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HARMONIE

Publié le 22/02/2012

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Source: http://www.peiresc.org/DINER/Lexique.pdf

 

Du grec harmonia, union, assortiment, c'est la situation où se trouvent plusieurs éléments réunis qui s'accordent. C'est la doctrine des accords et l'idéal de la coexistence des parties. Concept suffisamment vague pour supporter selon les domaines et selon les époques des définitions variées. En musique l'accord est la réunion coordonnée de plusieurs sons entendus simultanément. La constitution des accords, leur enchaînement, la place qu'ils occupent et le rôle qu'ils remplissent dans le discours musical constituent l'Harmonie. En 1722, le Traité de l'harmonie de Rameau ouvre aux regards des musiciens des horizons nouveaux, en même temps qu'il attire sur la théorie musicale l'attention d'une portion du monde savant. Rameau y pose les prémisses d'un système qu'il développera en d'autres écrits et que dès l'abord il déclare fondé sur « les principes naturels », c'est-à-dire sur les données acoustiques fournies par le partage de la corde vibrante, les rapports des sons et l'existence des sons harmoniques, toutes matières que les travaux encore récents du physicien Sauveur avaient proposées à l'étude des « philosophes ». Tous les degrés de la gamme diatonique étant reconstruits par le rapprochement des sons fournis par la résonance du corps sonore, Rameau met en fait que « la mélodie naît de l'harmonie »; pour adapter sa théorie à des buts pratiques, il établit une classification des accords, considérés en eux-mêmes et d'après leur relation avec ceux qui les précèdent ou les suivent, desquels ils dépendent ou qu'ils commandent, par anticipation, supposition, suspension, prolongation ; il entreprend enfin d'établir entre eux un lien rationnel et fixe, par l'artifice de la basse fondamentale, devenu par la suite à ses yeux comme à ceux de ses commentateurs, la clef de voûte de sa doctrine. Il est naturel de donner le qualificatif d'harmoniques aux sons qui accompagnent toujours un son donné selon la décomposition de Fourier et d'étendre cette dénomination aux composantes de Fourier d'une fonction périodique. La notion d'harmonie en général est liée à la notion d'esthétique des proportions. Tout au long des siècles, avec des appellations variées, on trouvera réaffirmé l'idéal d'une esthétique des proportions mais sans véritable formulation quantitative, à fortiori mathématique. Les grecs, pour nommer la beauté, utilisaient des termes qui désignaient la disposition, l'arrangement ou l'ordre des parties : symmetria pour la beauté visible, harmonia , consonance, pour la beauté audible, ou taxis pour l'ordre. C'est sans doute chez Plotin que l'on trouve cette esthétique clairement formulée ( Du Beau. Ennéades ) : La beauté réside dans « l'accord et la proportion des parties entre elles et avec le tout ». Mais à part les fractions simples des harmonies musicales, et l'emploi de fractions comme 5/8, 1/8, ou 1/3, on ne trouve pas de chiffrages précis des proportions esthétiques. Platon lui même s'est borné à des affirmations générales : « C'est toujours beau et vertueux de conserver la mesure et les proportions » ( Philèbe 64E), « Le laid signifie simplement l'absence de mesure » ( Sophiste 228A). Au 1er siècle avant J.C. Vitruve avait déjà exprimé cela dans le domaine de l'architecture. Nous le donnons dans le texte français du XVI ème siècle ré orthographié : « La composition des temples consiste en symétrie, de laquelle tous Architectes doivent diligemment entendre le secret. Cette symétrie est engendrée de proportion que les Grecs nomment Analogie. Proportion est un certain rapport et convenance des membres ou particularités à toute la masse d'un bâtiment et de cela vient à se parfaire la conduite d'icelles symétries. Or n'y a - t -il ni Temple ni autre édifice qui puisse avoir grace de bonne structure sans symétrie et proportion, et si la convenance n'est gardée en toutes ses parties aussi bien qu'en un corps humain parfaitement formé. » De la composition des maisons sacrées, ensemble des symétries du corps humain. Chapitre I Le grand Alberti (1404-1472), artiste et savant, déclare que : « la beauté est un accord ou une certaine conspiration, s'il faut parler ainsi, des parties en la totalité, ayant son nombre, sa finition et sa place, selon que requiert la suscite correspondance, absolu certes et principal fondement de nature ». Après ces belles paroles, Alberti mathématicien, déclare croire en une profonde unité de la nature au nom de laquelle il adopte une correspondance entre les intervalles musicaux et les proportions en architecture. « car (certes) ainsi va la chose, considéré que les nombres causans [ qui sont la cause] que la concordance des voix se rende agréable aux aureilles, ceulx la sans autres [ceux là seuls] font aussi que les yeulx et l'entendement se remplissent de volupté merveilleuse ». Et de là vient tout le système des proportions en usage à la Renaissance. Un système de rapports arithmétiques simples, pour des gens qui assimilent encore note musicale et longueur de cordes. Les architectes de la Renaissance cherchent à construire une musique visible. Les proportions musicales exprimant comme une structure interne universelle on cherche à les transposer dans le domaine cosmologique (musique des sphères célestes), anthropométrique (harmonie du corps humain), alchimique et ésotérique, et bien sur architectural. Nous voilà renvoyés à Platon et à Pythagore. Pour Leibniz confronté au problème de l'interaction entre l'âme et le corps il y'a en fait entre eux une Harmonie préétablie, une harmonie si parfaite que chacune d'elles, tout en ne faisant que se développer selon les lois qui lui sont propres, éprouve des modifications qui correspondent exactement aux modifications éprouvées par l'autre

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