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Juan Carlos Ier

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Juan Carlos Ier (1938- ), roi d'Espagne depuis 1975, dont l'action et la personnalité ont joué un rôle déterminant dans la transition du pays vers la démocratie, après la disparition du général Franco.

2   JEUNESSE ET FORMATION

Né à Rome, où sa famille vivait en exil depuis 1931, date de l'instauration du régime républicain, Juan Carlos est le petit-fils du roi Alphonse XIII, fils de don Juan de Bourbon, futur comte de Barcelone et prétendant au trône à la suite de l'effacement de ses frères aînés et de Maria de Las Mercedes de Bourbon et Orléans, princesse des Deux-Siciles.

Après la promulgation en 1947 du Manifeste déclarant l'Espagne royaume catholique et faisant du général Franco son chef (caudillo), tout en ménageant l'avenir du principe monarchique, une rencontre secrète a lieu entre le chef de l'État et le comte de Barcelone, au cours de laquelle ce dernier est autorisé à envoyer son fils en Espagne pour qu'il y poursuive ses études et sa formation militaire. Ce geste fait du jeune prince l'un des successeurs possibles de Franco, qui désire donner toutes ses chances à un éventuel retour de la dynastie des Bourbons, tout en choisissant le moment où il se dessaisira du pouvoir.

En 1962, le prince Juan Carlos épouse la princesse Sophie de Grèce, fille du roi Paul Ier et sœur du futur roi Constantin II. Le couple a trois enfants, les princesses Hélène (1963- ) et Christine (1965- ), et le prince Philippe (1968- ), devenu officiellement l'héritier du trône à l'âge de dix-huit ans.

3   UN ROI CONSTITUTIONNEL

En 1969, après avoir prêté serment devant les Cortes, Juan Carlos est reconnu comme « prince d'Espagne « et héritier de la couronne. Mais aussi comme le successeur officiel de Franco, avec lequel il s’affiche symboliquement, comme lors du défilé de la victoire en 1964. Dès lors, il remplit diverses obligations officielles et, en 1972, supplée même le général Franco, malade, pendant quelques mois. Chef provisoire de l'État pendant l'agonie du dictateur, il prête serment deux jours après la mort de celui-ci, le 22 novembre 1975, devenant l’héritier officiel de Franco.

Mais, refusant de s'appuyer sur les forces conservatrices qui entendent pérenniser l'héritage du franquisme, il prend rapidement une série de mesures symboliques (amnistie des prisonniers politiques, légalisation du Parti communiste) montrant son ambition de faire de l'Espagne un régime démocratique. Promulguée en 1978, la nouvelle Constitution fonde en effet une monarchie parlementaire, ne reconnaissant plus le catholicisme comme religion d'État et consacrant les principales libertés (liberté de la presse au premier chef, ainsi que, par exemple, le droit à l'avortement).

En février 1981, lors de la tentative de coup d'État du lieutenant-colonel Tejero (avec 200 gardes civils, il occupe les Cortes pendant deux jours), l'attitude extrêmement ferme du monarque, manifestant son attachement aux nouvelles institutions, lui vaut une immense popularité, que ne dénie pas l’ensemble de son action nationale et internationale. Ainsi, en 1982, le prestigieux prix Charlemagne récompense son engagement européen (l’Espagne adhère officiellement à la Communauté économique européenne (CEE) en 1986). Également soucieux de renforcer les liens de l'Espagne avec l'Amérique latine au nom de l'identité hispanique, Juan Carlos n’oublie pas d’accompagner la modernisation économique, culturelle et sociale du pays, en jouant par exemple un rôle fondamental dans la genèse de l’Exposition universelle de Séville en 1992.

4   HÉRITIER FIDÈLE OU INFIDÈLE ?

Telle était la question qui se posait en 1975, en une époque ou l’Espagne ne connaissait que très peu la personnalité de Juan Carlos. Le risque de la fidélité signifiait en effet que Juan Carlos, alors détenteur de tous les pouvoirs constitutionnels, pouvait à son tour se comporter en potentat, en s’appuyant sur les rouages du pouvoir franquiste. Avec vingt-cinq ans de recul, l’histoire prouve clairement qu’il s’est fondamentalement comporté en infidèle, en champion de la renaissance démocratique. Il faut cependant insister sur le fait qu’il partage cette infidélité avec un autre homme clef de la transition modèle des années 1970-1980 : Adolfo Suárez González (qui a dirigé le gouvernement de 1976 à 1981).

Les choix politiques et moraux de Juan Carlos ont donc clairement permis à l’Espagne, désormais européenne et rehaussée dans son prestige par les grands événements que sont les jeux Olympiques de Barcelone et l’Expo’92 de Séville, d’avoir recouvert son honneur d’avant la sombre parenthèse de la dictature, de s’être enfin dégagée d’une histoire faite de séismes permanents depuis le xixe siècle.

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