtes, rapporté à la population, est trois fois plus faible qu’en France. Le produit de la pêche augmente régulièrement grâce à l’exploitation des eaux très poissonneuses du Nil, des lacs du delta et de la mer Rouge. En 2005, les prises atteignaient 889 302 t, dont les deux tiers en eaux douces.

4.3 Mines et industries

La production annuelle de pétrole brut, principale ressource du sous-sol égyptien, avoisinait 3,8 millions de tonnes au début des années 1960. Après la découverte et la mise en exploitation des vastes gisements pétrolifères situés dans la région d’El-Alamein et dans le golfe de Suez, la production annuelle s’est accrue pour atteindre 225,8 millions de barils en 2004. Celle de gaz naturel était d’environ 27 milliards de m3 en 2003. Depuis 1991, le minerai d’uranium est extrait des gisements proches d’Assouan.

L’industrie égyptienne représente 38,4 p. 100 du PIB en 2006 et emploie 19,8 p. 100 de la population active. Au xixe siècle, les premières tentatives d’industrialisation ont été étouffées par les puissances européennes, l’Égypte constituant un important débouché pour leurs produits manufacturés. Après la Première Guerre mondiale, de nouveaux efforts ont abouti au développement d’une petite activité industrielle capable de satisfaire une partie de la demande intérieure. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’industrie a connu une forte expansion, notamment dans le domaine des textiles. Après le renversement de la monarchie, en 1952, le nouveau régime a donné la priorité absolue à l’industrialisation. En 1965, à la fin du premier plan quinquennal, la valeur totale de la production industrielle, y compris la production d’électricité et de minerais, atteignait 2,71 milliards de dollars par an. Vingt ans plus tard, elle s’élevait à 13 milliards de dollars par an. L’industrie égyptienne s’est considérablement diversifiée depuis le début de la libéralisation économique. Le textile, autrefois premier secteur industriel, a été supplanté par l’agroalimentaire, qui réalise 25 p. 100 de la valeur ajoutée industrielle, et par l’industrie chimique, liée à l’exploitation des hydrocarbures et à la production d’engrais pour l’agriculture. Le développement industriel ne s’est pas accompagné d’un désengagement de l’État ; ce dernier contrôle toujours 70 p. 100 de l’industrie. La plus grande partie de l’activité industrielle se situe aux environs du Caire et d’Alexandrie.

4.4 Échanges

La monnaie est la livre égyptienne, divisible en 100 piastres. La Banque centrale d’Égypte, créée en 1961, reste un organe de contrôle de l’économie très puissant malgré la présence de nombreuses banques à capitaux privés. Le gouvernement mène par son intermédiaire une politique de monnaie forte qui permet de limiter le coût des importations, mais pénalise l’investissement et les exportations. Cette politique a entraîné un conflit avec le Fonds monétaire international (FMI) qui estime que la livre égyptienne est surévaluée de 10 p. 100. En juin 1994, le FMI refusait d’agréer l’effacement de 20 p. 100 des dettes égyptiennes par le Club de Paris.

La dette extérieure brute de l’Égypte s’élevait en 2004 à 30 milliards de dollars. Les principales sources de devises étrangères sont le coton, le pétrole, les redevances du trafic sur le canal de Suez, le tourisme, les transferts de revenus par les nationaux travaillant à l’étranger et l’aide internationale. Chaque source tend à fluctuer en fonction de la conjoncture internationale. La signature de la paix avec Israël, en 1979, a permis la réouverture du canal de Suez, la récupération de territoires pétrolifères et le développement touristique. L’aide financière occidentale s’est accrue également. Les ressources du pays s’en sont trouvées notablement augmentées. De la même manière, l’engagement de l’Égypte dans la coalition anti-irakienne durant la guerre du Golfe a été en quelque sorte récompensé par l’effacement d’une partie substantielle de la dette égyptienne.

Le tourisme a, en revanche, été fortement affecté par la recrudescence des attentats islamistes depuis le début des années 1990. Néanmoins, l’Égypte accueillait encore 8,65 millions de touristes en 2006, un volume tout à fait comparable à celui de la Tunisie ou du Maroc, les pays les plus touristiques du monde arabe.

La balance commerciale est structurellement déficitaire. Les principaux partenaires commerciaux sont les pays de l’Union européenne (environ 40 p. 100 des importations et exportations), les États-Unis et le Japon.

Les réseaux de communication sont concentrés sur l’axe nord-sud de la vallée du Nil. En 2004, l’Égypte comptait 92 370 km de routes. Le système autoroutier est limité à la Basse-Égypte. L’avion est le moyen de transport le plus adapté. Le pays possède environ 80 aéroports. Les ports d’Alexandrie, de Port-Saïd et de Suez sont desservis par de nombreuses compagnies maritimes. Le canal de Suez, percé dans l’isthme de Suez, permet, depuis son ouverture en 1869, le passage de la mer Rouge à la Méditerranée.

5 HISTOIRE
5.1 L’Égypte ancienne

Pour l’histoire de l’Égypte antérieure au viie siècle de notre ère, voir l’article Égypte ancienne.

5.2 L’Égypte musulmane
5.2.1 Les califats

Après une période de chaos, l’Égypte sous domination byzantine est envahie en 639 par les Arabes, sous la conduite du général arabe Amr. Dès 642, Alexandrie capitule. L’Égypte relève désormais du califat mais, comme dans l’ensemble de l’Empire musulman en voie de constitution, les Égyptiens peuvent maintenir leur pratique religieuse en échange du paiement d’un impôt de capitation (jizyah) et d’un impôt foncier (kharaj). Cependant, les Égyptiens se convertissent rapidement à l'islam — plus égalitaire que le christianisme byzantin — et se mêlent aux populations arabes qui y migrent massivement.

Les Arabes n’apportent guère de modifications au système administratif byzantin, qu’ils ouvrent cependant plus largement aux dhimmis (protégés) coptes.

Durant les deux siècles qui suivent, l’Égypte est dirigée par des gouverneurs appointés par le calife, chef de la communauté musulmane. L’arrivée de tribus arabes et le remplacement de la langue copte par l’arabe dans tous les documents officiels favorisent l’arabisation et l’islamisation de la société égyptienne. Dès 750, les chrétiens ne constituent plus qu’un quart de la population. La rapidité avec laquelle s’opère la conversion du peuple égyptien à l’islam s’explique en grande partie par la volonté d’échapper aux impôts spéciaux frappant les dhimmis. Mais l’islam propose également une doctrine égalitariste séduisante et permet aux Égyptiens, divisés par les querelles religieuses sous l’Empire byzantin, de refonder une communauté.

Sous les califes abbassides, la situation intérieure se dégrade au point que le pays est confié en iqta (sorte de fief) à l’oligarchie militaire turque qui domine le califat de Bagdad. En 868, Ahmad Ibn Tulun, un Turc, est nommé gouverneur militaire de l’Égypte. Il organise une puissante armée et affranchit bientôt le pays de la tutelle abbasside, avant de conquérir la Syrie. En 905, l’armée abbasside reprend l’Égypte aux Tulunides, auxquels succèdent, en 935, les Ikhchidites, autre dynastie turque. Ceux-ci ne peuvent résister à la puissance fatimide, qui s’étend depuis 909 sur l’ensemble du Maghreb. En 969, l’Égypte et la Syrie sont conquises. Les souverains chiites fondent la nouvelle ville du Caire (al-Qahira, « la Victorieuse «) où ils établissent le siège de l’anticalifat et créent l’université islamique al-Azhar. La période fatimide est prospère et culturellement féconde, jusqu’au règne d’Hakim (969-1021), mystique fanatique. Dès lors, l’agitation gagne l’armée, au sein de laquelle s’opposent contingents mamelouks, formés par des esclaves de Turquie et de Circassie, contingents berbères et soudanais. À l’extérieur, la puissance fatimide est entamée par la perte du Maghreb, en 1045, et de la Syrie, enlevée par les Seldjoukides en 1075. En 1099, les croisés prennent Jérusalem et s’établissent sur une partie du territoire palestinien.

La lutte contre les croisés est menée par les troupes sunnites de Nur al-Din, atabeg d’Alep, qui sont appelées à prêter main forte aux Fatimides, menacés sur leur territoire par les armées croisées, en 1168. Saladin, l’un des généraux de Nur al-Din, est nommé vizir d’Égypte et fonde sa propre dynastie, celle des Ayyubides. Saladin restaure l’orthodoxie sunnite en se plaçant sous l’autorité (nominale) du calife abbasside et institue un enseignement coranique unifié, en créant des médersas. Il reconquiert sur les croisés la plus grande partie de la Syrie et de la Palestine, et fait de l’Égypte une puissance militaire, dominant un vaste ensemble s’étendant jusqu’en Mésopotamie. Cependant, la puissance ayyubide est rapidement minée, après la mort de son fondateur, par les querelles intestines. Elles permettent aux chefs mamelouks d’imposer leur pouvoir. Appelés à combattre les chrétiens de la neuvième croisade contre le roi de France, Louis IX (Saint Louis), les mamelouks renversent les Ayyubides et installent leur propre gouvernement en 1250.

5.2.2 Les mamelouks

La première dynastie de sultans mamelouks, les Bahrites, gouverne l’Égypte jusqu’en 1382. Certains sont des dirigeants remarquables, tel Baybars Ier, qui arrête, en 1260, l’avancée des Mongols. Deux autres invasions mongoles sont repoussées par les mamelouks, qui chassent également les croisés de la région auxquels ils reprennent Saint-Jean d’Acre, leur dernière place forte en Palestine. À la fin du xiiie siècle, le sultanat s’étend vers le nord jusqu’aux frontières de l’Asie Mineure. L’Égypte, dotée d’une administration modèle, détient le monopole du commerce des épices vers l’Occident chrétien et commerce, malgré l’interdiction papale, avec les Vénitiens et les Génois. Au Caire sont édifiés de somptueux monuments.

La seconde dynastie de sultans mamelouks, les Burjites, d’origine tcherkesse, renoue avec l’instabilité politique et les luttes de pouvoir. La situation économique se dégrade : avec la découverte de la route du cap de Bonne-Espérance, en 1498, l’Égypte perd son rôle commercial. Désormais, la route des Indes passe par l’Afrique du sud. En Asie Mineure, une nouvelle puissance est née après la prise de Constantinople, en 1453, par les Turcs ottomans. En 1517, l’Égypte est conquise par les troupes du sultan ottoman Sélim Ier.

L’Égypte demeure sous la suzeraineté de l’Empire ottoman jusqu’au démembrement de celui-ci, après la Première Guerre mondiale. En réalité, les Turcs n’exercent un contrôle réel sur le pays que durant une période très brève. Les mamelouks, en effet, continuent d’être employés dans les gardes personnelles des 24 beys, qui gouvernent les districts sous l’autorité du pacha, lequel est nommé à la tête de la province par la Sublime Porte. Très rapidement, ils deviennent à leur tour gouverneurs et s’assurent la plus grande part du produit de l’impôt perçu au nom du pacha. L’armée demeure également contrôlée par ces militaires indisciplinés.

En 1757, Ali Bey, dirigeant mamelouk, prend le titre de cheikh al-Balad (« chef du pays «) et proclame son indépendance vis-à-vis du sultan ottoman. Celui-ci rétablit ensuite son autorité, qui n’est plus que nominale.

Livré à l’anarchie, le pays décline et les trente dernières années du xviiie siècle sont marquées par des épidémies de peste et des famines qui réduisent la population à 4 millions d’âmes à peine. Cette situation favorise la mainmise des Européens (Français, Russes et Britanniques) qui, bénéficiant du régime des capitulations sur tout le territoire de l’Empire ottoman, prennent le contrôle du commerce.

5.3 L’Égypte au xixe siècle
5.3.1 La réforme de Méhémet Ali

La rivalité entre Français et Britanniques motive l’occupation du pays en 1798 par l’armée française, conduite par Bonaparte. Dans sa campagne d’Égypte, Bonaparte a emmené une équipe de savants qui sont à l’origine de la redécouverte de la civilisation égyptienne antique par les Européens. Durant les trois années d’occupation française, débute la modernisation du pays : l’administration et les finances sont réorganisées sur le modèle européen ; un programme de remise en état des infrastructures est lancé tandis qu’est instauré un conseil général, composé d’ulémas (docteurs de la loi) et de notables. En 1801, une alliance anglo-ottomane, bénéficiant du soutien populaire, contraint le général Menou, qui s’était converti à l’islam, à quitter le pays. Après le retrait des troupes britanniques, le désordre s’installe : mamelouks et Ottomans luttent pour reprendre le pouvoir qui échoit finalement à Méhémet Ali, général ottoman d’origine albanaise. Celui-ci reçoit, lors de son coup de force, l’appui des ulémas, lesquels se refusent à abandonner le pouvoir perdu depuis le début de l’occupation ottomane, et recouvré grâce aux Français. En 1805, cédant à leurs instances, le sultan ottoman reconnaît Méhémet Ali qui est nommé pacha d’Égypte.

L’autorité du nouveau gouverneur n’est cependant affermie qu’en 1811, après qu’il a fait massacrer les dirigeants mamelouks. Méhémet Ali, qui a modernisé l’armée égyptienne avec l’aide des conseillers militaires français, engage alors des troupes dans une série de guerres de conquête, menées au nom de la Sublime Porte, mais dont il espère tirer un profit personnel.

La première campagne l’oppose aux wahhabites d’Arabie. En 1812, il occupe les villes saintes de l’islam, La Mecque et Médine. En 1819, la province du Hedjaz est conquise, puis c’est le Soudan qu’il attaque cette fois pour son compte, afin de contrôler le commerce caravanier avec l’intérieur du continent africain.

Ses conquêtes ne laissent pas d’inquiéter les puissances européennes, au premier rang desquelles la Grande-Bretagne, qui ne souhaite pas le voir contrôler la route des Indes. Lorsque Méhémet Ali intervient, à la demande du sultan, pour réprimer le soulèvement nationaliste grec (voir guerre de l’Indépendance grecque), il se heurte aux Européens : en 1827, la flotte égyptienne est détruite à Navarin. En 1831, les troupes égyptiennes conduites par Ibrahim Pacha, fils de Méhémet Ali, envahissent la Syrie et entrent ainsi en conflit avec le suzerain turc, dont l’armée est défaite. Dès 1833, les Égyptiens menacent la capitale ottomane, Istanbul. Une fois de plus, la Russie, la Grande-Bretagne et la France interviennent, cette fois pour protéger le sultan. Méhémet Ali doit se retirer mais il garde la Syrie. En 1840, toutefois, la flotte britannique le contraint à abandonner ce pays. Il obtient, en contrepartie, de la Porte, le titre héréditaire de vice-roi d’Égypte et du Soudan.

Sur le plan intérieur, Méhémet Ali prend exemple sur l’Europe afin de hisser son pays au rang des nations développées. Il modernise le pays, encourage la culture industrielle du coton, développe les infrastructures et dote le pays d’un réseau d’instituts techniques. Ses ambitieuses réformes contribuent à raviver le sentiment national égyptien.

5.3.2 Faillite et domination étrangère

Après la mort de Méhémet Ali en 1849, l’Égypte subit de plus en plus l’influence européenne. Les guerres et les grands travaux ont grevé le budget de l’État. Poursuivant la politique de modernisation, les successeurs de Méhémet Ali, Abbas Ier, Saïd Pacha et Ismaïl Pacha, accumulent une dette considérable, en grande partie générée par les travaux de percement du canal de Suez. Le canal est inauguré en novembre 1869. L’Égypte retrouve ainsi sa position stratégique sur les routes commerciales maritimes ; elle va y perdre son indépendance. En 1875, Ismaïl — qui a obtenu du sultan le titre de khédive — est contraint de céder aux Britanniques les parts détenues par l’État égyptien dans la société du canal de Suez. L’année suivante, une commission franco-britannique prend en charge les finances égyptiennes au travers d’une Caisse de la dette publique. En 1879, le sultan ottoman destitue Ismaïl au profit du fils de celui-ci, Tawfiq Pacha, plus docile. L’ingérence européenne suscite au sein de l’armée une opposition nationaliste.

5.4 L’Égypte depuis le xxe siècle
5.4.1 Le protectorat britannique

En 1882 éclate une révolte, menée par Ourabi Pacha. Les exactions perpétrées par les insurgés contre les coptes, tenus pour complices des Britanniques, servent de prétexte à l’occupation militaire du pays par ces derniers. Les troupes britanniques vont se maintenir en Égypte jusqu’en 1955, date à laquelle elles évacuent la zone du canal de Suez. L’Égypte demeure nominalement sous la suzeraineté de l’Empire ottoman ; le khédive continue de régner, le Premier ministre de gouverner. Mais le véritable dirigeant du pays est en réalité le consul général britannique.

La domination européenne entraîne dans l’ensemble du monde arabo-musulman une réforme religieuse et une renaissance culturelle (nahda) indissociable de l’essor du nationalisme. Muhammad Abduh, le mufti de la mosquée al-Azhar, est l’une des figures de proue de la nahda égyptienne : il prône tout à la fois un retour à l’islam originel, plus égalitaire, et l’ouverture du monde musulman à la science moderne, conditions nécessaires à ses yeux pour relever le défi de la modernité et contrebalancer la puissance de l’Occident. En 1899, est fondé le Parti national égyptien, dirigé par Mustapha Kamil, avocat formé en France. Abbas II Hilmi, successeur de Tawfiq, encourage le mouvement nationaliste.

En 1904, la suprématie de la Grande-Bretagne sur l’Égypte et le Soudan (où a été établi un condominium anglo-égyptien) est consacrée par un accord avec la France, conclu après la crise de Fachoda. Le protectorat britannique n’est officiel qu’après le déclenchement des hostilités avec la Turquie ottomane en octobre 1914 (voir Première Guerre mondiale). Les activités nationalistes sont interdites et Abbas II déposé. Les années de guerre sont particulièrement dures pour les fellahin égyptiens, enrôlés pour creuser des tranchées et contraints de livrer leur bétail à l’armée. Le mécontentement suscité par la politique britannique débouche sur la recomposition du mouvement nationaliste et la reprise de ses activités.

5.4.2 La monarchie

Au lendemain de l’armistice, une délégation politique (le Wafd) est formée par les nationalistes laïques, qui entendent négocier avec les Britanniques l’avenir de leur pays. La délégation n’est jamais reçue : son chef, Sa’d Zaghlül (surnommé Zaghoul Pacha et fils d’un paysan aisé de Basse-Égypte), formé en France comme Mustafa Kamil, est arrêté et exilé. Les nationalistes ne désarmant pas, Londres déclare unilatéralement l’indépendance de l’Égypte en 1922. Le successeur de Hussein devient roi sous le nom de Fouad Ier. Les Britanniques, toutefois, se réservent le contrôle de la défense et des affaires étrangères ainsi que le droit d’entretenir des troupes sur le territoire égyptien et celui d’intervenir militairement si leurs intérêts se trouvent menacés.

La Constitution adoptée en 1924 instaure un pouvoir législatif bicaméral, fortement contrôlé par le pouvoir exécutif, détenu par le roi qui nomme le Premier ministre. Victorieux aux élections législatives de janvier 1924, le Wafd va dominer la vie politique pendant trente années, durant lesquelles le Parti nationaliste rivalise pour le contrôle du pouvoir effectif avec le roi. Cette lutte est habilement exploitée par la Grande-Bretagne qui soutient tour à tour le Wafd et le monarque.

En 1936, après la mort du roi et un nouveau triomphe du Wafd aux élections, la Grande-Bretagne et l’Égypte signent un traité qui doit régler les points réservés dans la déclaration d’indépendance de 1922. Les troupes britanniques se retirent de la plus grande partie du territoire égyptien, mais demeurent stationnées dans la zone du canal de Suez. Une clause prévoit qu’elles peuvent se redéployer en cas de menace sur la libre circulation maritime. La signature du traité n’est pas seulement motivée par la victoire électorale des nationalistes. L’année précédente, l’Italie fasciste a envahi l’Éthiopie.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, l’Égypte ne s’engage pas aux côtés des Alliés, mais est utilisée comme base militaire par ceux-ci. Pourtant, lorsque le maréchal Rommel lance, depuis la Libye, une offensive en direction du canal de Suez, les Britanniques somment le roi Farouk de rappeler Nahas Pacha, dirigeant du Wafd. Ce dernier coopère totalement avec les Britanniques, attitude qui discrédite le Wafd dans la population. La position du mouvement des Frères musulmans, organisation islamiste fondée en 1927 (avec le soutien tacite des Britanniques), en est renforcée, et, au sein de l’armée, se constitue clandestinement un comité des officiers libres, rassemblant de jeunes officiers nationalistes et progressistes.

Sans avoir recouvré sa souveraineté, l’Égypte s’engage, en 1948, dans la première guerre arabe contre Israël. La défaite exacerbe l’agitation antigouvernementale. En 1951, Nahas Pacha, tentant de se concilier l’armée, dénonce les accords britannico-égyptiens de 1936. Farouk se proclame roi d’Égypte et du Soudan. Le pouvoir réagit trop tardivement : en juillet 1952, les officiers libres déposent le roi. En décembre, la monarchie est abolie. Le mois suivant, les partis politiques sont interdits.

5.4.3 L’Égypte républicaine
5.4.3.1 L’Égypte de Nasser

Le 18 juin 1953, la république d’Égypte est proclamée. Les putschistes désignent comme président de la nouvelle République le général Mohamed Néguib, qui n’est pas l’un des leurs, mais jouit d’un grand prestige. Il est remplacé deux ans plus tard par Gamal Abdel Nasser, qui concentre l’essentiel du pouvoir exécutif. En juillet 1956, Nasser est officiellement élu président.

Nasser mène une politique de répression contre les communistes et les Frères musulmans et se montre suffisamment pro-occidental pour obtenir l’évacuation totale de l’Égypte par les forces britanniques dès 1954 (deux ans plus tôt que prévu). En avril 1955, à la conférence de Bandung, il s’affirme comme l’un des champions du non-alignement, aux côtés du Yougoslave Tito et de l’Indonésien Suharto.

Pourtant, les pays occidentaux refusant de lui vendre des armes, principalement destinées à poursuivre le combat contre Israël, Nasser se tourne vers le bloc soviétique. Après que ses demandes de prêt pour le financement du barrage d’Assouan ont été rejetées par les États-Unis, le dirigeant égyptien nationalise, en juillet 1956, le canal de Suez, source potentielle de revenus. La France et la Grande-Bretagne, principaux actionnaires de la Compagnie du canal de Suez, s’allient à Israël pour occuper la zone en 1956. Fait rarissime en cette période de guerre froide, les États-Unis et l’URSS s’entendent pour obliger les trois alliés à évacuer le territoire égyptien et une force des Nations unies est placée en tampon entre l’Égypte et Israël.

La crise de Suez confère à Nasser un certain prestige au sein du monde arabe, dont celui-ci entend faire l’unité derrière l’Égypte. Le 1er février 1958, une union est scellée avec la Syrie, qui forme une République arabe unie (RAU), à laquelle est associé, le 8 mars, le Yémen. Cette entreprise ne dure que trois ans. Une nouvelle tentative de fédération arabe, entre l’Égypte, la Syrie et l’Irak, en 1963, connaît le même échec.

Sur le plan intérieur, Nasser choisit la voie du « socialisme arabe « à partir de 1961, donnant à l’État l’essentiel de l’initiative économique, en vue de mieux répartir la richesse nationale. Les timides avancées, plus symboliques qu’effectives, sont annulées par l’implication de l’Égypte dans plusieurs guerres au cours des années 1960.

En 1962, les troupes égyptiennes interviennent dans la guerre civile opposant, au Yémen, les républicains aux forces monarchistes. Cette intervention est non seulement coûteuse, matériellement et humainement, mais elle dresse contre le régime nassérien l’Arabie saoudite. La monarchie wahhabite, pro-occidentale et porteuse d’un projet concurrent d’unification du monde arabe (au sein de la umma musulmane), s’oppose par la suite à tous les efforts déployés par Nasser pour rassembler les États arabes, qu’il s’agisse de favoriser la coopération économique ou de promouvoir une solidarité politique.

L’Égypte nassérienne joue néanmoins le premier rôle au sein de la Ligue arabe, prenant la direction du combat contre Israël, un moyen pour Nasser de précipiter l’unité arabe. La création de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) est largement favorisée par l’Égypte. Les mesures prises par le raïs, en mai et juin 1967 (fermeture du détroit de Tiran, retrait des forces onusiennes), contribuent largement au déclenchement de la guerre des Six-Jours. L’armée israélienne occupe rapidement toute la péninsule du Sinaï. La défaite égyptienne entame le prestige de Nasser et place le pays sous une dépendance plus étroite vis-à-vis de l’Union soviétique. C’est sous la pression de Moscou qu’en juillet 1970 Nasser accepte le plan Rogers, prévoyant un long cessez-le-feu avec Israël.

Le raïs meurt subitement en 1970. Anouar al-Sadate, collaborateur de longue date de Nasser, est choisi pour lui succéder.

5.4.3.2 La présidence de Sadate

Dès les premières années de présidence, Sadate réoriente la politique intérieure. Contre l’encadrement socialiste de l’économie, il opte pour la libéralisation économique. Il libère les prisonniers politiques incarcérés sous Nasser et desserre quelque peu le contrôle qui pèse sur la presse.

En revanche, il semble d’abord s’inscrire dans la continuité de la politique menée par son prédécesseur à l’égard d’Israël. Il s’agit en fait pour Sadate de laver l’humiliation de 1967 afin d’être en position de force pour une négociation ultérieure. Les escarmouches entre les deux pays n’ont jamais cessé, et cette « guerre d’usure « affaiblit l’économie égyptienne. Sadate prépare habilement la revanche, se réconciliant avec l’Arabie Saoudite, qui finance ses achats d’armes à l’Union soviétique. Le 6 octobre 1973, jour de la fête religieuse juive du Yom Kippour et au milieu du Ramadan, mois de jeûne pour les musulmans, l’Égypte déclenche la quatrième guerre israélo-arabe.

L’effet de surprise joue d’abord en faveur des Égyptiens, mais les Israéliens reprennent rapidement le dessus et peuvent encercler les unités égyptiennes dans les faubourgs de Suez. Les Nations unies imposent alors un nouveau cessez-le-feu et une ligne d’armistice est établie, protégée par les forces de l’ONU, entre les armées égyptienne et israélienne.

5.4.3.3 La paix avec Israël

Si l’Égypte n’a pas gagné la guerre du Kippour, elle a cependant démontré sa valeur militaire en traversant le canal de Suez dont la rive orientale est occupée par les Israéliens. Fort de ce demi-succès, qui a redonné confiance au peuple égyptien, et appuyé par le secrétaire d’État américain Henry Kissinger, Sadate ouvre les pourparlers avec Israël. En novembre 1977, il est le premier chef d’État arabe à se rendre en visite en Israël. En septembre 1978, après de longues négociations qui se déroulent, sous l’égide du président américain Jimmy Carter, à Camp David, dans le Maryland, Sadate et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, s’accordent sur les principes d’un règlement du conflit israélo-égyptien. Un traité de paix entre les deux pays, reprenant les accords de Camp David, est signé à Washington le 26 mars 1979. Il prévoit notamment la restitution du Sinaï, effective en 1982, et le retrait des troupes israéliennes de la zone de Suez. La réouverture du canal intervient à un moment opportun pour l’économie israélienne. Surtout, l’Égypte, par cette paix, obtient une substantielle aide américaine. Elle perd, en revanche, sa place au sein de la Ligue arabe, dont le siège est transféré du Caire à Tunis.

Accusé de traîtrise par les plus intransigeants des dirigeants arabes, Sadate est, dans son pays, la cible des islamistes, qui exploitent également la crise sociale et économique. Le pouvoir répond à leurs attaques par la répression, arrêtant et emprisonnant des centaines d’opposants et limitant la liberté de la presse. C’est dans ce contexte qu’Anouar al-Sadate est assassiné par des extrémistes le 6 octobre 1981, au cours d’une parade militaire commémorant la guerre du Kippour.

5.4.3.4 L’Égypte de Moubarak

Le vice-président Hosni Moubarak succède à Sadate. S’il maintient l’Égypte dans le camp occidental et ne rejette pas la paix avec Israël, il consacre ses efforts à améliorer les relations avec les pays arabes.

En janvier 1984, l’Égypte réintègre la Conférence islamique. L’ostracisme est définitivement levé en 1989, lorsque l’Égypte est à nouveau acceptée au sein de la Ligue arabe. Cette politique modérée permet au pays de jouer un rôle important dans le règlement du conflit israélo-arabe. Elle est l’hôte ou l’initiatrice de nombreux sommets, de dimension régionale et internationale. En mars 1996, alors que le processus de paix en Palestine est menacé par une vague d’attentats terroristes, Hosni Moubarak accueille, à Charm al-Cheik, une conférence réunissant, aux côtés des représentants des grandes puissances, la quasi-totalité des dirigeants des pays du Proche-Orient, y compris le Premier ministre israélien.

Moubarak tente de réduire les effets inégalitaires de la politique économique conduite par Sadate, et accepte une relative libéralisation de la vie politique. Cependant, à partir de 1984, la radicalisation d’une partie des mouvements islamistes, entrés dans une véritable guérilla contre le pouvoir, entraîne en retour un durcissement du pouvoir qui frappe également le mouvement des Frères musulmans, dont les élections de 1987 confirment l’influence croissante au sein de la société égyptienne. Les groupes radicaux, Jihad et Jamaa islamiya, sont particulièrement actifs en Haute-Égypte, dans la région d’Assouan, où la communauté copte est la première victime de la violence islamiste. À partir de 1992, le conflit entre autorités et islamistes prend un tour plus dramatique encore, marqué par des attentats terroristes contre les sites touristiques et les assassinats ou les tentatives d’assassinat contre des figures de la société égyptienne laïque. En 1995, l’écrivain Naguib Mahfouz est ainsi agressé. En juin, le président Moubarak lui-même échappe à une tentative d’attentat, revendiqué quelques semaines plus tard par la Jamaa islamiya, alors qu’il se trouve à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, pour un sommet de l’Organisation de l’unité africaine. Cet événement accroît la tension existant avec le Soudan depuis que ce pays a choisi de mener un destin séparé, en 1956, et le gouvernement soudanais est une nouvelle fois mis en cause pour son soutien aux islamistes. Cependant, une normalisation progressive des relations entre les deux pays s’est opérée.

L’Égypte demeure confrontée aux problèmes sociaux créés par les réformes économiques et à la poursuite des attentats et des assassinats islamistes. Le pays connaît une réduction de l’inflation, du déficit public et de la dette extérieure et une croissance du PIB, et le gouvernement accélère le programme de privatisations. Cependant, le chômage croît, tandis que les classes les plus défavorisées représentent près de 40 p. 100 de la population. La situation se trouve aggravée par la très importante baisse des recettes du tourisme au lendemain de l’attentat de Louxor en novembre 1997. Le massacre de 57 touristes par un commando de la Jamaa islamiya met au jour la désorganisation des services de sécurité, incapables de protéger les sites touristiques, et porte un coup au régime de Moubarak. Les autorités reprennent la situation en main et entreprennent de dissocier les islamistes modérés de la branche « dure « du mouvement intégriste. Ainsi, en avril 1999, le gouvernement libère plus d’un millier d’islamistes condamnés comme extrémistes, incluant des militants ayant accepté de collaborer avec le pouvoir, sinon avec la police.

Hosni Moubarak est réélu le 26 septembre 1999 à la présidence de la République, 93,97 p. 100 des votants ayant approuvé sa réélection pour un quatrième mandat de six ans. Un nouveau gouvernement, présidé par le Premier ministre Atef Ebeid, entre en fonction le 11 octobre 1999.

Entre le 31 décembre 1999 et le 3 janvier 2000, des affrontements violents entre coptes et musulmans, dans la province de Sohag à 450 km au sud du Caire, font plus de 20 morts (presque toutes les victimes sont chrétiennes). Une dispute entre un marchand copte et un client musulman à Al-Kocheh dégénère en fusillade, puis en pillages et incendies de propriétés coptes. Un couvre-feu est décrété pendant deux jours, mais d’autres incidents ont lieu dans des villages voisins.

En novembre 2000, à l’issue d’une campagne électorale dominée par les questions économiques et l’enlisement du conflit israélo-palestinien, le Parti national démocrate du président Moubarak conserve une large majorité grâce au ralliement de candidats indépendants ; plusieurs élus parrainés par le mouvement interdit des Frères musulmans siègent dans ce nouveau Parlement. Afin de contrer la popularité croissante des islamistes, le gouvernement entreprend un retour aux valeurs traditionnelles (en 2001-2002, des procès pour homosexualité connaissent un retentissement international considérable). Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, l’Égypte doit faire face à une aggravation de ses difficultés économiques liées à la baisse de ses recettes touristiques ; confronté à une crise économique et monétaire, le pays dépend plus que jamais de l’aide extérieure (en particulier américaine). La situation économique et sociale se détériore encore davantage en 2003, avec la guerre menée en Irak par la coalition américano-britannique : à l’instar de nombreux gouvernements des pays arabes, le gouvernement égyptien est exposé à la colère de la population (durement réprimée) contre un pouvoir qu’elle juge faible et impuissant devant les États-Unis.

La vie politique est marquée par des ouvertures réformistes, en partie sous l’effet conjugué de l’intensification des pressions américaines en matière de démocratie et de l’apparition d’un mouvement de contestation populaire (Kefaya — « Assez ! «). Cette volonté de changement au sein du pouvoir et du parti présidentiel (Parti national démocratique, PND) se traduit notamment par l’influence grandissante du fils du président égyptien, Gamal Moubarak, lequel incarne le courant libéral du PND, favorable aux réformes structurelles (privatisations, libéralisation) que les bailleurs de fonds appellent de leurs vœux, mais que le gouvernement tarde à mettre en place en raison de leurs conséquences négatives sur la population en termes de chômage et d’inflation — le nouveau gouvernement mis en place en juillet 2004 (sous la direction de Ahmed Nazif) est ainsi composé de nombreux ministres proches de Gamal Moubarak, (ce qui alimente par ailleurs les craintes de succession héréditaire). En mai 2005, le pouvoir égyptien fait adopter par référendum (82,86 p. 100 de « oui «) un amendement constitutionnel instituant l’élection au suffrage universel du président de la République avec pluralité de candidatures. La première élection présidentielle multipartite au suffrage universel direct se déroule le 7 septembre 2005. À l’issue d’un scrutin marqué par une importante désorganisation, des irrégularités et une faible participation (23 p. 100), le président Moubarak est reconduit sans surprise pour un cinquième mandat avec 88,6 p. 100 des suffrages. Son principal adversaire parmi les dix candidats en lice, Ayman Nour (du parti Ghad — « Demain «), obtient 7,6 p. 100 des suffrages.

La levée de l’impopulaire loi sur l’état d’urgence, proclamée au lendemain de l’assassinat d’Anouar al-Sadate (1981), maintenue dans le cadre de la lutte antiterroriste et limitant les libertés individuelles et politiques, ne semble cependant pas d’actualité alors que le pays est de nouveau durement frappé par le terrorisme islamiste — en octobre 2004, trois attentats dans des stations balnéaires du Sinaï font 34 morts (pour la plupart des Israéliens) ; en juillet 2005, plusieurs attentats perpétrés à Charm el-Cheikh font 88 victimes (dont une dizaine d’étrangers) et 200 blessés. Imputables au réseau Al Qaida, ces attentats, qui visent les touristes étrangers et le cœur de l’économie égyptienne, ne sont pas sans discréditer la politique sécuritaire du régime Moubarak et contribuent à le déstabiliser. Une déstabilisation qu’accentuent les élections législatives de novembre-décembre 2005, marquées par une percée islamiste inattendue. S’il est remporté par le parti présidentiel (PND), qui recueille 73 p. 100 des sièges du Parlement (soit 326 députés), le scrutin, émaillé de violences meurtrières et de fraudes, permet en effet à l’organisation des Frères musulmans (interdite mais tolérée) de faire élire plus de la moitié de leurs 160 candidats (sous l’étiquette « indépendants « mais avec le slogan « L’islam est la solution «) et d’obtenir un score historique de 88 députés (soit 20 p. 100 des sièges). L’opposition non islamiste apparaît en revanche très affaiblie (14 sièges). En dépit des arrestations et des nombreuses entraves pratiquées par le régime de Hosni Moubarak afin de limiter les succès électoraux des Frères musulmans, la confrérie devient ainsi la deuxième force politique de l’Égypte. Cette victoire repose pour les analystes sur la capacité des Frères musulmans à mobiliser leurs partisans ainsi que sur leur réputation d’intégrité dans un paysage politique souillé par la corruption. Leur discours apparaît ambigu, alors qu’ils se déclarent partisans d’un islam modéré tout en préconisant l’application de la charia (la loi révélée par le Coran).

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