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Horthy de Nagybánya, Miklós

Publié le 23/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Horthy de Nagybánya, Miklós (1868-1957), amiral et homme politique hongrois, qui a établi une dictature nationaliste à la suite de la vague réactionnaire qui a déferlé sur l'Europe dans l'entre-deux-guerres.

Né à Kenderes dans une famille de nobles calvinistes, Miklós Horthy sort diplômé de l'Académie navale de Fiume (aujourd'hui Rijeka, Croatie). Aide de camp de l'empereur François-Joseph de 1909 à 1914, il est promu capitaine de vaisseau de ligne en 1913. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il prend part à la bataille navale austro-hongroise de Pola. Nommé commandant du cuirassé « Novara «, il se distingue à la bataille navale d'Otrante (mai 1917). En 1918, il est nommé contre-amiral et devient le commandant en chef de la flotte austro-hongroise.

2   DU POUVOIR À LA DICTATURE

Après la guerre, Horthy rentre en Hongrie. Ministre de la Guerre dans le gouvernement contre-révolutionnaire de Szeged, il participe au renversement du gouvernement bolchevique de Béla Kun. Il entre à Budapest le 16 novembre 1919 à la tête de l'armée contre-révolutionnaire, est nommé commandant en chef des forces armées marines hongroises en 1919, puis régent de Hongrie le 1er mars 1920.

Ce faisant, sous les apparences de la légalité (pluralisme politique et parlementarisme sont maintenus), Horthy, peu populaire car il apparaît aux Hongrois comme un Autrichien, obtient tous les droits du roi, excepté l'attribution des titres de noblesse et du droit de patronage. À la place du titre de noblesse, il crée le titre de « héros « (Vitézi Rend) et s’oppose aux deux tentatives de restauration impériale de Charles Ier d’Autriche (27 mars et 20 octobre 1921), avec le soutien du gouvernement hongrois. Lors de la seconde tentative du souverain, il le fait arrêter et déporter à Madère, où il meurt.

Bien qu’ayant les mains libres, Horthy reste d'abord au second plan sous le gouvernement du comte Bethlen (1922-1931) ; mais son action s'accroît par la suite, grâce au droit de veto sur toutes les mesures votées par le Parlement. En 1931, le régent s'est transformé, de fait, en dictateur. Sous son régime, la Hongrie devient la première dictature nationaliste de l'après-guerre en Europe, réprimant toute opposition politique et marginalisant la bourgeoisie juive par la promulgation de mesures d’exception antisémites.

Dans le même temps, un mouvement se dessine pour demander la révision du traité de Trianon signé en juin 1920, qui a pour conséquence d’exclure du territoire national d’importantes minorités hongroises (tandis que se constitue un fort courant nationaliste qui exige la réintégration des territoires perdus après la guerre) et Horthy, nettement pro-allemand, en tire avantage. Entre novembre 1938 et avril 1941, quatre arbitrages germano-italiens donnent à la Hongrie les territoires en partie peuplés de Hongrois de la Slovaquie et de la Ruthénie, de la Transylvanie et quelques territoires yougoslaves.

3   HORTHY, VICTIME AMBIGUË DE LA GUERRE

Horthy tente de rester neutre au début de la Seconde Guerre mondiale. Mais les bombardements de Kassa et Munkacs, faussement attribués à l’URSS, entraînent l'entrée en guerre de la Hongrie en juin 1941 aux côtés de l'Allemagne. Pour autant, le gouvernement Kallay tente de se dégager de l’emprise allemande, ce qu’Hitler reproche à Horthy en 1943. En 1944, lorsque les événements se retournent contre les puissances de l'Axe, le régent cherche à sortir de la guerre et tente d'établir une paix séparée entre la Hongrie et les Alliés. Hitler lui fait part de sa colère à Berchtesgaden et peu après, la Hongrie est occupée par les troupes allemandes. Horthy signe néanmoins un armistice avec l’URSS (11 octobre 1944). Le gouvernement Lakaty ayant été déposé par les Allemands au profit d’un gouvernement pronazi le 15 octobre, Horthy démissionne le lendemain. Il est aussitôt déporté en Allemagne et emprisonné par la Gestapo au château de Hirschberg jusqu'au 1er mai 1945.

Bien qu’ayant fait l’objet d’une demande d'extradition du gouvernement hongrois, il est par la suite protégé par les Américains et passe les dernières années de sa vie, de 1949 à 1957, à Estoril, au Portugal, où il a trouvé asile.

4   QUEL FASCISTE ?

Même si Horthy a pu être suspecté de collaborationnisme et de fascisme au regard de son association avec les puissances de l’Axe, il semble plutôt avoir été ultra-conservateur et autoritaire et, en vérité, plutôt hostile au régime national-socialiste. Il n’en reste pas moins qu’il est nettement pro-allemand jusqu’en 1943 et qu’il domine lui-même des gouvernements ultraconservateurs qui, selon la typologie proposée par Pierre Milza dans les Fascismes (1985), le rapprochent notamment d’un Salazar. Du reste, il n’y a pas chez lui — même si le multipartisme est une façade et qu’il existe une vraie terreur blanche avant-guerre (marquée par sa xénophobie) — de tentation d’organiser un système totalitaire engageant toute la population, comme en Italie ou en Allemagne. Son exil au Portugal de Salazar n’en prend, dès lors, que plus de signification.

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