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La Rose blanche sous la hache nazie

Publié le 17/01/2022

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22 février 1943 - Le Tribunal du peuple, présidé par Freisler, le plus fanatique des juges nazis, a condamné à mort le 22 février 1943 trois étudiants de Munich. Le verdict a été exécuté dans la journée même. Deux garçons, une fille, tous les trois à peine âgés de vingt ans. Hans et Sophie Scholl, Christophe Probst et beaucoup d'autres avaient fondé un groupe de résistance. Plusieurs de leurs amis furent, comme eux, condamnés et décapités à la hache. Tous étaient chrétiens issus de mouvements des jeunesses que les hitlériens avaient dissous. Ils n'appartenaient à aucun parti, à aucune tendance politique. C'était tout simplement des enfants de familles bourgeoises élevés dans le respect des valeurs transmises par la culture classique, celle de l'Antiquité qui enseigne le tyrannicide, celle de Goethe et de Schiller, où Egmont et Jeanne d'Arc enseignent comment on meurt pour la liberté et pour la justice, pour une patrie aimée que les tyrans prostituent. Ces garçons, cette fille, leurs amis et amies, au bout de dix ans de vie sous la dictature, savaient parfaitement ce qu'ils risquaient. Ils ne songèrent pas à organiser une révolte, ils ne s'interrogèrent à aucun moment sur les moyens politiques à employer pour renverser le pouvoir absolu. Ils ne firent que rédiger et distribuer des tracts. Les garçons, soldats en Russie, avaient appris ce qu'on faisait aux juifs. Les tracts du groupe de la Rose blanche-c'est sous ce nom poétique qu'ils voulaient être connus-figurent parmi les rares documents allemands qui, pendant la guerre, ont dénoncé l'holocauste. " Nos yeux ont été ouverts par les horreurs de ces dernières années, il est grand temps d'en finir avec cette équipe de fantoches ... le seul, le plus beau, le plus sain des devoirs de chaque Allemand doit être l'extermination de ces brutes. " " Vous n'osez pas le dire ! " Ils n'avaient pas de contacts avec les survivants des partis d'autrefois ni avec les conspirateurs qui préparaient l'assassinat de Hitler. C'est dans leur propre raison qu'ils firent cette découverte : " L'objectif premier des Allemands doit être la défaite des nazis et non pas la victoire militaire contre le bolchevisme. La honte pèse pour toujours sur l'Allemagne, si la jeunesse ne s'insurge pas enfin pour écraser ces bourreaux et bâtir une nouvelle Europe spirituelle. Nos morts de Stalingrad nous implorent. Nous nous dressons contre l'asservissement de l'Europe par le national-socialisme par une affirmation nouvelle de liberté et d'honneur ". De Munich, le groupe s'étendit à Hambourg. Ce ne fut certes pas un mouvement de masse, mais des centaines de jeunes lurent les tracts, les conservèrent, se turent. Quand Hans et Sophie lancèrent leur quatrième message dans la cage du grand escalier de l'université, le concierge les aperçut et ferma les issues. Il y eut quatre grands procès et de nombreuses exécutions, la dernière en février 1945, deux ans après la mort consciente de Hans, de Sophie et de Christophe. Sophie, devant les juges, s'écria : " Ce que nous avons écrit, vous le pensez tous, mais vous n'osez pas le dire ! ", et personne ne releva son défi. Le professeur Huber, leur ami et maître, écrit aux siens : " Réjouissez-vous, il m'est permis de mourir pour ma patrie, pour une patrie juste et plus belle. " Aucun d'eux ne parle d'antifascisme, ce sont tout simplement de jeunes chrétiens qui savent que l'amour de la patrie est une des formes de l'amour du prochain. Des compatriotes de Barbie ? Certes, mais qui ont vécu un autre amour pour une autre patrie. JOSEPH ROVAN Le Monde du 7 mars 1983

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