INTRODUCTION GÉNÉRALE A LA MORALE

Dans le langage courant le terme « morale » a un sens précis : « Un manquement à la morale... », faire de la morale à quelqu'un..., « la morale de notre époque »... etc. sont des expressions ou morale est pris dans le sens de « ensemble des règles de la conduite telles que es sont admises dans un groupe ou un milieu donné ou telles qu elles sont admises par la conscience commune ». La morale est donc, au sens le plus commun, le corps des principes de la conduite approuves par la généralité des consciences, l’art de se conduire « bien ». Cette morale dont l’application pratique est la bonne conduite, permet également le jugement critique « du point de vue moral », c est-à-dire du point de vue des règles de la morale.

 

Or c’est dans un sens différent qu’on parlera ici de morale. On devrait d’ailleurs dire « Philosophie morale » et non pas « morale » ; elle est en effet non pas l'enseignement des règles de la bonne conduite, mais la réflexion philosophique sur les règles que se proposent les hommes ou sur les implications de ce qu’ils appellent * se conduire bien ou se conduire mal ». C’est parce qu’elle est une réflexion méthodique, rationnelle et critique, sur la conduite humaine en tant que celle-ci se soumet à des valeurs (par ex. le bien) qu’elle est considérée comme une science, la science des valeurs ou axiologie. L’enseignement de la morale dans les établissements de l’enseignement secondaire et supérieur n’est pas, par conséquent, un sermon sur la bonne conduite. Le désintérêt que certains étudiants manifestent a priori pour la morale vient d’une contamination subconsciente des deux sens du mot, le sens commun et le sens philosophique ; leur rébellion contre leur milieu ou contre le conformisme, leur désir de s’émanciper des contraintes se transfère, et se traduit par une méfiance illégitime envers la philosophie morale. Celle-ci leur propose au contraire une réflexion critique sur les notions morales, une mise en question des valeurs que les hommes se fixent comme fins de leur conduite, ou des solutions que les grands philosophes ont apportées au problème moral (on peut parler dans ce sens de leur « morale » : la morale d'Epicure, la morale de Kant, la morale de Nietzsche etc.).