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Georges Valois, le Fascisme à la française

Publié le 17/01/2022

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21 avril 2002 GEORGES VALOIS représente un cas à part dans l'histoire de l'extrême droite française : fondateur en 1925 du Faisceau, le premier parti se réclamant ouvertement du fascisme en France, il est en effet régulièrement invoqué par ceux qui croient à l'existence d'un puissant mouvement fasciste en France dans la première moitié du vingtième siècle. Deux thèses s'affrontent chez les historiens. La première, défendue par René Rémond puis par Pierre Milza, soutient que, s'il a existé un fascisme français, celui-ci a toujours été marginal, qu'il a rassemblé peu d'adeptes et qu'il ne faut pas confondre le nationalisme de l'Action française et des ligues avec un quelconque fascisme. L'autre thèse, développée par l'historien israélien Zeev Sternhell et reprise par Bernard-Henri Lévy, affirme au contraire que le fascisme est l'héritier d'une tradition nationale et qu'il a imprégné, à droite comme à gauche, des pans entiers de " l'idéologie française " . L'exemple du Faisceau est, de ce point de vue, particulièrement éclairant. Selon l'importance que l'on attribuera à ce courant, on le considérera comme représentatif du temps ou comme limité à une frange peu significative de la population. L'itinéraire de Georges Valois incline à choisir la deuxième hypothèse. Né en 1878, il se lie avec Maurras, à qui il fait connaître Sorel, l'un de ses maîtres à penser, avec Proudhon et Nietzsche, et adhère à l'Action française. Il anime les Cercles Proudhon, qui prétendent conjuguer nationalisme et syndicalisme, crée en 1920 la Confédération de l'intelligence et de la production françaises, qui s'efforce de promouvoir le corporatisme, fonde en 1925 l'hebdomadaire le Nouveau Siècle, puis les Légions, un groupe paramilitaire : il représente la " gauche maurrassienne ", apportant une dimension sociale à la doctrine royaliste. Le 11 novembre 1925, enfin, amené à choisir entre la droite conservatrice que représente l'Action française et la droite " révolutionnaire " dont le fascisme italien lui semble l'incarnation, il lance le Faisceau, entraînant avec lui une poignée de maurrassiens en rupture de ban. L'existence de ce parti sera de courte durée puisque, après des débuts encourageants qui lui valent le soutien financier d'industriels tels que le parfumeur Coty et le négociant en cognacs Hennessy et l'autorisent à revendiquer 40 000 membres au début de 1926 (dont le jeune Paul Nizan), il perd tour à tour l'appui de ses commanditaires et celui de ses adhérents pour disparaître en 1928. Son succès éphémère montre qu'il a pu exister un fascisme à la française, empruntant à la fois à la droite et à la gauche, mais son échec rapide est le signe que ce fascisme n'a pas trouvé en France l'enracinement qui fut le sien en Italie et, sous une autre forme, en Allemagne. Georges Valois reviendra bientôt à ses origines de gauche : après avoir tenté de créer un Parti républicain syndicaliste, il continuera de diriger sa petite maison d'édition, connue sous le nom de Librairie Valois, qui contribuera à l'effort de réflexion mené pendant les années 30 sur " l'organisation intellectuelle, morale, politique, économique et sociale du nouvel âge ", selon le texte de présentation de la " Bibliothèque syndicaliste ". Résistant, il sera déporté à Bergen-Belsen où il mourra en 1945.

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