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La sensualité chez SAINT AUGUSTIN

Publié le 22/02/2012

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augustin
J'arrivai à Carthage. Partout autour de moi bouillait à grand fracas la chaudière des honteuses amours. Je n'aimais pas encore, et j'aimais à aimer. Assoiffé d'amour jusqu'à l'intime de moi-même, je m'en voulais de ne l'être pas encore assez. Je cherchais un objet à mon amour, j'aimais à aimer; et je haïssais l'idée d'une vie paisible, une voie exempte de pièges. Mon coeur défaillait, vide de la nourriture intérieure, de vous-même, mon Dieu; et ce n'était pas de cette faim-là que je me sentais affamé; je n'avais pas l'appétit des aliments incorruptibles —non que j'en fusse rassasié, mais plus j'en étais privé, plus j'en éprouvais le dégoût. Voilà pourquoi mon âme était mal portante et, couverte d'ulcères, se jetait hors d'elle-même, misérablement avide de se gratter contre les réalités sensibles. Mais si ces réalités n'avaient pas une âme, sûrement on ne saurait les aimer. Aimer, être aimé, m'était bien plus doux, quand je jouissais du corps de l'être aimé. Je souillais donc la source de l'amitié des ordures de la concupiscence; j'en voilais la sérénité du nuage infernal de la débauche. Hideux et infâme, dans l'excès de Ina vanité, je me piquais de me donner des airs d'urbanité élégante. Je me précipitai ainsi dans l'amour, où je désirais être pris. O mon Dieu, ô ma miséricorde, de combien de fiel votre bonté en a-t-elle assaisonné pour moi la douceur. Je fus aimé! j'en vins mystérieusement aux liens de la jouissance, et joyeux je m'embarrassais dans un réseau de misère, pour être bientôt livré aux verges de fer brûlantes de la jalousie, des soupçons, des craintes, des colères et des querelles. SAINT AUGUSTIN

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