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ISAÏE

Publié le 26/08/2015

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Livre de l' « Ancien Testament « (y. Bible), attribué, comme l'indique le titre même, au prophète Isaïe, fils d'Amos (vme-vne siècle avant J.-C.). Il embrasse 66 chapitres, et se rapporte princi-palement à. la captivité de Babylone, au retour de l'exil et au Messie. Le premier chapitre est comme l'annonce du thème, ou mieux le résumé de toute l'oeuvre. Le poète lance des invectives contre les désordres de Juda, et il censure âpre-ment chez ses compatriotes l'ignorance et la négligence des choses du Seigneur, la morgue, l'égoïsme, l'insensibilité à, l'égard des frères malheureux, la fraude, la sensualité et, particu-lièrement, l'inclination au culte idolâtrique. Souvent, il oppose aux Juifs, que Dieu repousse et oublie, les païens appelés à, leur tour à, la nouvelle foi. La prophétie se divise en deux parties : La première (I, 1-XXXIX, 8) nous pré-sente les menaces de Dieu et comprend deux sections, dont la première (I, 1-XXXV, 10) rap-porte les prédictions d'Isaïe sur Juda, sur Jéru-salem et sur Emmanuel (le Messie) (I, 1-XII, 6), les oracles contre les nations (XIII, 1-XXIII, 18)

et, en dernier lieu, la prophétie relative à la consommation des choses (XXIV, 1-XXXV, 10). La seconde section de la première partie (XXXVI, I-XXXIX, 8) relate l'histoire d'Ézéchias libéré des Assyriens, guéri d'une maladie et réprimandé par le prophète. La seconde partie (XL, 1-LXVI, 34) déeloppe ce thème : la punition est sur le point de finir, l'iniquité est effacée, le salut est arrivé ; on a la certitude de la rédemption par l'exil et de la victoire du royaume théocra-tique (XL-XLVIII) : le serviteur de Jahvé, le Messie, sera la victime expiatoire et connaîtra les souffrances de la passion (XLIX-LVII). C'est ici, surtout lorsqu'il prédit la vocation des Gentils et annonce le salut du Nouvel Adam, qu'Isaïe atteint à des accents véritablement mystiques.

Orateur vigoureux et éloquent, le prophète sait trouver les comparaisons les plus audacieuses et donner aux figures les plus communes une élé-gance et une expression poétique admirables. Ses périodes sont toujours finies et comme polies, sans âpreté et d'un rythme aisé. Noblesse de la pensée et splendeur de la forme, telles sont les qualités maîtresses de son livre. Pour donner plus de force à ses idées et à ses sentiments, il recherche des assonances à effet : « Kebodo yegod yecod Kyqod « : « Et, sous sa magnificence, éclatera un embrasement, comme l'embrasement d'un feu « (X, 16). Son style n'est jamais prolixe ni monotone, même s'il advient que les discours s'enchaînent aux discours. Écrivain maître de sa matière, il respecte cette règle d'or : savoir se borner. S'adressant en un langage direct à ses auditeurs, il sait être incisif et sarcastique (par ex., lorsqu'il parle des idoles) ; il sait, sous forme de courtes sentences, présenter l'image de ce qui est vain, dissipant en un éclair les plus fortes illusions du peuple. Il nous dépeint l'ère messia-nique en de gracieuses visions ; sous nos yeux défilent de calmes tableaux admirablement brossés ; l'atmosphère y est paisible et les cou-leurs douces, on y trouve des motifs idylliques d'une vive fraîcheur et des images de perpétuel printemps. Ainsi, dans le magnifique poème de la paix messianique (XI, 5-6), il écrit : « La justice sera la ceinture de ses reins, et la loyauté enserrera ses flancs. Alors le loup habitera avec l'agneau, et la panthère se couchera près du

che ireau ; le veau et le lionceau brouteront côte à. côte ; et un petit enfant les mènera «. « La

génisse et l'ourse seront amies : leurs petits gîteront ensemble, Le lion se nourrira de la paille comme le boeuf. Le nourrisson s'ébattra près du trou de la vipère et sur le repaire de l'aspic l'enfant sevré étendra la main « (XI, 7-8).

La notable différence de style et de sujet existant entre la première et la seconde partie du livre a fait supposer à bien des critiques que cette oeuvre ne serait pas celle d'un seul auteur. La thèse rationaliste s'en tient, à ce sujet, à la négation pure et simple du caractère prophétique du livre : c'est ainsi que, pour la seconde partie, où apparaît explicitement le nom de Cyrus, lequel vécut beaucoup plus tard, et où l'on trouve les prophéties relatives à l'exil de Babylone, l'auteur serait, selon la thèse rationa-liste, un dénommé Deutéro-Isaïe, qui vécut à, une époque postérieure. Cependant, nous avons des preuves, en faveur de l'authenticité du second livre, dans le « Nouveau Testament « (Isaïe, XL, 3 est cité dans saint Marc I, 3 ; Isaïe XLIT, 1-4 dans saint Matthieu XII, 18-21 ; Isaïe LIII, 1, dans saint Jean XII, 38, etc.). D'autre part, il est peu probable qu'un présumé Deutéro-Isaïe, qui aurait vécu après la captivité babylonienne, ait pu se montrer si familier de lieux et de choses de Palestine.

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