Hiroshima, berceau de la peur
Publié le 22/02/2012
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et que la concentration radioactive n'atteindrait pas le sol.
Plusieurs cibles avaient été retenues, parmi lesquelles Hiroshima (priorité numéro un) et Nagasaki (numéro quatre), deux villesde garnison particulièrement actives dans la guerre aéronavale.
Tokyo dévasté en mars par les bombes incendiaires, n'était plusun objectif de choix.
Par contre, Kyoto, coeur historique et culturel de l'archipel aux richesses inestimables, avait longtemps figuréen deuxième rang.
C'est parce qu'il ne constituait pas un objectif militaire qu'il fut finalement épargné.
Transportées sur l'île de Tinian dans l'archipel des Mariannes, les bombes étaient prêtes.
La première était une bombe àuranium 235, longue de plus de 3 mètres et pesant près de 5 tonnes.
Le 6 août, à 2 h 45, la " forteresse volante " dangereusement alourdie s'arrache de la piste de Tinian pour la " mission debombardement numéro treize ".
L'appareil est escorté de deux autres bombardiers.
Ils mettent le cap sur Hiroshima.
Ce matin-là, la ville, ses marchés, ses usines, ses écoles-et surtout le centre, aux alentours du pont Aioi-connaissent une intenseactivité.
Quelques minutes plus tôt, après le passage de l'avion météo, le sirènes ont annoncé une ...
fin d'alerte aérienne.Hiroshima compte alors une population d'environ quarante mille soldats et deux cent quatre-vingt mille civils.
Soixante millepersonnes ont déjà été évacuées, d'autres doivent suivre, mais beaucoup, employées par les industries de guerre, ne peuventquitter la ville.
Pour limiter les dégâts des raids aériens américains, trente mille adultes et douze mille écoliers (de douze à dix-sept ans) ont étéorganisés en brigades de démolition.
Ils ont déjà détruit soixante dix mille maisons en bois.
Ils s'activent dès le petit matin pourprotéger Hiroshima contre les feux tombés du ciel...
Efforts dérisoires.
A 8 h 16, en une fraction de seconde, en un éclair, la matière est vaporisée, les hommes désintégrés par un chalumeaud'apocalypse.
A trois kilomètres, l'onde allumait des incendies en série à quatre kilomètres, la peau partait en lambeaux.
Tel un flashfoudroyant, " Pikadon " (l'éclair-explosion, comme disent les Japonais) imprime sur la peau les motifs des kimonos, calcine lachair et les habits, bombarde les corps de neutrons et de rayons gamma.
Un abandon total
Les chiffres donnent une idée de l'ampleur du désastre, des moyens dérisoires pour y faire face et de l'abandon dans lequel futlaissée pour l'essentiel la ville d'Hiroshima.
Près de quatre-vingt mille personnes périrent sur le coup ou dans les jours et semainessuivantes.
Un an plus tard, les autorités de la ville dénombraient environ cent vint mille morts (dont cinq mille soldats et huit milleCoréens employés comme main-d'oeuvre forcée), trois mille six cents disparus, soixante-et-douze mille blessés, cent vingt millesans-abri.
A divers degrés, la quasi-totalité de la population d'Hiroshima avait été affectée.
En 1985, les " Hibakushas " (victimesdes bombardements atomiques) sont officiellement trois cent soixante-dix mille.
Plus de cent mille requièrent encore des soinsréguliers.
Dans le grand hôpital de la Croix-Rouge (quatre cents lits), relativement épargné, six docteurs et dix infirmières disposantseulement de bandages et de mercurochrome allaient tenter l'impossible, jour et nuit, pour assister des milliers et des milliers devictimes.
Les secours seraient longs, dramatiquement longs à venir de l'extérieur.
D'autant qu'à Tokyo les chefs militaires,pourtant informés du sort d'Hiroshima, renforçaient la censure et tergiversaient encore sur l'éventualité et les modalités d'unereddition du Japon.
Aux Etats-Unis, à bord du croiseur Augusta, Harry Truman avait accueilli l'annonce du bombardement d'Hiroshima par cesmots : " C'est le plus grand jour de l'Histoire.
" Comme si un tel jour et une telle bombe ne suffisaient pas à ses desseins, leprésident américain allait, dans la foulée, donner le feu vert à une seconde explosion nucléaire.
Après Hiroshima, le 6 août, ceserait, le 9, Nagasaki.
Après l'uranium, le plutonium.
En cet été 1945, la " paix américaine " est synonyme de guerre atomique.
ROLAND-PIERRE PARINGAUX Le Monde du 4 août 1985
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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