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franco-allemande, guerre (1870-1871) - Histoire

Publié le 12/02/2013

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histoire

1   PRÉSENTATION

franco-allemande, guerre (1870-1871), conflit armé opposant la France et la Prusse, suivi par les États allemands, de juillet 1870 à janvier 1871. Cette guerre a eu pour conséquence la perte pour la France des territoires d’Alsace-Lorraine, qui se trouvent dès lors au centre du contentieux franco-allemand jusqu’en 1914.

2   LES ORIGINES DE LA GUERRE
2.1   Les ferments de la rivalité franco-prussienne

Vers la fin des années 1860, un fort courant francophobe touche la Prusse. En 1867, le comte von Moltke appelle à une guerre préventive pour « exterminer l’ennemi héréditaire «. Pour le chancelier Otto von Bismarck, la situation de guerre offre, d’une part, un prétexte pour tenter de convaincre les derniers États allemands réticents (Wurtemberg, Bavière) de la pertinence de l’unité allemande et, d’autre part, un biais pour amoindrir — voire étouffer — la puissance française à l’échelle européenne.

La population française quant à elle ne souhaite pas la guerre. Mais l’empereur Napoléon III cherche à regagner, tant chez lui qu’à l’étranger, le prestige perdu après plusieurs revers diplomatiques, en particulier la victoire prussienne sur l’Autriche après Sadowa (juillet 1866) qui permet à la Prusse d’étendre dangereusement ses territoires. Outre qu’il ne voit pas d’un bon œil les progrès du nationalisme unitaire allemand, la puissance militaire prusse représente une menace pour la France.

La tension préalable à la guerre croît en 1867 avec l’affaire du duché du Luxembourg. Les Allemands refusent le rattachement du territoire à la France, rattachement souhaité par Napoléon III qui envisage un temps une solution militaire pour obtenir gain de cause.

2.2   Les causes immédiates du conflit

Mais l’événement qui précipite la guerre est la candidature de Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, cousin du roi Guillaume Ier de Prusse, au trône d’Espagne laissé vacant depuis la révolution de 1868. Sous la pression bismarckienne, Léopold accepte de briguer le trône le 3 juillet 1870. La France voit dans cet avènement la possibilité menaçante d’une alliance prusso-espagnole ; aussi, le gouvernement menace-t-il d’entrer en guerre si la candidature Hohenzollern n’est pas retirée. L’ambassadeur français en Prusse, le comte Benedetti, part à Ems — ville thermale du nord-ouest de l’Allemagne où séjourne Guillaume Ier — et lui demande d’ordonner le retrait de Léopold. Quoique contrarié, le monarque donne à Benedetti l’autorisation d’entrer en contact avec son cousin. En son absence, le père de ce dernier, le prince Charles-Antoine, accepte le retrait de la candidature.

Mais Napoléon III ne se satisfait pas de cette reculade. Il veut humilier la Prusse, fût-ce au prix d’une guerre. Le duc de Gramont, ministre des Affaires étrangères, demande alors à Guillaume Ier de rédiger une lettre d’excuse personnelle à l’empereur et de garantir que la candidature Hohenzollern sur l’Espagne ne sera jamais renouvelée. Le 13 juillet 1870, lors d’un entretien avec Benedetti, Guillaume Ier rejette ces prétentions dans une dépêche dite « d’Ems «. Le chancelier Bismarck publie immédiatement un abrégé de la dépêche dont la formulation, offensante, exaspère la tension franco-prussienne. Il sait que cette provocation engendrera le conflit espéré : la Prusse est militairement prête et Bismarck compte sur l’effet psychologique de l’entrée en guerre pour rallier les États allemands à sa cause.

3   LA GUERRE FRANCO-ALLEMANDE
3.1   Le déclenchement de la guerre

L’affaire de la dépêche suscite une vive émotion en France. Le 7 juillet 1870, des manifestations patriotiques agitent Paris, surtout chez les ouvriers, très bellicistes. La Marseillaise est chantée sur les boulevards. Stimulée par cet élan patriotique, l’Assemblée vote les crédits de guerre le 15 juillet et, le 19, le président du Conseil Émile Ollivier déclare la guerre à la Prusse d’un « cœur léger «.

Au-delà du Rhin, respectant leurs traités bilatéraux avec la Prusse, les États allemands se joignent aux forces de Guillaume Ier dans un front commun. C’est pourquoi, alors que les Français réussissent à mobiliser quelques 200 000 hommes (au maximum 235 000 début août), les Allemands réunissent 500 000 soldats brillamment dirigés. Face aux forces alliées commandées par Guillaume Ier et à l’État-major dirigé par Helmuth Moltke, la France se trouve d’emblée en situation délicate. Pour elle, la guerre s’engage sur des bases désastreuses ; d’autant que, fait notoire, l’encadrement supérieur de son armée est médiocre.

3.2   La Prusse contre l’Empire napoléonien
3.2.1   Les premières batailles

Trois armées allemandes — commandées respectivement par le général von Steinmetz, les princes Frédéric-Charles et Frédéric-Guillaume — pénètrent en France. Le premier engagement, accrochage mineur, est remporté le 2 août par la France à Sarrebruck, sur la frontière franco-allemande. Mais le reste du mois n’apporte plus qu’une succession de défaites qui atterrent les Français. Lors des batailles de Wissembourg (4 août), de Reichschoffen et Froeschwiller (6 août), les Français commandés par le maréchal Mac Mahon sont vaincus. Les troupes prussiennes tiennent déjà l’Alsace et une grande partie de la Lorraine. Cependant que Mac Mahon reçoit l’ordre de se replier sur Châlons-sur-Marne, Bazaine, commandant des troupes stationnées à l’est de Metz, reçoit l’ordre de rester sur ses positions : Metz doit être conservé à tout prix. Mais cette stratégie coupe l’armée française en deux et cette dernière se trouve dès lors incapable de retrouver son unité, sa liberté d’action.

Le 12 août, Napoléon III confie le commandement suprême à Bazaine. Mais après plusieurs défaites à Borny (14 août), Vionville (15 août), Rezonville et Gravelotte (16 août), puis Saint-Privat (18 août), il se replie sur Metz, assiégée par deux unités allemandes. Mac Mahon se porte à son secours avec l’armée reconstituée (130 000 soldats). Cependant, le 30 août, les Allemands surprennent les Français à Beaumont et Mac Mahon se replie sur Sedan.

3.2.2   La bataille de Sedan et la chute du second Empire

L’affrontement décisif débute à Sedan au matin du 1er septembre 1870. À 7 heures du matin, Mac Mahon, sérieusement blessé, laisse le commandement à Félix de Wimpffen. La bataille fait rage jusqu’au milieu de l’après-midi. Napoléon III arrivé sur place reprend le commandement. Devant la situation désespérée, il fait hisser le drapeau blanc. Les termes de la reddition sont négociés nuitamment et le 2 septembre au matin, Napoléon III et ses 83 000 hommes se rendent, marquant l’effondrement de l’Empire.

3.3   La Prusse contre la République
3.3.1   Les défaites françaises et le siège de Paris

Avant la nouvelle de la capitulation, plusieurs villes se sont dotées de comités de Défense nationale (Marseille, Bordeaux, Lyon). Le 3 septembre 1870, Paris se soulève à son tour et l’Assemblée législative proclame la République. Le 4 septembre, un gouvernement de la Défense nationale est investi avec à sa tête un militaire, le général Trochu.

Expression d’un sursaut nationaliste, patriotique et jacobin du peuple et de ses élus qui, tous bords confondus, refusent la capitulation, le gouvernement de la Défense nationale ne peut toutefois endiguer l’hémorragie militaire. Fin septembre, Strasbourg — qui reste l’un des seuls endroits où les Français peuvent espérer stopper l’invasion prussienne — capitule. Dans la foulée, Paris est assiégée le 19 septembre. Les Parisiens s’arment contre l’envahisseur et luttent malgré la famine.

Le 7 octobre, Léon Gambetta, ministre de la guerre du gouvernement de la Défense nationale s’échappe de façon spectaculaire de la capitale — en ballon — et gagne Tours. Il y établit la capitale provisoire pour préparer une éventuelle reconquête commençant par la libération de Paris. Dans le même temps, les Français subissent une occupation violente et humiliante. L’image répulsive du « barbare « prussien gagne en force. C’est pourquoi, à partir du 2 novembre, au nom du credo de la « nation en arme «, Léon Gambetta réussit à réquisitionner tous les hommes valides de 21 à 40 ans et à organiser trente six divisions militaires. Mais ses efforts restent vains.

Après la défaite de Metz (27 octobre, Bazaine se rend avec 177 000 soldats) puis celle de Beaune-la-Rolande (28 novembre), l’échec des armées de la Loire devant Orléans (3-4 décembre 1870) force à abandonner l’espoir de libérer Paris. Tour à tour, les autres armées françaises sont vaincues : la deuxième armée de la Loire de Chanzy dans la Sarthe (11 décembre) ; l’armée de l’Est, après avoir secouru l’héroïque défense de Belfort assiégée, se replie sur la Suisse (17 décembre) ; enfin, après la victoire de Bapaume (3 janvier), l’armée du Nord de Faidherbe échoue devant Saint-Quentin le 19 janvier 1871.

3.3.2   La capitulation française ou le triomphe du système bismarckien

Dès avant la capitulation de Paris et en dépit de la résistance de quelques places fortes, la guerre est perdue pour la France. Le 19 janvier 1871, les négociations s’ouvrent. Pour Bismarck, elles marquent une victoire complète. La veille, jour du 170e anniversaire de la proclamation du royaume de Prusse, il a en effet vu ses incessants efforts pour l’unité allemande récompensés. Guillaume Ier a accepté d’être couronné empereur du Deutche Reich (Empire allemand) dans la galerie des Glaces du château de Versailles — choix symbolique qui humilie la France. Sedan et ses conséquences parachèvent donc sur le territoire français l’entreprise unitaire posée sur les fonds baptismaux de Sadowa.

Bismarck a également réussi à isoler la France. Épuisée, celle-ci perd pour un temps son rang de nation d’influence. De plus, Bismarck impose les élections du 8 février 1871 qui envoient à la chambre une majorité monarchiste et pacifiste qui l’agrée plutôt qu’une chambre républicaine.

4   LES CONSÉQUENCES DE LA DÉFAITE FRANÇAISE

Le 28 janvier 1871, la capitulation officielle de Paris est prononcée. Un armistice de trois semaines entre en vigueur. La nouvelle Assemblée française, majoritairement pacifiste, désire signer au plus vite un accord de paix. Réunie à Bordeaux à partir du 12 février, elle se donne Adolphe Thiers comme chef de gouvernement. Chargé de négocier avec les Allemands les conditions de la défaite (voir pacte de Bordeaux), Thiers doit aussi faire face, dès mars, à la révolte de la Commune de Paris.

Une des principales conséquences de l’effondrement français est en effet la rébellion du peuple parisien. Le 18 mars, dans un élan sacrificiel et belliciste exacerbé par le siège des derniers mois, il se révolte contre l’Assemblée. Un gouvernement révolutionnaire est formé — la Commune de Paris — opposé à l’armistice et décidé à lutter avec acharnement contre les soldats envoyés par Thiers pour réprimer l’insurrection. La guerre civile prend fin avec la semaine sanglante (21-28 mai 1871).

Entre-temps, le 10 mai, le traité de Francfort a été signé et a mis fin à la guerre avec le IIe Reich. L’Alsace et une partie de la Lorraine (dont Metz) sont cédées à l’Empire allemand qui s’offre ainsi un glacis protecteur au-delà du Rhin. La France doit verser une indemnité de guerre de 5 milliards de francs et subir l’occupation allemande jusqu’à son complet versement. Cette lourde indemnité, intégralement payée en septembre 1873, permet le départ des contingents allemands et la libération du territoire français (convention du 15 mars 1873).

Sur le plan de la politique intérieure, la défaite française ouvre deux années de tergiversations durant lesquelles l’espoir d’une restauration, finalement déçu à cause du ralliement d’Adolphe Thiers à la République, anime les milieux conservateurs.

Reste le contentieux à propos des territoires perdus. Léon Gambetta a une approche modérée : « Pensez-y, n’en parlez pas «. Mais selon le mot de Charles Maurras, « Revanche, reine de la France «, il y a aussi un idéal belliqueux, vengeur qui, dès 1871-1872, stimule une droite nationaliste et xénophobe sans cesse renforcée jusqu’à la fin du xixe siècle. Toutefois, la majorité des Français n’abonde pas dans ce sens, du moins jusqu’à l’évidence de la revanche à prendre, en 1914. Alors, la marque durable que la défaite de 1870-1871 a imprimée dans la mémoire d’au moins deux générations rejaillit au premier plan.

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