Juárez, Benito Pablo

Juárez, Benito Pablo (1806-1872), homme d’État mexicain, président du Mexique (1861-1863 et 1867-1872).

Né à San Pablo Guelatao (village de montagne près d’Oaxaca) dans une famille d’Indiens zapotèques, Benito Pablo Juárez commence à travailler très jeune comme domestique à Oaxaca. Diplômé en droit — il entre à l’université grâce à un bienfaiteur qui l’imagine faire carrière dans les ordres —, il ouvre un cabinet d’avocat à Oaxaca avant de se lancer dans la vie politique.

En 1847, Benito Juárez devient gouverneur de l’État d’Oaxaca, poste qu’il conserve jusqu’en 1852. L’année suivante, lorsque le général prend le pouvoir, il est emprisonné un temps puis s’enfuit à la Nouvelle-Orléans (États-Unis). En mars 1854, Juárez rédige le plan d’Ayutla, un manifeste qui préconise la création d’une assemblée constituante au sein d’une constitution fédérale. Il rentre au Mexique en 1855 pour prendre part à la révolution d’Ayutla, au cours de laquelle les libéraux renversent le dictateur. Devenu secrétaire d’État à la Justice dans le nouveau gouvernement, il met en œuvre un grand nombre de réformes libérales introduites dans la Constitution de 1857.

En 1858, Juárez devient président provisoire du Mexique, après qu’une révolte des conservateurs a éclaté. Mais il est rapidement contraint de fuir Mexico et d’établir le nouveau siège du gouvernement à Veracruz. Là, il prépare de nombreuses réformes radicales, telles que la séparation de l’Église catholique et de l’État, la nationalisation des biens ecclésiastiques et la suppression des ordres religieux.

Vainqueur des forces conservatrices en 1860 et en 1861, il peut de nouveau établir son gouvernement à Mexico, avant d’être élu constitutionnellement président.

En 1861, afin de faire face au chaos financier causé par cinq années de guerre civile, Benito Juárez suspend les paiements aux créditeurs étrangers. En réaction — et répondant à l’appel des conservateurs évincés du pouvoir —, la France, l’Espagne et le Royaume-Uni interviennent alors militairement et font débarquer des troupes à Veracruz. Par l’accord de Soledad (19 février 1862), Juárez obtient le départ des Britanniques et des Espagnols, mais les forces françaises de Napoléon III refusent le traité et prennent Mexico. Instrument de la diplomatie de l’empereur français, l’archiduc d’Autriche est couronné empereur du Mexique en 1864. Déchu dès 1863, Juárez s’est retiré avec son gouvernement dans le nord du pays et, après ce nouvel exil intérieur, poursuit la résistance armée aux troupes françaises, avec l’aide financière et matérielle des États-Unis.

En 1867, alors que la France menacée par la Prusse se désengage au Mexique, les libéraux de Juárez parviennent à reconquérir le pays et le pouvoir. Au départ des troupes françaises, Juárez revient à Mexico, fait emprisonner Maximilien — qui est fusillé à Querétaro le 19 juin 1867 — et recouvre le pouvoir après sa réélection à la présidence. Toutefois, il doit faire face à de nombreuses résistances qu’il réprime violemment.

En 1871, un candidat battu par Juárez fomente une nouvelle révolte. Juárez passe les derniers mois de sa vie à lutter contre Díaz, mais meurt d’apoplexie en juillet 1872, à Mexico. L’impopulaire Sebastián Lerdo de Tejada (1823-1889) lui succède, avant de tomber lui-même devant Porfirio Díaz, en 1876.

L’histoire a fait de Benito Juárez un véritable héros, dont le culte est un élément important du sentiment national mexicain au xx^e siècle. Alors qu’il a été réprouvé de son vivant, il est entré depuis lors au Panthéon national et est considéré comme le véritable père fondateur de la République mexicaine.