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Gusmão, Xanana

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Gusmão, Xanana (1946- ), ancien chef de la guérilla indépendantiste au Timor-Oriental, président de la nouvelle République démocratique du Timor-Leste (2002-2007), puis Premier ministre (2007- ).

2   LE CHEF DE LA GUÉRILLA INDÉPENDANTISTE AU TIMOR-ORIENTAL
2.1   Formation et débuts dans la guérilla contre l’occupant indonésien

Né à Laleia (à une soixantaine de kilomètres à l’est de Dili), dans la colonie portugaise du Timor-Oriental, José Alexandre Gusmão fait ses études primaires dans une mission catholique avant de les poursuivre au séminaire jésuite de Dare, à proximité de Dili. À la fin de son service militaire au sein des troupes coloniales portugaises (1968-1971), il devient fonctionnaire.

En 1974, le nouveau régime mis en place au Portugal après la révolution des Œillets s’engage sur la voie de la décolonisation. Plusieurs partis politiques se forment alors au Timor-Oriental, défendant différentes voies pour l’après-décolonisation. José Alexandre Gusmão adhère à la formation politique favorable à l’indépendance totale et immédiate du territoire, l’Association sociale démocratique timoraise (ASDT), qui prend le nom de Fretilin (Front révolutionnaire pour l’indépendance du Timor-Oriental) en 1975. Favorable pour sa part au maintien des liens avec le Portugal, l’Union démocratique timoraise (UDT) tente en août 1975 un coup d’État, provoquant une guerre civile. Fort de sa suprématie militaire, le Fretilin proclame unilatéralement l’indépendance de la République démocratique du Timor-Oriental, le 28 novembre 1975. Dès le mois de décembre, l’Indonésie, qui possède la partie occidentale de l’île de Timor, envahit le nouvel État, en prétextant la menace d’une subversion marxiste du Fretilin. Élu au comité central du Fretilin, José Alexandre Gusmão, dit « Xanana «, gagne le maquis où la résistance armée contre l’armée indonésienne a commencé.

Le Fretilin et sa branche armée, les Falintil, mènent avec succès de nombreuses opérations, mais l’armée indonésienne parvient à briser la résistance et à décimer les troupes rebelles. Après l’assassinat du chef de la guérilla, Nicolau Lobato, le 31 décembre 1978, et en l’absence de leadership au sein du Fretilin, Xanana Gusmão est amené à réorganiser et reconstituer le mouvement de résistance. En 1981, il est élu commandant en chef des Falintil.

2.2   Politique d’unification de la résistance nationale

Homme de modération, Xanana Gusmão s’attache à mettre en œuvre une politique d’unité nationale afin de rassembler toutes les forces indépendantistes du pays, tout en favorisant le dialogue avec les autorités indonésiennes. Face à la pression de la guérilla, celles-ci acceptent de négocier un cessez-le-feu en 1983. Même s’il n’est que de courte durée, il permet de consolider les liens entre la résistance et la population.

Fort de la solidarité de l’Église catholique et de larges franges de la population, en particulier les jeunes, Xanana Gusmão imprime une profonde réorientation à la résistance. À la fin des années 1980, il abandonne la direction du Fretilin et fonde le Conseil national de la résistance maubere (CNRM), organisme politique indépendant des partis et réunissant l’ensemble des formations opposées à l’occupation indonésienne. Parallèlement, il décide que les Falintil, jusqu’alors bras armé du Fretilin, et dont il est toujours le commandant en chef, doivent perdre leur statut d’armée partisane et devenir les forces armées de toute la résistance nationale.

Le 12 novembre 1991, une manifestation organisée à Dili, au cimetière de Santa Cruz, à l’occasion des funérailles d’un militant indépendantiste, est violemment réprimée par les troupes indonésiennes. Considéré par les autorités comme responsable de la manifestation et du massacre qui s’en est suivi, Xanana Gusmão est arrêté à Dili en novembre 1992. Il est condamné à la réclusion à perpétuité en 1993, puis voit sa peine commuée à vingt ans de détention par le président indonésien Suharto.

2.3   Arrestation et captivité

En prison, Xanana Gusmão continue de diriger le combat pour l’indépendance, tout en se consacrant à la peinture et à la poésie — il se définit lui-même comme un « poète guerrier «. Tandis que la cause de l’indépendance du Timor-Oriental a fini par alerter la communauté internationale, notamment après la remise du prix Nobel de la paix 1996 à deux leaders indépendantistes, José Ramos-Horta et monseigneur Belo, les campagnes internationales pour la libération de Xanana Gusmão se multiplient. Le gouvernement indonésien autorise plusieurs personnalités officielles, notamment des représentants des Nations unies, à lui rendre visite. En 1997, la visite du président sud-africain Nelson Mandela contribue considérablement à mobiliser la communauté internationale sur le sort de la population au Timor-Oriental.

3   LE SYMBOLE DU TIMOR-ORIENTAL INDÉPENDANT
3.1   Libération du leader de l’indépendance

À l’extérieur, comme à l’intérieur, Xanana Gusmão s’impose comme le symbole du Timor-Oriental ; il apparaît comme une figure incontournable pour la résolution du conflit. Il prend la direction du nouveau Conseil national de la résistance timoraise (CNRT) créé en mai 1998 par des membres du CNRM, de l’UDT et du Fretilin pour consolider l’unification de toutes les forces de résistance à l’occupation indonésienne. Le même mois, le régime de Suharto s’effondre, et le nouveau président indonésien, Jusuf Habibie, accepte dès janvier 1999 de relancer le processus d’autodétermination du peuple timorais.

En février 1999, Xanana Gusmão est transféré en résidence surveillée à Jakarta. Il est libéré le 7 septembre 1999, quelques jours après que les électeurs timorais se sont prononcés en faveur de l’indépendance (78,5 p. 100). Mais le déchaînement de violences perpétrées par des milices pro-indonésiennes au lendemain du référendum l’empêche de rentrer immédiatement au Timor-Oriental. Après le déploiement d’une force internationale sous l’égide de l’ONU, fin septembre, et la décision de mettre en place une administration de transition chargée de la gestion civile et militaire du territoire, Xanana Gusmão rentre en héros au Timor-Oriental au mois d’octobre. Le 31 octobre 1999, les dernières troupes indonésiennes quittent le Timor-Oriental.

3.2   Accession à la présidence de la République (2002-2007)

L’ancien leader de la guérilla indépendantiste assiste au processus électoral qui assure la transition du Timor-Oriental vers l’indépendance. Alors que l’échiquier politique se configure, il demeure le président du CNRT, qui n’a pas le statut de parti politique et ne peut donc concourir à l’élection de l’Assemblée constituante le 30 août 2001. Soucieux de garantir la pluralité des opinions et d’éviter une hégémonie du Fretilin dans la vie politique de la jeune République, Xanana Gusmão se déclare satisfait des résultats du vote, qui voit le Fretilin gagner 55 sièges sur 88. Plutôt que de se présenter sous la bannière du Fretilin à l’élection présidentielle du 14 avril 2002, c’est en candidat indépendant qu’il est élu président de la nouvelle République démocratique du Timor-Leste avec 82,69 p. 100 des suffrages (contre 17,31 p. 100 pour son unique adversaire Francisco Xavier do Amaral). Dans un pays dévasté, mais libre, il prône le dialogue et la réconciliation de tous ses compatriotes et, « une fois justice rendue, le pardon «. Son mandat est marqué par sa volonté de contrer le pouvoir du Fretilin. À la suite d’une vague d’affrontements meurtriers dans les rues de Dili en avril 2006, il obtient notamment la démission du Premier ministre Mari Alkatiri, accusé d’attiser les violences, et nomme à son poste le leader indépendantiste José Ramos-Horta.

4   LE FONDATEUR DU CONGRÈS NATIONAL POUR LA RECONSTRUCTION DU TIMOR-LESTE

Les deux hommes s’allient dans la perspective des élections de 2007 : alors que la fonction de chef de l’État est essentiellement protocolaire, Xanana Gusmão annonce qu’il ne brigue pas un second mandat présidentiel et se désiste au profit de José Ramos-Horta. En mars 2007, il crée un nouveau parti, le Congrès national pour la reconstruction du Timor-Leste (CNRT), et vise le poste de Premier ministre. À la suite des élections législatives de juin 2007, auxquelles aucun parti n’obtient la majorité, le nouveau président élu José Ramos-Horta nomme Xanana Gusmão à la tête d’un gouvernement de coalition n’incluant pas le Fretilin.

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