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Le pouvoir d'achat en France

Publié le 06/10/2012

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  Introduction Sujet de préoccupation des français et élément du débat politique, la question du pouvoir d’achat a rarement autant suscité de controverses et de malentendus. Depuis l’introduction de la monnaie unique, toutes les études et les enquêtent convergent. Les ménages français partagent le sentiment que leur pouvoir d’achat s’est amenuisé. Pour témoigner de l’importance que le terme a acquis au sein de l’opinion publique, Nicolas Sarkozy, actuel Président de la République française a fait du pouvoir d’achat une priorité nationale. Il s’est même qualifié le 14 janvier dernier comme « le président de l’augmentation du pouvoir d’achat «. A cet égard, il est intéressant de se demander ce que signifie réellement le pouvoir d’achat. D’une manière générale, on pourrait le définir comme la quantité de biens et de               services que peut se procurer un individu avec un revenu déterminé. Pour expliciter ce propos, on peut, par exemple, mesurer celui d’un ouvrier par le nombre d’heures qu’il doit travailler pour payer un kilo de pain. Au sens général, le sentiment est une conscience plus ou moins claire, une sensation. Mais ici, on peut plutôt le définir comme un jugement, une opinion qui se fonde sur une appréciation subjective, c'est-à-dire sur un raisonnement non logique. Par ailleurs, lorsque l’on enregistre la baisse d’une valeur, cela se traduit par un affaiblissement, une diminution ou bien un effritement. Ainsi, ces notions semblent difficiles à déterminer.
En effet, le manque de précision et la complexité des éléments expliqués ci-dessus amènent inévitablement de la confusion, de l’incompréhension et donc des erreurs d’appréciations. Le sentiment des français s’oppose aux calculs officiels. Faut-il mettre en cause mettre en cause la véracité des chiffres ou le ressenti français ? Ainsi, nous nous sommes interrogés : La baisse du pouvoir d’achat est-elle une illusion ou bien une réalité ? Nous consacrerons donc la première partie à l’analyse d     I) Le sentiment d’une baisse du pouvoir d’achat ressenti par les ménages français         1) La perturbation du passage à l’euro Depuis le début de l’année 2002, la France, comme les douze autres pays de la zone euro, a adopté la monnaie unique : l’euro. Cependant, ce changement monétaire n’est pas sans conséquences notamment auprès des consommateurs. En effet, le passage du franc à l’euro a renforcé le sentiment d’une hausse des prix au sein des individus français.   On distingue alors deux causes principales à ce ressenti :       Tout d’abord, et ce qui est alors compréhensible, c’est la hausse des prix de certains produits. Dès 2001, soit avant le changement de monnaie, les prix de la grande distribution ont connu une hausse particulièrement forte et ce, malgré une modération des prix consentie auparavant par les distributeurs. Cette hausse significative, qui ne concerne en réalité qu’une petite partie des produits,   a influencé le sentiment des consommateurs sur le fait que le passage
à l’euro avait joué un rôle inflationniste. De plus, l’IPC a lui-même peu augmenté. En effet, l’indice des prix à la consommation (IPC) n’est pas un indice du coût de la vie. L’IPC est représentatif de l’évolution des prix des produits selon la structure de consommation moyenne de la population. Selon l’INSEE, l’IPC a évolué de 1,5% de décembre 2004 à décembre 2005 et de 1,5% de décembre 2005 à décembre 2006. Mais aux yeux des français, cet indice d’ensemble reste très abstrait. C’est pourquoi,   quelques explications quant à cette mesure de l’évolution des prix auraient été judicieuses afin que les ménages ne rejettent pas toute hausse des prix sur l’euro. En outre, depuis les accords de juin 2004, les prix ont baissé dans la grande distribution même si ce recul ne comble pas la hausse des prix précédente.       [pic]       Par ailleurs, la hausse des prix ayant eu le plus d’impact sur les consommateurs concerne les biens   fréquemment achetés au quotidien, comme le pain, l’essence (+36% entre 2001 et 2006) ou le tabac (+56% entre 2001 et 2006). Ces produits ont fortement augmenté alors que d’autres biens achetés moins régulièrement, n’ont pas connu une telle hausse. Ces différentes évolutions renforcent alors l’impression de baisse de pouvoir d’achat des ménages.       D’autre part, le changement d’unité monétaire a modifié les repères des individus de plusieurs manières :       Premièrement, la population française est restée dans l’idée que les prix étaient moins chers en euros qu’en franc.
Par exemple, les français ont tendance à donner un pourboire plus important depuis l’euro qu’à l’époque du franc. Ils participent alors indirectement à rendre inflationniste le passage à l’euro.       Ensuite, les repères des français ont été brouillés par les entreprises et leur stratégie marketing. En effet, après l’introduction de l’euro, de nombreux produits, tant des biens de consommation courantes que des services, on été mis sur le marché à un prix bien plus élevé que s’ils n’avaient été commercialisés au moment du franc. Ainsi, le consommateur a très vite accepté (dès 6 à 8 mois après le début de l’euro) des prix élevés pour des biens identiques.       Enfin, beaucoup de français se réfèrent encore au franc, ce qui incite à considérer les prix à la hausse.       Ainsi, aux yeux des consommateurs, l’introduction de l’euro a été source   d’augmentation des prix et de confusion des repères monétaires, ce qui les amène a considérer leur pouvoir d’achat en baisse, en plus de budgets de plus en plus contraints.         2) Des dépenses contraintes   Au sein de chaque ménage existe des dépenses à engagement contractuel soit des dépenses, de début mois avant même tout arbitrage en matière de dépense courante, difficilement négociables. Selon la Comptabilité Nationale, les dépenses les plus contraintes correspondent aux dépenses du logement, chauffage, téléphonie et assurances.   Le premier poste des dépenses contraintes regroupe le logement, l’eau, le gaz e l’électricité. Il est quasiment
incompressible à court terme.   La téléphonie et tous les services qu’elle comprend représentent le second poste. Contrairement aux dépenses liées au logement, ces dernières sont plus arbitraires c'est-à-dire qu’elles dépendent de la volonté de chaque ménage.   Le troisième poste correspond aux assurances et aux services financiers qui sont souvent obligatoires et impossible à résilier à court terme.   Ainsi, ces dépenses contraintes, qui sont en augmentation depuis 2002 c'est-à-dire depuis le passage à l’euro, représente jusqu’à 37% des dépenses de consommation finale des ménages et plus d’un quart de leur revenu disponible brut.   Par ailleurs, d’autres dépenses, en dehors des critères de la Comptabilité Nationale, peuvent être ressenti comme une contrainte par les ménages. Par exemple, l’achat d’un logement implique souvent un crédit à rembourser, soit une somme à verser tous les mois ce qui contraint obligatoirement le budget.   II) Une baisse du pouvoir d’achat mal considérée 1. Des indicateurs officiels qui prouvent le contraire 1. Le   pouvoir d’achat de l’INSEE       La notion statistique usuelle de « pouvoir d’achat « calculé par l’INSEE est celle du pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages .Ce dernier se définit comme la somme de tous les revenus d’activités et des revenus du patrimoine (par exemple les loyers perçus, les loyers imputés, les intérêts sur les comptes, les rendements des placements…)ainsi que les transferts
aux ménages, c'est-à-dire les prestations sociales (par exemple les allocations chômages), moins les impôts et autres prélèvements sociaux. Source : BIPE 2. L’évolution du pouvoir d’achat selon l’INSEE       L’INSEE définit l’évolution du pouvoir d’achat comme l’évolution du revenu disponible brut rapporté à celle du « prix de la dépense de consommation des ménages «.Cette deuxième composante correspond au prix des biens et services consommés au cours d’une certaine période, en tenant compte de l’inflation .       L’indice des prix à la consommation n’est pas un indice du coût de la vie. L’IPC est représentatif de l’évolution des prix des produits selon la structure de consommation moyenne de la population. Selon l’INSEE, l’IPC a évolué de +1,5% de décembre 2004 à décembre 2005 et de +1,5% de décembre 2005 à décembre 2006.   Sur une longue période allant des années 60 à aujourd’hui, le pouvoir d’achat des ménages a évolué quasiment au même rythme que la croissance du PIB. On peut distinguer plusieurs phases :     - De 1959 au choc pétrolier (c’est-à-dire vers 1973), le pouvoir d’achat des ménages progressé vivement de 5,4% par ans.     - Après 1974, sa hausse est assez modérée : elle est d’environ de 2,1% par ans     - Entre 1996 et 2006 : L’INSEE estime que les revenus des français ont, globalement et en moyenne, progressé plus que les prix, entraînant un gain moyen de pouvoir d’achat de 1,9%   par ans entre 1996 et 2006.
      Selon l’INSEE, le RDB des ménages, net d’impôt et de cotisations, a progressé de 1% en 2003, de 2,2% en 2004 et de 1,1% en 2005, de 2,3% en 2006 et de 2,8% en 2007   Au cour de ces dernières années, la croissance du pouvoir d’achat, au sens de la comptabilité nationale, n’a donc pas diminué,   mais seulement ralenti. 2. les raisons de ce décalage (cf Charlotte)     - prix des produits     - + de qualité     - source de confusion du calcul de l’insee 3. Vers de nouveaux instruments de mesures du pouvoir d’achat   1. L’indice BIPE–LECLERC et l’indice de l’Institut national de la consommation (INC)         L’approche du BIPE est microéconomique. Elle consiste en effet à mesurer le pouvoir d’achat du revenu du consommateur et non celui des ménages.   Le BIPE raisonne en « pouvoir d’achat libéré «, c’est-à-dire après paiement par les ménages des dépenses présentées comme « contraintes «. C’est l’indicateur du pouvoir d’achat libéré des ménages.   Ensuite, le BIPE calcule un indicateur du pouvoir d’achat effectif du consommateur qui tient compte de l’augmentation du nombre de consommateurs   Le pouvoir d’achat libéré des ménages   .   Sur la base de ce calcul, le BIPE conclut à une dégradation du pouvoir d’achat effectif du consommateur en 2005 : celui-ci aurait diminué de 0,7 % alors que l’INSEE affiche une progression du pouvoir d’achat du revenu des ménages de 1,1 %.       L’Institut national
de la consommation (INC) a également développé un indice du pouvoir d’achat qui déduit du revenu disponible brut les dépenses contraintes. Il estime ainsi que le revenu mensuel des ménages a augmenté en moyenne de 68 euros entre juin 2005 et juin 2006 (passant de 2.420 à 2.488 euros), mais que plus des deux tiers ont été absorbés par la hausse des carburants, du gaz, des loyers, des réparations de véhicule et des produits alimentaires. En se basant sur un indice des prix à la consommation dont la part du poste des loyers est accrue (20 % pour l’INC contre 6 % pour l’INSEE), l’INC conclut que le pouvoir d’achat des ménages n’a augmenté que de 0,9 % sur cette période.   2. Des indices dont l’intérêt principal est de révéler les limites des indices actuels       Les indices développés par le BIPE et l’Institut national de la consommation ne sont pas exempts de critiques. La plus sérieuse porte sur la justification d’isoler des dépenses contraintes dont la définition est, par ailleurs, délicate. Ainsi, dans le panier retenu par le BIPE, les carburants ne figurent pas, alors que sont présents les remboursements de crédits à la consommation et à l’habitation.         Pour autant, le développement de ces nouveaux indices a l’avantage de montrer les limites des indices officiels utilisés pour communiquer sur le pouvoir d’achat des ménages. Ainsi, la seule considération du pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages ne tient pas compte de l’évolution démographique, surestimant de fait le revenu
disponible brut par ménage.         Les données statistiques globales sembleraient de moins en moins adaptées à la représentation d’une réalité complexe et éclatée. Pour mieux rendre compte de l’hétérogénéité des structures de consommation, des indices de prix différenciés par catégories sociales et une meilleure appréciation des dépenses « contraintes « et du coût du logement dans les indices « officiels « sont le plus souvent mis en avant.         L’INSEE a déjà commencé à présenter des indices des prix à la consommation par catégories de ménages pour la période 1996-2006. Il analyse ainsi l’impact des différences de structure de consommation sur la mesure de l’inflation en présentant des calculs d’indices particuliers, spécifiques à certaines catégories de ménages. Ainsi, l’indice des prix aurait augmenté plus vite pour les 10% de ménages les plus pauvres que pour les 10% les plus riches entre 1996 et 2006.     Conclusion du II)         La diversité des informations publiées par l’INSEE mérite d’être rappelée. Si le revenu brut des ménages reste la plus connue, l’indice du revenu brut par ménage et le niveau de vie par individu offrent une vision diversifiée des problématiques liées à la notion de pouvoir d’achat qui pourrait être complétée par une prise en compte de toutes les dépenses des ménages, notamment en logement.     Il est illusoire de penser qu’un indicateur unique puisse rendre compte de toute la complexité du sujet. Chaque indicateur, qu’il soit ou non établi par l’INSEE, apporte
un éclairage non pas contradictoire, mais complémentaire sur le pouvoir d’achat des ménages. Annexe : BIPE : Le BIPE est une société d'études économiques et de conseil en stratégie certifiée OPQCM Nicolas Sarkozy : « je veux être le président de l’augmentation du pouvoir d’achat « (janvier 2007) En ce moment : projet de loi sur le pouvoir d’achat à effet quasi-immédiat ( Ouverture conclusion Ce projet de loi sur le pouvoir d'achat a été examiné le 12 décembre en Conseil des ministres. Il est aujourd’hui même débattu à l’assemblée nationale et probablement "début janvier" au Sénat. Il s'agit notamment du rachat des heures de RTT et compte épargne temps dans le privé, du déblocage de la participation et de la mise en place d'une prime de 1.000 euros dans les entreprises de moins de 50 salariés qui n'ont pas vocation à mettre en oeuvre le système de la participation.

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