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François Ier (de France)

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

François Ier (de France) (1494-1547), roi de France (1515-1547).

Tout en travaillant à favoriser le processus de centralisation monarchique, François Ier a poursuivi la politique d’expansion française dans le cadre des guerres d’Italie, et tenté d’affirmer sa suprématie en Europe contre l’empereur Charles Quint. Roi chevalier, héritier des valeurs médiévales, François Ier, fastueux et passionné par les arts, est également l’une des incarnations les plus achevées du prince de la Renaissance.

2   UN PRINCE DE SANG

Né à Cognac le 12 septembre 1494, François de Valois est un prince de sang, cousin germain du roi de France Louis XII et descendant de Charles V le Sage par son père Charles d’Angoulême. Sa mère Louise de Savoie et sa sœur aînée Marguerite d’Angoulême l’élèvent dans le raffinement, dont il garde le goût des lettres et l’admiration pour l’art italien.

En 1514, François de Valois, qui n’est à l’origine pas destiné à la Couronne, épouse la fille de Louis XII, Claude de France. Mais, lorsque le roi meurt subitement sans héritier mâle, il accède au trône de France en vertu des règles de succession ; par son avènement, le 1er janvier 1515, la branche des Valois-Angoulême succède à celle des Valois-Orléans (voir Valois). Sous le nom de François Ier, le nouveau roi est oint et sacré en la cathédrale de Reims le 25 janvier.

François Ier s’entoure immédiatement de proches et de fidèles auxquels il distribue avec largesse dignités et récompenses. Ainsi, Louise de Savoie — qui entre au Conseil du roi — et Marguerite d’Angoulême reçoivent des terres en apanage, tandis que Charles de Bourbon, descendant de Saint Louis, obtient la très haute fonction de connétable de France.

3   LE MIRAGE ITALIEN
3.1   L’héritage des guerres d’Italie

Riche et splendide depuis les débuts de la Renaissance, la péninsule italique est convoitée par les puissances européennes, notamment les souverains de France. Aussi, depuis le règne de Charles VIII, la France est-elle en conflit ouvert avec le pape et les principautés italiennes, coalisés avec des princes européens dans une Sainte Ligue. En 1499, Louis XII conquiert le Milanais, mais doit le restituer après la défaite de Novare (6 juin 1513). S’étant attribué les droits de sa femme Claude sur le duché, François Ier cherche, à son tour, à le rattacher au domaine royal.

Après s’être garanti la neutralité d’Henri VIII d’Angleterre et l’appui des Vénitiens, François Ier lance une expédition dès 1515. À Marignan, en septembre, la supériorité de l’artillerie française lui assure la victoire sur les mercenaires suisses, alliés du duc de Milan. Ce succès militaire procure à François Ier, roi de vingt ans, adoubé chevalier sur le champ de bataille par le seigneur de Bayard, une immense popularité et une flatteuse réputation de bravoure. Les ennemis de la veille doivent alors négocier avec le roi de France : le pape Léon X traite avec François Ier à Bologne, les Suisses signent une paix perpétuelle — qui permet à la France de lever dorénavant des troupes de mercenaires — et Charles Ier d’Espagne (futur Charles Quint) reconnaît à la France le Milanais contre le maintien de ses droits sur le royaume de Naples.

3.2   La rivalité avec Charles Quint

Candidat en 1519 au trône du Saint Empire romain germanique, François Ier se voit préférer par les Électeurs impériaux le roi Charles d’Espagne, qui, grâce à l’or des Fugger gagé sur les mines du Nouveau Monde, bénéficie d’une puissance bien supérieure à celle du roi de France. Les visées expansionnistes de Charles Quint (« Toujours plus oultre «, toujours plus loin) mettent le souverain de France en danger : petit-fils de Charles le Téméraire, Charles cherche à annexer la Bourgogne ; empereur du Saint Empire, il réclame la suzeraineté sur les anciennes possessions du Dauphiné et de Provence. Dès lors, encerclé de toutes parts par un souverain qui règne à la fois sur l’Espagne, les Flandres, l’Empire et une grande partie de l’Italie, François Ier n’a de cesse de se ménager des alliances avec les princes étrangers. Cependant, après la coûteuse et inutile entrevue du camp du Drap d’or (juin 1520), où il ne réussit pas à obtenir le soutien d’Henri VIII d’Angleterre, il se trouve acculé à la guerre avec l’empereur.

Dans le cadre des guerres d’Italie, les hostilités entre les deux souverains débutent en 1521. Très vite, les opérations tournent à la défaveur de la France : la défaite à La Bicoque (1522), où Bayard trouve la mort, livre le Milanais aux impériaux. L’année suivante, le connétable de Bourbon, grand commandant de l’armée royale, trahit son souverain, entre au service de Charles Quint et tente vainement une invasion de la Provence. Enfin, en 1525, à l’issue du désastre de Pavie, le roi lui-même est capturé par les troupes de l’empereur ; comme le roi l’écrit lui-même à sa mère : « De toutes choses, ne m’est demeuré que l’honneur et la vie sauve. « Durant son emprisonnement, Louise de Savoie assure la régence dans de dramatiques conditions qui ne sont pas sans rappeler la captivité de Jean II le Bon durant la guerre de Cent Ans.

Retenu à Madrid, François Ier doit signer le 14 janvier 1526 un traité qui cède le Milanais et la Bourgogne à l’Empire, promesses dont il s’affranchit dès sa libération, relançant ainsi la guerre. Après l’alliance contractée à Cognac par François Ier, le pape, Venise et le duc Sforza de Milan (mai 1526), les troupes impériales mettent la Ville éternelle à sac (1527), et le pape doit signer un traité humiliant avec Charles Quint. C’est pourquoi, afin de limiter les opérations belliqueuses sur l’Europe septentrionale, Louise de Savoie et Marguerite d’Autriche, tante de Charles Quint, s’accordent lors du traité de Cambrai (1529) : confirmation de la possession française de la Bourgogne contre l’abandon des prétentions italiennes ; l’année suivante, le mariage de François Ier, veuf depuis 1524, avec la sœur de l’empereur, Éléonore de Habsbourg, elle-même veuve de Manuel Ier, roi de Portugal, semble confirmer cette embellie.

3.3   Des nouvelles alliances

Cependant, conscient de la fragilité de cet apaisement, François Ier s’emploie à conclure de nouvelles alliances et offre en 1531, au grand scandale de l’Europe catholique, son soutien à la ligue de Smalkalde, formée contre Charles Quint par les princes luthériens allemands. D’autre part, il signe en 1535 un traité avec les Turcs de Soliman, comme lui désireux d’affaiblir la puissance des Habsbourg ; la guerre reprend alors dès l’année suivante lorsque l’empereur envahit la Provence. Repoussé par le duc Anne de Montmorency, qui obtient la charge de connétable en 1537, Charles Quint est contraint de signer une trêve de dix ans à Aigues-Mortes (1538).

Mais, comme la politique diplomatique de Montmorency pour l’obtention du duché de Milan reste vaine, François Ier le congédie et relance le conflit dès 1542. Face à la coalition anglo-germanique, les troupes françaises reprennent Nice avec l’appui des Turcs en 1543 ; l’année suivante, François Ier est victorieux à la bataille de Cérisoles. Cependant, menacé d’une invasion du royaume du fait de son alliance avec des « infidèles «, il signe le traité de Crépy avec Charles Quint (1544), puis celui d’Ardres avec Henri VIII (1546). Mettant un terme à une guerre ruineuse qui n’a pas réussi à ébranler l’équilibre de l’empire des Habsbourg, ces accords consacrent l’abandon par la France de la Savoie, et la perte de l’Artois et de la Flandre.

4   INFLUENCE DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

Ces multiples expéditions mettent très vite le souverain français en contact avec la Renaissance italienne. François Ier, marqué par le raffinement de son éducation, est très sensible à ce renouveau qu’il cherche à introduire en son royaume.

4.1   Protecteur des Arts et des Lettres

Il se fait alors le protecteur des intellectuels, notamment des humanistes du cénacle de Meaux, qui reçoivent déjà toute la sympathie de Marguerite d’Angoulême. Le théologien humaniste Lefèvre d’Étaples devient le précepteur des enfants du roi ; l’érudit Guillaume Budé reçoit la charge de créer une bibliothèque royale à Fontainebleau, ancêtre de la Bibliothèque nationale ; puis, en 1530, il se doit d’organiser un collège trilingue, futur Collège de France, au sein duquel les lecteurs royaux enseignent le grec, l’hébreu et le latin. À la cour, François Ier accueille des poètes comme Mellin de Saint-Gelais ou Marot, auquel il donne des charges officielles.

De même, le roi attire en France de grands artistes étrangers, tels Jean Clouet (peintre officiel du roi de 1516 à sa mort), Fiorentino Rosso (qui remplace le premier de 1530 à sa mort), le Primatice (peintre, décorateur et architecte arrivé en France en 1531) ou Benvenuto Cellini (sculpteur invité de 1540 à 1545). Par cette politique d’invitation, François Ier inaugure le mécénat royal, repris par ses successeurs, notamment Louis XIV.

4.2   Un prince constructeur

Mais c’est sans doute en accueillant Léonard de Vinci dès 1516 que François Ier accomplit cette volonté d’adapter à la France l’art de la Renaissance. Après avoir installé l’artiste florentin au château du Clos-Lucé en Touraine, il lui commande de multiples œuvres dont le projet de construction du château de Chambord. Grand bâtisseur, François Ier fait également édifier les résidences royales de Saint-Germain, de Villers-Cotterêts et de Madrid (à Neuilly). Il fait redécorer Fontainebleau (Rosso pour la galerie royale, le Primatice pour, notamment, la salle de bal) et Blois (construction de l’escalier à claire-voie) dans le style italien. C’est sous son règne que l’école de Fontainebleau trouve son plein épanouissement.

4.3   Magnificence de la cour

Également influencé par les goûts italiens dans l’art du paraître, François Ier développe considérablement la cour. Centre de la vie fastueuse et mondaine, elle se déplace au gré des plaisirs du roi dans les somptueux châteaux. Le roi y multiplie les fêtes, les concerts et les compositions théâtrales inspirées de la culture italienne, tout en conservant les traditionnelles cérémonies du Moyen Âge (entrées royales dans les villes, tournois et chasse). Amateur de plaisirs, il entretient de nombreuses liaisons dont les plus marquantes restent la comtesse de Chateaubriand puis la duchesse d’Étampes. En attirant ainsi la noblesse, en multipliant les gages et faveurs, François Ier obtient un meilleur contrôle de cet ordre traditionnellement turbulent.

5   LA CONSOLIDATION DE LA MONARCHIE
5.1   Les prémices de l’absolutisme

Grand et élégant, intelligent et calculateur, bien que souvent impulsif et superficiel, doté d’une prestance remarquée par tous les mémorialistes de son temps, François Ier est un souverain majestueux, ayant une haute idée de sa fonction. Dominé par des préoccupations guerrières, le règne de François Ier est caractérisé par un renforcement de l’autorité royale, préfigurant l’absolutisme : la confiscation des biens du connétable de Bourbon (1523), la réunion définitive de la Bretagne au royaume (1532), l’affirmation de la justice royale face à la justice seigneuriale, l’interdiction faite aux parlements d’user de leur droit de remontrance — ne leur laissant que le droit d’enregistrement — l’envoi d’intendants dans les provinces, l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) — imposant, entre autres, de rédiger les actes judiciaires et notariés en français et non plus en latin —, sont autant d’affirmations d’une volonté d’unification et de centralisation, dont les grands conseillers du roi, le duc de Montmorency, le seigneur de Bonnivet (v. 1488-1525) et l’amiral Philippe de Chabot (v. 1480-1543) se font les fidèles interprètes.

Parallèlement, la fondation du port du Havre par Bonnivet (1517), les encouragements apportés à l’explorateur Jacques Cartier marquent le souci du pouvoir d’ouvrir le royaume sur l’extérieur et de participer à l’expansion coloniale.

Alors que le coût des guerres contraint sans cesse à trouver de nouveaux expédients, la politique suivie en matière financière apparaît moins cohérente. Si la création du Trésor de l’Épargne (1523) permet d’améliorer la collecte et le rendement de l’impôt, l’urgence commande souvent de contracter de lourds emprunts, d’avoir recours à des ventes massives d’offices, de favoriser l’inflation et de multiplier les titres (comme les rentes sur l’Hôtel de Ville, création du chancelier Antoine Duprat en 1522) qui grèvent de manière permanente le budget de l’État. Cette superposition de mesures provisoires, aussitôt pérennisées, demeure l’une des constantes du système fiscal français jusqu’à la Révolution française.

5.2   Un chef religieux

Dès le début de son règne, François Ier affirme sa souveraineté sur les trois ordres : la noblesse, le tiers état mais également le clergé. En 1516, il rencontre le pape Léon X et obtient, avec la signature d’un concordat, le droit de nommer les évêques en son royaume. Ce concordat de Bologne lui assure, malgré le pouvoir de confirmation reconnu au pape, le contrôle de l’épiscopat français.

En matière religieuse, il montre, dans un premier temps tout au moins, une certaine tolérance vis-à-vis des protestants ; proche des humanistes de Meaux — animés par l’évêque Guillaume Briçonnet, directeur spirituel de Marguerite d’Angoulême —, François Ier œuvre en leur faveur lorsqu’ils sont soupçonnés de luthéranisme par la Sorbonne. Dans les années 1530, de par sa volonté de rapprochement politique avec les luthériens allemands, il étouffe les différents scandales religieux.

Mais, après l’affaire des Placards (octobre 1534), le roi prend conscience de l’ampleur du mouvement et permet au Parlement de déclencher une vague de persécutions, que l’édit de Coucy suspend par diplomatie (juillet 1535). Renforcée par l’édit de Fontainebleau de 1540, la persécution reprend bientôt avec comme terrible illustration le massacre de plusieurs centaines de Vaudois en Provence, en avril 1545. En définitive, même s’il a protégé ponctuellement quelques proches ou intellectuels, François Ier est resté durant tout son règne fidèle à Rome.

Miné par la syphilis, ce prince de la Renaissance meurt le 31 mars 1547 en son château de Rambouillet. Le dauphin François étant décédé en 1536, son deuxième fils, âgé de 28 ans, accède au trône sous le nom d’Henri II.

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