Devoir de Philosophie

Jorge Luis Borges et de sir Arthur Conan Doyle

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

doyle
Borges est de ces écrivains dont l'existence est si exclusivement vouée à la littérature que leur histoire est celle de la succession de leurs oeuvres. Quelques dates essentielles : écrivain d'avant-garde et " ultraïste " vers 1920, surtout poète et critique jusque vers 1930, plus tard auteur de nouvelles. Vers 1940, il commence à publier les contes métaphysiques. En 1950, il devient président de la Société des écrivains argentins. En 1955, il est nommé professeur à la faculté des Lettres de Buenos Aires, et directeur de la Bibliothèque nationale et membre de l'Académie argentine. En 1961, il reçoit le prix international Formentor. Les premiers contes de Borges sont assez conformes aux traditions du genre, mais ensuite, en introduisant en quelque sorte la pensée ébauchée dans ses premiers essais, c'est moins une histoire qu'il raconte qu'une découverte spirituelle, l'approche de quelque énigme ou contradiction de l'univers qu'il propose. Conte et essai sont faits de la même substance, ils se répondent l'un l'autre comme un enchaînement de pensées. L'esprit s'interroge devant les agencements des choses. De là les formes utilisées par Borges, de la ramification et de la subdivision infinies, les récits à tiroirs et significations successives, le thème du labyrinthe, où se mêlent les idées d'infinité et de tromperie. Dans l'un des récits des " Fictions " intitulé Funes el memorioso, un paysan uruguayen doué d'une mémoire illimitée et totale, est à la fois capable en principe d'évoquer tout le passé dans tous ses détails, et, en fait, incapable d'accomplir cette tâche, faute de trouver dans le temps même le temps de revivre le temps... Un autre texte de ces " Fictions ", intitulé Les Ruines circulaires, montre un magicien créant un homme, lui donnant la vie, une vie illusoire à vrai dire, car cette créature, sans s'en douter, n'est qu'un fantôme. Son créateur le vérifie en voyant que le feu ne la brûle pas. Alors l'angoisse l'étreint. Il n'est peut-être lui aussi que la création irréelle d'un vivant, le rêve d'un autre... Le monde auquel Borges a affaire est un monde dont la conscience n'a pas le secret, et dont la loi inconnue rend illusoire jusqu'à notre moi. Borges ou le vertige de l'intelligence... Le monde auquel ont à faire les personnages de sir Arthur Conan Doyle est d'un tout autre ordre. Et si le mystère est à l'ordre du jour pour chacune des enquêtes de Sherlock Holmes, celui-ci demeure déchiffrable. Le fantastique n'est guère qu'une illusion que la déduction et la raison dissipent. Doyle, s'il s'est inspiré de multiples modèles dont la tradition anglaise du roman noir et les livres de Gaboriau, a donné au roman policier et aux enquêtes qu'il exige une forme qui, longtemps, n'a pas été remise en cause.

Liens utiles