Le 28 mai 1871

Ca y est ! L’ordre règne ou presque... La dernière barricade est tombée rue Ramponneau, la veille, 28 mai 1871.

Les troupes de Monsieur Thiers, qui a promis le 15 mai : “ Paris sera soumis à la puissance de l’État comme un hameau de cent habitants ” n’ont plus qu’à traquer les hommes, les femmes et les enfants qui ont cru au cri de l’ouvrier peintre décorateur et maire de Belleville, Gabriel Ranvier. Celui-ci s'est exclamé, le 28 mars 1871 : “ Au nom du peuple, la Commune est proclamée ! ”

Paris qui n’a pas admis que Thiers ait pu signer avec les Prussiens une paix infâme,

Paris qui n’a pas admis que les troupes du Kaiser aient pu défiler sur les Champs Elysées,

Paris assiégé qui a mangé du cheval, du rat, de l’ours, de l’âne, du chat,

Paris qui n’a pas voulu, le 18 mars, céder à Thiers les canons qui sont les siens à Montmartre et à Belleville,

Paris a contraint Thiers à se réfugier à Versailles.

Le 21 mai, les Versaillais sont entrés dans Paris par une poterne qu’on avait oublié de garder du côté du Point du Jour.

Depuis, la Commune, qui a voulu laisser les ouvriers gérer leurs ateliers réquisitionnés,

qui a établi une bourse du travail, qui a voulu que la journée de travail ne dure que dix heures, qui a voulu que les ouvriers boulangers n’aient plus à travailler la nuit,

que l’église et l’état soit séparés,

que l’enseignement soit laïc, obligatoire et gratuit,

qu’on ne distingue plus les enfants naturels des enfants légitimes,

la Commune se bat derrière son drapeau rouge.

Combat terrible. “ On traque, on enchaîne, on fusille, tout ce qu’on ramasse au hasard, la mère à côté de sa fille, l’enfant dans les bras du vieillard ” écrit Jean-Baptiste Clément, dont la Commune a chanté Le Temps des cerises.

Une trace de poudre sur les mains d’un homme ou d’une femme suffit pour qu’aussitôt, sans jugement, l’exécution ait lieu.

La Commune brûle Paris. Les Tuileries brûlent, comme l’Hôtel de Ville, comme la rue de Rivoli.

En ce 29 mai 1871, on commence de compter les morts. Peut-être 100 000. Louise Michel, que l’on arrête habillée d’une capote militaire des gardes nationaux soupire : “ Le bon Dieu est trop versaillais ”.