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Lecture analytique : l'Ennemi. Problématique : En quoi ce poème est-il révélateur du spleen baudelairien ?

Publié le 30/03/2011

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Le poème L'Ennemi est le 10ème de la section Spleen et Idéal. Le Temps est l'une des plus obsédante composante du spleen de Baudelaire. On le retrouve dans l'Horloge et le goût du néant. Omniprésent, étouffant, il se révèle douloureusement à chaque étape de la vie en y imposant un bilan désespérant. La personnification, l'utilisation de la majuscule, de l'allégorie et de l'article défini (titre), font de lui par excellence le monstre que l'homme doit craindre. Le Temps entretient avec l'homme, en particulier avec le poète, qui se met en cause personnellement dans le texte, des liens de dominations presque vampirique, et le maintien dans un état d'aliénation qui détruit toute espérance et toute forme d'inspiration. [Problématique]. Ce poème souligne que le temps Ets doublement redoutable sur le plan humain mais aussi sur le plan poétique. Il s'agit d'un sonnet en alexandrin, construit sur une métaphore filée autour des saisons et du temps qui passe en rapport avec la vie de l'homme.    I. 1er quatrain    Il se compose de 2 parties complémentaires délimitées par la ponctuation. A l'évocation de la jeunesse fait suite un bilan décourageant. Il caractérise la jeunesse passée, elle est présentée à travers une alternance d'ombres et de lumières (ténébreux/brillant). Cette alternance est métaphoriquement celle de l'espoir et du désespoir, des élans vers l'idéal, et le poids du spleen. Le bilan décourageant est souligné par le passé composé (v.3) et par l'emploi de la proposition subordonnée de conséquence, c'est le résultat d'une jeunesse orageuse. La métaphore se poursuit dans l'image du jardin (la vie), dévasté, et presque entièrement dépouillé et ses productions comme en automne « bien peu «. L'idée d'alternance entre le soleil et la pluie est soulignée par la ponctuation forte et par le point. Chaque strophe est constituée d'une phrase.    II. 2ème quatrain    Il s'ouvre sur une constatation résignée qui apparaît comme la conséquence « voilà que «, sur le plan de la pensée de la première strophe. C'est un résultat donné en 2étapes successives puisqu'on a « et qu'il faut « et « voilà que «. Il fait apparaître une suite chronologique (l'automne vient après l'été). L'image du jardin est prolongée mais aussi aggravée à travers la dévastation et la nécessité de réparation. L'utilisation de termes concrets « pelle, râteau « et l'accumulation des images font de cette strophe une illustration visuelle des désastres du temps. Ces désastres préfigurent la mort comme le suggère la composition du vers 8 « tombeaux «, la vie et l'inspiration sont ravagés par le temps.    III. 1er tercet    Il suggère une hypothèse (v9) qui apparaît comme un élan d'espoir. Celui-ci prend appui sur les images de la strophe précédente dans le cycle des saisons, l'automne et l'hiver associés à la mort font espérer le retour du printemps (v9) : « les fleurs nouvelles «. L'enchaînement des images conduit à une interprétation qui se situe sur le plan de la nature. L'enchaînement des symboles à travers les saisons qui sont les représentations symboliques des étapes de la vie conduit à considérer « les fleurs nouvelles « comme le printemps des idées, c'est à dire un renouvellement de l'inspiration après une purification qui s'apparente à un rite. « Le mystique aliment « (v.11) prend alors une valeur religieuse. Les fleurs évoquant le titre du recueil : Les fleurs du Mal    IV. 2ème tercet    Il apporte un démentit catégorique qui d'exprime en 2 temps : l'expression de la souffrance, le 1er hémistiche du vers 12 est un double cris et désespoir, peut-être une avocation suppliante « ô douleur « avec l'interjection « ô « suppliante.  → Tonalité lyrique    L'interjection « ô « est caractéristique des poèmes lyriques. L'action dévorante et irrémédiable du temps est présenté a travers la personnification : le temps est assimilé a un monstre ou a un ogre. Il est enfin nommé alors qu'il était omniprésent dans la métaphore des saisons, puis désigné par une périphrase (v13) : « l'obscur ennemi « qui insiste sur son hostilité et sur le caractère caché de son action. Il se nourrit (v14) : « croit et se fortifie « des forces vives de l'être humain, et en lui par la destruction de l'aliment mystique (v.11) toute possibilité de l'inspiration nouvelle.   Ce poème est bien révélateur du Spleen de Baudelaire, de l'angoisse qui étreint le poète quand il constate les ravages du temps sur son organisme. Grâce a l'art il met en forme se malaise existentiel, ce qui constitue une manière de l'exorciser. L'écriture apparaît alors comme un remède a l'usure du temps et au dégout de soit qu'inspire au poète sa dégradation progressive. L'art permet d'opposer la résistance de l'intelligence à la force corrosive de la nature. Le poète survie ainsi par sa parole.

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