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L'aile et le vol

Publié le 21/05/2011

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Ce passage, extrait de l'Oiseau, donne un exemple significatif du génie romantique de Michelet. Au fond, que veut-il dire? que l'oiseau a des poumons qui lui permettent de respirer plus fortement et plus efficacement que les animaux terrestres, et que là est le secret de sa vigueur. Qu'on étudie maintenant les variations exécutées sur ce thème : images, comparaisons, répétitions, etc.... L'oiseau a une puissance unique, inouïe, de respiration. L'homme qui recevrait autant d'air à la fois serait tout d'abord étouffé. Le poumon de l'oiseau, élastique et puissant, s'en empreint, s'en emplit, s'en enivre avec force et délice, le verse à flots aux os, aux cellules aériennes. Le sang, vivifié sans cesse d'un air nouveau, fournit à chaque muscle cette inépuisable vigueur qui n'est à nul autre être et n'appartient qu'aux éléments. La lourde image d'Antée touchant la terre et y puisant des forces rend faiblement, grossièrement, quelque idée de cette réalité. L'oiseau n'a pas à chercher l'air pour le toucher et s'y renouveler ; l'air le cherche et afflue en lui ; il lui rallume incessamment le brûlant foyer de la vie. Voilà qui est prodigieux, et non pas l'aile. Ayez l'aile du condor et suivez-le, quand du sommet des Andes et de leurs glaciers sibériques il fond, il tombe au rivage brûlant du Pérou, traversant en une minute toutes les températures, tous les climats du globe, aspirant d'une haleine l'effrayante masse d'air, brûlée, glacée, n'importe! Vous arriveriez foudroyé. Le plus petit oiseau fait honte ici au plus fort quadrupède. Prenez-moi un lion enchaîné dans un ballon, dit Toussenel, son sourd gémissement se perdra dans l'espace. Bien autrement puissante de voix et de respiration, la petite alouette monte en filant son chant, et on l'entend encore quand on ne la voit plus. Sa chanson gaie, légère, sans fatigue, qui n'a rien coûté, semble la joie d'un invisible esprit qui voudrait consoler la terre. La force fait la joie. Le plus joyeux des êtres, c'est l'oiseau, parce que, bercé, soulevé de l'haleine du ciel, il nage, il monte sans effort, comme en rêve. La force illimitée, la faculté sublime, obscure chez les êtres inférieurs, chez l'oiseau claire et vive, de prendre à volonté sa force au foyer maternel, d'aspirer la vie à torrent, est un enivrement divin.

(L'Oiseau, Ire partie, Hachette et Cie, éditeurs.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble ; — l'idée générale. — Nature du morceau : une dissertation, dont l'idée générale peut être ainsi exprimée : C'est dans les poumons de l'oiseau que réside sa vigueur. — Distinguez les arguments que fait valoir l'auteur pour justifier cette idée : a) le poumon de l'oiseau peut recevoir beaucoup d'air; il est élastique et puissant (indiquez la signification des adjectifs élastique et puissant); b) Antée avait besoin de toucher la terre pour y puiser de nouvelles forces : l'oiseau n'a pas à chercher l'air pour le toucher; l'air afflue en lui... (à développer); c) C'est la respiration de l'oiseau qui est prodigieuse, et non son aile, ainsi qu'on pourrait être tenté de le croire : le condor peut impunément traverser en une minute toutes les températures, tous les climats (qu'adviendrait-il à l'homme, s'il pouvait suivre le condor ?); d) C'est la puissance de respiration qui donne tant de force à la voix, au chant de l'oiseau (au rugissement de quel animal l'auteur compare-t-il le chant de l'alouette ?); e) Conséquences qu'engendre, chez l'oiseau, cette force née des poumons; Michelet parle en poète de l'oiseau : ses arguments ne sont-ils pas également exacts au point de vue scientifique? (Cependant, le rugissement du lion n'est-il pas entendu de plus loin que le chant de l'alouette?) II. — L'analyse du morceau ; — les idées secondaires. — Distinguez les différentes parties du morceau; essayez de donner un titre à chacune d'elles; A quelle figure de style a recours plusieurs fois l'auteur? (comparaison); — Antée et l'oiseau; — le condor et l'homme; — le lion et l'oiseau; — l'oiseau et les êtres de la création); Que montre-t-il dans chacune de ces comparaisons? Que veut-il dire en s'exprimant ainsi « la petite alouette monte en filant son chant «? III. — Le style ; les expressions. — Par quoi vous parait caractérisé le style de Michelet, dans ce morceau? (la vivacité, — qualité que nécessite en quelque sorte la nature du sujet; — l'abondance des images; en indiquer quelques-unes; — les expressions poétiques; quelques exemples : le chant..., joie d'un invisible esprit qui voudrait consoler la terre, — la force illimitée de l'oiseau..., enivrement divin). IV. — La grammaire. — Composition des mots quadrupède, enchaîné; Contraire des mots vigueur, élasticité; 30 Nature et fonction de chacun des mots suivants : voilà qui est prodigieux. Rédaction. — Décrivez le vol de trois oiseaux, à votre choix; — marquez-en la différence, s'il y a lieu.

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