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La pratique et les fins

Publié le 30/08/2014

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LE TRAVAIL LES ÉCHANGES

1. LE TRAVAIL

184 Qu'est-ce qui pousse l'homme à travailler ?

STRASBOURG, JUIN 1983: C ET D.

185 Le travail est-il une obligation, une contrainte, ou une néces¬sité ?

ROUEN, JUIN 1983: B.

186 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Chercher un travail pour le gain, c'est maintenant un souci commun à presque tous les habitants des pays de civilisation ; le travail leur est un moyen, il a cessé d'être un but en lui-même ; aussi sont-ils peu difficiles dans leur choix pourvu qu'ils aient gros bénéfice. Mais il est des natures plus rares qui aiment mieux périr que travailler sans joie ; des difficiles, des gens qui ne se contentent pas de peu et qu'un gain abondant ne satisfera pas s'ils ne voient pas le gain des gains dans le travail même. Les artistes et les contemplatifs de toute espèce font partie de cette rare catégorie humaine, mais aussi ces oisifs qui passent leur existence à chasser ou à voyager, à s'occuper de galants commerces ou à courir les aventures. Ils cherchent tous le travail et la peine dans la mesure où travail et peine peuvent être liés au plaisir, et, s'il le faut, le plus dur travail, la pire peine. Mais sortis de là, ils sont d'une paresse décidée, même si cette paresse doit entraîner la ruine, le déshonneur, les dangers de mort ou de maladie. Ils craignent moins l'ennui qu'un travail sans plaisir : il faut même qu'ils s'ennuient beaucoup pour que leur travail réussisse. «

F. NIETZSCHE

CLERMONT-FERRAND. JUIN 1983 B.

187 L'homme doit-il craindre que la machine travaille pour lui ?

GRENOBLE, JUIN 1983: B.

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188 Le travail est-il une fatalité ?

LILLE, JUIN 1983 CET D.

189 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte d'après son étude ordonnée :

« Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail, — on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir —, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indé¬pendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfac¬tions faciles et régulières. Aussi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême... «

F. NIETZSCHE,

Aurore (écrit en 1880).

POITIERS, JUIN 1983 B.

190 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Si la terre et toutes les créatures inférieures appartiennent à tous, du moins chaque homme détient-il un droit de propriété sur sa propre personne ; et sur elle aucun autre que lui n'a de droit. Par suite, son travail personnel et l'oeuvre de ses mains lui appartiennent en propre. Or, chaque fois qu'il retire une chose quelconque de l'état où l'a mise et laissée la nature, il mêle à cette chose son travail, il y joint donc un élément personnel : par là il s'en acquiert la propriété. De plus, lorsque des biens ont ainsi été retirés de l'état commun où les avait mis la nature, le travail qui leur a été incorporé supprime désor¬mais le droit commun qu'avaient sur eux les autres hommes. Car ce travail est la propriété indiscutable du travailleur, et personne d'autre que lui n'a le droit d'en récolter les fruits ; du moins tant que les autres disposent, en quantités suffisan¬tes, de biens communs de même qualité. «

J. LOCKE

BORDEAUX, JUIN 1982: A.

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2. LES ÉCHANGES. L'ÉCONOMIE

191 L'échange est-il au principe du social ?

AIX-MARSEILLE, SEPTEMBRE 1982: A.

192 Vous tenterez de dégager l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« La production ne fournit pas seulement des matériaux aux besoins, elle fournit aussi un besoin aux matériaux. Quand la consommation sort de sa grossièreté primitive, perd son caractère immédiat — et s'y attarder serait le résultat d'une production enfoncée dans la grossièreté primitive —, elle est elle-même sollicitée par l'objet comme cause excitatrice. Le besoin qu'elle éprouve de lui est créé par la perception de cet objet. L'objet d'art — et pareillement tout autre produit —crée un public sensible à l'art, capable de jouir de la beauté. La production ne produit donc pas seulement un objet pour le sujet, mais un sujet pour l'objet.

La production produit donc la consommation : 10 en lui fournissant les matériaux ; 20 en excitant dans le consom¬mateur le besoin des produits posés par elle comme objet. Elle produit donc l'objet de la consommation, le mode de con¬sommation, la tendance à la consommation... «

K. MARX

NICE-CORSE, JUIN 1982 : B.

193 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« L'augmentation des besoins et des moyens de les satisfaire engendre la pénurie de besoins et l'indigence. Comment cela ? L'économiste nous en fournit la preuve : 10 D réduit les besoins de l'ouvrier à la subsistance la plus indispensable et la plus misérable de la vie physique ; il réduit son activité au mouvement mécanique le plus abstrait ; et il dit que l'homme n'a pas d'autres besoins, ni activité, ni jouissance, car, cette vie-là, il la proclame humaine, existence humaine. 20 Pour base de son calcul, et comme norme générale — parce que valable pour la masse des hommes — il choisit la vie (l'exis¬tence) la plus indigente possible ; il fait de l'ouvrier un être insensible et dépourvu de besoins. Le moindre luxe lui paraît condamnable chez l'ouvrier. (...) L'économie politique, cette science de la richesse, est donc en même temps la science du renoncement, de l'indigence, de l'épargne : il lui arrive réelle¬ment de vouloir épargner à l'homme le besoin d'air pur ou de mouvement physique. Cette science de la mirifique industrie

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est aussi la science de l'ascétisme, et son véritable idéal est l'avare ascétique mais usurier, et l'esclave ascétique mais producteur. Son idéal moral, c'est l'ouvrier qui porte à la caisse d'épargne une partie de son salaire. Elle est donc —malgré ses airs mondains et lascifs — une vraie science morale, la plus morale des sciences. Sa grande maxime, c'est l'abné¬gation, le renoncement à la vie et à tous les besoins humains. «

K. MARX

LILLE, JUIN 1982: A.

3. LA PROPRIÉTÉ

194 Est-il exact de dire que la propriété est le support naturel de toute liberté ?

GRENOBLE, JUIN 1983 . A.

195 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« A l'égard des biens extérieurs, l'homme possède deux privilèges. Le premier est de pouvoir les acquérir pour les utiliser. Et il est légitime que l'homme possède des biens, car cette possession est nécessaire à la vie humaine, pour trois raisons. D'abord, on prend plus de soin de ce que l'on possède en propre que de ce qui est commun à tous ou à plusieurs ; dans ce dernier cas, chacun évite la peine et se décharge sur autrui de ce qui intéresse la communauté, comme il arrive là où il y a beaucoup de serviteurs. Ensuite, il y a plus d'ordre dans les affaires lorsque chacun est spécialement chargé d'une oeuvre déterminée, mais c'est la confusion générale lorsque n'importe qui s'occupe de n'importe quoi. Enfin, la propriété individuelle favorise la concorde entre les hommes, chacun étant content de ce qu'il possède ; au contraire, on voit de fréquentes dissensions entre ceux qui possèdent des biens en commun ou en propriété indivise'. Et l'homme a non seule¬ment le privilège de posséder des biens extérieurs, mais aussi celui d'en user. Il ne doit pas cependant les garder pour lui, mais les considérer comme appartenant à tous, afin d'être disposé à les mettre au service des autres en cas de besoin. «

SAINT THOMAS D'AQUIN

NICE-CORSE, JUIN 1983: B.

1. Terme de droit qui signifie : sans partage.

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LA TECHNIQUE. L'ART

A. LA TECHNIQUE

196 Faut-il redouter les machines ?

STRASBOURG, JUIN 1983: C ET D.

197 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Quoique la liaison des sciences aux arts' ait été longtemps d'une importance capitale pour le développement des premiè¬res, et qu'elle continue à réagir encore très utilement sur leur progrès journalier, il est néanmoins incontestable que, d'après le mode irrationnel suivant lequel cette relation est presque toujours organisée jusqu'ici, elle tend, d'un autre côté, à ralentir la marche des connaissances spéculatives une fois parvenues à un certain degré d'extension, en assujettissant la théorie à une trop intime connexion avec la pratique. Quelque limitée que soit, en réalité, notre force de spéculation, elle a cependant, par sa nature, beaucoup plus de portée que notre capacité d'action, en sorte qu'il serait radicalement absurde de vouloir astreindre la première, d'une manière continue, à régler son essor sur celui de la seconde, qui doit au contraire s'efforcer de la suivre autant que possible. Les domaines rationnels de la science et de l'art' sont, en général, parfaite¬ment distincts, quoique philosophiquement liés : à l'une il appartient de connaître, et par suite de prévoir ; à l'autre, de pouvoir, et par suite d'agir. «

A. COMTE

ORLÉANS-TOURS, JUIN 1983: A.

B. L'ART

1. DÉFINITION DE L'ART

198 Y a-t-il dans le domaine des arts un langage des sons et des couleurs ?

POITIERS, JUIN 1983: C ET D.

199 La laideur peut-elle faire l'objet d'une représentation esthéti¬que ?

POITIERS, JUIN 1983 : A.

1. NOTE IMPORTANTE : L'attention du candidat est attirée sur le fait qu'ici le mot « arts « n'est jamais entendu au sens de « beaux-arts « mais au sens de « techniques «.

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200 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Newton pouvait non seulement pour lui, mais pour tout autre, décrire clairement, et déterminer pour ses successeurs, les démarches qu'il eut à faire depuis les premiers éléments de la géométrie, jusqu'à ses grandes et profondes découvertes ; mais aucun _Homère, aucun Wieland ne pourrait montrer comment ses idées riches en poésie et pourtant lourdes de pensées surgissent et s'assemblent dans son cerveau, car lui-même ne le sait pas et il ne peut donc l'enseigner à un autre. En matière de science par conséquent il n'y a entre le plus grand inventeur et l'imitateur, l'apprenti le plus laborieux, qu'une différence de degrés, mais il y a une différence spécifi¬que entre lui et celui que la nature a doué pour les beaux-arts ; on ne veut pas pourtant diminuer ces grands hommes aux¬quels l'humanité doit tout, par rapport à ceux qui par leur talent pour les beaux-arts sont des favoris de la nature. Le talent des premiers consiste à faire progresser toujours davan¬tage les connaissances, et les avantages pratiques qui en dépendent, comme à instruire les autres dans ces mêmes connaissances et c'est là une grande supériorité sur ceux qui méritent l'honneur d'être appelés des génies ; pour ceux-ci l'art s'arrête quelque part ; il a ses limites qu'il ne peut dépasser, qu'il a sans doute atteintes depuis longtemps et qui ne peuvent plus être reculées ; de plus une telle maîtrise ne peut se communiquer, elle est dispensée directement à chacun par la main de la nature ; elle disparaît donc avec l'un jusqu'à ce que la nature confère à un autre les mêmes dons ; et il ne reste plus à celui-ci que d'avoir un modèle pour laisser se manifester de semblable manière le talent dont il a conscience. «

E. KANT

REIMS, JUIN 1983 A.

201 L'ceuvre d'art nous met-elle en présence d'une vérité impos¬sible à atteindre par d'autres voies ?

LILLE, JUIN 1983 : B.

202 L'art n'est-il qu'un divertissement ?

NICE-CORSE, SEPTEMBRE 1982 C ET D.

203 L'art est-il une affaire publique ?

NANCY-METZ, JUIN 1983: B.

204 Peut-on être artiste occasionnellement ?

ORLÉANS-TOURS, JUIN 1983 C ET D.

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205 L'oeuvre d'art nous éloigne-t-elle ou nous rapproche-t-elle du réel ?

NANCY-METZ, JUIN 1983: C ET D.

206 En quel sens peut-on affirmer avec un artiste contemporain : « L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible « ?

NICE-CORSE, JUIN 1983 B.

207 « Créer, c'est conjurer la mort. « Qu'en pensez-vous ?

NICE-CORSE, JUIN 1983: A.

208 L'art est-il dévoilement d'une vérité ?

AIX-MARSEILLE, JUIN 1983: A.

209 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Qu'il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, l'art n'a d'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité même. C'est d'un malentendu sur ce point qu'est né le débat entre le réalisme et l'idéalisme dans l'art. i L'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité. Mais cette pureté de perception implique une rupture avec la

onvention utile, un désintéressement inné du sens ou de la iconscience, enfin une certaine immatérialité de vie, qui est ce qu'on a toujours appelé de l'idéalisme. De sorte qu'on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l'oeuvre quand l'idéalisme est dans l'âme, et que c'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité. «

H. BERGSON

BORDEAUX, JUIN 1983: B.

2. QUESTION DU BEAU

210 La beauté est-elle dans le regard ou dans l'objet regardé ?

LIMOGES, JUIN 1983: A.

211 Puis-je dire en même temps : « c'est beau « et « ça ne me plaît pas « ?

CAEN, JUIN 1983: A.

212 Y a-t-il une beauté naturelle ?

LIMOGES, JUIN 1983: B.

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213 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« En ce qui concerne l'agréable, chacun consent à ce que son jugement fondé sur un sentiment particulier et par lequel il affirme qu'un objet lui plaît, soit restreint à une seule per¬sonne. Il admet donc quand il dit : le vin des Canaries est agréable, qu'un autre corrige l'expression et lui rappelle qu'il doit dire : il m'est agréable ; il en est ainsi non seulement pour le goût de la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce qui plaît aux yeux et aux oreilles de chacun. (...) Il en va tout autrement du beau. Ce serait ridicule, si quelqu'un se piquant de bon goût, pensait s'en justifier en disant : cet objet (l'édifice que nous voyons, le concert que nous entendons, le poème que l'on soumet à notre appréciation) est beau pour moi. Car il ne doit pas appeler beau ce qui ne plaît qu'à lui. Beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de l'agrément, il n'importe ; mais quand il dit d'une chose qu'elle est belle, il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement pour lui, mais au nom de tous et parle alors de la beauté comme d'une propriété des objets ; il dit donc que la chose est belle et ne compte pas pour son jugement de satisfaction sur l'adhésion des autres parce qu'il a constaté qu'à diverses reprises leur jugement était d'accord avec le sien, mais il exige cette adhésion. Il les blâme s'ils en jugent autrement, il leur refuse d'avoir du goût et il demande pour¬tant qu'ils en aient ; et ainsi on ne peut pas dire que chacun ait son goût particulier. Cela reviendrait à dire : le goût n'existe pas, c'est-à-dire le jugement esthétique qui pourrait à bon droit prétendré à l'assentiment de tous n'existe pas. «

E. KANT

STRASBOURG, JUIN 1983: A.

214 La beauté s'explique-t-elle ?

215 Ne peut-on aimer que le beau ? LYON, JUIN 1983: A.

PARIS-VERSAILLES-CRÉTEIL, JUIN 1983: B.

 

3. JUGEMENT ESTHÉTIQUE

216 Pourquoi nos préférences ne sont-elles pas des critères suffi¬sants pour juger une oeuvre d'art ?

ROUEN, JUIN 1983: C ET D.

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217 De quel droit, dans le domaine artistique, un homme peut-il s'ériger en connaisseur ?

NICE-CORSE JUIN 198, C ET D,

218 Le plaisir éprouvé devant une oeuvre d'art est-il un plaisir spécifique ?

GRENOBLE SEPTEMBRE 1982 • A.

219 Peut-on démontrer qu'une oeuvre d'art est belle ?

NICE-CORSE SEPTEMBRE 1082 B.

LA RELIGION

220 Les croyances religieuses sont-elles, par nature, irrationnel¬les ?

NICE CORSE. SEPTEMBRE 1982: A.

221 Toute religion implique-t-elle une révélation ?

ORLÉANS-TOURS, JUIN 1983: A.

222 Peut-on vivre « sans foi ni loi « ?

REIMS, JUIN 1983: B.

223 Une religion sans croyance est-elle possible ?

GRENOBLE, JUIN 1983: B.

224 La superstition est-elle l'affaire des sots ?

DIJON, JUIN 1983: A.

225 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Il nous reste à montrer, en conclusion, qu'entre la foi et la théologie d'une part, la philosophie de l'autre, il n'y a aucun rapport, aucune affinité. Pour ne point savoir cela, il faudrait tout ignorer du but et du principe de ces deux disciplines, radicalement incompatibles. La philosophie ne se propose que la vérité, et la foi, comme nous l'avons abondamment dé¬montré, que l'obéissance, la ferveur de la conduite. En outre, la philosophie a pour principes des notions généralement valables et elle doit se fonder exclusivement sur la nature ; la foi a pour principes l'histoire, la philologie et elle doit exclusi 

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vement se fonder sur l'Écriture, la Révélation. (...) La foi laisse donc à chacun la liberté totale de philosopher. Au point que chacun peut, sans crime, penser ce qu'il veut sur n'importe quelle question dogmatique. Elle ne condamne, comme héré¬tiques et schismatiques, que les individus professant des croyances susceptibles de répandre parmi leurs semblables l'insoumission, la haine, les querelles et la colère. Elle consi¬dère comme croyants, au contraire, les hommes qui prêchent autour d'eux la justice et la charité, dans la mesure où leur raison et leurs aptitudes le leur rendent possible. «

B. SPINOZA

ROUEN, JUIN 1983 : A.

226 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte d'après son

étude ordonnée.

« Si quelqu'un compose un poème sur les malheurs de Niobé, des Pélopides, des Troyens', ou sur tout autre sujet semblable, il ne faut pas qu'il puisse dire que ces malheurs sont l'oeuvre de Dieu, ou, s'il le dit, il doit en rendre raison à peu près comme, maintenant, nous cherchons à le faire. Il doit dire qu'en cela Dieu n'a rien fait que de juste et de bon, et que ceux qu'il a châtiés en ont tiré profit ; mais que les hommes punis aient été malheureux, et Dieu l'auteur de leurs maux, nous ne devons pas laisser le poète libre de le dire. Par contre, s'il affirme que les méchants avaient besoin de châtiment, étant malheureux, et que Dieu leur fit du bien en les punissant, nous devons le laisser libre. Dès lors, si l'on prétend que Dieu, qui est bon, est la cause des malheurs de quelqu'un, nous com¬battrons de tels propos de toutes nos forces, et nous ne permettrons pas qu'ils soient énoncés ou entendus, par les jeunes ou par les vieux, en vers ou en prose, dans une cité qui doit avoir de bonnes lois, parce qu'il serait impie de les émettre, et qu'ils ne sont ni à notre avantage ni d'accord entre eux... Voilà donc la première règle et le premier modèle auxquels on devra se conformer dans les discours et dans les compositions poétiques. Dieu n'est pas la cause de tout, mais seulement du bien. «

PLATON, La République.

POITIERS, JUIN 1983: A.

227 Peut-on vivre sans mythes ?

AIX-MARSEILLE, SEPTEMBRE 1982: A.

1. Comme Job dans la tradition biblique, Niobé, les Pélopides et les Troyens dans la tradition hellénique sont des figures de l'humanité malheureuse.

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228 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son

étude ordonnée :

« Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle. Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux — ou doux et amer —poison. Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celle-ci. Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile ; il sera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers ; il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole. Il se trouvera dans la même situation qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud. Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé ? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans l'univers hostile. On peut appeler cela « l'éducation en vue de la réalité « ; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès ? «

S. FREUD

RENNES, JUIN 1983: B.

LA SOCIÉTÉ. L'ÉTAT

1. LA SOCIÉTÉ

229 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude

ordonnée :

« On ne saurait concevoir qu'une nation, de par son établisse¬ment constitutionnel, autorise chaque citoyen à vivre selon sa fantaisie. Par conséquent aussi, le droit de s'ériger en arbitre de sa conduite personnelle dont jouirait tout homme à l'état de nature, prend nécessairement fin avec l'état de société. Notez bien que j'ai dit : de par son établissement constitution¬nel, car (à voir les choses au fond) la situation de droit naturel n'est pas réellement abolie, lorsque commence l'état de so¬ciété. En effet l'homme, dans l'état social comme dans l'état naturel, agit conformément aux lois de sa nature et songe à son intérêt personnel. Dans l'un et l'autre état, dis-je, il est amené par l'espoir ou par la crainte à réaliser certaine action et à n'en

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pas réaliser une autre. Une différence essentielle subsiste, il est vrai : dans l'état social, le motif de crainte est identique pour tous, la source de sécurité et la façon de vivre sont identiques pour tous. «

B SPI NOZ A

NICE-CORSE, JUIN 1983 • CET D.

230 Quelle signification faut-il donner à l'idée de l'égalité entre les hommes ?

AMIENS, JUIN 198; • B.

231 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de con étude ordonnée :

« Dans toutes les cités, la cité comprend trois groupes : les gens très riches, les gens très pauvres et, en troisième lieu, les gens qui tiennent le milieu entre les précédents. Ainsi donc, puisqu'on accorde que ce qu'il y a de mieux, c'est la mesure et le juste milieu, il est évident que, pour les dons de la fortune, le mieux de tout est d'en avoir moyennement. Obéir à la raison est alors très facile ; au contraire, l'excès de beauté, de force, de noblesse ou de richesse, ou bien, à l'opposé, l'excès de pauvreté ou de faiblesse ou une très grande indignité rend difficile la soumission à la raison : dans un cas apparaissent les ambitieux démesurés et plutôt les grands criminels, dans l'autre les malfaiteurs et surtout les petits délinquants : les crimes et délits se commettent soit par démesure, soit par malfaisance. De plus, les classes moyennes, ce sont elles qui, se dérobant le moins aux charges et les briguant le moins, n'ont pas ces attittides toutes deux nuisibles aux cités.

En outre, ceux qui ont à l'excès les dons de la fortune —force, richesse, amis et autres avantages de ce genre — ne veulent ni ne savent obéir (...) tandis que ceux qui sont privés, d'une manière excessive, de ces avantages sont trop avilis. Le résultat, c'est que ces derniers ne savent pas commander, mais seulement obéir en esclaves à l'autorité, tandis que les autres ne savent obéir à aucune autorité, mais seulement commander en maîtres. Ainsi donc, il se forme une cité d'esclaves et de maîtres, mais non d'hommes libres, les uns pleins d'envie, les autres de mépris, sentiments très éloignés de l'amitié et de la communauté de la cité, car communauté implique amitié : avec ses ennemis, on ne veut même pas faire en commun un bout de chemin. La cité, elle, se veut composée le plus possible d'égaux et de semblables, ce qui se rencontre surtout dans la classe moyenne. «

ARISTOTE

DIJON, JUIN 1983 1C ET D.

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232 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« Je conçois dans l'espèce humaine deux sortes d'inégalités : l'une, que j'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est établie par la nature et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps et des qualités de l'âme ; l'autre, qu'on peut appeler inégalité morale ou politique parce qu'elle dépend d'une sorte de convention, et qu'elle est établie ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges dont quelques-uns jouissent au préjudice des autres, comme d'être plus riches, plus honorés, plus puissants qu'eux, ou même de s'en faire obéir. On ne peut pas se demander quelle est la source de l'inégalité naturelle parce que la réponse se trouverait énoncée dans la simple définition du mot. On peut encore moins chercher s'il n'y aurait point quelque liaison essentielle entre les deux inégalités ; car ce serait se demander si ceux qui commandent valent nécessairement mieux que ceux qui obéis¬sent, et si la force du corps ou de l'esprit, la sagesse ou la vertu, se trouvent toujours dans les mêmes individus en proportion de la puissance ou de la richesse : question peut-être bonne à agiter entre des esclaves entendus de leurs maîtres, mais qui ne convient pas à des hommes raisonnables et libres, qui cherchent la vérité. «

J.J. ROUSSEAU

MONTPELLIER, JUIN 1983: B.

233 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Socrate : Mais est-il plus grand mal pour une cité que ce qui la divise et la rend multiple au lieu d'une ? Est-il plus grand bien que ce qui l'unit et la rend une ?

Glaucon : Non.

Socrate : Eh bien ! La communauté de plaisir et de peine n'est-elle pas un bien dans la cité, lorsque, autant que possible, tous les citoyens se réjouissent ou s'affligent également des mêmes événements heureux ou malheureux ?

Glaucon : Si, très certainement.

Socrate : Et n'est-ce pas l'égoïsme de ces sentiments qui la divise, lorsque les uns éprouvent une vive douleur, et les autres une vive joie, à l'occasion des mêmes événements publics ou particuliers ?

Glaucon : Sans doute.

Socrate : Or, cela ne vient-il pas de ce que les citoyens ne sont

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point unanimes à prononcer ces paroles : ceci me concerne, ceci ne me concerne pas, ceci m'est étranger ?

Glaucon : Sans aucun doute.

Socrate : Par conséquent, la cité dans laquelle la plupart des citoyens disent à propos des mêmes choses : ceci me concerne, ceci ne me concerne pas, cette cité est excellemment organi¬sée ?

Glaucon : Certainement.

Socrate : Et ne se comporte-t-elle pas, à très peu de chose près, comme un seul homme ? Je m'explique : quand un de nos doigts reçoit quelque coup, la communauté du corps et de l'âme, qui forme une seule organisation, à savoir celle de son principe directeur, éprouve une sensation ; tout entière et simultanément elle souffre avec l'une de, ses parties : aussi disons-nous que l'homme a mal au doigt. Il en est de même de toute autre partie de l'homme, qu'il s'agisse du malaise causé par la douleur, ou du mieux-être qu'entraîne le plaisir.

Il en est de même, en effet. Et pour en revenir à ce que tu demandais, une cité bien gouvernée se trouve dans une condition très voisine de celle de l'homme.

Qu'il arrive donc à un citoyen un bien ou un mal quelcon¬que, ce sera surtout une pareille cité qui fera siens les senti¬ments qu'il éprouvera, et qui, tout entière, partagera sa joie ou sa peine.

Il y a nécessité qu'il en soit ainsi dans une cité aux bonnes lois. «

PLATON

BORDEAUX, JUIN 1983: A.

2. LE POLITIQUE

234 Quels rapports la politique entretient-elle avec la morale ?

LYON, JUIN 1983 • C ET D.

235 En quel sens peut-on dire que l'homme est un « animal politique « ?

1OULOUSE, JUIN 1983: C El D.

236 La politique est-elle une technique ?

AIX MARShILLE, JUIN 1983 C El D.

237 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« L'homme public, puisqu'il se mêle de gouverner les autres,

ne peut se plaindre d'être jugé sur ses actes dont les autres

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portent la peine, ni sur l'image souvent inexacte qu'ils donnent de lui. Comme Diderot le disait du comédien en scène, nous avançons que tout homme qui accepte de jouer un rôle porte autour de soi un « grand fantôme « dans lequel il est désor¬mais caché, et qu'il est responsable de son personnage même s'il n'y reconnaît pas ce qu'il voulait être. Le politique n'est jamais aux yeux d'autrui ce qu'il est à ses propres yeux, non seulement parce que les autres le jugent témérairement, mais encore parce qu'ils ne sont pas lui, et que ce qui est en lui erreur ou négligence peut être pour eux mal absolu, servitude ou mort. Acceptant, avec un rôle politique, une chance de gloire, il accepte aussi un risque d'infamie, l'une et l'autre « imméritées «. L'action politique est de soi impure parce qu'elle est action de l'un sur l'autre et parce qu'elle est action à plusieurs. Un opposant pense utiliser les koulaks ; un chef pense utiliser pour sauver son oeuvre l'ambition de ceux qui l'entourent. Si les forces qu'ils libèrent les emportent, les voilà, devant l'histoire, l'homme des koulaks et l'homme d'une clique. Aucun politique ne peut se flatter d'être innocent. Gouverner, comme on dit, c'est prévoir, et le politique ne peut s'excuser sur l'imprévu. Or, il y a de l'imprévisible. Voilà la tragédie. «

M. MERLEAU-PONTY

CLERMONT-FERRAND, JUIN 1983: A.

238 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant après en avoir

fait l'étude ordonnée :

« Il ne faut pas beaucoup de probité pour qu'un gouvernement monarchique ou un gouvernement despotique se maintienne ou se soutienne. La force des lois dans l'un, le bras du prince toujours levé dans l'autre, règlent ou contiennent tout. Mais dans un État populaire, il faut un ressort de plus qui est la vertu...

Les politiques grecs, qui vivaient dans le gouvernement populaire, ne reconnaissaient d'autre force qui pût les soutenir que celle de la vertu. Ceux d'aujourd'hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances et de luxe même.

Lorsque cette vertu cesse, l'ambition entre dans les coeurs qui peuvent la recevoir, et l'avarice entre dans tous. Les désirs changent d'objets : ce qu'on aimait, on ne l'aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître ; ce qui était maxime, on l'appelle rigueur ; ce qui était règle, on l'appelle gêne ; ce qui y était attention, on l'appelle crainte.

 

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La république est une dépouille ; et sa force n'est plus que

le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous. «

MONTESQUIEU

BESANÇON, JUIN 1983 A.

239 Le devoir du politique est-il de donner satisfaction à l'opinion publique ?

CLERMONT-FERRAND, SEPTEMBRE 1982: B.

240 Une démocratie véritable est-elle nécessairement une utopie ?

GRENOBLE, SEPTEMBRE 1982: C ET D.

241 La guerre est-elle la continuation de la politique par d'autres moyens ?

ROUEN, SEPTEMBRE 1982: B.

242 Peut-on parler de vérité dans le domaine politique ?

AIX-MARSEILLE, SEPTEMBRE 1982: B.

243 « Y a-t-il des tyrans heureux ? «

CAEN, SEPTEMBRE 1982: A.

244 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« II y aura toujours une grande différence entre soumettre une multitude et régir une société. Que des hommes épars soient successivement asservis à un seul, en quelque nombre qu'ils puissent être, je ne vois là qu'un maître et des esclaves, je n'y vois point un peuple et son chef : c'est, si l'on veut, une agrégation, mais non pas une association : il n'y a là ni bien public ni corps politique. Cet homme, eût-il asservi la moitié du monde, n'est toujours qu'un particulier ; son intérêt, séparé de celui des autres, n'est toujours qu'un intérêt privé. Si ce même homme vient à périr, son empire après lui reste épars et sans liaison, comme un chêne se dissout et tombe en un tas de cendres, après que le feu l'a consumé.

Un peuple, dit Grotius, peut se donner à un roi. Selon Grotius, un peuple est donc un peuple avant de se donner à un roi. Ce don même est un acte civil, il suppose une délibé¬ration publique. Avant donc d'examiner l'acte par lequel un peuple élit un roi, il serait bon d'examiner l'acte par lequel un peuple est un peuple. Car cet acte étant nécessairement antérieur à l'autre est le vrai fondement de la Société. «

J.-J. ROUSSEAU

NICE-CORSE, SEPTEMBRE 1982 : A.

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245 Faut-il vouloir la paix à tout prix ?

PARIS-VERSAILLE-CRÉTEIL, JUIN 1980: B.

246 La politique peut-elle recevoir son principe de l'éthique ?

POITIERS, JUIN 1980 A.

3. L'ÉTAT

247 La puissance de l'État est-elle condition de l'harmonie so¬ciale ?

GRENOBLE, JUIN 1983 : C ET D.

248 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« D'abord la puissance législative et la puissance exécutive qui constituent la souveraineté n'en sont pas distinctes. Le Peuple Souverain veut par lui-même, et par lui-même il fait ce qu'il veut. Bientôt l'incommodité de ce concours de tous à toute chose force le Peuple Souverain de charger quelques-uns de ses membres d'exécuter ses volontés. Ces Officiers, après avoir rempli leur commission, en rendent compte, et rentrent dans la commune égalité. Peu à peu ces commissions deviennent fréquentes, enfin permanentes. Insensiblement il se forme un corps qui agit toujours. Un corps qui agit toujours ne peut pas rendre compte de chaque acte : il ne rend plus compte que des principaux ; bientôt il vient à bout de n'en rendre d'aucun. Plus la puissance qui agit est active, plus elle énerve' la puissance qui veut. La volonté d'hier est censée être aussi celle d'aujourd'hui ; ou bien que l'acte d'hier ne dispense pas d'agir aujourd'hui. Enfin l'inaction de la puissance qui veut la soumet à la puissance qui exécute ; celle-ci rend peu à peu ses actions indépendantes, bientôt ses volontés : au lieu d'agir pour la puissance qui veut, elle agit sur elle. Il ne reste alors dans l'État qu'une puissance agissante, c'est l'exécutive. La puissance exécutive n'est que la force, et où règne la seule force l'État est dissous. Voilà, Monsieur, comment périssent à la fin tous les États démocratiques. «

ROUSSEAU

REIMS, JUIN 1983 : B.

249 L'État n'impose-t-il l'obéissance que par la force matérielle ?

CAEN, SEPTEMBRE 1982: C ET D.

1. Énerver : priver de nerfs, d'énergie.

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250 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son

étude ordonnée :

« Le problème de la formation de l'État, si dur que ce soit à entendre, n'est pourtant pas insoluble, même s'il s'agissait d'un peuple de démons (pourvus qu'ils aient quelque intelli¬gence) ; il se formule de la façon suivante : « Ordonner une foule d'êtres raisonnables qui réclament tous d'un commun accord des lois générales en vue de leur conservation, chacun d'eux d'ailleurs ayant une tendance secrète à s'en excepter ; et organiser leur constitution de telle sorte que ces gens qui, par leurs sentiments particuliers, s'opposent les uns aux autres, refrènent réciproquement ces sentiments de façon à parvenir dans leur conduite publique à un résultat identique à celui qu'ils obtiendraient s'ils n'avaient pas ces mauvaises dispositions. «

Un pareil problème doit pouvoir se résoudre, car il ne requiert pas l'amélioration morale des hommes, mais il s'agit simplement de savoir comment on peut utiliser par rapport aux hommes le mécanisme de la nature pour diriger l'anta¬gonisme des dispositions hostiles dans un peuple, de telle sorte que les hommes s'obligent mutuellement eux-mêmes à se soumettre à des lois de contrainte, produisant ainsi nécessai¬rement l'état de paix où les lois disposent de la force. «

E. KANT

AMIENS, JUIN 1983 A.

LE POUVOIR

251 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son

étude ordonnée :

« Rien ne paraît plus surprenant à ceux qui contemplent les choses humaines d'un oeil philosophique que de voir la facilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit et l'humble soumission avec laquelle les hommes sacrifient leurs sentiments et leurs penchants à ceux de leurs chefs. Quelle est la cause de cette merveille ? Ce n'est pas la force : les sujets sont toujours plus forts. Ce ne peut donc être que l'opinion. C'est sur l'opinion que tout gouvernement est fondé, le plus despotique et le plus militaire, aussi bien que le plus populaire et le plus libre.

Un sultan d'Égypte, un empereur de Rome peut forcer les actions de ces peuples innocents mais ce n'est qu'après s'être

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affermi dans l'opinion de ses gardes : ils peuvent mener leurs sujets comme des bêtes brutes, mais il faut qu'ils traitent comme des hommes, l'un ses mameluks, l'autre sa cohorte prétorienne. «

D. HUME

AMIENS, JUIN 1983: C ET D.

252 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude

ordonnée :

« Les gens de bien ne veulent gouverner ni pour les richesses ni pour les honneurs : ils ne veulent pas être traités de mercenaires, en exigeant ouvertement le salaire de leur fonc¬tion, ni de voleurs en tirant eux-mêmes de leur charge des profits secrets. Ils ne sont pas non plus attirés par les hon¬neurs ; car ils ne sont pas ambitieux. Il faut donc qu'une punition les contraigne à prendre part aux affaires ; aussi, risque-t-on, à prendre volontairement le pouvoir, sans atten¬dre la nécessité, d'encourir quelque honte. Or la punition la plus grave, c'est d'être gouverné par un plus méchant que soi, quand on se refuse à gouverner soi-même : c'est par crainte de cette punition, ce me semble, que les honnêtes gens qu'on voit au pouvoir se chargent du gouvernement. Alors ils se mêlent aux affaires, non pour leur intérêt ni pour leur plaisir, mais par nécessité et parce qu'ils ne peuvent les confier à des hommes plus dignes ou du moins aussi dignes qu'eux-mêmes. Supposez un État composé de gens de bien : on y ferait sans doute des brigues pour échapper au pouvoir, comme on en fait à présent pour le saisir, et l'on y verrait bien que réellement le véritable gouvernant n'est point fait pour chercher son propre intérêt, mais celui du sujet gouverné ; et tout homme sensé préférerait être l'obligé d'un autre que de se donner la peine d'obliger autrui. «

PLATON

LIMOGES, JUIN 1983: A.

LA VIOLENCE

253 La force et la violence ont-elles même origine et même but ?

AIX-MARSEILLE, JUIN 1983: B.

254 Tout ordre institué est-il une violence ?

GRENOBLE, SEPTEMBRE 1982: B.

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255 La violence se distingue-t-elle de la force ?

ANTILLES-GUYANE, JUIN 1983 B

LE DROIT. LA JUSTICE

1. LE DROIT ET LA LOI

256 Peut-on discerner dans les changements du droit un progrès vers la justice ?

LILLE, JUIN 1983: B.

257 Peut-on en appeler à la conscience contre la loi ?

CLERMONT-FERRAND, JUIN 1983 C ET D.

258 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude

ordonnée :

« Il faut distinguer droit et morale. Le droit peut très bien permettre une action qu'interdise la morale. Le droit, par exemple, m'autorise à disposer de mon bien de façon tout à fait inconditionnelle, mais la morale contient des détermina¬tions qui limitent ce droit de disposition. Il peut sembler que la morale permette bien des actions que le droit interdit, mais la morale n'exige pas seulement l'observation du droit à l'égard d'autrui, elle ajoute de plus au droit la disposition d'esprit qui consiste à respecter le droit pour lui-même. C'est la morale elle-même qui impose que, d'abord, le droit soit respecté, et que, là où cesse le domaine du droit, interviennent des déterminations morales.

Pour qu'une conduite ait une valeur morale, il est nécessaire de discerner si cette conduite est juste ou injuste, bonne ou méchante. Ce qu'on appelle innocence des enfants ou des nations non civilisées n'est pas encore moralité. Si les enfants ou les non civilisés s'abstiennent d'un grand nombre de méchantes conduites, c'est parce qu'ils n'ont encore aucune représentation de pareilles conduites, parce que les relations qui donnent lieu à ces conduites n'existent encore d'aucune manière ; le fait qu'ils s'abstiennent de ces conduites méchantes est sans valeur morale. Ils accomplissent, d'autre part, des actions conformes à la morale et qui cependant ne sont pas encore proprement morales, car ils n'ont aucun discernement qui leur permettrait de savoir si, par nature, cette conduite est bonne ou méchante. «

F. HEGEL

MONTPELLIER, JUIN 1983: A.

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259 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« On objectera peut-être ici que la condition des citoyens est misérable, exposés qu'ils sont à la concupiscence et aux autres passions sans règle de celui ou de ceux qui ont en main un (...) pouvoir illimité (...) Mais les gens ne tiennent pas compte de ce que la condition de l'homme ne peut jamais être exempte de toute espèce d'incommodité ; et de ce que les plus grandes incommodités dont on peut imaginer affligé l'ensemble du peuple, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, sont à peine sensibles au regard des misères et des calamités affreuses qui accompagnent soit une guerre civile, soit l'état inorganisé d'une humanité sans maîtres, qui ignore la sujétion des lois et le pouvoir coercitif capable d'arrêter le bras qui s'apprêtait à la rapine ou à la vengeance. Ils ne tiennent pas compte non plus de ce que, lorsque ceux qui les gouvernent souverainement leur imposent les fardeaux les plus lourds, cela ne procède pas de l'attente d'un plaisir ou d'un avantage quelconque que pourrait leur valoir le préjudice ou l'affaiblis¬sement de leurs sujets, dont la vigueur est le fondement de leur force et de leur gloire, mais du caractère rétif des gouver¬nés eux-mêmes, et de la mauvaise grâce qu'ils apportent à contribuer à leur propre défense, obligeant ainsi leurs gouver¬nants à leur soutirer ce qu'ils peuvent en temps de paix, afin d'avoir les moyens de résister ou de l'emporter sur leurs ennemis, en cas d'occasion imprévue ou de besoin soudain. «

T. HOBBES

DIJON, JUIN 1983 • B.

2. LA JUSTICE

260 Que pensez-vous de l'adage : « Que la justice s'accomplisse, le monde dût-il s'effondrer « ? (Fiat justitia pereat mundus)

CAEN, JUIN 1983: B.

261 A qui appartient-il de décider du juste et de l'injuste ?

MONTPELLIER, JUIN 1983 • C ET D.

262 Le châtiment peut-il ne rien devoir au désir de se venger ?

STRASBOURG, JUIN 1983 • B.

263 Y a-t-il des guerres justes ?

LYON, JUIN 1983: B.

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264 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Ce qu'il faut égaliser, ce sont les appétits plutôt que les biens, et ce résultat ne peut être atteint que par une éducation dispensée par les lois.

(...) D'autre part, les hommes ne commettent pas seulement des injustices pour subvenir aux nécessités vitales (de ces injustices qui, dans la pensée de Phaléas', trouvent leur remède dans l'égalisation des fortunes laquelle aura pour effet qu'on ne dépouillera plus son voisin pour se préserver soi-même du froid ou de la faim), mais encore pour se procurer des plaisirs et satisfaire leurs appétits : si, en effet, ils ressentent des appétits qui vont au-delà des nécessités vitales, ils pratiqueront l'injustice comme un moyen curatif pour les apaiser. Enfin, ils peuvent avoir en vue non seulement ce dernier motif, mais encore celui de jouir de plaisirs non accompagnés de souf¬france.

Quel remède y a-t-il à ces trois formes d'injustice ? Pour la première sorte, ce sera une fortune médiocre et du travail ; pour la deuxième, de la tempérance ; quant à la troisième, tout homme qui souhaite des plaisirs ne dépendant que de soi-même ne saurait chercher à les satisfaire en dehors de la philosophie, car les autres requièrent l'aide de nos semblables. Et étant donné que les plus grands crimes viennent de nos désirs pour des objets dépassant les nécessités vitales et non pour satisfaire ces dernières (par exemple, on ne devient pas tyran pour se préserver du froid, et c'est pourquoi aussi les plus grands honneurs sont décernés à celui qui tue non pas un voleur mais un tyran), il en résulte que les institutions politi¬ques de Phaléas n'offrent de secours que contre les injustices de peu d'importance. «

ARISTOTE

TOULOUSE, JUIN 1983: A.

265 Faut-il raisonner pour être juste envers autrui ?

AIX-MARSEILLE, JUIN 1983 C ET D.

266 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« S'il arrive que l'on prétende être un bon flûtiste, ou être bon en n'importe quel art où l'on n'est pas bon, on est alors ou bien tourné en dérision, ou bien rudoyé ; et vos proches, venant à la rescousse, vous gourmandent de perdre ainsi la tête ! Au

1. Phaléas de Chalcédoine soutient que les propriétés doivent être égales.

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contraire, dans le cas de la justice... quand les gens n'ignorent pas de tel homme qu'il est un homme injuste, quand cet homme, de son propre mouvement, proclame la vérité sur lui-même à la face d'une nombreuse assistance, cette véracité, que dans l'autre cas ils estimaient être judicieuse, ils l'estiment folle dans celui-ci ; tout le monde, déclarent-ils, doit se déclarer juste, qu'il le soit ou qu'il ne le soit pas ; c'est être fou que de ne pas simuler la justice, pour cette raison, pensent-ils, qu'il n'y a personne qui n'en participe, sans quoi il n'appar¬tiendrait pas à l'humanité. «

PLATON

NICE-CORSE, SEPTEMBRE 1982: C ET D.

267 Est-ce par devoir ou par intérêt qu'il faut être juste ?

RENNES, JUIN 1983: A.

268 Qu'est-ce qu'un homme juste ?

RENNES, JUIN 1980: C ET D.

LE DEVOIR. LA VOLONTÉ. LA PERSONNE

1. LE DEVOIR

LES FINS

269 Quels problèmes philosophiques la notion de choix soulève-t-elle ?

CLERMONT-FERRAND, JUIN 1983: B.

270 Y a-t-il à la question : « Que faut-il faire ? « une réponse ayant valeur universelle ?

PARIS-VERSAILLES-CRÉTEIL, JUIN 1983: B.

271 Sagesse et folie sont-elles réellement incompatibles ?

LYON, JUIN 1983: A.

272 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude

ordonnée :

« Voici un principe de l'art% de l'éducation que particulière¬ment les hommes qui font des plans d'éducation devraient avoir sous les yeux : on ne doit pas seulement éduquer des enfants d'après l'état présent de l'espèce humaine, mais

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d'après son état futur possible et meilleur, c'est-à-dire confor¬mément à l'Idée de l'humanité et à sa destination totale. Ce principe est de grande importance. Ordinairement les parents élèvent leurs enfants seulement en vue de les adapter au monde actuel, si corrompu soit-il. Ils devraient bien plutôt leur donner une éducation meilleure, afin qu'un meilleur état pût en sortir dans l'avenir. Toutefois deux obstacles se présentent ici : 1) ordinairement les parents ne se soucient que d'une chose : que leurs enfants réussissent bien dans le monde, et 2) les princes ne considèrent leurs sujets que comme des instruments pour leurs desseins.

Les parents songent à la maison, les princes songent à l'État. Les uns et les autres n'ont pas pour but ultime le bien universel et la perfection à laquelle l'humanité est destinée, et pour laquelle elle possède aussi des dispositions. «

E. KANT

STRASBOURG, JUIN 1983: B.

LES VALEURS

273 La transgression des interdits constitue-t-elle un retour au chaos ?

BESANÇON, JUIN 1983 B.

274 Pourquoi défendre le faible ?

PARIS-VERSAILLES-CRÉTEIL. JUIN 1983 A.

275 La prise en compte des différences culturelles vous paraît-elle remettre en question l'existence de valeurs universelles ?

NICE-CORSE, JUIN 1981 A.

276 Dégagez l'intérét philosophique de ce texte à partir de son étude

ordonnée :

« Or, parmi les exigences idéales de la société civilisée, il en est une qui peut, ici, nous mettre sur la voie. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même «, nous dit-elle. Célèbre dans le monde entier, cette maxime est plus vieille à coup sûr que le christianisme, qui s'en est pourtant emparé comme du décret dont il avait lieu de s'estimer le plus fier. Mais elle n'est certainement pas très ancienne. A des époques déjà histori¬ques, elle était encore étrangère aux hommes.

Mais adoptons à son égard une attitude naïve comme si nous l'entendions pour la première fois ; nous ne pouvons

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alors nous défendre d'un sentiment de surprise devant son étrangeté. Pourquoi serait-ce là notre devoir ? Quel secours y trouverions-nous ? Et surtout, comment arriver à l'accomplir ? Comment cela nous serait-il possible ? Mon amour est à mon regard chose infiniment précieuse que je n'ai pas le droit de gaspiller sans en rendre compte. Il m'impose des devoirs dont je dois pouvoir m'acquitter au prix de sacrifices. Si j'aime un autre être, il doit le mériter à un titre quelconque. Il mérite mon amour lorsque, par des aspects importants, il me res¬semble à tel point que je puisse en lui m'aimer moi-même. Il le mérite s'il est tellement plus parfait que moi qu'il m'offre la possibilité d'aimer en lui mon propre idéal ; je dois l'aimer s'il est le fils de mon ami, car la douleur d'un ami, s'il arrivait malheur à son fils, serait aussi la mienne ; je devrais la partager. En revanche, s'il m'est inconnu, s'il ne m'attire par aucune qualité personnelle et n'a encore joué aucun rôle dans ma vie affective, il m'est bien difficile d'avoir pour lui de l'affection. «

S. FREUD

GRENOBLE, JUIN 1983 : B.

277 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son

étude ordonnée :

« Être bienfaisant, quand on le peut, est un devoir, et de plus il y a de certaines âmes si portées à la sympathie, que même sans un autre motif de vanité ou d'intérêt elles éprouvent une satisfaction intime à répandre la joie autour d'elles et qu'elles peuvent jouir du contentement d'autrui en tant qu'il est leur oeuvre. Mais je prétends que dans ce cas une telle action, si conforme au devoir, si aimable qu'elle soit, n'a pas cependant de valeur morale véritable, qu'elle va de pair avec d'autres inclinations, avec l'ambition par exemple qui, lorsqu'elle tombe heureusement sur ce qui est réellement en accord avec l'intérêt public et le devoir, sur ce qui par conséquent est honorable, mérite louange et encouragement, mais non res¬pect ; car il manque à la maxime la valeur morale, c'est-à-dire que ces actions soient faites, non par inclination, mais par devoir. Supposez donc que l'âme de ce philanthrope soit assombrie par un de ces chagrins personnels qui étouffent toute sympathie pour le sort d'autrui, qu'il ait toujours encore le pouvoir de faire du bien à d'autres malheureux, mais qu'il ne soit pas touché de l'infortune des autres, étant trop absorbé par la sienne propre, et que, dans ces conditions, tandis qu'aucune inclination ne l'y pousse plus, il s'arrache néan¬moins à cette insensibilité mortelle et qu'il agisse, sans que ce

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soit sous l'influence d'une inclination, uniquement par devoir, alors seulement son action a une véritable valeur morale. «

E. KANT

BESANÇON, JUIN 1983 B.

278 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« 1. La première et la plus importante partie de la philosophie est de mettre les maximes en pratique, par exemple : « Qu'il ne faut pas mentir. « La deuxième est la démonstration des maximes, par exemple : « D'où vient qu'il ne faut pas men¬tir ? « La troisième est celle qui confirme et explique ces démonstrations, par exemple : « D'où vient que c'est une démonstration ? Qu'est-ce que c'est qu'une démonstration, qu'une conséquence, qu'une opposition, que le vrai, que le faux ? «

2. Ainsi donc, la troisième partie est nécessaire à cause de la seconde ; la seconde, à cause de la première. Mais la plus nécessaire, celle sur laquelle il faut se reposer, c'est la pre¬mière. Nous, nous agissons à l'inverse. Nous nous attardons dans la troisième partie, toute notre sollicitude est pour elle, et nous négligeons absolument la première. Nous mentons en effet, mais nous sommes prêts à démontrer qu'il ne faut pas mentir. «

MARC AURÈLE, Pensées pour moi-même

NANCY-METZ, JUIN 1983: B.

LA MORALITÉ

279 Peut-on qualifier d'inhumaines certaines actions de l'homme ?

REIMS, JUIN 1983: C ET D.

280 Quelles significations donnez-vous à l'expression « agir ma¬chinalement « ?

DUON, JUIN 1983: B.

281 L'exigence morale conduit-elle l'homme au-delà de lui-même ?

TOULOUSE, JUIN 1983: B.

282 Nos convictions morales sont-elles le simple reflet des opi¬nions de notre époque ?

BESANÇON, JUIN 1983: C ET D.

1?

 

283 Y a-t-il des actes impardonnables ?

ANTILLES-GUYANE, JUIN 1983: A.

284 Est-il vrai que la conscience est toujours implicitement mo¬rale ?

AIX-MARSEILLE, JUIN 1981: C ET D.

285 Se sentir obligé, est-ce renoncer à sa liberté ?

BESANÇON, JUIN 1981 A.

286 Dans quelle mesure la morale doit-elle prendre en compte la réalité politique ?

MONTPELLIER, JUIN 1980 A.

2. LA VOLONTÉ

287 Comment comprendre cette affirmation d'un personnage de Camus : « Le mensonge n'est jamais innocent « ?

GRENOBLE, SEPTEMBRE 1982 C ET D.

288 Peut-on tout changer ?

AMIENS, JUIN 1983 B.

289 Faut-il se demander si l'homme est bon ou méchant par nature ?

AMIENS, JUIN 1983: A.

290 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son

étude ordonnée :

« Les actes et la conduite d'un individu et d'un peuple peuvent être très modifiés par les dogmes, l'exemple et l'habitude. Mais les actes pris en eux-mêmes ne sont que de vaines images, il n'y a que la disposition d'esprit qui pousse aux actes, qui leur donne une importance morale. Celle-ci peut rester absolument la même, tout en ayant des manifestations extérieures entière¬ment différentes. Avec un degré égal de méchanceté, l'un peut mourir sur la roue, l'autre s'éteindre le plus paisiblement du monde au milieu des siens. Ce peut être le même degré de méchanceté qui s'exprime chez un peuple par des actes grossiers, meurtre, cannibalisme, chez un autre, au contraire, doucement et en miniature par des intrigues de cour, des oppressions ou des ruses subtiles de toute sorte ; le fond des choses reste le même. On pourrait imaginer un État parfait ou

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même peut-être un dogme inspirant une foi absolue en des récompenses et des peines après la mort, qui réussirait à empêcher tout crime : politiquement ce serait beaucoup, moralement on ne gagnerait rien, les actes seuls seraient enchaînés et non la volonté. Les actes pourraient être corrects, la volonté resterait pervertie. «

A. SCHOPENHAUER

LILLE, JUIN 1983: C ET D.

3. LA PERSONNE

291 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« Je remarque aussi que la grandeur d'un bien, à notre égard, ne doit pas seulement être mesurée par la valeur de la chose en quoi il consiste, mais principalement aussi par la façon dont il se rapporte à nous ; et qu'outre que le libre arbitre est de soi la chose la plus noble qui puisse être en nous, d'autant qu'il nous rend en quelque façon pareils à Dieu et semble nous exempter de lui être sujets, et que par conséquent, son bon usage est le plus grand de tous nos biens, il est aussi celui qui est le plus proprement nôtre et qui nous importe le plus, d'où il suit que ce n'est que de lui que nos plus grands contente¬ments peuvent procéder. Aussi voit-on, par exemple, que le repos d'esprit et la satisfaction intérieure que sentent en eux-mêmes ceux qui savent qu'ils ne manquent jamais à faire leur mieux, tant pour connaître le bien que pour l'acquérir, est un plaisir sans comparaison plus doux, plus durable et plus solide que tous ceux qui viennent d'ailleurs. «

R. DESCARTES,

Lettre à Christine de Suède — Egmond, 20 novembre 1647.

Édition de la Pléiade.

NANCY-METZ, JUIN 1983 A.

292 Y a-t-il une identité du moi à travers le temps ?

ROUEN. SEPTEMBRE 1982: A.

293 Qui parle quand je dis « je « ?

RENNES, JUIN 1983: B

 

LE BONHEUR

294 Pensez-vous que « c'est l'illusion et non le savoir qui rend heureux « ?

GRENOBLE, JUIN 1983: A.

295 Le bonheur est-il la fin de toute action humaine ?

AMIENS, JUIN 1979: A.

LA LIBERTÉ

296 Nous est-il si facile de distinguer entre se croire libre et être effectivement libre ?

BORDEAUX, JUIN 1983: A.

297 La liberté peut-elle être un fardeau ?

NICE-CORSE, JUIN 1983 : B.

298 Y a-t-il liberté là où il n'y a pas intelligence ?

BORDEAUX, JUIN 1983 B.

299 Est-il contradictoire d'affirmer qu'il faut contraindre pour libérer ?

NANCY-METZ, JUIN 1983: B.

300 Liberté et égalité sont-elles opposées ou complémentaires ?

ORLÉANS-TOURS, JUIN 1983: B.

301 La liberté : intuition ou savoir ?

AMIENS, JUIN 1983: C ET D.

302 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son

étude ordonnée :

« Que la principale perfection de l'homme est d'avoir un libre arbitre, et que c'est ce qui le rend digne de louanges ou de blâmes... La volonté étant, de sa nature, très étendue, ce nous est un avantage très grand de pouvoir agir par son moyen, c'est-à-dire librement ; en sorte que nous soyons tellement les maîtres de nos actions, que nous sommes dignes de louanges lorsque nous les conduisons bien : car, tout ainsi qu'on ne donne point aux machines qu'on voit se mouvoir en plusieurs

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façons diverses, aussi justement qu'on saurait désirer, des louanges qui se rapportent véritablement à elles, parce que ces machines ne représentent aucune action qu'elles ne doivent faire par le moyen de leurs ressorts, et qu'on en donne à l'ouvrier qui les a faites, parce qu'il a eu le pouvoir et la volonté de les composer avec tant d'artifice ; de même on doit nous attribuer quelque chose de plus de ce que nous choisis¬sons ce qui est vrai lorsque nous le distinguons d'avec le faux par une détermination de notre volonté que si nous y étions déterminés et contraints par un principe étranger. «

R. DESCARTES

AMIENS, JUIN 1983 B.

303 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« La liberté individuelle n'est donc nullement un produit culturel. C'est avant toute civilisation qu'elle était la plus grande, mais aussi sans valeur le plus souvent, car l'individu n'était guère en état de la défendre. Le développement de la civilisation lui impose des restrictions, et la justice exige que ces restrictions ne soient épargnées à personne. Quand une

communauté humaine sent s'agiter en elle une poussée de

liberté, cela peut répondre à un mouvement de révolte contre une injustice patente, devenir ainsi favorable à un nouveau progrès culturel et demeurer compatible avec lui. Mais cela peut être aussi l'effet de la persistance d'un reste de l'indivi¬dualisme indompté et former alors la base de tendances hostiles à la civilisation. La poussée de liberté se dirige de ce fait contre certaines formes ou certaines exigences culturelles, ou bien même contre la civilisation. «

S. FREUD

LYON, JUIN 1983: B.

304 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« Il n'y a point de liberté sans lois, ni où quelqu'un est au-dessus des lois : dans l'état même de nature l'homme n'est libre qu'à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous. Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non des maîtres ; il obéit aux lois mais il n'obéit qu'aux lois et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu'on donne dans les républiques au pouvoir des magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l'enceinte sacrée des lois : ils en sont les ministres non les arbitres, ils doivent les garder non les enfreindre. Un peuple

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est libre, quelque forme qu'ait son gouvernement, quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l'homme, mais l'organe de la loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règne ou périt avec elles ; je ne sache rien de plus certain. «

J.-.I. ROUSSEAU

MONTPELLIER, JUIN 1983 C ET D.

305 « Le problème central de la politique, c'est la liberté : soit que l'État fonde la liberté par sa rationalité ; soit que la liberté limite les passions du pouvoir par sa résistance «, écrit Paul Ricœur.

Expliquez et commentez.

NICE-CORSE, SEPTEMBRE 1982: B.

306 Avons-nous intérêt à la liberté d'autrui ?

CAEN, SEPTEMBRE 1982: C ET D.

307 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« Il ne faut pas s'imaginer que notre liberté consiste dans une indétermination ou dans une indifférence d'équilibre, comme s'il fallait être également incliné du côté du oui et du non, et du côté des différents partis, lorsqu'il y en a plusieurs à prendre. Cet équilibre en tous sens est impossible ; car si nous étions également portés pour les partis A, B et C, nous ne pourrions pas être également portés pour A et pour non A. Cet équilibre est aussi absolument contraire à l'expérience et, quand on s'examinera, l'on trouvera qu'il y a toujours eu quelque cause ou raison qui nous a incliné vers le parti qu'on a pris, quoique bien souvent on ne s'aperçoive pas de ce qui nous meut ; tout comme on ne s'aperçoit guère pourquoi, en sortant d'une porte, on a mis le pied droit avant le gauche, ou le gauche avant le droit. «

G. W. LEIBNIZ

CLERMONT-FERRAND, SEPTEMBRE 1982 : A.

308 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :

« Le choix que nous faisons de notre vie a toujours lieu sur la base d'un certain donné. Ma liberté peut détourner ma vie de son sens spontané, mais par une série de glissements, en l'épousant d'abord, et non par aucune création absolue. Toutes les explications de ma conduite par mon passé, mon tempérament, mon milieu, sont donc vraies, à condition qu'on les considère non comme des apports séparables, mais comme

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des moments de mon être total dont il m'est loisible d'expli¬citer le sens dans différentes directions, sans qu'on puisse jamais dire si c'est moi qui leur donne leur sens ou si je le reçois d'eux. Je suis une structure psychologique et historique. J'ai reçu avec l'existence une manière d'exister, un style. Toutes mes actions et mes pensées sont en rapport avec cette structure, et même la pensée d'un philosophe n'est qu'une manière d'expliciter sa prise sur le monde, cela qu'il est. Et cependant, je suis libre, non pas en dépit ou en deçà de ces motivations, mais par leur moyen. «

M. MERLEAU-PONTY

ANTILLES-GUYANE, JUIN 1983: B.

309 Être libre, est-ce n'obéir qu'à soi-même ?

RENNES, JUIN 1983: C ET D.

310 Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son

étude ordonnée :

« Nul, disions-nous, ne saurait aliéner sa liberté de juger ni de penser ce qu'il veut, et tout individu, en vertu d'un droit supérieur de nature, reste maître de sa réflexion. Par suite, ce serait s'exposer à un désastre certain, que de vouloir obliger les membres d'un « État « — dont les opinions sont diverses, voire opposées — à conformer toutes leurs paroles aux décrets de l'autorité souveraine. Même les citoyens d'intelligence avertie, pour ne point parler de la foule commune, sont incapables de garder suffisamment le silence : les hommes ont d'ordinaire le grand tort de confier à d'autres leurs projets, même lorsqu'ils feraient mieux de se taire. Une autorité politique exercerait donc un règne d'une violence extrême, si elle refusait à l'individu le droit de penser, puis d'enseigner ce qu'il pense. Elle donnera, au contraire, des preuves de mo¬dération en accordant cette liberté à tous. Il n'est toutefois pas question de nier que sa majesté puisse se trouver lésée par des paroles, aussi bien que par des actions. Par conséquent, bien qu'il soit impossible d'enlever complètement aux sujets la liberté de s'exprimer, il ne serait pas moins pernicieux de la leur accorder en toute circonstance. «

B. SPINOZA

NANTES, JUIN 1983: C ET D.

« 188 Le travail est-il une fatalité ? LILLE.

JUIN 1983 :CET D.

189 Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte d'après son étude ordonnée: «Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel.

Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail, -on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -,qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indé­ pendance.

Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfac­ tions faciles et régulières.

Aussi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité :et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ...

)) F.

NIETZSCHE, Aurore (écrit en 1880).

POITIERS, JUIN 1983 : B.

190 Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée : 54 « Si la terre et toutes les créatures inférieures appartiennent à tous, du moins chaque homme détient-il un droit de propriété sur sa propre personne ; et sur elle aucun autre que lui n'a de droit.

Par suite, son travail personnel et l'œuvre de ses mains lui appartiennent en propre.

Or, chaque fois qu'il retire une chose quelconque de l'état où l'a mise et laissée la nature, il mêle à cette chose son travail, il y joint donc un élément personnel :par là il s'en acquiert la propriété.

De plus, lorsque des biens ont ainsi été retirés de l'état commun où les avait mis la nature, le travail qui leur a été incorporé supprime désor­ mais le droit commun qu'avaient sur eux les autres hommes.

Car ce travail est la propriété indiscutable du travailleur, et personne d'autre que lui n'a le droit d'en récolter les fruits ; du moins tant que les autres disposent, en quantités suffisan­ tes, de biens communs de même qualité.

)) J.

LOCKE BORDEAUX, JUIN 1982 :A.. »

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