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Le PIB est-il un bon indicateur de bien-être?

Publié le 08/10/2012

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    Partant du principe bien établi que "l'argent ne fait pas le bonheur", nous retirerons de ce devoir toutes valeurs d'ordre philosophique et l'aborderons d'un point de vue strictement économique. Le produit intérieur brut (PIB), et son évolution, se sont imposés, au cours des Trente glorieuses, comme la mesure - étalon de la richesse et du progrès-. De nos jours, le PIB par habitant est l'indicateur qui occupe la place centrale même s'il fait dorénavant l'objet de nombreuses controverses. Le PIB est défini comme étant la somme des valeurs ajoutées réalisées à l’intérieur d’un pays par l’ensemble des branches d’activité (auxquelles on ajoute la TVA et les droits de douane) pour une période donnée, indépendamment de la nationalité des entreprises qui s’y trouvent (contrairement au Produit National Brut). Cet indicateur a pour principal objectif de mesurer, comparer et prévoir les productions marchandes (biens) et non marchandes (services). D'autres part, il paraît important de signaler que le bien être est une situation tant matérielle qu'immatérielle rendant ainsi l'existence plus aisée et agréable. De plus, comme synonyme à l'adjectif "bon" nous pouvons prendre celui "d'adapté". Dans ces conditions, nous nous demanderons si le PIB, centré surtout sur les aspects quantitatifs, est un indicateur adapté à la mesure du bien être. Ainsi, nous étudierons dans une
première partie le PIB en tant qu'agrégat ; puis, dans une autre partie, des indicateurs, certes différents du PIB, mais qui permettent néanmoins de le remplacer ou le compléter.       Le PIB en tant qu'agrégat   Le PIB comme indicateur du bien-être • Utilité en matière de politique économique Ex : - il peut mettre en lumière les forces et les faiblesses de divers secteurs - excellent baromètre pour ce qui est du climat des affaires (permet d'ajuster une politique) • Offre des éléments de comparaisons entre les pays. Ex : - PIB par habitant $ 2006 : France 27 734 $; UE 24 326 $ ; EU 37 798 $ , Inde 3 300 $; Chine 6 605 $ Le PIB peut, d'une certaine manière, être considéré comme un indicateur de bien être; cependant, cet agrégat comporte de nombreuses limites.   Les limites du PIB comme indicateur de bien être : • Il exclut automatiquement ce qui ne ressort pas de la sphère de l’économie ex : la pollution, le travail au noir, le travail ménager, l'école gratuite en France, l'évolution technologique… • Certaines consommations font augmenter le PIB alors que, de toute évidence, elles ne reflètent pas une amélioration du bonheur des habitants ex :     - Une hausse des achats de médicaments antidépresseurs.     - Bien qu’ils contribuent tous à l’augmentation du PIB, les catastrophes "naturelles" et "humaines", les crimes et les accidents n’améliorent pas le bien-être de la société.
• Le PIB ne met pas en avant certaines inégalités     - entre les riches et les pauvres     -   de revenus (ex : à Paris le revenu est supérieur à n'importe qu'elle autre région métropolitaine) Le PIB est certes un indicateur présentant des caractéristiques de la qualité de vie des individus ; cependant, ces limites en font un agrégat insuffisant pour mesurer le bien être des citoyens. En effet, en comparant le PIB par tête et le niveau de vie des personnes, nous constatons que le classement des différents pays pris en compte n'est pas similaire (ex : la France est classé 17ème avec une comparaison qui ne tient en compte que le PIB par habitant tandis qu'elle se place 8ème en ce qui concerne le niveau de vie). De ce fait, les économistes ont inventé d'autres indicateurs dans le but de pouvoir mesurer de manière plus précise et exacte le bien-être des individus dans une société. II )   Des alternatives au PIB pour contrer ses limites : A) Différentes variantes du PIB: • Des économistes ont pensé à mesurer un PIB vert, pour lequel il serait soustrait du PIB conventionnel la valeur de la baisse du stock de ressources naturelles. • Une mesure du PIB régional ou de " production urbaine brute" est parfois présentée. En effet, plus on "sectorialise" le PIB, plus on affine l'expression de l'inégalité entre les hommes. Malgré des aménagements faits au PIB afin qu'il mesure davantage le bien être
des individus dans certains domaines ( la nature par exemple), ces modifications se sont avérées insuffisantes. De ce fait, d'autres indicateurs plus adaptés ont été parallèlement inventés afin de répondre plus précisément aux attentes. B) D'autres indicateurs du bien être   : • L'Indice de développement humain (IDH) créé en 1990, inspiré des travaux d'Amartya Sen, a été élaboré pour tenter d'appréhender le bien-être social. Cet indicateur, calculé par le PNUD (programme des Nations Unies pour le Développement), combine le PIB réel par tête en PPA (Parité de Pouvoir d'Achat), le niveau de scolarisation de la population adulte et l'espérance de vie à la naissance. L'IDH peut être corrigé par un calcul prenant en compte les inégalités par sexe, on obtient alors l'indicateur "sexospécifique" du développement humain (ISDH) • L'indicateur du bien-être économique (IBEE) inventé par Lars Osberg et Andrew Sharpe prend en compte quatre composantes caractérisant le bien-être des populations : les flux effectifs de consommation par habitants, l'accumulation nette dans la société des stocks de ressources productives, la répartition des revenus (inégalité et pauvreté), la sécurité économique (contre le chômage, la précarité des familles monoparentales et des personnes âgées). Il existe deux versions de l'IBEE : l'une attribue des coefficients différents aux dimensions (plus grande importance donnée à la consommation)
et l'autre affecte des poids égaux à l'ensemble des critères pris en compte. Son avantage qui ne demeure aucunement négligeable est sa facilité de compréhension : un simple graphique permet de représenter l'évolution du bien être (une courbe ascendante signifie une augmentation du bien être et inversement une courbe descendante traduit une perte de bien être). Même si ces différents indicateurs donnent davantage une idée du bien être individuel que le PIB, ils ont tout de même pour principale base de calcul l'agrégat en question.     En conclusion, abstraction toujours faite de toute philosophie, le PIB demeure un indicateur subjectif du bien être mais absolument imparfait pour le mesurer. En   effet, c'est un indicateur principalement d'aspect quantitatif et non pas qualitatif. Les conventions utilisées pour mesurer le PIB peuvent ne pas être appréciées de la même manière selon les différents pays, régions, personnes, rendant ainsi la comparaison difficile et quelque peu différente de la réalité. Les pays à fort PIB deviennent nécessairement des endroits où la société de consommation prédomine et où chaque résident cherche à assouvir ses besoins finalement purement superficiels. Cette quête de "bien être artificiels" l'entraîne donc vers une recherche inéducable de l'accroissement de son propre PIB. La vraie recherche du bien être ne passe t-elle pas obligatoirement vers un strict retour aux sources?

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