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J. Nabert et la liberté

Publié le 22/02/2012

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Le roman laissera-t-il perdre l'exemple de La Princesse de Clèves? Le réalisme d'un caractère s'y concilie avec la libre inspiration d'une décision qui engage toute une vie et se renouvelle à travers une suite d'actes, en vérifiant sa profondeur sur les idées morales par lesquelles elle s'explique ou se justifie et sur les résistances psychologiques et affectives qu'elle suscite. Par l'aveu qu'elle fait de ses sentiments, pour y mieux résister, la princesse de Clèves s'engage dans la plus grave des résolutions, sans en avoir eu. si l'on peut dire, le dessein, tant il y a, dans sa conduite, de nouveauté qui ne s'accorde pas avec le train ordinaire des sentiments et de la vie; mais elle ne peut s'assurer de l'âme de liberté qui est dans son acte que par l'exhaussement de vie spirituelle qu'il produit, à mesure qu'il ordonne à soi, sans les prédéterminer, toutes les autres décisions et qu'il s'enrichit, dans le progrès intérieur de la réflexion, de toutes les raisons de la morale et du devoir. Seulement, ces raisons ne sont elles-mêmes inépuisables que parce qu'elles se développent à partir d'un acte qui, certes, ne leur est pas extérieur, et cependant laisse passer un clément de liberté. Aussi, de ce premier acte, il est vrai de dire qu'il ne peut être annexé ni par le déterminisme psychologique ni par la liberté morale.

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