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Le général Kim Il Sung

Publié le 22/02/2012

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9 septembre 1948 - Qui est-il, ce " général " Kim Il Sung qui-à l'instar d'autres chefs communistes en Europe de l'Est-rentre au pays en septembre 1945, dans le sillage de l'armée soviétique et dont l'ascension vers les sommets du pouvoir va être irrésistible ? Difficile, aujourd'hui encore, de trancher: la Corée du Nord reste, par bien des côtés, le " royaume ermite " d'antan. Quant à l'histoire officielle, récrite pour les besoins d'un culte absolutiste, elle n'est souvent pas plus crédible que la propagande adverse. Est-il, lui qui a tout juste trente ans, le grand héros de la lutte d'indépendance contre les Japonais, le fondateur précoce du Parti communiste et, déjà, un théoricien révolutionnaire sans égal, ainsi que le peignent ses biographes officiels ? Au contraire, comme l'affirment parfois ses adversaires, serait-il un imposteur imposé par Moscou après avoir usurpé l'identité d'un vrai héros de la résistance antijaponaise. Il paraît établi que Kim Il Sung, dans les années 30, commandait quelques centaines de partisans basés dans le nord-est de la Chine. Au début des années 40, avec d'autres résistants coréens, il chercha refuge en Union soviétique pour échapper à la répression japonaise. Il y serait resté de 1941 à 1945, coopérant étroitement avec le parti et l'armée soviétiques avant de rentrer à Pyongyang. Selon la version officielle, Kim Il Sung aurait libéré le nord du pays avec ses partisans. En fait, son retour à Pyongyang semble postérieur d'au moins un mois à la libération accomplie par la XXVe armée soviétique. De plus, Kim n'était alors ni la principale figure de la résistance ni haut placé dans la hiérarchie d'un Parti communiste divisé. Les résistances nationalistes (non communistes) de l'intérieur étaient plus populaires, tout particulièrement leur chef, Cho Man Sik. Côté communiste, la résistance intérieure et celle dite de " Yenan ", qui avait combattu aux côtés de Mao, étaient influentes. Mais c'est l'armée rouge qui a libéré le pays, qui l'occupe et qui l'administre indirectement. Kim Il Sung a l'appui de Staline, Pékin suit. Fin 1945, il est premier secrétaire du Parti communiste et, virtuellement, chef de l'Etat en février 1946. Les bases d'une République démocratique et populaire étroitement liée à Moscou sont établies. Après leur retrait militaire, en 1948, les Soviétiques ne cesseront pas de la consolider. Après ce départ, Kim Il Sung n'aura de cesse de renforcer son pouvoir. Affranchi, mais aussi privé de la tutelle soviétique, il développe la " théorie du juché " (indépendance, autosuffisance), renforce l'armée populaire et hâte les préparatifs d'invasion du Sud. Il va se lancer simultanément dans la guerre de réunification et dans des purges staliniennes contre tous ceux qui pourraient menacer sa suprématie. Alors que les volontaires chinois interviennent massivement à ses côtés, Kim élimine en priorité les anciens résistants de Yenan. Leur l'influence, leur passé et leurs appuis chinois menacent la promotion sans partage de ses pouvoirs, de son mythe et de son culte. Des dizaines de généraux, de hiérarques du parti et de hauts fonctionnaires sont éliminés. L'issue de la guerre apparaît comme un sérieux revers, politique et militaire, pour le général Kim Il Sung, contraint d'accepter l'armistice de 1953, et pour ses alliés communistes. Il n'en deviendra pas moins maréchal. Son absolutisme ne cessera plus de se renforcer. ROLAND-PIERRE PARINGAUX Février 1985

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