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Jeunes-Turcs

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Jeunes-Turcs, mouvement révolutionnaire ottoman réclamant la restauration de la Constitution de 1876, qui a provoqué la révolution de 1908 et dirigé la politique de l’Empire ottoman jusqu’à la défaite face aux Alliés, lors de la Première Guerre mondiale, en novembre 1918.

2   LES ORIGINES

Mouvement de nature complexe, la révolution des Jeunes-Turcs a pour origine le déclin progressif de l’Empire ottoman tout au long du xixe siècle et l’échec des réformes menées dans le cadre du Tanzimat pour enrayer ce déclin.

Précurseurs des Jeunes-Turcs, les « Jeunes-Ottomans «, dont le plus célèbre est l’écrivain Namik Kemal, s’opposent aux réformistes du Tanzimat à qui ils reprochent, en occidentalisant trop l’Empire, de favoriser par contrecoup une pénétration plus rapide et plus profonde des États européens. Namik Kemal défend notamment l’idée d’une patrie ottomane (et non pas turque), englobant les différentes nationalités dans un même État — ce que la Constitution adoptée en 1876 doit permettre — et s’appuyant davantage sur la tradition musulmane.

Cependant, dès 1878, le sultan Abdülhamid II suspend la Constitution et réprime violemment tout mouvement réformiste.

Toutefois, la présence occidentale continue de se renforcer tandis que le sultan, loin de s’y opposer, apparaît plus soucieux d’exalter sa fonction religieuse, s’efforçant de reconstituer l’unité islamique de l’Empire sous son califat. Cette situation favorise l’essor entre 1890 et 1908 d’un nouveau mouvement d’opposition, les Jeunes-Turcs, qui se constitue pour partie à l’intérieur de l’Empire (Istanbul, Salonique) et pour partie à l’extérieur (Genève, Le Caire, Paris).

Publiant leur programme à Paris en 1895, les Jeunes-Turcs entendent mener une révolution semblable à celle de 1789 en France et s’adressent principalement à la bourgeoisie ottomane, c’est-à-dire, aussi bien à la bourgeoisie turque que grecque, arménienne ou juive, toutes ces nationalités composant alors l’Empire.

Le Comité Union et Progrès (CUP), est fondé en 1895 à Salonique par Tal’at bey et Rahmi bey, constituant la plus importante des organisations appartenant à l’ensemble Jeunes-Turcs. Le CUP recrute parmi les corps de fonctionnaires civils et militaires. À partir de 1907, ce comité prend une coloration plus militaire avec l’adhésion d’officiers de l’armée turque tels Enver, Niazi, Djamal et le jeune Mustafa Kemal (qui ne joue cependant pas à l’époque un grand rôle).

3   LA RÉVOLUTION DE 1908

Inquiet de cette agitation, le sultan envoie en 1908 des agents pour enquêter en Macédoine sur ce mouvement. Se sachant découverts, certains officiers, membres du CUP, entrent en guérilla avec leurs hommes et rallient une partie de la population. La révolte prend de l’ampleur. Le sultan, afin d’enrayer le mouvement, annonce alors en juillet 1908 la convocation du Parlement et la remise en vigueur de la Constitution de 1876. Les Jeunes-Turcs triomphent ; s’ouvre alors une ère nouvelle pour l’Empire, marquée par l’avènement de la démocratie, ainsi que de l’idée de justice sociale et plus encore de fraternité entre les peuples. Mais cette victoire est de courte durée. Profitant de la désorganisation de l’Empire due à la révolution, l’Autriche annexe officiellement la Bosnie-Herzégovine, tandis que la Bulgarie proclame son indépendance et la Crète son rattachement à la Grèce. Accusé de brader l’Empire, le CUP au pouvoir est également confronté à l’opposition des populations musulmanes qui reprochent aux Jeunes-Turcs de s’être alliés aux chrétiens, aux juifs et aux francs-maçons. En avril 1909, le sultan, croyant pouvoir s’appuyer sur l’agitation musulmane à Istanbul, mène une contre-révolution, se traduisant par la dissolution du Parlement et l’arrestation de plusieurs membres du CUP.

La réaction des Jeunes-Turcs ne se fait pas attendre. À la tête d’une armée en provenance de Macédoine, Mahmoud Chevket pénètre dans Istanbul le 24 avril 1909, et dépose peu après le sultan Abdülhamid auquel succède Mehmet V, sans pouvoir réel.

4   LE NATIONALISME AUTORITAIRE ET LE « TRIUMVIRAT «

L’évolution de la situation dans les Balkans, et surtout les deux guerres balkaniques (1912-1913) qui voient l’Empire ottoman perdre l’essentiel de ses possessions en Europe, contribuent à modifier le rapport de forces entre libéraux et unionistes au sein des Jeunes-Turcs.

Pour les premiers, il s’agit d’établir une structure fédérale afin d’assurer le ralliement des minorités à la citoyenneté ottomane, mais l’attitude des puissances étrangères qui soutiennent les communautés non turques et favorisent l’éclatement de l’Empire, et l’action des minorités qui préfèrent le plus souvent accéder à l’indépendance, amènent les unionistes, partisans d’une structure unitaire de l’Empire, à durcir leur position face aux nationalités et à se faire les défenseurs d’un panturquisme de plus en plus autoritaire.

La défaite définitive des libéraux a lieu en 1913, après l’assassinat du grand vizir Mahmoud Chevket le 21 juin. Le pouvoir passe à un triumvirat constitué par Tal’at, Djamal et Enver.

Dès lors, la promotion de plus en plus exclusive d’un nationalisme strict qui se traduit par une répression accrue à l’égard des minorités, conforte l’autoritarisme du triumvirat qui, par hostilité à la France, à la Grande-Bretagne et à la Russie, jugées responsables du démantèlement de l’Empire, entre aux côtés de l’Allemagne, dans la Première Guerre mondiale.

La défaite face aux Alliés en 1918 et la demande d’armistice entraînent la démission d’Enver Pacha et marque la fin du mouvement Jeunes-Turcs.

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