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Le débarquement en Provence

Publié le 17/01/2022

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15 août 1944 - A la conférence " Quadrant " à Québec, en août 1943, où furent tracées les grandes lignes de la stratégie anglo-saxonne, le général Marshall fait approuver le " plan Anvil " de débarquement sur la côte française de la Méditerranée. La primauté demeurant au débarquement de Normandie, celui de Provence se présentait comme son complément naturel. Pourtant, l'étude logistique montra que les deux plans dépassaient les moyens des Alliés et que les bateaux nécessaires risquaient de faire défaut, tant pour Overlord que pour Anvil. Eisenhower dut sacrifier le secondaire au principal en avril 1944, il fut décidé de retarder au 10 juillet le débarquement en Provence. Désormais, les discussions ne vont plus cesser, tant sur la date d'Anvil que sur ses avantages comparés avec ceux de la campagne d'Italie. A la fin du mois de juin, un piétinement durable se dessine en Normandie, Eisenhower, pour qui la France est évidemment le théâtre d'opérations décisif, réclame la mise en application d'Anvil. Il est soutenu avec une grande énergie par Marshall et par Roosevelt lui-même : l'opération Anvil sera lancée le 15 août. Mais le 1er août, le front allemand est percé à Avranches. Jamais à court d'imagination, Churchill, le 4 août, propose une nouvelle opération de diversion : pourquoi ne pas débarquer en Bretagne ? Ce projet est abandonné dès le 8 août sur la pression des Américains. Au fond du différent, on retrouve certes les conceptions stratégiques divergentes habituelles. Les chefs militaires américains ne veulent pas de manoeuvres de diversion. Comme l'écrit Chester Wilmot, " ils entendent écraser la Wehrmacht par un assaut frontal à l'aide d'un rouleau compresseur militaire mis au point dans les camps et les usines des etats-unis ". En L'occurrence, cela signifie que le théâtre d'opérations provençal est plus proche que nul autre du théâtre capital de la Normandie. C'est pourquoi Eisenhower et Marshall se cramponnent à Avril ils estiment que le port de Marseille est absolument indispensable pour amener en France les quarante divisions encore stationnées aux Etats-Unis, dont l'entrée en ligne sera nécessaire pour assurer la défaite allemande. En fait, le succès du débarquement en Provence est évident; il a même été plus rapide et plus complet qu'il n'était prévu. A-t-il cependant été un élément déterminant de la défaite allemande au point de l'accélérer ? On peut en douter au moment où l'opération a été lancée. En effet, la défaite allemande à l'Ouest est alors accomplie. Après avoir ordonné, comme de coutume, une résistance opiniâtre sur les plages, le Führer a décidé un repli général qui a permis d'éviter l'encerclement de la Iere armée allemande, implantée dans le Sud-Ouest, ainsi que la destruction de la XIXe armée, livrant des combats d'arrière-garde dans sa retraite vers le nord. En même temps, trois divisions allemandes pouvaient désormais être prélevées sans grand péril sur le front italien pour se porter sur les Vosges. La participation française Le débarquement en Provence fut d'une importance capitale pour la France. A Bien des égards, il représente la revanche de la défaite de mai 1940. Un grand chemin a été parcouru entre le 6 juin et le 15 août. Dans ses Mémoires, de Gaulle en dessine aussi le tracé : " Il s'agissait que notre armée, reconstituée en Afrique, rentrât dans la métropole, contribuât avec nos forces clandestines à la libération du pays, prît part à l'invasion du Reich et s'assurât en chemin des gages voulus pour que le règlement final ne pût s'accomplir sans nous. " Effectivement, contrairement à ce qui s'était passé le 6 juin une puissante armée française participa aux opérations quant à la deuxième mobilisation des forces clandestines, elle fut cette fois pleinement réussie. Cependant, l'engagement de l'armée française ne s'était pas préparé sans mal. Le général de Gaulle n'était pas appelé aux conférences politico-stratégiques des chefs d'Etat anglais et américain ni le commandement français aux travaux de l'état-major commun. Les discussions sur l'opportunité et la date de l'opération " Anvil " et sur ses avantages comparés avec ceux de la campagne d'Italie avaient permis à de Gaulle d'affirmer sa position. Dès décembre 1943, il avait signifié aux Alliés qu'il reprendrait les forces françaises combattant en Italie si le débarquement en Provence était annulé. En même temps, le général de Lattre était nommé commandant, de l'armée B, qui, écrit son chef, " était destinée dans l'esprit de tous à participer à un débarquement sur les côtes françaises en Méditerranée ". Fin juin 1944, le général de Gaulle fit savoir à ses alliés que " Les troupes françaises ne sauraient demeurer en Italie après le 25 juillet ni dépasser l'Arno ". Dans ses réponses aux propositions dilatoires de Churchill, Roosevelt s'appuya sur cette détermination du gouvernement français pour faire décider le débarquement. Ainsi, la France, pour la première fois, avait contribué à infléchir la stratégie alliée. Par la suite, le général de Gaulle fut mis régulièrement au courant du plan des opérations, qu'il approuva. Il était clair, en effet, qu'une participation française importante était nécessaire au succès de l'entreprise. Non seulement le théâtre de la guerre serait une fois de plus la terre de France. Mais le départ des armadas et des flottes aériennes s'effectuerait, pour une bonne part, de bases françaises : Corse et Algérie. Les généraux américains, depuis la fin du mois de juillet, avaient compris quel concours efficace pouvait fournir la Résistance. Quant aux troupes débarquées, la " carte de la guerre " à ce moment exigeait qu'elles soient formées pour une bonne part d'unités françaises, dont certaines avaient déjà fait leurs preuves en Italie. Une armée nationale L'équipement de cette armée française avait bien donné lieu à quelques frictions. Le commandement français voulait jeter le plus grand nombre possible de soldats dans la bataille les Américains exigeaient au contraire que soient " endivisionnées " seulement des unités dotées de services de soutien très étoffés. Les Français durent céder pour éviter des retards. En définitive, la Ire Armée française comptait 260 000 hommes, en sept divisions, dont deux blindées elle était entièrement motorisée. Dès sa nomination, de Lattre s'était considéré comme un généralissime français et non comme un subordonné dans le commandement allié. Un accord interallié se fit pour que, après le débarquement, le quartier général français assumât le commandement tactique de la Ire Armée. C'était donc une armée française modernisée, mais aussi une armée nationale autonome relevant directement du gouvernement français qui allait libérer Toulon et Marseille, et faire dix-sept mille prisonniers allemands dans la première ville, trente-sept mille dans la seconde. L'insurrection des Forces françaises de l'intérieur avait également été préparée. Le général Cochet avait été nommé, à Alger, à leur commandement sur le théâtre d'opérations sud la Ire Armée française comprenait un service de liaison avec elles un bureau FFI fonctionnait au ministère de la guerre. Tout ces services étaient coiffés par le Comité d'action au sein du gouvernement provisoire par l'intermédiaire de la direction générale des services spéciaux. Sabotages et guérilla Malgré des parachutages massifs, l'armement des FFI demeurait insuffisant. Aux approches mêmes des troupes débarquées à Hyères, par exemple, trois cent cinquante hommes disposaient en tout et pour tout d'un fusil mitrailleur, de 8 mitraillettes et de 50 fusils. C'est à des groupes aussi médiocrement équipés que fut donné, dans le Languedoc, l'ordre de " freiner à tout prix les mouvements allemands vers l'est et le nord, la réussite de la manoeuvre alliée dépendant du retard qui sera infligé aux mouvements allemands ". La Résistance s'est, partout, engagée à fond. Son action s'est diluée en de nombreuses petites opérations. Elle s'est traduite d'abord, et dès avant le 15 août, par des sabotages dans toute la France. Dans la Côte-d'Or, par exemple, avaient été effectués 168 sabotages de voies ferrées ou de matériel, 11 de voies d'eau, 16 de lignes électriques à haute tension, 38 de lignes téléphoniques. Dans l'Isère, le trafic ferroviaire était interrompu entre Grenoble et Chambéry. A partir du 15 août, les attaques de guérilla se multiplièrent. Les accrochages furent particulièrement payants quand une coopération put s'établir avec les troupes débarqués. Au nord de Montélimar, deux bataillons FTP retiendront les Allemands pendant près de trente-six heures, jusqu'à ce que l'aviation américaine cloue le convoi sur la route. Dans l'Hérault, à deux reprises, l'intervention des avions alliés provoquera la reddition d'un millier de soldats allemands. En effet, la démoralisation de l'ennemi est probablement le résultat le plus important du harcèlement auquel il est soumis. Il est des régions où les Allemands ne se risquent plus, dans les Cévennes, l'Aigoual, la Lozère, la Haute-Loire, les Basses et les Hautes-Alpes, par exemple. A peu près partout ailleurs, ils renoncent à poursuivre les maquisards. Par suite, en de très nombreuses localités, bien avant l'arrivée des troupes débarquées, le pouvoir a changé de mains; les arrêtés affichés dans les mairies sont signés désormais par les autorités nées de la Résistance. Inversement, les troupes débarquées sont comme portées par l'enthousiasme populaire. L'apport des FFI dans la victoire alliée n'a été qu'un appoint, mais qui eut son importance. Eisenhower n'a pas manqué de souligner que " sans les FFI, la libération de la France et la défaite de l'ennemi en Europe occidentale auraient été bien plus longues et beaucoup plus coûteuses ". Le sens du débarquement C'est toutefois d'un point de vue français que le débarquement du 15 août prend tout son sens. Après le 6 juin, le général de Gaulle était venu se montrer à Bayeux presque à la dérobée. Mais comment, après le 15 août, pourrait-on douter que le gouvernement provisoire de la République ne soit reconnu par la quasi-unanimité des Français comme le gouvernement légitime de la France, puisque le soulèvement national l'a plébiscité et que, dans les trois cinquièmes du pays, le plus souvent sans l'intervention des troupes alliées ou débarquées, son autorité s'est installée sans coup férir, avant même l'entrée du général de Gaulle dans Paris ? Le soulèvement national a permis, en outre, à l'unité nationale de se réaliser avec une ferveur et une ampleur sans précédent. Déjà, la Ire armée française formait à elle seule une belle synthèse avec les vétérans des Forces françaises libres, l'armée d'Afrique ramenée au bon combat après le longs mois d'inaction ou de déviations, les contingents venus d'outre-mer, les indigènes et les Français de l'empire, les " évadés " de la métropole. A elle sont venus se joindre les maquis de la métropole entière, des Ardennes aux Pyrénées, sans oublier, hautement symboliques. Les FTP parisiens de Fabien au 10 septembre. 10 000 FFI l'auront rejoint ils seront 60 000 le 15 octobre, 137 000 en novembre. Seul le manque d'armement freina parfois le mouvement. Ainsi avait pris vie la parole du général de Gaulle que " les Français ne menaient qu'un seul combat pour une seule patrie ".
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« moment exigeait qu'elles soient formées pour une bonne part d'unités françaises, dont certaines avaient déjà fait leurs preuves enItalie. Une armée nationale L'équipement de cette armée française avait bien donné lieu à quelques frictions.

Le commandement français voulait jeter leplus grand nombre possible de soldats dans la bataille les Américains exigeaient au contraire que soient " endivisionnées "seulement des unités dotées de services de soutien très étoffés.

Les Français durent céder pour éviter des retards.

En définitive, laIre Armée française comptait 260 000 hommes, en sept divisions, dont deux blindées elle était entièrement motorisée. Dès sa nomination, de Lattre s'était considéré comme un généralissime français et non comme un subordonné dans lecommandement allié.

Un accord interallié se fit pour que, après le débarquement, le quartier général français assumât lecommandement tactique de la Ire Armée. C'était donc une armée française modernisée, mais aussi une armée nationale autonome relevant directement du gouvernementfrançais qui allait libérer Toulon et Marseille, et faire dix-sept mille prisonniers allemands dans la première ville, trente-sept milledans la seconde. L'insurrection des Forces françaises de l'intérieur avait également été préparée.

Le général Cochet avait été nommé, à Alger, àleur commandement sur le théâtre d'opérations sud la Ire Armée française comprenait un service de liaison avec elles un bureauFFI fonctionnait au ministère de la guerre. Tout ces services étaient coiffés par le Comité d'action au sein du gouvernement provisoire par l'intermédiaire de la directiongénérale des services spéciaux. Sabotages et guérilla Malgré des parachutages massifs, l'armement des FFI demeurait insuffisant.

Aux approches mêmes des troupes débarquées àHyères, par exemple, trois cent cinquante hommes disposaient en tout et pour tout d'un fusil mitrailleur, de 8 mitraillettes et de 50fusils.

C'est à des groupes aussi médiocrement équipés que fut donné, dans le Languedoc, l'ordre de " freiner à tout prix lesmouvements allemands vers l'est et le nord, la réussite de la manoeuvre alliée dépendant du retard qui sera infligé auxmouvements allemands ". La Résistance s'est, partout, engagée à fond.

Son action s'est diluée en de nombreuses petites opérations.

Elle s'est traduited'abord, et dès avant le 15 août, par des sabotages dans toute la France. Dans la Côte-d'Or, par exemple, avaient été effectués 168 sabotages de voies ferrées ou de matériel, 11 de voies d'eau, 16 delignes électriques à haute tension, 38 de lignes téléphoniques.

Dans l'Isère, le trafic ferroviaire était interrompu entre Grenoble etChambéry. A partir du 15 août, les attaques de guérilla se multiplièrent.

Les accrochages furent particulièrement payants quand unecoopération put s'établir avec les troupes débarqués.

Au nord de Montélimar, deux bataillons FTP retiendront les Allemandspendant près de trente-six heures, jusqu'à ce que l'aviation américaine cloue le convoi sur la route.

Dans l'Hérault, à deuxreprises, l'intervention des avions alliés provoquera la reddition d'un millier de soldats allemands. En effet, la démoralisation de l'ennemi est probablement le résultat le plus important du harcèlement auquel il est soumis.

Il estdes régions où les Allemands ne se risquent plus, dans les Cévennes, l'Aigoual, la Lozère, la Haute-Loire, les Basses et lesHautes-Alpes, par exemple.

A peu près partout ailleurs, ils renoncent à poursuivre les maquisards. Par suite, en de très nombreuses localités, bien avant l'arrivée des troupes débarquées, le pouvoir a changé de mains; lesarrêtés affichés dans les mairies sont signés désormais par les autorités nées de la Résistance. Inversement, les troupes débarquées sont comme portées par l'enthousiasme populaire.

L'apport des FFI dans la victoire alliéen'a été qu'un appoint, mais qui eut son importance. Eisenhower n'a pas manqué de souligner que " sans les FFI, la libération de la France et la défaite de l'ennemi en Europeoccidentale auraient été bien plus longues et beaucoup plus coûteuses ". Le sens du débarquement. »

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