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La connaissance et la raison

Publié le 30/08/2014

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LE LANGAGE

1. LANGAGE

95 Héritage de mots, héritage d'idées.

POITIERS, JUIN 1983: B.

96 Les mots nous éloignent-ils des choses ?

REIMS, JUIN 1983 C ET D.

97 En quoi le langage est-il spécifiquement humain ?

ROUEN, JUIN 1983 B.

98 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude

ordonnée :

« Le français, ce n'est pas le mot de soleil, plus le mot d'ombre, plus le mot de terre, plus un nombre indéfini d'autres mots et de formes, chacun doué de son sens propre, — c'est la configuration que dessinent tous ces mots et toutes ces formes selon leurs règles d'emploi langagier et qui apparaîtrait d'une manière éclatante si nous ne savions pas encore ce qu'ils veulent dire, et si nous nous bornions, comme l'enfant, à repérer leur va-et-vient, leur récurrence, la manière dont ils se fréquentent, s'appellent ou se repoussent, et constituent en¬semble une mélodie d'un style défini...

Comme le champ visuel, le champ linguistique d'un indi¬vidu se termine dans le vague. C'est que parler n'est pas avoir à sa disposition un certain nombre de signes, mais posséder la langue comme principe de distinction, quel que soit le nombre de signes qu'il nous permet de spécifier. Il y a des langues où l'on ne peut pas dire : « s'asseoir au soleil «, parce qu'elles disposent de mots particuliers pour désigner le rayon¬nement de la lumière solaire et réservent le mot « soleil « pour

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l'astre lui-même. C'est dire que la valeur linguistique de ce mot n'est définie que par la présence ou l'absence d'autres mots à côté de lui. «

M. MERLEAU-PONTY

CAEN, JUIN 1983: C ET D.

99 « Qui n'a pas réfléchi sur le langage n'a pas vraiment com 

mencé à philosopher. «

Justifier cette affirmation.

BESANÇON, JUIN 1983: A.

100 Est-il naturel à l'homme de parler ?

ROUEN, SEPTEMBRE 1982: B.

101 L'homme peut-il être maître de son langage ?

CLERMONT-FERRAND, SEPTEMBRE 1982: A.

102 Vous dégagerez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir

de son étude ordonnée :

« Chacun de nous a sa manière d'aimer et de haïr, et cet amour, cette haine, reflètent sa personnalité tout entière. Cependant le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n'a-t-il pu fixer que l'aspect objectif et impersonnel de l'amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l'âme. Nous jugeons du talent d'un romancier à la puissance avec laquelle il tire du domaine public, où le langage les avait ainsi fait descendre, des senti¬ments et des idées auxquels il essaie de rendre, par une multiplicité de détails qui se juxtaposent, leur primitive et vivante individualité. Mais de même qu'on pourra intercaler indéfiniment des points entre deux positions d'un mobile sans jamais combler l'espace parcouru, ainsi, par cela seul que nous parlons, par cela seul que nous associons des idées les unes aux autres et que ces idées se juxtaposent au lieu de se pénétrer, nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage. «

H. BERGSON

CAEN, SEPTEMBRE 1982: B.

103 Dans quelle mesure le langage est-il un moyen de maîtnse et de domination ?

NANTES, JUIN 1983: B.

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104 A partir de l'étude ordonnée de ce texte, vous en dégagerez l'intérêt philosophique :

« Quant aux divers sons du langage, c'est la nature qui poussa les hommes à les émettre, et c'est le besoin qui fit naître les noms des choses : à peu près comme nous voyons l'enfant amené, par son incapacité même de s'exprimer avec la langue, à recourir au geste qui lui fait désigner du doigt les objets présents. Chaque être en effet a le sentiment de l'usage qu'il peut faire de ses facultés. Avant même que les cornes aient commencé à poindre sur son front, le veau irrité s'en sert pour menacer son adversaire et le poursuivre tête baissée. Les petits des panthères, les jeunes lionceaux se défendent avec leurs griffes, leurs pattes et leurs crocs, avant même que griffes et dents leur soient poussées. Quant aux oiseaux de toute espèce, nous les voyons se confier aussitôt aux plumes de leurs ailes, et leur demander une aide encore tremblante. Aussi penser qu'alors un homme ait pu donner à chaque chose son nom, et que les autres aient appris de lui les premiers éléments du langage, est vraiment folie. Si celui-là a pu désigner chaque objet par un nom, émettre les divers sons du langage, pourquoi supposer que d'autres n'auraient pu le faire en même temps que lui ? En outre, si les autres n'avaient pas également usé entre eux de la parole, d'où la notion de son utilité lui est-elle venue ? De qui a-t-il reçu le premier le privilège de savoir ce qu'il voulait faire et d'en avoir la claire vision ? De même un seul homme ne pouvait contraindre toute une multitude et, domptant sa résistance, la faire consentir à apprendre les noms de chaque objet ; et d'autre part trouver un moyen d'ensei¬gner, de persuader à des sourds ce qu'il est besoin de faire, n'est pas non plus chose facile : jamais ils ne s'y fussent prêtés ; jamais ils n'auraient souffert plus d'un temps qu'on leur écorchât les oreilles des sons d'une voix inconnue. «

LUCRÈCE

AMIENS, JUIN 1982 C ET D.

2. COMMUNICATION

105 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude

ordonnée :

« L'invention de l'art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication, que d'une faculté propre à l'homme, qui lui fait employer ses organes à cet usage, et qui, si ceux-là lui manquaient, lui en ferait employer d'autres à la même fin. Donnez à l'homme une

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organes à cet usage, et qui, si ceux-là lui manquaient, lui en ferait employer d'autres à la même fin. Donnez à l'homme une organisation tout aussi grossière qu'il vous plaira : sans doute il acquerra moins d'idées ; mais pourvu seulement qu'il y ait entre lui et ses semblables quelque moyen de communication par lequel l'un puisse agir et l'autre sentir, ils parviendront à se communiquer enfin tout autant d'idées qu'ils en auront.

Les animaux ont pour cette communication une organisa¬tion plus que suffisante, et jamais aucun d'eux n'en a fait cet usage. Voilà, ce me semble, une différence bien caractéristi¬que. Ceux d'entre eux qui travaillent et vivent en commun, les castors, les fourmis, les abeilles, ont quelque langue naturelle pour s'entrecommuniquer, je n'en fais aucun doute. Il y a même lieu de croire que la langue des castors et celle des fourmis sont dans le geste et parlent seulement aux yeux. Quoi qu'il en soit, par cela même que les unes et les autres de ces langues sont naturelles, elles ne sont pas acquises ; les ani¬maux qui les parlent les ont en naissant : ils les ont tous, et partout la même ; ils n'en changent point, ils n'y font pas le moindre progrès. La langue de convention n'appartient qu'à l'homme. Voilà pourquoi l'homme fait des progrès, soit en bien soit en mal, et pourquoi les animaux n'en font point. «

J.-J. ROUSSEAU

DIJON, JUIN 1983 A.

106 Comment savons-nous que nous communiquons avec un être humain ?

NICE-CORSE, SEPTEMBRE 1982: C ET D.

L'IMAGINATION

107 Imaginer, est-ce seulement nier la réalité ?

CLERMONT-FERRAND, JUIN 1983 A.

108 Peut-on affirmer que l'utopie est nécessaire ?

DIJON, JUIN 1981: A.

109 Les mondes imaginaires sont-ils des refuges ?

GROUPE I (BASSIN MÉDITERRANÉEN), JUIN 1980 A.

110 Y a-t-il une cohérence de l'imaginaire ?

DIJON, JUIN 1979: C ET D.

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111 Dégagez l'intérêt philosophiaue du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« On veut toujours que l'imagination soit la faculté de former des images. Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer les images. S'il n'y a pas changement d'images, union inattendue des images, il n'y a pas imagination, il n'y a pas d'action imaginante.

Si une image présente ne fait pas penser à une image absente, si une image occasionnelle ne détermine pas une prodigalité d'images aberrantes, une explosion d'images, il n'y a pas imagination. Il y a perception, souvenir d'une percep¬tion, mémoire familière, habitude des couleurs et des formes. Le vocable fondamental qui correspond à l'imagination ce n'est pas image, c'est imaginaire. La valeur d'une image se mesure à l'étendue de son auréole imaginaire. Grâce à l'imagi¬naire, l'imagination est essentiellement ouverte, évasive. Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l'ouver¬ture, l'expérience même de la nouveauté. Plus que toute autre puissance, elle spécifie le psychisme humain. «

G. BACHELARD

REIMS, JUIN 1982 B.

LE JUGEMENT. L'IDÉE

1. LE JUGEMENT

112 Qu'est-ce que juger ?

PARIS-VERSAILLES-CRÉTEIL, JUIN 1983 : A.

113 Que signifie et que vaut l'expression : « juger en connaissance de cause « ?

AIX-MARSEILLE, SEPTEMBRE 1982: A.

114 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant d'après son étude ordonnée :

« La croyance est un fait de notre entendement susceptible de reposer sur des principes objectifs, mais qui exige aussi des causes subjectives dans l'esprit de celui qui juge. Quand elle est valable pour chacun, en tant du moins qu'il a de la raison, son principe est objectivement suffisant et la croyance se nomme conviction. Si elle n'a son fondement que dans la nature particulière du sujet, elle se nomme persuasion.

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La persuasion est une simple apparence, parce que le principe du jugement qui est uniquement dans le sujet est tenu pour objectif. Aussi un jugement de ce genre n'a-t-il qu'une valeur individuelle et la croyance ne peut-elle pas se com¬muniquer. Mais la vérité repose sur l'accord avec l'objet et, par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tout entendement doivent être d'accord. La pierre de touche grâce à laquelle nous distinguons si la croyance est une conviction ou simplement une persuasion est donc extérieure et consiste dans la possibilité de communiquer sa croyance et de la trouver valable pour la raison de tout homme, car alors il est au moins à présumer que la cause de la concordance de tous les jugements, malgré la diversité des sujets entre eux, reposera sur un principe commun, je veux dire l'objet avec lequel, par conséquent, tous les sujets s'accorderont de manière à prouver par là la vérité du jugement. «

E. KANT

CAEN, JUIN 1983: B.

2. L'IDÉE. LES SENS

115 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Il est vrai que les enfants ne paraissent pas fort propres pour la méditation de la vérité et pour les sciences abstraites et relevées, parce que, les fibres de leur cerveau étant très délicates, elles sont très facilement agitées par les objets même les plus faibles et les moins sensibles ; et leur âme ayant nécessairement des sensations proportionnées à l'agitation de ces fibres, elle laisse là les pensées métaphysiques de pure intellection, pour s'appliquer uniquement à ses sensations. Ainsi, il semble que les enfants ne peuvent pas considérer avec attention les idées pures de la vérité, étant si souvent et si facilement distraits par les idées confuses des sens.

Cependant on peut répondre, premièrement, qu'il est plus facile à un enfant de sept ans de se délivrer des erreurs où les sens le portent, qu'à une personne de soixante qui a suivi toute sa vie les préjugés de l'enfance. Secondement, que si un enfant n'est pas capable des idées claires de la vérité, il est du moins capable d'être averti que ses sens le trompent en toutes sortes d'occasions ; et si on ne lui apprend pas la vérité, du moins ne doit-on pas l'entretenir ni le fortifier dans ses erreurs. «

N. MALEBRANCHE NICE-CORSE, JUIN 1983 A.

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116 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Nous passons tous par cette expérience décisive, qui nous apprend en même temps la parole et la pensée. Nos premières idées sont des mots compris et répétés. L'enfant est comme séparé du spectacle de la nature, et ne commence jamais par s'en approcher tout seul ; on le lui montre et on le lui nomme. C'est donc à travers l'ordre humain qu'il connaît toute chose ; et c'est certainement de l'ordre humain qu'il prend l'idée de lui-même, car on le nomme, et on le désigne à lui-même, comme on lui désigne les autres. L'opposition du moi et du non-moi appartient aux théories abstraites ; la première oppo¬sition est certainement entre moi et les autres ; et cette op¬position est corrélation ; car en l'autre je trouve mon sem¬blable qui me pense comme je le pense. Cet échange, qui se fait d'abord entre la mère et l'enfant, est transporté peu à peu aux frères, aux amis, aux compagnons. Ces remarques sont pour rappeler qu'en toutes les recherches sur la nature hu¬maine, il faut se tenir très près de l'existence collective, si naturelle à tout homme, et en tout cas seule possible pour l'enfant. «

ALAIN

BORDEAUX, JUIN 1983: C ET D.

1 1 7 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Tu verras (alors) que la connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens, que les sens ne peuvent être convaincus d'erreur, qu'ils méritent le plus haut degré de confiance parce que, par leur propre énergie, ils peuvent découvrir le faux, en lui opposant la vérité. En effet, où trouver un guide plus sûr que les sens ? Dira-t-on que la raison, fondée sur ces organes illusoires, pourra déposer contre eux, elle qui leur doit toute son existence, la raison qui n'est qu'erreur, s'ils se trompent ?...

Si la raison ne peut pas expliquer pourquoi les objets qui sont carrés de près paraissent ronds dans l'éloignement, il vaut mieux, à défaut d'une solution vraie, donner une fausse raison de cette double apparence que de laisser échapper l'évidence de ses mains, que de détruire toute certitude, que de démolir cette base sur laquelle sont fondées notre vie et notre conserva¬tion. Car ne crois pas qu'il ne s'agisse ici que des intérêts de la raison ; la vie elle-même ne se soutient qu'en osant, sur le rapport des sens, ou éviter les précipices et les autres objets nuisibles, ou se procurer ce qui est utile. Ainsi tous les raison 

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nements dont on s'arme contre les sens ne sont que de vaines déclamations. «

LUCRÈCE

LYON, JUIN 1983: A.

3. L'OPINION

118 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« Il ne servirait à rien de compter les voix pour suivre l'opinion qui a le plus de partisans : car, s'il s'agit d'une question difficile, il est plus sage de croire que sur ce point la vérité n'a pu être découverte que par peu de gens et non par beaucoup. Quand bien même d'ailleurs tous seraient d'accord entre eux, leur doctrine ne suffirait pas cependant : car jamais, par exemple, nous ne deviendrons Mathématiciens, même en retenant par coeur toutes les démonstrations des autres, si notre esprit n'est pas capable à son tour de résoudre toute espèce de problème ; et nous ne serons jamais Philosophes, si nous avons lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, et qu'il nous est impossible de porter un jugement ferme sur une question donnée : en effet, nous paraîtrons avoir appris non des sciences, mais de l'histoire. «

R. DESCARTES

AIX-MARSEILLE, JUIN 1983: B.

119 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« D'où vient qu'un boiteux ne nous irrite pas et qu'un esprit boiteux nous irrite ? A cause qu'un boiteux reconnaît que nous allons droit et qu'un esprit boiteux dit que c'est nous qui boitons. Sans cela nous en aurions pitié et non colère.

Épictète demande bien plus fortement : Pourquoi ne nous fâchons-nous pas si on dit que nous avons mal à la tête, et que nous nous fâchons de ce qu'on nous dit que nous raisonnons mal ou que nous choisissons mal ?

Ce qui cause cela est que nous sommes bien certains que nous n'avons pas mal à la tête, et que nous ne sommes pas boiteux, mais nous ne sommes pas assurés que nous choisis¬sons le vrai. De sorte que, n'en ayant d'assurance qu'à cause que nous le voyons de toute notre vue, quand un autre voit de toute sa vue le contraire, cela nous met en suspens et nous étonne. Et encore plus quand mille autres se moquent de notre choix, car il faut préférer nos lumières à celles de tant d'autres.

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Et cela est hardi et difficile. Il n'y a jamais cette contradiction dans les sens touchant un boiteux. «

B. PASCAL

LIMOGES, JUIN 1983: C FT D.

120 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« La plus grande bassesse de l'homme est la recherche de la gloire, mais c'est cela même qui est la plus grande marque de son excellence ; car, quelque possession qu'il ait sur la terre, quelque santé et commodité essentielle qu'il ait, il n'est pas satisfait, s'il n'est dans l'estime des hommes. Il estime si grande la raison de l'homme, que, quelque avantage qu'il ait sur la terre, s'il n'est placé avantageusement aussi dans la raison de l'homme, il n'est pas content. C'est la plus belle place du monde, rien ne le peut détourner de ce désir, et c'est la qualité la plus ineffaçable du coeur de l'homme.

Et ceux qui méprisent le plus les hommes, et les égalent aux bêtes, encore veulent-ils en être admirés et crus, et se contredi¬sent à eux-mêmes par leur propre sentiment ; leur nature, qui est plus forte que tout, les convainquant de la grandeur de l'homme plus fortement que la raison ne les convainc de leur bassesse. «

B. PASCAL

GRENOBLE, SEPTEMBRE 1982 : B.

4. LA PENSÉE

121 Peut-on penser sans préjugé ?

LYON, JUIN 1983: C ET D.

122 Pense-t-on jamais par soi-même ?

CLERMONT-FERRAND, JUIN 1983 : A.

123 La certitude est-elle le signe d'une pensée morte ?

BORDEAUX, JUIN 1983 : C ET D.

124 Qu'est-ce que penser ?

TOULOUSE, JUIN 1983 C ET D.

125 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Qu'on présente un objet à un homme dont la raison et les aptitudes soient, par nature, aussi fortes que possible ; si cet

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objet lui est entièrement nouveau, il sera incapable, à examiner avec la plus grande précision ses qualités sensibles, de dé¬couvrir l'une de ses causes ou l'un de ses effets. Adam, bien qu'on admette l'entière perfection de ses facultés rationnelles dès son tout premier moment, n'aurait pu inférer de la fluidité et de la transparence de l'eau que celle-ci le suffoquerait, ou de la lumière -et de la chaleur du feu que celui-ci le consu¬merait. Nul objet ne découvre jamais, par les qualités qui paraissent aux sens, soit les causes qui les produisent, soit les effets qui en naissent ; et notre raison ne peut, sans l'aide de l'expérience, jamais tirer une conclusion au sujet d'une exis¬tence réelle et d'un fait. «

D. HUME, Enquête sur l'entendement humain.

CLERMONT-FERRAND, JUIN 1983 : C ET D.

126 Pense-t-on jamais seul ?

PARIS-VERSAILLES-CRÉTEIL, JUIN 1981: A.

127 Mal raisonner, est-ce la même chose que déraisonner ?

REIMS, JUIN 1981: C ET D.

128 Le doute est-il une manifestation de la liberté de l'esprit ?

ANTILLFSAUYANE, JUIN 1980 B.

129 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Si l'on parle de la superstition des logiciens, je ne me lasserai jamais de souligner un petit fait très bref que les gens atteints de cette superstition n'aiment guère avouer ; c'est à savoir qu'une pensée vient quand "elle" veut et non quand "je" veux, en telle sorte que c'est falsifier les faits que de dire que le sujet "je" est la détermination du verbe "pense". Quelque chose pense, mais que ce soit justement ce vieil et illustre « je «, ce n'est là, pour le dire en termes modérés, qu'une hypothèse, une allégation ; surtout ce n'est pas une "certitude immédiate". Enfin, c'est déjà trop dire que d'affirmer que quelque chose pense, ce "quelque chose" contient déjà une interprétation du processus lui-même. On raisonne selon la routine grammati¬cale : "Penser est une action, toute action suppose un sujet actif, donc..." C'est par un raisonnement analogue que l'ato¬misme ancien plaçait à l'origine de la "force agissante" la parcelle de matière où réside cette force et à partir de laquelle elle agit, l'atome ; des esprits plus rigoureux ont fini par apprendre à se passer de ce dernier "résidu terrestre", et peut-être arrivera-t-on un jour, même chez les logiciens, à se

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passer de ce petit "quelque chose", résidu qu'a laissé en s'évaporant le brave vieux "moi". «

F. NIETZSCHE

ANTILLES-GUYANE, JUIN 1983 C ET D.

LA FORMATION DES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

130 L'objectivité implique-t-elle la neutralité ?

GRENOBLE, JUIN 1983 C ET D.

131 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« L'ordre scientifique parfait est celui où les propositions sont rangées suivant leurs démonstrations les plus simples, et de la manière qu'elles naissent les unes des autres, mais cet ordre n'est pas connu d'abord, et il se découvre de plus en plus à mesure que la science se perfectionne. On peut même dire que les sciences s'abrègent en augmentant, [ce] qui est un paradoxe très véritable, car plus on découvres des vérités et plus on est en état de remarquer une suite réglée et de faire des proposi¬tions plus universelles dont les autres ne sont que des exem¬ples ou des corollaires', de sorte qu'il se pourra faire qu'un grand volume de ceux qui nous ont précédés se réduira avec le temps à deux ou trois thèses générales. Aussi plus une science est perfectionnée, et moins a-t-elle besoin de gros volumes, car selon que ses éléments sont suffisamment établis, on y peut tout trouver par le secours de la science générale ou de l'art d'inventer.2«

G. W. LEIBNIZ

NANCY-METZ, JUIN 1983: C ET D.

132 A quelles conditions l'affirmation "je sais" est-elle légitime ?

AIX-MARSEILLE, SEPTEMBRE 1982: C ET D.

133 La connaissance se soumet-elle à l'objet étudié ou le produit-elle ?

CAEN, SEPTEMBRE 1982 C ET D.

134 A partir de l'étude ordonnée de ce texte, vous en dégagerez

l'intérêt philosophique :

« Qu'on ne s'imagine pas avoir peu avancé si on a seulement

I. Corollaire : conséquence immédiate.

2. Inventer : découvrir.

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appris à douter. Savoir douter par esprit et par raison n'est pas si peu de chose qu'on le pense ; car, il faut le dire ici, il y a bien de la différence entre douter et douter. On doute par emportement et par brutalité, par aveuglement et par malice ; et enfin par fantaisie, et parce que l'on veut douter. Mais on doute aussi par prudence et par défiance, par sagesse et par pénétration d'esprit... Le premier doute est un doute de ténè¬bres, qui ne conduit point à la lumière, mais qui en éloigne toujours ; le second doute naît de la lumière, et il aide en quelque façon à la produire à son tour. «

N. MALEBRANCHE

CAEN, SEPTEMBRE 1982 C ET D.

135 Dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude

ordonnée :

« Si l'on pouvait concevoir en aucun cas que, sous l'influence de conditions exactement similaires, les phénomènes ne res¬tassent point parfaitement identiques, non seulement quant au genre, mais aussi quant au degré, toute théorie scientifique deviendrait aussitôt radicalement impossible : nous serions dès lors nécessairement réduits à une stérile accumulation de faits, qui ne sauraient plus comporter aucune relation systéma¬tique, susceptible de conduire à leur prévision. Il est donc indispensable de reconnaître en principe que, même dans les phénomènes éminemment complexes qui se rapportent à la science des corps vivants, chacune des diverses actions vrai¬ment élémentaires qui concourent à leur production varierait nécessairement selon des lois tout à fait précises, c'est-à-dire mathématiques, si nous pouvions en effet l'étudier en elle-même isolément de toute autre... Si donc les phénomènes les plus généraux du monde inorganique sont éminemment calculables, tandis que les phénomènes physiologiques ne peuvent l'être nullement, cela ne tient évidemment à aucune distinction fondamentale entre leurs natures respectives ; cette différence provient uniquement de l'extrême simplicité des uns, opposée à la profonde complication des autres. «

A. COMTE

ORLÉANS-TOURS, JUIN 1980 C ET D.

136 N'est-il pas contradictoire de dire d'une connaissance scien¬tifique qu'elle est à la fois vraie et provisoire ?

REIMS. JUIN 1980 C ET D.

137 Qu'est-ce qu'une preuve ?

RENNES. JUIN 1980 B.

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THÉORIE ET EXPÉRIENCE

1. THÉORIE

138 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Quelle est l'attitude du savant face au monde ? Celle de l'ingéniosité, de l'habileté. Il s'agit toujours pour lui de manipuler les choses, de monter des dispositifs efficaces, d'inviter la nature à répondre à ses questions. Galilée l'a résumé d'un mot : l'essayeur. Homme de l'artifice, le savant est un activiste... Aussi évacue-t-il ce qui fait l'opacité des choses, ce que Galilée appelait les qualités : simple résidu pour lui, c'est pourtant le tissu même de notre présence au monde, c'est également ce qui hante l'artiste. Car l'artiste n'est pas d'abord celui qui s'exile du monde, celui qui se réfugie dans les palais abrités de l'imaginaire. Qu'au contraire l'ima¬ginaire soit comme la doublure du réel, l'invisible l'envers charnel du visible, et surgit la puissance de l'art : pouvoir de révélation de ce qui se dérobe à nous sous la proximité de la possession, pouvoir de restitution d'une vision naissante sur les choses et nous-mêmes. L'artiste ne quitte pas les appa¬rences, il veut leur rendre leur densité... Si pour le savant le monde doit être disponible, grâce à l'artiste il devient habi¬table. «

M. MERLEAU-PONTY

GRENOBLE, SEPTEMBRE 1982: C ET D.

139 Tout ce qui est systématique est-il de ce fait rationnel ?

ANTILLES-GUYANE, JUIN 1983 C ET D.

2. EXPÉRIENCE. EMPIRISME

140 Avoir de l'expérience et faire une expérience ?

CLERMONT-FERRAND, JUIN 1983 • B.

141 Quel rôle joue ,l'expérience dans la connaissance des hom¬mes ?

MONTPELLIER, JUIN 1983 B.

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142 Ne doit-on tenir pour vraie une proposition que si elle est contrôlable par une expérience ?

TOULOUSE, JUIN 1983: A.

143 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Le pain, que j'ai mangé précédemment, m'a nourri ; c'est-à-dire un corps, doué de telles qualités sensibles, était, à cette époque, doué de tels pouvoirs cachés ; mais en suit-il qu'il faille que l'autre pain me nourrisse en une autre époque et que des qualités sensibles semblables s'accompagnent tou¬jours de semblables pouvoirs cachés ? La conséquence ne semble en rien nécessaire. Du moins faut-il reconnaître qu'ici l'esprit tire une conséquence ; qu'il fait un certain pas ; qu'il y a un progrès de pensée et une inférence qui réclament une explication. Les deux propositions que voici sont loin d'être les mêmes : "J'ai trouvé qu'un tel objet a toujours été accom¬pagné d'un tel effet et je prévois que d'autres objets qui sont semblables s'accompagneront d'effets semblables." J'accorderai, s'il vous plaît, que l'une des propositions peut justement se conclure de l'autre : en fait, je le sais, elle s'en conclut toujours. Mais si vous insistez sur ce que la conclusion se tire par une chaîne de raisonnements, je désire que vous produi¬siez ce raisonnement. La connexion entre ces deux proposi¬tions n'est pas intuitive. On réclame un moyen terme qui puisse rendre l'esprit capable de tirer une telle conclusion si, en vérité, il la tire par raisonnement et argumentation. Quel est ce moyen terme ? Il me faut l'avouer, cela dépasse ma com¬préhension. «

D. HUME

ROUEN, JUIN 1983 : C ET D.

144 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

De la faculté de prévoir (praevisio).

« Il y a plus d'intérêt à posséder cette faculté que toute autre, puisqu'elle est la condition de toute pratique possible et des desseins auxquels l'homme applique l'usage de ses forces. Tout désir comporte une prévision, douteuse ou certaine, de ce que ces forces permettent. On ne tourne les yeux vers le passé (souvenir) que pour rendre possible la prévision du

I. Moyen terme : assertion intermédiaire qui se conclurait de la première proposition et dont on pourrait conclure la seconde.

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futur. En général, si nous regardons autour de nous, c'est du point de vue du présent, pour nous décider ou nous préparer à quelque chose.

La prévision empirique est l'attente des cas similaires et ne requiert pas une connaissance rationnelle des causes et des effets, mais seulement le souvenir des faits observés et de la manière dont ils ont coutume de se succéder : ce sont les expériences répétées qui font naître l'habileté ; le régime des vents et des climats intéresse beaucoup le marin et le labou¬reur. Mais une telle prévision n'atteint rien de plus que ce qu'on appelle le calendrier des paysans ; on en vante les prédictions si elles se réalisent en partie ; on les oublie si elles ne se réalisent pas ; ainsi conservent-elles toujours un certain crédit. Il serait à croire que la providence a voulu brouiller inexorablement le jeu des températures, pour que les hommes, mal au courant des précautions à prendre en chaque saison, soient obligés d'avoir recours à l'entendement pour être prêts à toutes les éventualités.

Vivre au jour le jour (sans prévoir ni se préoccuper) ne fait pas grand honneur à l'entendement humain ; c'est le cas du Caraïbe qui le matin vend son hamac et le soir se désole de ne savoir où dormir pendant la nuit. «

E. KANT

LILLE, JUIN 1983: B.

3. LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE

145 Pourquoi vouloir la science ?

AMIENS, JUIN 1983: A.

146 La science peut-elle nous apprendre nos devoirs ?

NANCY-METZ, JUIN 1983 A.

147 Que pensez-vous de cette remarque de Rostand : « La science a fait des hommes des Dieux avant qu'ils ne deviennent des hommes « ?

BESANÇON, JUIN 1983 • A.

148 Toute vérité scientifique est-elle « un acquis pour toujours « ?

CAEN JUIN 1983 A.

149 En quoi consiste l'objectivité scientifique ?

CAEN, JUIN 1983: C ET D.

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150 Faut-il considérer l'homme de science comme responsable de l'usage que l'on fait de ses découvertes ?

MONTPELLIER, JUIN 1983 C ET D.

151 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« La vie quotidienne, pour ses fins variables et relatives, peut se contenter d'évidences et de vérités relatives. La science, elle, veut des vérités valables une fois pour toutes et pour tous, définitives, partant des vérifications nouvelles et ultimes. Si, en fait, comme elle-même doit finir par s'en convaincre, la science ne réussit pas à édifier un système de vérités "abso¬lues", si elle doit sans arrêt modifier "les vérités" acquises, elle obéit cependant à l'idée de vérité absolue, de vérité scientifi¬que, et elle tend par là vers un horizon infini d'approximations qui convergent toutes vers cette idée. A l'aide de ces approxi¬mations, elle croit pouvoir dépasser la connaissance naïve et aussi se dépasser infiniment elle-même. Elle croit le pouvoir aussi par la fin qu'elle se pose, à savoir l'universalité systé¬matique de la connaissance. «

E. HUSSERL

GRENOBLE, JUIN 1983 C ET D.

152 Peut-on dire que la science fait surgir de nouveaux problèmes philosophiques ?

ORLÉANS-TOURS, JUIN 1982 A.

153 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« Ceux-là qui, à partir de quelque hypothèse physique, admise sans démonstration, déduisent des phénomènes connus, ne peuvent par là démontrer la vérité de leur hypothèse s'ils ne respectent un fondement posé un peu auparavant, ce que cependant ils n'ont pas fait, ni peut-être n'ont voulu ou n'ont pu faire. Voici pourtant ce qu'il faut déclarer : une hypothèse devient d'autant plus probable qu'elle est plus simple à comprendre tout en ayant plus de portée par sa force et sa puissance ; c'est-à-dire, elle devient d'autant plus probable qu'elle peut expliquer un plus grand nombre de phénomènes à l'aide d'un plus petit nombre de suppositions. Et il peut arriver que quelque hypothèse puisse être tenue pour physi¬quement certaine ; à savoir, quand elle satisfait pleinement à tous les phénomènes qui surviennent, de même qu'une clef en

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cryptographie'. Après celui d'être vrai, le plus grand mérite d'une hypothèse est de permettre les prévisions, même de phénomènes ou d'expériences non encore éprouvés ; alors, en effet, une hypothèse de cette sorte peut en pratique être tenue pour vraie. «

G. W. LEIBNIZ

TOULOUSE, JUIN 1982: C E D.

LOGIQUE ET MATHÉMATIQUES

1. LOGIQUE

154 A partir de son étude ordonnée, dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant :

« Au nombre des choses qui peuvent porter un penseur au désespoir se trouve d'avoir reconnu que l'illogique est néces¬saire à l'homme, et qu'il en naît beaucoup de bien. L'illogique tient si solidement au fond des passions, du langage, de l'art, de la religion, et généralement de tout ce qui confère quelque valeur à la vie, que l'on ne saurait l'en arracher sans par là même gâcher ces belles choses irréparablement. Ce sont les hommes par trop naïfs qui peuvent seuls croire à la possibilité de transformer la nature humaine en nature purement logi¬que ; mais s'il devait y avoir des degrés pour approcher ce but, que ne faudrait-il pas laisser perdre chemin faisant ! Même l'être le plus raisonnable a de temps en temps besoin de retrouver la nature, c'est-à-dire le fond illogique de sa relation avec toutes choses. «

F. NIETZSCHE

LYON, JUIN 1983: C ET D.

155 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« La négation n'est pas le fait d'un pur esprit, je veux dire d'un esprit dégagé de tout mobile, placé en face des objets et ne voulant avoir affaire qu'à eux. Dès qu'on nie, on fait la leçon aux autres ou on se la fait à soi-même. On prend à partie un interlocuteur, réel ou possible, qui se trompe et qu'on met sur ses gardes. Il affirmait quelque chose : on le prévient qu'il devra affirmer autre chose (sans spécifier toutefois l'affirma¬tion qu'il faudrait substituer à la première). Il n'y a plus

I. C'est-à-dire un code qui permet de déchiffrer un texte secret.

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simplement alors une personne et un objet en présence l'un de l'autre ; il y a, en face de l'objet, une personne parlant à une personne, la combattant et l'aidant tout à la fois ; il y a un commencement de société. La négation vise quelqu'un, et non pas seulement comme la pure opération intellectuelle, quelque chose. Elle est d'essence pédagogique et sociale. Elle redresse ou plutôt avertit, la personne avertie ou redressée pouvant d'ailleurs être, par une espèce de dédoublement, celle même qui parle. «

H. BERGSON

LILLE, JUIN 1983: A.

2. MATHÉMATIQUES

156 Les mathématiques sont-elles un instrument, un langage, ou un modèle pour les autres sciences ?

AMIENS, JUIN 1983: C ET D.

157 Peut-on comparer les mathématiques à un jeu ?

LILLE, JUIN 1983 : C ET D.

158 On a dit souvent que la perfection n'était pas de ce monde. Mais on a dit aussi que les mathématiques nous amenaient à des notions parfaites. Faut-il croire alors que les mathémati¬ques ne sont pas « de ce monde « ?

ROUEN, SEPTEMBRE 1982 C ET D.

159 Les mathématiques ne sont-elles qu'un langage ?

AMIENS, JUIN 1982 B.

160 La vérité mathématique est-elle le modèle de toute vérité ?

GROUPE I (BASSIN MÉDITERRANÉEN), JUIN 1981: C ET D.

LA CONNAISSANCE DU VIVANT

161 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son é de

ordonnée :

« Le monde, laissé à lui-même, obéit à des lois fatales. Dans des conditions déterminées, la matière se comporte de façon déterminée, rien de ce qu'elle fait n'est imprévisible : si notre

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science était complète et notre puissance de calculer infinie, nous saurions par avance tout ce qui se passera dans l'univers matériel inorganisé, dans sa masse et dans ses éléments, comme nous prévoyons une éclipse de soleil ou de lune. Bref, la matière est inertie, géométrie, nécessité. Mais avec la vie apparaît le mouvement imprévisible et libre. L'être vivant choisit ou tend à choisir. Son rôle est de créer. Dans un monde où tout le reste est déterminé, une zone d'indétermination l'environne. (...)

Conscience et matérialité se présentent donc comme des formes d'existence radicalement différentes, et même antago¬nistes, qui adoptent un modus vivendi et s'arrangent tant bien que mal entre elles. La matière est nécessité, la conscience est liberté ; mais elles ont beau s'opposer l'une à l'autre, la vie trouve moyen de les réconcilier. C'est que la vie est précisé¬ment la liberté s'insérant dans la nécessité et la tournant à son profit. «

H. BERGSON

TOULOUSE, JUIN 1983: C ET D.

162 Quelle place la réflexion sur le vivant peut-elle accorder au hasard ?

NANCY, JUIN 1982 : C ET D.

163 La connaissance scientifique du vivant exige-t-elle que l'on considère l'organisme comme une machine ?

RENNES, JUIN 1983: C ET D.

CONSTITUTION D'UNE SCIENCE DE L'HOMME

164 Les sciences de l'homme doivent-elles s'inspirer des méthodes

utilisées dans les sciences de la nature ?

ROUEN, JUIN 1983 C ET D.

165 Est-ce au même titre que l'on parle de sciences de la nature et de sciences de l'homme ?

DIJON, JUIN 1983: B.

166 Qu'est-ce qui rend l'objectivité difficile dans les sciences humaines ?

BORDEAUX, JUIN 1980: C ET D.

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L'IRRATIONNEL. LE SENS. LA VÉRITÉ

1. LA CONNAISSANCE RATIONNELLE ET SES LIMITES

167 La raison a-t-elle toujours raison ?

POITIERS, JUIN 1983: B.

168 Le doute philosophique peut-il mettre en cause la valeur de la raison elle-même ?

ROUEN, JUIN 1983 A.

169 Dégagez, d'après son étude ordonnée, l'intérêt philosophique du texte suivant :

« Le monde juge bien des choses, car il est dans l'ignorance naturelle qui est le vrai siège de l'homme. Les sciences ont deux extrémités qui se touchent, la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en nais¬sant, l'autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir trou¬vent qu'ils ne savent rien et se rencontrent en cette même ignorance d'où ils étaient partis, mais c'est une ignorance savante qui se connaît. Ceux d'entre eux qui sont sortis de l'ignorance naturelle et n'ont pu arriver à l'autre, ont quelque teinture de cette science suffisante, et font les entendus. Ceux-là troublent le monde et jugent mal de tout. «

B. PASCAL

LIMOGES, JUIN 1983: B.

170 Que vaut une preuve contre un préjugé ?

DIJON, JUIN 1980: C ET D.

171 L'erreur peut-elle jouer un rôle dans la connaissance scientifi¬que ?

AMIENS, JUIN 1980: C ET D.

172 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« L'explication suivante m'a été suggérée dans la rue : j'enten¬dais un homme du peuple dire : « il m'a reconnu « — et je me demandais aussitôt : qu'est-ce que le peuple peut bien en¬tendre par « connaissance « ? Rien d'autre que ceci : ramener quelque chose d'étranger à quelque chose de connu. Et nous autres philosophes — aurions-nous entendu davantage par le terme : connaissance ? Le connu signifie : ce à quoi nous

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sommes assez habitués pour ne plus nous en étonner, notre vie quotidienne, une règle quelconque dans laquelle nous serions engagés, toute chose familière enfin : — qu'est-ce à dire ? Notre besoin de connaissance ne serait-il pas justement ce besoin du déjà connu ? La volonté de trouver parmi tout ce qu'il y a d'étranger, d'extraordinaire, d'énigmatique, quelque chose qui ne soit plus pour nous un sujet d'inquiétude ? Ne serait-ce pas l'instinct de la crainte qui nous incite à connaître ? La jubilation de celui qui acquiert une connaissance ne se¬rait-elle pas la jubilation même du sentiment de sécurité recouvré ? «

F. NIETZSCHE

STRASBOURG, JUIN 1983: C ET D.

2. L'IRRATIONNEL

173 Y a-t-il une logique de l'insensé ?

GROUPE I BIS, JUIN 1982 A.

174 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant, à partir de son

étude ordonnée :

« Toute philosophie qui place la paix plus haut que la guerre, toute éthique qui conçoit négativement le bonheur, toute métaphysique, toute physique qui envisagent une finale, un état définitif quelconque, toute aspiration, surtout esthétique ou religieuse, à un à-côté, un au-delà, un au-dehors, un au-dessus, autorisent à rechercher si ce ne fut pas la maladie qui inspira leur philosophe. On travestit inconsciemment les besoins physiologiques de l'homme, on les affuble du manteau de l'objectivité de l'idéal, de l'idée pure ; on pousse la chose si loin que c'est à faire peur ; et je me suis demandé bien souvent si la philosophie, en gros, n'a pas été jusqu'à ce jour une simple exégèse du corps, une simple méprise du corps. Derrière les plus hautes évolutions éthiques qui ont guidé jusqu'à présent l'histoire de la pensée se cachent des malen¬tendus nés de la conformation physique soit d'individus, soit de classes, soit enfin de races entières. (...)

J'attends toujours qu'un médecin philosophe (...) ait enfin le courage de pousser mon soupçon jusqu'à sa dernière conséquence et ose dire : il ne s'est agi jusqu'ici dans aucune philosophie de "vérité", mais d'autre chose, disons de santé, d'avenir, de croissance, de puissance, de vie... «

F. NIETZSCHE

BESANÇON, JUIN 1982: B.

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175 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Il est assez difficile de comprendre comment il se peut faire que des gens qui ont de l'esprit, aiment mieux se servir de l'esprit des autres dans la recherche de la vérité, que de celui que Dieu leur a donné. Il y a sans doute infiniment plus de plaisir et plus. d'honneur à se conduire par ses propres yeux que par ceux des autres ; et un homme qui a de bons yeux ne s'avisa jamais de se les fermer, ou de se les arracher, dans l'espoir d'avoir un conducteur. (...) Pourquoi le fou marche-t-il dans les ténèbres ? C'est qu'il ne voit que par les yeux d'autrui, et que ne voir que de cette manière, à proprement parler, c'est ne rien voir. L'usage de l'esprit est à celui des yeux ce que l'esprit est aux yeux ; et de même que l'esprit est infiniment au-dessus des yeux, l'usage de l'esprit est accompagné de satisfactions bien plus solides, et qui le contentent bien autre¬ment, que la lumière et les couleurs ne contentent la vue. Les hommes toutefois se servent toujours de leurs yeux pour se conduire, et ils ne se servent jamais de leur esprit pour découvrir la vérité. «

N. MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité.

BORDEAUX, JUIN 1982 B.

3. LE SENS

176 La vie a-t-elle un sens ?

POITIERS, JUIN 1983: A.

177 Faut-il donner un sens à la souffrance ?

ORLÉANS-TOURS, JUIN 1980 A.

4. LA VÉRITÉ

178 Peut-on dire de la vérité qu'elle n'est qu'une erreur com¬mune ?

POITIERS, JUIN 1983: C ET D.

179 Peut-on ne pas vouloir rechercher la vérité ?

LYON, JUIN 1983: B.

180 Le souci de vérité du savant et celui du philosophe s'alimen¬tent-ils à la même source ?

DIJON, JUIN 1983 C ET D.

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181 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Dans toutes les matières dont la preuve consiste en expé¬riences et non en démonstrations, on ne peut faire aucune assertion universelle que par la générale énumération de toutes les parties ou de tous les cas différents. C'est ainsi que, quand nous disons que le diamant est le plus dur de tous les corps, nous entendons de tous les corps que nous connaissons, et nous ne pouvons ni ne devons y comprendre ceux que nous ne connaissons point ; et quand nous disons que l'or est le plus pesant de tous les corps, nous serions téméraire de compren¬dre dans cette proposition générale ceux qui ne sont point encore en notre connaissance, quoiqu'il ne soit pas impossible qu'ils soient en nature.

De même quand les anciens ont assuré que la nature ne souffrait point de vide, ils ont compris qu'elle n'en souffrait point dans toutes les expériences qu'ils avaient vues, et ils n'auraient pu sans témérité y comprendre celles qui n'étaient pas en leur connaissance. Que si elles y eussent été, sans doute ils auraient tiré les mêmes conséquences que nous et les auraient par leur aveu autorisées à cette antiquité dont on veut faire aujourd'hui l'unique principe des sciences.

C'est ainsi que, sans les contredire, nous pouvons affirmer le contraire de ce qu'ils disaient et, quelque force enfin qu'ait cette antiquité, la vérité doit toujours avoir l'avantage, quoique nouvellement découverte, puisqu'elle est toujours plus an¬cienne que toutes les opinions qu'on a eues, et que ce serait ignorer sa nature de s'imaginer qu'elle ait commencé d'être au temps qu'elle a commencé d'être connue. «

B. PASCAL

BESANÇON, JUIN 1983: C ET D.

182 Certitude, mauvaise marque de vérité.

LIMOGES, JUIN 1983: CET D.

183 Dire la vérité : en quel sens et pour qui est-ce un devoir ?

NANTES, JUIN 1983 A.

 

« l'astre lui-même.

C'est dire que la valeur linguistique de ce mot n'est définie que par la présence ou l'absence d'autres mots à côté de lui.

» M.

MERLEAU-PONTY CAEN, JUIN !983 :CET O.

99 «Qui n'a pas réfléchi sur le langage n'a pas vraiment com­ mencé à philosopher.

» Justifier cette affirmation.

BESANÇON, JUIN 1983 : A.

1 00 Est-il naturel à l'homme de parler ? ROUEN, SEPTEMBRE 1982: B.

1 01 L'homme peut-il être maître de son langage ? CLERMONT-FERRAND, SEPTEMBRE 1982 :A.

1 02 Vous dégagerez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée : «Chacun de nous a sa manière d'aimer et de haïr, et cet amour, cette haine, reflètent sa personnalité tout entière.

Cependant le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n'a-t-il pu fixer que l'aspect objectif et impersonnel de l'amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l'âme.

Nous jugeons du talent d'un romancier à la puissance avec laquelle il tire du domaine public, où le langage les avait ainsi fait descendre, des senti­ ments et des idées auxquels il essaie de rendre, par une multiplicité de détails qui se juxtaposent, leur primitive et vivante individualité.

Mais de même qu'on pourra intercaler indéfiniment des points entre deux positions d'un mobile sans jamais combler l'espace parcouru, ainsi, par cela seul que nous parlons, par cela seul que nous associons des idées les unes aux autres et que ces idées se juxtaposent au lieu de se pénétrer, nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage.» H.

BERGSON CAEN, SEPTEMBRE 1982 : B.

1 03 Dans quelle mesure le langage est-il un moyen de maîtnse et de domination ? NANTES, JUIN 1983 :B.

30. »

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