Fernando de la Rua dirigera une Argentine endettée et en proie à la récession
Publié le 17/01/2022
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24 octobre 1999
"L'Alliance n'aura pas de lune de miel." Cette récente déclaration de Rodolfo Terragno, un responsable radical dont le nom est évoqué pour occuper le poste de chef du gouvernement de Fernando de la Rua, élu président de l'Argentine dimanche 24 octobre, illustre les nombreux défis qui attendent la coalition désormais au pouvoir.
Malgré les acquis de l'administration Menem, et notamment la stabilité économique, le prochain gouvernement affrontera une situation jugée préoccupante par les investisseurs étrangers. Près de quatre millions d'Argentins sont au chômage. Treize millions de personnes, sur 36 millions d'habitants, vivent dans la pauvreté, selon les chiffres de l'Eglise catholique. En dépit des privatisations, la dette extérieure est passée en dix ans de 86 à plus de 140 milliards de dollars. La convertibilité, qui assure la parité entre le peso et le dollar, masque une surévaluation de la monnaie nationale par rapport à la devise nord- américaine. La balance commerciale est largement déficitaire et la production industrielle a reculé ces deux derniers trimestres. Sans remettre en question le modèle libéral, l'Alliance s'est engagée à adopter des mesures en faveur des salariés, mais aussi des secteurs de l'éducation et de la santé, fortement détériorés.
Pour gouverner, l'Alliance devra affronter une opposition forte. Le Parti justicialiste, fondé par Juan Peron, reste la principale formation politique du pays. Si les péronistes n'ont plus la majorité absolue à la Chambre des députés, ils garderont le contrôle du Sénat jusqu'en 2001. La majorité des vingt-quatre provinces ont élu des gouverneurs justicialistes. C'est le cas dans la province de Buenos Aires, qui regroupe près de 40 % de la population. Carlos Ruckauf, le vice-président de Carlos Menem, en est devenu le gouverneur dimanche. Pendant la campagne électorale, les injures lancées par M. Ruckauf contre Mme Meijide, sa rivale de l'Alliance, qu'il a traitée "d'anti- chrétienne, avorteuse et athée", ont réveillé les vieux démons de la violence politique en Argentine. Le futur gouvernement devra également s'accommoder d'une Cour suprême où la majorité des juges se sont toujours montrés dévoués à M. Menem.
DEUX POIDS LOURDS
Créée pour les législatives de 1997, où elle avait remporté un remarquable succès, l'Alliance devra en outre préserver son unité. Le vice-président élu, Carlos "Chacho" Alvarez (quarante-neuf ans), chef du Front pour un pays solidaire (Frepaso), est un péroniste dissident, qui, en désaccord avec la politique du président Menem, abandonna le parti officiel en 1990. M. Alvarez est considéré comme le garant de l'unité de l'Alliance, celui qui a permis au Frepaso d'arriver au pouvoir avec les radicaux en surmontant les divergences idéologiques qui ont souvent fait craindre une rupture au sein de la coalition.
"La victoire de l'Alliance représente un défi mais aussi une grande opportunité pour la démocratie argentine, avec l'apprentissage d'une cohabitation entre un président radical et un Parlement dominé par l'opposition péroniste", souligne le politologue Rosendo Fraga. "Cette élection met aussi fin à la culture populaire du caudillo", ajoute M. Fraga, qui estime toutefois que la scène politique continuera d'être dominée par deux poids lourds : Carlos Menem, qui restera à la tête du mouvement péroniste jusqu'en 2003, et l'ancien président Raul Alfonsin, qui reprendra, à partir de décembre, la présidence du Parti radical.
CHRISTINE LEGRAND
Le Monde du 26 octobre 1999
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