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Le Bismarck coulé

Publié le 17/01/2022

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25 mai 1941 - En mai 1941, la Grande-Bretagne est seule face à Hitler. Ses alliés, la Yougoslavie et la Grèce, sont écrasés par la Wehrmacht, et l'Afrika Korps de Rommel fonce vers l'Egypte. Elle ne survit que grâce à un cordon ombilical : les convois qui, à travers l'Atlantique, lui apportent l'aide américaine. Celle-ci est menacée non seulement par les sous-marins de l'amiral Doenitz, mais aussi par les raids lancés par la puissante flotte moderne de l'Allemagne. Ses grands navires, comme le Hipper, le Scharnhorst et le Gneisenau, ont réussi, au début de l'année, à traverser l'Atlantique et, de Terre-Neuve à la Sierra-Leone, à semer le carnage parmi les navires marchands. Pour Londres, il ne peut être question de perdre la maîtrise de la mer. Le 18 mai, le navire de bataille Bismarck appareille d'Allemagne sous le commandement de l'amiral Lütjens. Avec ses 50 000 tonnes, sa coque et son pont cuirassés, le Bismarck, construit en 1939, représente une formidable menace on le dit " incoulable ". Il est escorté du croiseur lourd Prinz Eugen, de 18 000 tonnes, qui date de 1938. La Royal Navy a pour elle le nombre et le tonnage, mais ses navires sont souvent anciens ou en cours d'essais. Un avion de reconnaissance repère les deux navires allemands au large du port norvégien de Bergen. Deux croiseurs, le Suffolk et le Norfolk, les retrouvent entre l'Islande et le Groënland. C'est le grand branle-bas, sous les ordres de l'amiral Tovey. Le vieux Hood, que commande l'amiral Holland, et le jeune Prince of Wales se précipitent, tandis que, de la rade écossaise de Scapa Flow, appareillent navires de bataille, croiseurs, destroyers et le porte-avions Victorious. Une brume épaisse gêne les recherches. Le 23 à l'aube, l'amiral Holland prend contact. Le feu est ouvert. A 6 heures, au moment où le Hood vire de bord, une salve le frappe au milieu du pont. Une immense explosion. Le navire coule aussitôt. Il y aura trois survivants sur quatorze cent dix-neuf officiers et marins. Sur le Prince of Wales, un obus tue ou blesse tous les officiers présents sur la passerelle, à l'exception du commandant. A Londres, où l'ordre formel de couler le Bismarck a été donné, Churchill enjoint à la quasi-totalité de la flotte anglaise, y compris les navires basés à Gibraltar, de participer à la chasse. Dans la nuit du 24 au 25 mai, un avion repère le navire de bataille. Des avions torpilleurs l'attaquent sans résultat. Il n'est retrouvé que le lendemain. La curée commence, menée par le King George, le Renown, qui date de 1916, le porte-avions Victorious, des croiseurs lourds et qui fonctionnent mal. Heureusement : ils ont attaqué par erreur le croiseur Sheffield. On les remplace par des torpilles de contact. Dans le vent, les nuages, la pluie et une mer démontée, les avions se lancent de nouveau à l'attaque. A 20 h 45, ils marquent deux coups au but. Le Bismarck, hélices et gouvernails endommagés, ne manoeuvre plus. Les destroyers s'acharnent à la torpille sur le géant qui riposte toujours. A court de carburant, les grands navires de Tovey s'éloignent. Les croiseurs achèvent le vaincu à la torpille. A 10 h 36, le Bismarck coule pavillon haut. On ne repêchera que cent quinze survivants sur ses deux mille marins. Comme l'amiral Holland, son adversaire Lütjens disparaît avec son équipage. JEAN PLANCHAIS Le Monde du 15 juin 1989

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