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ESQUISSE AUTOBIOGRAPHIQUE DE PAUL KLEE

Publié le 24/06/2011

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Je suis né le 18 décembre 1879 à Münchenbuchsee. Mon père enseignait la musique à l'école cantonale d'instituteurs de Hofwyl et ma mère était suisse. Quand je commençai mes classes, au printemps de 1886, nous habitions la Lânggasse à Berne. C'est là que j'ai fait mes quatre premières années d'école primaire. Puis mes parents m'envoyèrent au progymnase de la ville, pour entrer, quatre ans plus tard, au gymnase du même établissement. Cette période de culture générale s'acheva par l'examen cantonal de maturité (baccalauréat) que je passai à l'automne 1898. Le choix d'une profession se fit, en apparence du moins, sans difficulté. Bien que le certificat de maturité m'ouvrit toutes les voies, je voulais tenter de me perfec-tionner dans la peinture et je choisis la carrière de peintre. A l'époque — et c'est encore souvent le cas de nos jours —c'était à l'étranger qu'on allait faire ses premières armes dans ce domaine. Il restait simplement à décider entre Paris et l'Allemagne. Pour ma part, je me sentais plus attiré par l'Allemagne. Et c'est ainsi que je me mis en route pour la métropole bavaroise, où l'Académie des Beaux-Arts m'envoya d'abord à l'école préparatoire Kilim Là je travaillai le dessin et la peinture, pour entrer ensuite à l'Académie, dans la classe de Franz Stuck. Je complétai mes trois années de Munich par un voyage d'étude d'un an en Italie (principalement à Rome). Dès lors il s'agissait de mettre en valeur ce que j'avais acquis et de le pousser plus avant, dans le travail et la retraite. C'est la ville de mon enfance et de ma jeunesse, Berne, qui s'y prêtait le mieux et, pour fruits de ce séjour, je puis encore, à l'heure qu'il est, citer une série de gravures des années 1903 à 1906 qui, déjà à ce moment-là, ne passèrent pas inaperçues. C'est aussi grâce aux diverses relations que j'avais nouées à Munich que je fis la connaissance de celle qui est aujourd'hui ma femme. Comme elle travaillait à Munich, j'avais là une raison suffisante d'aller, pour la deuxième fois, m'établir dans cette ville (automne 1906). Je parvins lentement à « percer « dans ma carrière de peintre où chaque pas avait son importance en cette cité qui occupait alors une position centrale dans le domaine des Beaux-Arts. Sauf une interruption de trois années, pendant la première guerre mondiale où je fus en service de garnison à Landshut, Schleisshéim et Gersthofen, je restai à Munich jusqu'en 1920. Mes rapports avec Berne ne se relâchèrent jamais, matériellement déjà, du fait que j'y allais chaque année passer les deux ou trois mois de vacances dans la maison de mes parents. En 1920, je fus appelé à Weimar en qualité de professeur au Bauhaus d'État. J'y exerçai ces fonctions jusqu'au moment où l'institution fut transférée à Dessau, en 1926. Enfin on me confia, en 1930, la direction d'une classe de peinture à l'Académie prussienne des Beaux-Arts de Dusseldorf. Cette nomination comblait mon voeu de limiter toute mon activité professorale au domaine qui m'est propre, et c'est ainsi que j'enseignai dans cette Académie durant les années de 1931 à 1933. Le nouvel ordre politique de l'Allemagne devait étendre ses effets jusque dans la sphère des arts plastiques, n'entravant pas seulement la liberté d'enseignement mais encore l'exercice de la création artistique dans le privé. Entre temps, ma réputation de peintre avait franchi les frontières nationales et même celles du continent, de sorte que je me sentais de force à poursuivre mon existence dans le libre exercice de ma vocation, sans le secours d'un emploi officiel. Quant à savoir où cette détermination allait pouvoir se réaliser, le choix s'imposait de lui-même : mes excellentes relations avec Berne n'avaient jamais souffert d'interruption et je ressentais trop nettement et trop fortement l'attirance de ce qui était en fait mon lieu d'origine. Depuis lors, c'est là que j'ai repris ma vie et il ne me reste qu'un souhait, qui est de devenir citoyen de cette ville.

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