Grand Bond en avant

Grand Bond en avant, programme économique, social et politique appliqué en Chine de 1958 au début des années 1960, qui a constitué la première tentative de Mao Zedong pour s’éloigner du modèle soviétique.

Inauguré au VIII^e congrès du Parti communiste tenu du 5 au 23 mai 1958, le Grand Bond en avant doit permettre un « raccourci « vers l’instauration du socialisme, par une voie adaptée à la situation et aux spécificités chinoises. Mao met l’accent sur les encouragements aussi bien moraux que matériels à la mobilisation des masses.

Une importante campagne de propagande incite le peuple à s’engager dans une forme atténuée du communisme, avec pour objectif de dépasser avant quinze ans la production du Royaume-Uni dans les principaux secteurs industriels. La décentralisation de la société chinoise est promue dans le cadre de la commune populaire, qui devient la cellule de base de la vie sociale, au détriment de la famille. Les exploitations collectives sont regroupées en vastes unités comptant des dizaines de milliers d’habitants. Suivant le principe « marcher sur deux jambes «, les activités agricoles et industrielles doivent être développées parallèlement. Dans presque chaque village sont édifiés de petits hauts-fourneaux produisant une fonte médiocre, tandis que les villes sont appelées à atteindre leur autosuffisance alimentaire.

Chacun est invité à participer au travail manuel, y compris les cadres du Parti communiste. Tous les métaux disponibles sont collectés pour être fondus et transformés en outils ou en armes. Un quota journalier d’animaux nuisibles à tuer, tels que les oiseaux, est attribué à tous, même aux enfants. D’immenses chantiers de construction sont lancés, employant des armées d’ouvriers.

Ce projet utopique, préconisant un développement collectif dans tous les domaines de la vie quotidienne, marque une rupture idéologique avec le modèle soviétique. Certains aspects, tels que la tentative d’appliquer des programmes de santé et d’éducation adaptés aux besoins de la Chine plutôt que de dépendre des programmes soviétiques, répondent à des besoins réels. Dans l’ensemble cependant, le résultat est un échec, particulièrement dans l’agriculture, où le mauvais temps et le refus de Mao de reconnaître les erreurs aggravent la situation et font chuter la production. En outre, le manque de personnel compétent et le retrait des techniciens soviétiques, en 1960, handicapent l’industrie. Ce premier grand revers des communistes depuis leur accession au pouvoir, en 1949, affaiblit l’autorité politique de Mao et se révèle préjudiciable au développement économique de la Chine.