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français, Empire colonial

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

français, Empire colonial, ensemble constitué autrefois par les territoires situés en dehors des frontières françaises et administrés, directement ou indirectement par la France. Si la France dispose, depuis le milieu du XVIe siècle, de possessions outre-mer, le terme d’empire colonial désigne plus spécifiquement les territoires qu’elle dominait entre 1870 et 1939.

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la France exerçait son autorité sur un ensemble disparate de territoires qui faisait d’elle l’une des grandes puissances coloniales européennes : en 1939, l’empire colonial français était peuplé d’environ 70 millions d’habitants et couvrait quelque 12 millions de kilomètres carrés répartis sur les cinq continents. Cet empire se constitua progressivement à travers plusieurs vagues colonisatrices successives qui permettent de distinguer, selon l’ancienneté de la présence française, trois ensembles de colonies.

2   L’EXPANSION COLONIALE SOUS L’ANCIEN RÉGIME

Un premier ensemble de territoires représentait le maigre héritage d’une vague initiale de colonisation qui s’étendit du milieu du XVIe à la fin du XVIIIe siècle. Ce domaine colonial français se constitua progressivement à partir d’une première implantation au Canada. Bien qu’essentiellement tournés vers l’Europe et préoccupés des rapports de force sur le continent, les rois de France se refusaient à accepter la division du reste du monde entre l’Espagne et le Portugal telle qu’elle avait été définie en 1493-1494, après les premières grandes découvertes maritimes. François Ier, notamment, souhaitait voir la France présente en Atlantique et bénéficier d’une route d’accès à la Chine par l’Ouest. Il chargea ainsi Jacques Cartier d’explorer l’Atlantique Nord et le Saint-Laurent au Canada (1534-1543), sur lequel Samuel de Champlain assura définitivement l’autorité française en fondant, en 1608, Québec, capitale de la future province de Nouvelle-France. Cette première possession française fut progressivement peuplée de colons français qui, à la fin du XVIIe siècle, atteignaient le nombre de 12 000, un chiffre bien inférieur aux 450 000 colons établis sur la façade atlantique de l’Amérique du Nord. Cette supériorité numérique explique en grande partie la victoire anglaise dans les guerres coloniales du XVIIIe siècle.

La Nouvelle-France fut le point de départ de plusieurs explorations du continent nord-américain (voir exploration géographique), à la faveur desquelles s’étendit l’influence française. Ainsi, en 1682, Cavelier de La Salle, descendant le Mississippi, prit possession au nom de la France des deux rives du fleuve, baptisant ce territoire Louisiane. Toujours au XVIIe siècle, les Français, profitant de l’affaiblissement des puissances espagnole et portugaise, s’établirent aux Antilles (colonisation de la Martinique, de la Guadeloupe et de Saint-Domingue), ainsi que dans l’océan Indien et en Inde. Au début du XVIIIe siècle, la France possédait, outre les territoires d’Amérique et des Antilles, quelques comptoirs commerciaux au Sénégal, l’île de France (actuelle île Maurice) et l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion) dans l’océan Indien et quelques comptoirs aux Indes dont les principaux étaient Pondichéry et Chandernagor, établis en 1673-1674 (voir Établissements français de l'Inde).

Cependant, cet empire français se trouva, au XVIIIe siècle, au centre des guerres franco-anglaises. Le traité de Paris signé en 1763, par lequel la France renonçait à toute prétention politique sur l’Inde et abandonnait le Canada aux Anglais, fut accueilli dans la plus grande indifférence par la population française. La vente, en 1803, par Napoléon Ier, de la Louisiane aux États-Unis, consacra la fin de cette première expansion coloniale. En 1914, la France ne conservait de l’Ancien Régime que la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Pierre-et-Miquelon, les comptoirs du Sénégal et de l’Inde ainsi que l’île de La Réunion, territoires auxquels s’était ajouté en 1817 la Guyane française.

L’expansion coloniale connut un second souffle sous la monarchie de Juillet (1830-1848) et le second Empire. En 1830, les Français prirent pied en Algérie. Sous Napoléon III, les intérêts économiques français furent activement défendus au Sénégal, en Chine, en Indochine (notamment en Cochinchine) et en Nouvelle-Calédonie, mais dès 1860 les difficultés européennes détournèrent Napoléon III des questions coloniales.

3   LA COLONISATION RÉPUBLICAINE

Il fallut en effet attendre la IIIe république pour assister à la véritable expansion coloniale française. Celle-ci s’explique par différentes raisons, parmi lesquelles le nationalisme. La défaite subie par la France face à la Prusse dans la guerre de 1870-1871 et l’unification allemande qui s’ensuivit encouragèrent les dirigeants républicains, au premier rang desquels Léon Gambetta et Jules Ferry, à rechercher outre-mer le prestige perdu de la France, suivant en cela l’exemple britannique. Ainsi Ferry précisa en 1885 que « les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux «. La colonisation, aux yeux de ses promoteurs, permettait à la nation d’affirmer son statut de puissance européenne sans menacer la paix sur le Vieux Continent. L’argument économique ne fut pas moins important : les colonies étaient supposées fournir tout à la fois des matières premières et des débouchés à l’industrie française. Il ne faut pas, enfin, sous-estimer l’argument moral : à l’instar des Britanniques, les Français considéraient qu’ils avaient une mission civilisatrice à remplir. Cependant, si chez les premiers, cette idée prenait une coloration religieuse, elle était résolument laïque chez les dirigeants français. Héritiers de l’esprit des Lumières, ceux-ci étaient convaincus, en effet, de leur devoir d’apporter aux peuples colonisés l’enseignement et la rationalité scientifique. Le colonialisme français fut exalté lors de deux grandes expositions internationales tenues à Paris en 1889 et 1900, qui firent découvrir à la métropole la richesse et la diversité de ses possessions.

Ces idées n’étaient cependant pas unanimement acceptées. Le plus grand nombre condamna d’abord l’aventure coloniale, qui détournait l’attention des Français de l’Alsace et de la Lorraine, perdues en 1871. Cette position demeura celle de la droite nationaliste : « J’ai perdu deux enfants et vous m’offrez vingt serviteurs «, se lamentait ainsi l’écrivain Paul Déroulède. L’opinion publique, en revanche, changea progressivement d’attitude, appréciant les produits à bas prix en provenance des colonies. La crise de Fachoda, en 1898, dans laquelle s’opposèrent les ambitions françaises et britanniques sur l’Égypte et le Soudan, marqua également un tournant. Le patriotisme français fut choqué lorsque le ministre des Affaires étrangères, Théophile Delcassé, céda à l’ultimatum britannique et renonça à toutes prétentions sur le Nil.

La IIIe République porta d’abord l’effort colonial sur le Maghreb. Elle consolida les positions de la France en Algérie en étendant l’influence française sur les pays limitrophes, Tunisie et Maroc. Cette politique visait autant à assurer la sécurité des quelque 300 000 colons qui, dès 1871, peuplaient l’Algérie, qu’à contrer les ambitions des autres pays européens, celles de l’Italie sur la Tunisie et de l’Allemagne sur le Maroc. En 1881, la France obligea ainsi le bey de Tunis à accepter un protectorat français sur son territoire. La France n’imposa sa domination sur le Maroc que progressivement. Plusieurs crises franco-allemandes, qui firent craindre un nouveau conflit entre les deux pays, se succédèrent avant que fût établi un protectorat en 1912.

L’Afrique noire fut le deuxième axe de la politique coloniale de la IIIe République. L’Afrique équatoriale fut explorée par Savorgnan de Brazza entre 1875 et 1880. En 1910, les territoires où le drapeau français avait été planté (Gabon, Congo français, Oubangui-Chari) furent regroupés en une entité administrative appelée Afrique-Équatoriale française (AÉF). En 1895 déjà, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Dahomey, le Sénégal et le Tchad avaient été réunis au sein de l’Afrique-Occidentale française (AOF). Les avancées françaises en Afrique orientale furent en revanche beaucoup plus modestes. La France se heurta ici aux Britanniques. Son seul succès fut la conquête de Madagascar : l’île fut d’abord placée sous protectorat français en 1885 avant d’être purement et simplement annexée en 1896.

L’affirmation de la domination française sur la péninsule indochinoise consacra le statut de puissance coloniale que revendiquait la France. Maîtres de la Cochinchine et « protecteurs « du Cambodge depuis la fin du second Empire, les Français, à l’instigation de Jules Ferry, étendirent leur influence sur le Laos, ainsi que sur l’Annam et le Tonkin (devenus Viêt Nam). Ce dernier territoire était considéré comme une voie d’accès privilégiée vers la Chine. La conquête du nord de la péninsule indochinoise se heurta cependant à la résistance de l’empereur de Chine, qui contraignit la France, en 1873, à abandonner le Tonkin. En 1881, une seconde expédition militaire française permit néanmoins d’obtenir la signature d’un traité de protectorat sur l’Annam et le Tonkin, en 1884, reconnu l’année suivante par la Chine. La France put ainsi créer, en 1887, l’Union indochinoise, regroupant la colonie de Cochinchine et les protectorats de l’Annam, du Tonkin, et du Cambodge auxquels s’adjoignit ultérieurement le Laos conquis pacifiquement par Auguste Pavie de 1887 à 1893.

4   LA FRANCE FACE À L’EMPIRE

Une administration et une culture coloniales se formèrent, visant à unifier les territoires coloniaux. Il n’existait pourtant aucun consensus sur la politique qu’il convenait de mener à l’égard de ceux-ci. À l’exception des socialistes jauressiens, plus tard des communistes, défenseurs du droit des peuples à l’indépendance, les autres partis politiques oscillaient entre deux thèses : l’assimilation ou l’association. L’assimilation signifiait l’application des lois françaises, une administration directe à partir de Paris et l’égalité des droits pour tous les habitants des colonies, Européens comme autochtones. L’association, en revanche suivant le modèle anglais, impliquait le maintien des autorités et des coutumes locales et l’adaptation des lois du colonisateur (voir empire britannique ; colonisation).

Les gouvernements français choisirent l’assimilation sans cependant pousser la logique à son terme, puisque les peuples colonisés ne jouirent jamais des mêmes droits que les citoyens français. L’évolution du statut de l’Algérie est exemplaire de cette contradiction. Dans ce pays qui fut systématiquement assimilé à la France, le Code de l’indigénat établit, en 1881, l’assujettissement de la population musulmane, privée dans sa majorité du droit de vote et d’éligibilité.

En fait, seuls les habitants des « vieilles colonies «, héritées de l’Ancien Régime, étaient considérés comme citoyens français. Dans les autres territoires, les autochtones étaient des sujets français — non des citoyens — placés sous l’autorité de fonctionnaires envoyés de métropole, dans le cas des colonies, ou de gouvernements locaux sous tutelle française, pour les protectorats. Chacun des cinq territoires de l’AOF relevait ainsi de l’autorité d’un lieutenant-gouverneur, supérieur hiérarchique des administrateurs qui dirigeaient les « cercles « formés à partir des royaumes, tribus et communautés régies par leurs propres lois et traditions. Qu’ils soient partisans de l’assimilation ou de l’association, les défenseurs de l’empire colonial français avaient néanmoins en commun la volonté de maintenir l’autorité de la France sur les territoires relevant de son autorité. Toutes les revendications autonomistes, a fortiori furent ainsi rejetées et les agitations réprimées : en Tunisie, par exemple, les partis indépendantistes furent interdits, de même qu’en Indochine et à Madagascar.

Une réforme du système colonial fut néanmoins envisagée entre les deux guerres ; elle demeura limitée. En 1936, lorsque Léon Blum devint le chef du gouvernement du Front populaire, l’accession à la citoyenneté française fut rendue un peu plus aisée. En 1944, le général de Gaulle, qui s’était appuyé sur les colonies africaines pour renforcer le poids de la France libre face aux Alliés, réunit à Brazzaville une conférence sur l’avenir des territoires africains où, sans qu’il fût question d’indépendance, était cependant affirmée la nécessité d’établir de nouvelles formes d’administration permettant aux peuples africains de prendre une part accrue à la direction des affaires. L’empire colonial français, prônait de Gaulle, devait évoluer vers une fédération française de peuples associés. Ce projet ambitieux trouva sa traduction dans la Constitution de 1946 fondant la IVe République. L’Empire français se transformait en Union française, formée de départements et territoires d’outre-mer et de protectorats. Un principe prévalait désormais, celui de l’association entre possessions d’outre-mer et France métropolitaine.

5   LA FIN DE L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS

Ces réformes venaient en fait trop tard pour désamorcer les conflits ouverts ou latents entre le gouvernement français et les mouvements nationalistes dont l’audience ne cessait de croître, principalement en Indochine et en Afrique du Nord.

En Asie, immédiatement après l’évacuation japonaise de l’Indochine française, le Viêt-minh, mouvement de résistance nationaliste communiste, dirigé par Hô Chí Minh proclama l’indépendance du pays et établit des républiques indépendantes au Tonkin, en Annam et en Cochinchine. En octobre, une force expéditionnaire française fut envoyée pour tenter de restaurer l’autorité française sur le sud du pays. L’admission, en 1947 et 1948, de ces républiques, ainsi que du Cambodge et du Laos au sein de l’Union française, ne permit pas de prévenir la guerre d’Indochine, dans laquelle, faute d’avoir su préparer l’indépendance des territoires d’outre-mer, s’enlisa la IVe République. La défaite de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954, consacra la fin de la présence française dans la péninsule indochinoise. Le gouvernement formé, le 17 juin, par Pierre Mendès-France, opposant de longue date à la guerre d’Indochine, reprit les négociations de paix. Le 21 juillet 1954, les accords de Genève mettaient fin à la guerre d’Indochine. Mais la guerre froide avait conféré au conflit une dimension internationale et une deuxième guerre du Viêt Nam éclata après le retrait français.

L’humiliation militaire de Diên Biên Phu allait peser lourd dans la guerre d’Algérie, second conflit colonial majeur, qui devait sonner le glas de la IVe République. Dès le 8 mai 1945, la célébration de la victoire des Alliés avait tourné, à Sétif, en émeutes nationalistes violemment réprimées. Le 1er novembre 1954, un Comité révolutionnaire d’unité et d’action déclencha une insurrection armée. La guerre d’Algérie affectait un territoire proche de la métropole, traditionnellement considéré comme faisant partie de la France, où vivait un million d’Européens dotés de la citoyenneté française. L’attachement de cette communauté à une terre sur laquelle la plupart de ses membres étaient nés, nourrit le conflit et fut à l’origine d’une radicalisation des parties, qui s’exprima jusque sur le territoire français, avec les attentats de l’Organisation armée secrète (OAS), rassemblant les plus extrémistes des partisans de l’Algérie française. La guerre d’Algérie ne fut pas seulement menée par l’armée de métier. Appelés et réservistes combattirent sur le terrain. La population française était, dès lors, directement concernée par le conflit.

De cette guerre naquit également un nouveau régime, la Ve République, après la crise du 13 mai 1958. Son premier président, le général de Gaulle, devait rapidement se rendre à l’évidence : l’indépendance algérienne était inéluctable. En dépit de l’action terroriste de l’OAS, qui rassemblait les partisans de l’Algérie française, les accords d’Évian mirent fin, en 1962, à la souveraineté française sur l’Algérie. L’indépendance fut proclamée la même année.

Par comparaison, la décolonisation de l’Afrique noire, de la Tunisie et du Maroc fut plus réussie bien que dans ces deux derniers pays l’indépendance ne fut accordée, en 1956, qu’après des années d’agitation nationaliste et de terrorisme. La situation tunisienne et marocaine, comme celle de l’Afrique noire, différait cependant de celle qui prévalait en Algérie par le maintien ici d’une bourgeoisie musulmane, là des structures sociales traditionnelles (au moins partiellement) et par une plus forte scolarisation qui permit la formation de cadres administratifs et l’émergence d’une élite intellectuelle et politique.

L’Union française avait, en Afrique noire, évolué dans le sens d’une association plus lâche. En 1956, le ministre de la France d’outre-mer, Gaston Defferre, avait en effet fait voter une loi-cadre élargissant l’autonomie administrative des différents territoires et instaurant le suffrage universel pour les élections aux assemblées territoriales. De Gaulle, qui avait tiré la leçon de l’échec algérien, proposa aux dirigeants nationalistes africains, en 1958, la formation d’une Communauté française, par laquelle il espérait maintenir les liens entre anciennes colonies et métropole. Les statuts de la Communauté prévoyaient cependant que les populations colonisées pouvaient choisir librement d’accéder ou non à l’indépendance. De fait, la Communauté devait se dissoudre sans heurts entre 1960 et 1963 (voir décolonisation).

De son empire, la France ne conserve plus aujourd’hui que les vieilles colonies, devenues collectivités territoriales : Guyane française, Guadeloupe, Martinique, Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Mayotte, Wallis et Futuna et Saint-Pierre-et-Miquelon, auxquelles on peut ajouter les Terres australes et antarctiques, inhabitées. Le passé colonial français continue néanmoins à marquer la politique extérieure de la France, qui a gardé des liens économiques et culturels (voir francophonie) avec ses anciennes possessions. Dans sa politique d’aide aux pays en développement, la France a toujours privilégié ses anciennes colonies, africaines essentiellement.

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