Fleury, Claude

Fleury, Claude (1640-1723), ecclésiastique et historien français, précurseur du christianisme social.

Parisien d’origine roturière, il est un avocat brillant au parlement de Paris. Également historien du droit, il entre dans les ordres sous l’influence de Bossuet et de Bourdaloue. En 1669, il devient prêtre et son érudition en fait un précepteur recherché : le prince de Conti lui confiera l’éducation de ses fils en 1672 (voir Maison de Conti) et Louis XIV celle de son fils légitimé, le comte de Vermandois (1680), et de ses petits-enfants, les ducs d’Anjou, de Berry et de Bourgogne (1689).

Abbé de Loc-Dieu, près de Rodez, en 1683, puis prieur de Notre-Dame d’Argenteuil en 1706, il entreprend, avec Fénelon, des missions en Saintonge et en Poitou après la révocation de l’édit de Nantes (1685). Associé à la disgrâce de Fénelon après la condamnation du quiétisme, il est sauvé par l’amitié de Bossuet. Le régent Philippe d’Orléans le désigne comme confesseur du tout jeune Louis XV (1716-1722).

Auteur d’écrits pédagogiques (Catéchisme historique, Traité du choix et de la méthode des études), juridiques (Institution au droit français, Droit public de France ) et surtout historiques (son Histoire ecclésiastique, des origines à 1414, paraît de 1691 à 1720 en 20 volumes et fait longtemps référence), il fait partie du « Petit Concile « réuni autour de Bossuet et de Fénelon de 1673 à 1682 pour une étude systématique de la Bible.

Il est considéré comme un des précurseurs de la pensée sociale de l’Église. Dans la mouvance du parti dévot qui s’oppose à la laïcisation de l’État et au rôle croissant des financiers dans l’économie, il vante le modèle biblique (Mœurs des Israélites) et évangélique (Mœurs des chrétiens). Confiant dans la nature humaine et dans la raison qui la guide, il rêve d’une société libérée des artifices, du pouvoir corrupteur de l’argent et des hiérarchies sociales contraires à l’égalité naturelle. Toutefois, son audace est limitée : la nature déchue depuis le péché originel rend nécessaire une hiérarchisation sociale, qui devrait cependant s’effectuer selon le mérite, et la soumission au supérieur. Il voit dans l’éducation de la noblesse, destinée par naissance aux grands emplois, la meilleure voie de réforme.

Il a été élu à l’Académie française en 1696.