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Le petit orque s’arrêta à vingt pas

Publié le 30/03/2014

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le dos, et il tenait une courte lance à large fer. Comme d’ordinaire, ils se querellaient et, étant d’espèces différentes, ils usaient du Langage Commun à leur façon.

Le petit orque s’arrêta à vingt pas à peine de l’endroit où étaient tapis les hobbits. « Bouh ! grogna-t-il. Je rentre. « Il pointa le doigt vers le repaire d’orques de l’autre côté de la vallée. « Rien ne sert d’user encore mon nez sur les pierres. Il ne reste rien, que je dis. J’ai perdu la trace pour t’avoir cédé. Elle montait dans la montagne. Elle ne suivait pas la vallée, je te dis. «

 

« Vous ne servez pas à grand-chose, vous autres petits renifleurs, hein ? dit le grand orque. M’est avis que les yeux valent mieux que vos nez morveux. «

« Et qu’est-ce que t’as vu avec les tiens ? gronda l’autre. Foutaise ! Tu ne sais même pas ce que tu cherches. «

« À qui la faute ? répliqua la soldat. Pas à moi. Cela vient de Plus Haut. On a d’abord dit que c’était un grand Elfe en brillante armure, puis c’était une sorte de petit nain, et puis ce doit être une bande de rebelles Uruk-hai, ou peut-être est-ce le tout ensemble. «

« Peuh ! dit le traqueur. Ils ont perdu la tête, voilà ce que c’est. Et certains des patrons vont y perdre leur peau aussi, j’imagine, si ce qu’on dit est vrai : une incursion sur la Tour et tout, une centaine des nôtres zigouillés, et le prisonnier qui a filé. Si c’est comme ça que vous autres combattants vous vous débrouillez, faut pas s’étonner qu’y ait de mauvaises nouvelles des batailles. «

« Qui a dit qu’il y avait de mauvaises nouvelles ? « cria le soldat.

« Peuh ! Qui dit qu’il n’y en a pas ? «

« Voilà un foutu langage de rebelle, et je vais te flanquer ma lance dans le corps, si tu ne la fermes pas, compris ? «

« Bon, bon ! dit le traqueur. Je ne dirai plus rien, et je n’en penserai pas moins. Mais qu’est-ce que le mouchard noir a à voir avec tout ça ? Ce glouglouteur aux mains battantes ? «

« Je ne sais pas. Rien, peut-être. Mais il machine quelque chose, à fourrer son nez partout, je parie. La peste l’emporte ! Il s’était à peine esbigné que l’ordre est venu de le prendre vivant, et vite. «

« Eh bien, j’espère qu’ils le prendront et qu’ils lui feront passer un mauvais quart d’heure, grogna le traqueur. Il a brouillé le vent là-bas, en fauchant cette cotte de mailles abandonnée qu’il avait trouvée et en barbotant partout avant que j’aie pu arriver. «

« Ça lui a sauvé la vie en tout cas, dit le soldat. Tu te rends compte avant de savoir qu’on le voulait, je lui ai tiré dessus tout net, à cinquante pas en plein dans le dos, mais il a continué de courir. «

« Allons donc ! Tu l’as raté, dit le traqueur. D’abord tu tires au petit bonheur, puis tu cours trop lentement, et ensuite tu envoies chercher les pauvres traqueurs. J’en ai marre de toi. « Il s’en fut au petit trot.

« Reviens, toi, ou je te signale ! « cria le soldat.

« À qui ? Pas à ton fameux Shagrat. Il ne sera plus capitaine. «

« Je donnerai ton nom et ton numéro aux Nazgûls, dit le soldat, baissant la voix jusqu’au susurrement. L’un d’eux est en fonction à la Tour dès maintenant. «

L’autre s’arrêta et sa voix était emplie de crainte et de rage. « Sacré mouchard de chapardeur ! hurla-t-il. Tu ne peux pas faire ton boulot, tu ne peux même pas rester avec les tiens. Retourne auprès de tes sales Gueulards, et puissent-ils faire geler ta viande ! Si l’ennemi ne les attrape pas avant. Ils ont estourbi le Numéro Un, à ce que j’ai entendu dire, et j’espère que c’est vrai ! «

Le grand orque bondit après lui, lance en main. Mais le traqueur, ayant sauté derrière une pierre, lui ficha une flèche dans l’oeil en pleine course, et l’autre tomba avec fracas. Le traqueur s’enfuit à travers la vallée et disparut.

Les hobbits restèrent un moment assis en silence. Enfin Sam bougea. « Eh bien, j’appelle ça tout net, dit-il. Si cette agréable disposition favorable voulait bien s’étendre dans le Mordor, la moitié de nos difficultés seraient terminées. «

« Doucement, Sam, murmura Frodon. Il peut y en avoir d’autres dans les environs. Nous l’avons évidemment échappé belle, et la chasse était de plus près que nous ne le pensions sur la piste. Mais c’est bien là l’esprit du Mordor, Sam, et il s’est étendu jusqu’aux derniers coins. Les Orques se sont toujours conduits de cette façon quand ils sont livrés à eux-mêmes, à ce que disent toutes les histoires. Mais il n’y a pas grand espoir à en tirer. Ils nous haïssent, dans leur ensemble et en tout temps. Si ces deux-là nous avaient vus, ils auraient laissé tomber toute leur querelle jusqu’à ce que nous soyons morts. «

Il y eut de nouveau un long silence. Sam le rompit derechef, mais à voix basse, cette fois. « Avez-vous entendu ce qu’ils ont dit de ce glouglouteur, Monsieur Frodon ? Je vous ai bien dit que Gollum n’était pas encore mort, n’est-ce pas ? «

« Oui, je me rappelle. Et je me suis demandé comment tu le savais, dit Frodon. Eh bien ! je crois que nous ferions mieux de ne pas ressortir d’ici jusqu’à ce qu’il fasse complètement noir. Tu pourras donc me dire comment tu le sais, et me raconter tout ce qui s’est passé. Si tu peux le faire doucement. «

« J’essaierai, dit Sam, mais quand je pense à ce Puant, je m’échauffe tellement que je pourrais crier. «

Les hobbits restèrent donc assis là à l’abri du buisson de ronces, tandis que la morne lumière du Mordor se perdait lentement dans une nuit profonde et sans étoiles, et Sam raconta à l’oreille de Frodon tout ce qu’il pouvait exprimer de l’attaque traîtresse de Gollum, de l’horreur d’Arachne, et de ses propres aventures avec les orques. Quand il eut fini son récit, Frodon ne dit rien, mais il prit la main de Sam et la serra. Finalement, il se secoua.

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