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La conférence de Potsdam

Publié le 22/02/2012

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potsdam
17 juillet-2 août 1945 - Au retour de Yalta en février 1945, Roosevelt et Churchill ne désespéraient pas de parvenir à une sorte d'entente avec leur difficile partenaire, Staline. En juillet à Potsdam, après seize jours de négociations, il ne restait pas grand-chose de cette lueur d'espoir. La négociation avait été dure, le bilan peu satisfaisant. L'ennemi une fois vaincu, l'alliance n'avait plus de sens. Surtout la paix en Europe n'avait pas l'air d'une vraie paix. Le printemps de la victoire est pour Churchill celui de la plus grande inquiétude. La façon dont, entre Yalta et Potsdam, la Pologne, alliée de l'URSS, est contrainte de se plier aux exigences de son libérateur, est pour lui un test. Il insiste pour une rencontre à trois le plus tôt possible mais Truman a besoin d'un délai, Staline, lui, n'est pas pressé. " On n'est pas rassuré, écrit Churchill à Staline le 29 avril 1945, lorsqu'on envisage un avenir où vous, et les pays que vous dominez, plus les partis communistes dans beaucoup d'autres pays, seriez tous d'un côté tandis que les nations rassemblées autour des pays de langue anglaise, leurs associés et dominions, seraient de l'autre ! Cette querelle conduirait le monde à la ruine et tous ceux d'entre nous qui, d'un côté ou de l'autre, auraient une part de responsabilité en porteraient la honte devant l'Histoire ". La réponse de Staline, le 5 mai, est sèche : " je dois vous dire franchement, écrit-il en conclusion, que votre attitude exclut la possibilité d'un accord sur la Pologne. " Au Etats-Unis, Truman vient de succéder à Roosevelt. Il avance comme à tâtons, un pas à droite, un autre à gauche. Selon plusieurs de ses conseillers, les Etats-Unis doivent éviter d'être à la remorque du vieil impérialisme britannique. Par-dessus l'amitié anglo-américaine ? Comme avant Yalta, on évite toute consultation approfondie avec les Anglais pour ne pas susciter la méfiance du troisième partenaire. L'URSS se prépare à la négociation à sa façon. En Pologne se multiplient les " faits accomplis ". En mars, remise à l'administration polonaise des territoires allemands situés à l'est de l'Oder et de la Neisse le 11 avril, alliance militaire de vingt ans avec le gouvernement de Varsovie, celui qu'on s'est engagé à Yalta à " réorganiser " et qui ne le sera en juin que pour la forme : arrestation fin mars de seize chefs de la Résistance nationale polonaise emmenés à Moscou, où ils seront jugés en juin, etc. A Berlin, où le maréchal Joukov est le maître jusqu'à ce que commence à fonctionner le Conseil de contrôle à la fin juillet, quatre grands partis politiques allemands sont autorisés et aussitôt fondés ainsi que diverses organisations de masse. Comme le dit Walter Ulbricht : " Tout doit avoir l'air démocratique. Mais tout doit être contrôlé par nous ", c'est-à-dire par le Parti communiste en voie de reconstitution. A Potsdam, les débats sont plus rudes qu'à Téhéran et à Yalta. Ils portent essentiellement sur l'Allemagne et sur les pays " libérés " par l'URSS. Pour l'Allemagne, les diplomates ont préparé un programme assez général et essentiellement négatif (démilitariser, dénazifier et, enfin, démocratiser). Dans les pays de l'Est, les motifs de récrimination ne font pas défaut. Mais on évoquera bien d'autres sujets : l'entrée de l'URSS dans la guerre contre le Japon, l'explosion atomique d'Alamogordo, l'internationalisation du Rhin et du Danube proposée par le président Truman sans le moindre succès, tandis que les Soviétiques exposeront leurs vues sur la Turquie, les Détroits, le Proche-Orient et demanderont une tutelle sur la Tripolitaine ainsi qu'un contrôle à quatre sur la Ruhr. Le problème des réparations Anglais et Américains contestent (et refusent de reconnaître) les gouvernements installés au pouvoir en Bulgarie, en Roumanie, en Hongrie et même en Autriche. L'Union soviétique réplique par des mémorandums sur la situation en Grèce. Son principal effort vise l'Allemagne et, en Allemagne, le problème des réparations en suspens depuis Yalta. Au centre du débat, la Pologne : non seulement la liberté y est précaire mais, par un acte unilatéral de l'URSS, elle a reçu près de 20 % de la superficie de l'Allemagne d'avant-guerre. Comment ce bouleversement territorial n'aurait-il pas de répercussions sur la question des réparations? Comment l'un des occupants peut-il disposer sans l'accord des autres d'un territoire qui ne lui appartient pas ? Staline répond : " Nous ne sommes pas liés par cette décision. " Pendant deux semaines on discute ainsi sans résultat. En marge de ce débat, les projets soviétiques concernant l'Extrême-Orient, mais surtout les détroits de Turquie, la Méditerranée et le contrôle de la Ruhr font réfléchir. Au lieu d'une paix fondée sur la stabilité, le retour à la normale, on voit se dessiner un programme dynamique, pour ne pas dire expansionniste. Rejetant à plus tard la solution de ces difficultés, James Byrnes, secrétaire d'Etat de Truman, propose pour en finir un compromis comme on les fait au Congrès entre majorité et minorité. 1. Les Occidentaux, sous réserve du traité de paix, cesseront de contester le transfert à la Pologne des provinces allemandes à l'est de la ligne Oder-Neisse. Ils envisageront la reconnaissance des gouvernements au pouvoir dans les Balkans, moyennant quelques preuves de bonne volonté de la part de ceux-ci. 2. L'Union soviétique renoncera à obtenir un chiffre fixe pour les réparations. Celles-ci seront prélevées en nature par chacun dans sa zone d'occupation en Allemagne. Un mauvais compromis Mauvais compromis puisqu'il tend à la division de l'Allemagne et n'apporte dans les pays de l'Est aucune contrepartie aux Occidentaux. Compromis quand même, qui est adopté et permet de clore la conférence le 1er août. Qui a gagné ? Staline confirme son emprise sur l'Europe du Centre et de l'Est. Pouvait-on l'en déloger autrement que par la force qu'on ne pouvait employer ? Les alliés de l'Ouest n'ont pas cédé sur les revendications soviétiques concernant la Turquie, les Détroits, la Tripolitaine, le contrôle de la Ruhr. Dans l'ensemble, l'avantage est à l'URSS qui a fait accepter beaucoup de " faits accomplis ". Mais est-ce un avantage durable ? Lorsque, au mois d'août 1945, Staline réclame le droit d'occuper une zone au Japon, Harriman, l'ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, sans instruction spécifique de Washington mais se souvenant de Potsdam, s'y oppose immédiatement. C'est la première manifestation de la politique de containment qui sera formulée en 1946-1947 mais qui était cachée dans l'expérience de Potsdam comme " l'orage dans la nuée ". A Potsdam où, dans un moment d'abandon (ou de distraction), Staline a dit quelques mots qui méritent attention : " Tout gouvernement librement élu serait antisoviétique, et cela, nous ne pouvons le permettre ".
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« Rejetant à plus tard la solution de ces difficultés, James Byrnes, secrétaire d'Etat de Truman, propose pour en finir uncompromis comme on les fait au Congrès entre majorité et minorité. 1.

Les Occidentaux, sous réserve du traité de paix, cesseront de contester le transfert à la Pologne des provinces allemandes àl'est de la ligne Oder-Neisse.

Ils envisageront la reconnaissance des gouvernements au pouvoir dans les Balkans, moyennantquelques preuves de bonne volonté de la part de ceux-ci. 2.

L'Union soviétique renoncera à obtenir un chiffre fixe pour les réparations.

Celles-ci seront prélevées en nature par chacundans sa zone d'occupation en Allemagne. Un mauvais compromis Mauvais compromis puisqu'il tend à la division de l'Allemagne et n'apporte dans les pays de l'Est aucune contrepartie auxOccidentaux.

Compromis quand même, qui est adopté et permet de clore la conférence le 1 er août. Qui a gagné ? Staline confirme son emprise sur l'Europe du Centre et de l'Est.

Pouvait-on l'en déloger autrement que par laforce qu'on ne pouvait employer ? Les alliés de l'Ouest n'ont pas cédé sur les revendications soviétiques concernant la Turquie,les Détroits, la Tripolitaine, le contrôle de la Ruhr.

Dans l'ensemble, l'avantage est à l'URSS qui a fait accepter beaucoup de" faits accomplis ".

Mais est-ce un avantage durable ? Lorsque, au mois d'août 1945, Staline réclame le droit d'occuper une zone au Japon, Harriman, l'ambassadeur des Etats-Unisà Moscou, sans instruction spécifique de Washington mais se souvenant de Potsdam, s'y oppose immédiatement.

C'est lapremière manifestation de la politique de containment qui sera formulée en 1946-1947 mais qui était cachée dans l'expérience dePotsdam comme " l'orage dans la nuée ". A Potsdam où, dans un moment d'abandon (ou de distraction), Staline a dit quelques mots qui méritent attention : " Toutgouvernement librement élu serait antisoviétique, et cela, nous ne pouvons le permettre ". JEAN LALOY Le Monde du 21 juillet 1985 CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés. »

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