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Internationales ouvrières

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Internationales ouvrières, nom donné à plusieurs associations formées pour unir les organisations socialistes et communistes du monde entier.

Ces associations reposent sur l’idée que la croissance des forces productives conduit à la suppression des barrières nationales, la seule force capable de briser le cadre de la nation étant le prolétariat. L’Association internationale des travailleurs (AIT) est la traduction concrète de cette idéologie.

2   IRE INTERNATIONALE
2.1   Naissance et organisation

Les actions des trade unions britanniques (attachés à la solidarité internationale des travailleurs, car ils redoutaient que des ouvriers du continent ne viennent briser leurs grèves à l’appel du patronat), plus que celles de Karl Marx, qui vivait alors à Londres, permettent en 1864 la constitution, au meeting de St. Martin’s Hall, de la première Association internationale des travailleurs.

L’organisation regroupe des adhérents individuels, des formations politiques, des syndicats et groupements parasyndicaux, des coopératives et même des mouvements nationalistes. Elle réunit des Britanniques, des Allemands, des Français, des Italiens, des Suisses, des Espagnols, soit environ 100 000 personnes en 1870. Dirigée par un Conseil général siégeant à Londres, qui convoque des congrès annuels, elle est représentée dans chaque pays par un bureau national. L’information circule entre les différentes sections. L’AIT a pour mission de rédiger des déclarations sur des problèmes politiques précis et de soutenir financièrement les grèves.

2.2   Dissensions et limites de la Ire Internationale

Au congrès de Bruxelles, en 1868, une majorité marxiste se dégage (collectivisation des chemins de fer, des mines et carrières, nationalisation du sol). Dès le début, cependant, les disciples de Pierre Joseph Proudhon et les anarchistes partisans de Mikhaïl Bakounine s’opposent au modèle de Marx d’un État centralisé dominé par les travailleurs. Bakounine provoque une crise dans l’organisation en dénonçant les manières despotiques de Marx et en proposant la création d’une « Internationale anti-autoritaire «. Les dissensions portent également sur le conflit franco-allemand. Le congrès de Bruxelles avait pris une position ferme contre la guerre ; l’Internationale, en revanche, soutient l’Allemagne comme pays agressé en juillet 1870. La section jurassienne derrière Bakounine manifeste son choix pour la République française (septembre 1870). En définitive, Marx l’emporte au congrès de La Haye en 1872 : les anarchistes de Bakounine sont alors exclus de l’Internationale. À la suite de la scission entre marxistes et anarchistes, il est décidé de transférer le Conseil général aux États-Unis. En fait, ébranlée par cette scission et dépourvue de base solide dans la classe ouvrière, l’Internationale ne peut entreprendre aucune action décisive. Elle est formellement dissoute en 1876 à Philadelphie. Bien qu’elle ait inquiété les cercles politiques de droite en Europe, elle n’a jamais compté plus de 25 000 membres. Il s’agissait désormais de mettre sur pied une nouvelle organisation fondée sur une conception plus centralisatrice et plus homogène de l’internationalisme.

3   IIE INTERNATIONALE
3.1   Fondements de la IIe Internationale

En 1889, deux congrès socialistes ont lieu à Paris à l’occasion du centenaire de la Révolution française. L’un d’eux, inspiré par le Manifeste du parti communiste de Marx, constitue la IIe Internationale. Fédération de partis de masse, la nouvelle organisation ne se dote d’un bureau de coordination, le Bureau socialiste international (Bruxelles), qu’en 1900. Elle est conçue à l’origine comme un simple cadre pour des rencontres périodiques et non comme un organisme puissant et structuré à vocation révolutionnaire. Elle se réunit neuf fois à intervalles irréguliers avant la Première Guerre mondiale. La lutte des classes comme principe fondamental est adopté au congrès de Bruxelles de 1891. L’Internationale décide que le 1er mai sera chaque année un jour de manifestations internationales en vue de faire aboutir des revendications communes, dont, tout d’abord, la journée de huit heures (congrès de Zurich, 1893).

Les anarchistes sont exclus au congrès de Londres de 1896, laissant les marxistes, surtout allemands, maîtres incontestés du mouvement. Il s’agit d’une confédération de partis socialistes organisés pour conquérir le pouvoir politique dans les parlements nationaux sur une base locale et non plus spécifiquement ouvrière. L’expansion de la IIe Internationale se produit essentiellement en Europe. La propagande des partis socialistes, dont les cadres sont pourtant souvent des intellectuels, s’oriente en direction des ouvriers. À la veille de la Première Guerre mondiale, la IIe Internationale compte 3,5 millions d’adhérents. Elle se heurte, malgré son expansion, à d’importants problèmes internes.

3.2   Divisions internes et échec de la IIe Internationale

La IIe Internationale est profondément marquée par le débat qui sépare alors « réformistes « ou « révisionnistes « et « marxistes orthodoxes «, c’est-à-dire révolutionnaires. Le réformisme se développe particulièrement en Allemagne, où il trouve ses principaux théoriciens. Il cherche à corriger ou à compléter la pensée de Marx en fonction de la nouvelle politique sociale de Guillaume II et de l’évolution économique marquée par le renversement de la conjoncture.

En 1899, le dirigeant socialiste allemand Eduard Bernstein publie son Socialisme théorique et Social-démocratie pratique, une révision des enseignements de Marx rejetant le concept de la révolution inévitable et proposant de collaborer avec les partis non marxistes pour faire progresser les acquis du socialisme. Il critique la « rigidité « du déterminisme historique et considère, contrairement à Marx (voir Marxisme), qu’il n’y a pas d’aggravation de la lutte des classes. Pour lui, une révolution comme la Révolution française n’est plus possible dans les pays développés. Il faut tendre la main aux bourgeois libéraux et introduire des fragments de socialisme dans le capitalisme. De nombreux marxistes français adoptent la même attitude. Ainsi, en 1899, le socialiste français Alexandre Millerand accepte un poste dans un cabinet non socialiste, celui de Pierre Waldeck-Rousseau. De même, Jean Jaurès se refuse à tout ramener à l’évolution économique et à la lutte des classes. De son côté, Karl Kautsky, chef de file des marxistes allemands orthodoxes, s’oppose aux vues de Bernstein.

Ce débat est la cause de profondes divisions et d’une certaine indécision quant à la politique à mener sur le terrain. Ainsi la grève générale est-elle rejetée par les socialistes allemands qui en dénoncent l’aspect anarchiste. De plus, l’Internationale ne prend pas de position ferme sur l’impérialisme et le nationalisme, en raison de l’évolution de la social-démocratie allemande, devenue favorable à la colonisation.

Un conflit parallèle mine les efforts de l’Internationale pour éviter une guerre européenne. Idéologiquement gagnés au pacifisme et à l’internationalisme, les socialistes européens ne peuvent accepter l’idée d’une défaite de leurs nations respectives, dans lesquelles ils constituent des sous-groupes reconnus. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, les allégeances nationales se révèlent plus fortes que l’appartenance de classe, et la plupart des socialistes soutiennent l’effort de guerre de leurs gouvernements respectifs. L’Union sacrée, réalisée en 1914, entraîne la faillite de la IIe Internationale. Au lendemain de la guerre, plusieurs partis socialistes fondent une Internationale II et demie, rejetant la IIe Internationale qui ne s’est pas opposée au conflit mondial et la IIIe Internationale créée par les bolcheviks. Mais, dès 1923, ils se rapprochent de la IIe Internationale et fusionnent avec elle dans une Internationale ouvrière socialiste qui regroupe, durant l’entre-deux-guerres, les principaux partis socialistes d’Europe.

4   IIIE INTERNATIONALE

Le 2 mars 1919, à la suite de la révolution russe, Lénine, le chef bolchevique du gouvernement soviétique, organise une nouvelle Internationale, avec pour objectif d’aider les révolutionnaires européens en les regroupant dans une organisation commune destinée à remplacer la IIe Internationale. Malgré le faible nombre de délégués et surtout l’absence des représentants des grandes organisations socialistes d’Europe occidentale, méfiants envers le bolchevisme et hostiles à la dictature du prolétariat, la Conférence décide de se constituer en IIIe Internationale, dite Internationale communiste ou Komintern. Le congrès fondateur élit comme président Grigori Zinoviev, l’un des lieutenants de Lénine, et nomme un comité exécutif pour assurer la continuité entre les congrès successifs. Le deuxième congrès (1920) adopte vingt et une conditions d’entrée pour les partis nationaux, qui reflètent l’importance attribuée par Lénine à l’obéissance inconditionnelle. Ces vingt et une conditions draconiennes d’adhésion engendrent la scission des partis socialistes.

À l’époque de la mort de Lénine en 1924, la marée révolutionnaire a reculé en Europe et les rêves d’une révolution socialiste mondiale ont commencé à faire place aux idées plus étroitement nationalistes du successeur de Lénine, Joseph Staline. Pour Staline, le Komintern ne constitue qu’un moyen de protéger son pouvoir absolu à l’intérieur et d’augmenter l’influence soviétique à l’étranger. Les changements d’orientation radicaux et apparemment inexplicables de la politique du Komintern, particulièrement en ce qui concerne la coopération politique avec des partis non communistes, sont dictés par les intrigues domestiques de Staline et ses stratégies de politique étrangère. Pour rassurer ses alliés britanniques et américains pendant la Seconde Guerre mondiale, Staline n’hésite pas à dissoudre le Komintern (mai 1943).

5   IVE INTERNATIONALE

La IVe Internationale, comparativement de moindre importance que les précédentes, est fondée en 1938 sur l’initiative de Trotski et de ses partisans, opposés à Staline. Après l’assassinat de Trotski (1940), elle est reprise par les communistes belges, mais de profondes divergences provoquent des scissions et la rendent inefficace après 1953.

6   BUREAU D'INFORMATION DES PARTIS COMMUNISTES (KOMINFORM)

En octobre 1947, l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), dans le nouveau contexte créé par la guerre froide, organise en Pologne une réunion des représentants de neuf partis communistes, ceux de l’URSS, de l’Italie, de la France et de six pays de la zone d’influence soviétique (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et Yougoslavie). C’est à cette occasion qu’est fondé le Kominform, reconstitution du Kominterm, officiellement pour centraliser les informations d’intérêt commun, mais en réalité pour servir d’instrument de la politique stalinienne, particulièrement en Yougoslavie où le dirigeant communiste Tito a adopté une attitude indépendante, et au moment où l’influence américaine, fondée sur la doctrine Truman et sur le plan Marshall, vient contrecarrer la politique d’expansion de l’URSS en Europe. Le Kominform se propose de publier une revue dont le titre a été choisi par Staline lui-même : « Pour une paix durable, pour une démocratie populaire «. Bien que le quartier général du Kominform ait d’abord été installé à Belgrade, la détermination de Tito à établir l’indépendance de la Yougoslavie provoque l’exclusion de son parti en juin 1948. Le Kominform est dissous le 17 avril 1956 dans le cadre des efforts de Nikita Khrouchtchev pour réconcilier l’URSS et la Yougoslavie. Cette dissolution se fait dans le contexte du début de la détente entre les deux blocs.

Après cette date, l’Internationale communiste n’a plus d’instance officielle mais se manifeste lors de rencontres entre les partis communistes du monde entier. À partir des années soixante, Moscou n’est plus en mesure de réaliser l’unanimité autour d’elle.

L’échec des Internationales ouvrières est dû en grande partie à une incompatibilité entre la théorie de la solidarité supranationale de la classe des travailleurs et la réalité des rivalités nationales à l’intérieur du mouvement socialiste. Après la Seconde Guerre mondiale, les socialistes et les communistes ont essayé de s’identifier, en théorie comme en pratique, avec les traditions et les aspirations nationales.

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