HAITI. Coco Beach.

Cette crique enchanteresse de l'anse rouge, ces bateaux paisibles, cette mer transparente ne doivent pas faire oublier qu'Haïti — ce premier foyer de la civilisation espagnole sous Christophe Colomb — est la plus pauvre des grandes Antilles: pauvreté qu'elle partage avec la partie est ou République Dominicaine. Haïti cumule les tristes records de l'analphabétisme, de la mortalité, de la malnutrition. Pour les paysans-pêcheurs, le poisson, un peu de riz et des galettes de maïs permettent de survivre. Ils reviendront ce soir dans leur «caille-paille«, sorte de hutte en chaume et torchis. Et leurs femmes porteront au marché voisin de Palmiste le surplus de poisson et quelques racines de leur pauvre champ. Leurs petits-cousins sont moins bien lotis qu'eux car ils s'entassent dans une banlieue sordide de Port-au-Prince, sans métier, sans argent. Regrettent-ils le temps où leurs ancêtrès étaient flibustiers dans la grande île française? Ils savent seulement qu'ils doivent se débrouiller pour vivre avec moins de cent dollars par an.