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La mort du président Roosevelt

Publié le 17/01/2022

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12 avril 1945 - Les nations alliées et leurs soldats, près d'atteindre la victoire, ne pouvaient apprendre une nouvelle plus douloureuse que celle de la mort de Franklin Roosevelt. Les hommes d'Etat qui tiennent une grande place dans l'Histoire ne sont pas toujours aimés des peuples qu'ils servent. Mais celui-là avait su joindre à l'estime des connaisseurs une popularité de bon aloi, qui dépassait largement les limites de son pays, et qui tenait aux plus rares qualités de caractère. Cet aristocrate qui, dès sa jeunesse, prend parti pour le peuple, ce sportif qui, frappé d'un terrible accident, le surmonte à force d'énergie, sans jamais se départir de sa bonne humeur, était destiné à conduire la nation américaine à travers les crises les plus graves. On a dit qu'il était totalement dépourvu de sens du tragique : c'est peut-être pour cette raison qu'il put jouer un tel rôle dans deux drames successifs. Il n'y avait pas de situation à ses yeux, qu'on ne pût maîtriser par le courage, la ténacité et la confiance. Cousin et neveu par alliance d'un président qui portait son nom, il fut, très jeune, sénateur, puis sous secrétaire d'Etat à la marine et gouverneur de l'Etat de New-York. Ses débuts à la présidence, en 1933, trouvent l'Amérique en pleine crise. Sa politique du New Deal, très combattue, a connu des vicissitudes diverses : on lui reconnaît généralement ce mérite d'avoir amélioré le standard de vie des travailleurs et ramené une certaine prospérité aux Etats-Unis. Elle lui valut l'appui desmasses, indispensable pour lui assurer trois réélections: fait sans précédent dans l'histoire des Etats-Unis. Cette prolongation de son mandat était la condition sine qua non de la grande oeuvre qu'il devait accomplir : l'entrée de l'Amérique dans la guerre aux côtés des Alliés et la conduite de cette guerre jusqu'à une fin victorieuse. Le président Roosevelt, qui connaissait les répugnances et les hésitations de ses compatriotes, sut les entraîner petit à petit, les faire renoncer à cet isolationnisme où ils s'enfermaient depuis 1919. Il les amena à soutenir l'Angleterre lorsqu'elle se battait encore seule, à fournir des armes à l'URSS quand les armées soviétiques durent soutenir le choc de la Wehrmacht. Après Pearl-Harbor, quand l'Amérique se jeta elle-même dans la lutte, il fut l'organisateur de cet arsenal de la victoire, le plus formidable que le monde ait jamais vu, grâce auquel le " mur de l'Atlantique " fut enfoncé, l'Allemagne envahie. Avant sa mort, Roosevelt aura pu apprendre que les blindés du général Eisenhower étaient à quelques kilomètres de Berlin. Mais la paix était devenue sa plus grande préoccupation et sa plus grande tâche. Animé du même idéalisme que Wilson, il y apportait un sens pratique et une diplomatie qui avaient manqué à son prédécesseur. Si dans la charte de l'Atlantique il avait posé les principes, à Téhéran, à Dumbarton-Oaks, à Yalta, il s'efforçait avec ses alliés britanniques et soviétiques de mettre sur pied une formule viable. Ce travail se poursuivra à San Francisco et dans d'autres conférences. Puisse l'absence de Roosevelt ne pas s'y faire sentir !

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