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La laideur de l'âme et la purification (PLOTIN)

Publié le 22/02/2012

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Qu'est-ce donc qui brille sur toutes les vertus comme une lumière? Veut-on, en s'attachant à leurs contraires, aux laideurs de l'âme, les poser par opposition? serait peut-être utile à l'objet de notre recherche de savoir ce qu'est la laideur et pourquoi elle se manifeste. Soit donc une âme laide, intempérante et injuste; elle est pleine de nombreux désirs et du plus grand trouble, craintive par lâcheté, envieuse par mesquinerie; elle pense bien, mais elle ne pense qu'à des objets mortels et bas; toujours oblique, inclinée aux plaisirs impurs, vivant de la vie des passions corporelles, elle trouve son plaisir dans la laideur. Ne dirons-nous pas que cette laideur elle-même est survenue en elle comme un mal acquis, qui la souille, la rend impure et y mélange de grands maux ? De sorte que sa vie et ses sensations ont perdu leur pureté; elle mène une vie obscurcie par le mélange du mal, une vie mélangée en partie de mort; elle ne voit plus ce qu'une âme doit voir; il ne lui est plus permis de rester en elle-même, parce qu'elle est sans cesse attirée vers la région extérieure, inférieure et obscure. Impure, emportée de tous côtés par l'attrait des objets sensibles, contenant beaucoup d'éléments corporels mêlés en elle, ayant en elle beaucoup de matière et accueillant une forme différente d'elle, elle se modifie par ce mélange avec l'inférieur; c'est comme si un homme plongé dans la boue d'un bourbier ne montrait plus la beauté qu'il possédai t, et comme si l'on ne voyait de lui que la boue dont il est enduit; la laideur est survenue en lui par l'addition d'un élément étranger, et s'il doit redevenir beau, c'est un travail pour lui de se laver et de se nettoyer pour être ce qu'il était. Nous aurons donc raison de dire que la laideur de l'âme vient de ce mélange, de cette fusion, et de cette inclination vers le corps et vers la matière. La laideur pour l'âme, c'est de n'être ni propre, ni pure, de même que pour l'or, c'est d'être plein de terre : si on enlève cette terre, l'or reste; et il est beau quand on l'isole des autres matières, et qu'il est seul avec lui-même. De la même manière, l'âme, isolée des désirs qui lui viennent du corps, avec qui elle a une union trop étroite, affranchie des autres passions, purifiée de ce qu'elle contient quand elle est matérialisée, et restant toute seule dépose toute la laideur qui lui vient d'une nature différente d'elle. PLOTIN.

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