Les collections zoologiques de la Renaissance: l'apport des grands voyageurs

La faune connue jusqu'au XVe siècle fut presque exclusivement celle d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Asie. Il fallut les premiers grands voyages autour du monde pour que de nouvelles espèces soient ramenées. Ce furent des voyageurs tels qu'Aloys Cada-Mosto, qui rapporta du Sénégal et de Gambie, en 1456, des perroquets et autres oiseaux; Christophe Colomb, qui revint des Antilles, en 1492, avec des aras, des dépouilles de lamentins et de caïmans; Fernand Cortez et encore bien d'autres qui rapportèrent du Mexique et d'Amérique du Sud le cobaye, le dindon, le canard musqué, des lamas, alpacas et vigognes avec lesquels les Espagnols entreprirent les premiers essais d'acclimatation sur une grande échelle. Ces animaux placés dans les ménageries d'Espagne devaient se répandre, par la suite, un peu partout en Europe et présider à la réapparition de nouvelles grandes ménageries. Les plus importantes ainsi réalisées au XVIe siècle furent Chantilly, Karlsburg, Le Caire, Constantinople, Saint-Germain, Sienne, suivies de Prague, Dresde, Ebersdorf, Näugebäu, Elseneur, du Louvre, etc. Celle de Chantilly, fondée en 1530 et détruite pendant la révolution, en 1792, abrita surtout des oiseaux aquatiques et de proie ainsi que des lions et divers mammifères domestiques. La ménagerie de Karlsburg, qui fut l'une des plus anciennes, existait encore en 1875. La ménagerie de Dresde, fondée en 1544, contenait surtout de grands félins, des cerfs, des loups, des renards et des taureaux. En 1570, Charles IX fonda la ménagerie du Louvre, avec une magnifique volière. Sous Henri III, son successeur, elle comprenait surtout des lions et des ours ainsi que des chameaux et des singes. Ce même siècle, Maximilien II fonda les ménageries d'Ebersdorf (1552), de Prague (1558) et de Näugebäu (1558), dotées de félins, d'éléphants, de chevaux sauvages et de ruminants. Quant à la ménagerie fondée en 1561 par le roi de Suède, elle devait avoir des conséquences importantes pour la zoologie moderne et permettre à Linné d'établir une partie de sa nomenclature animale, considérée comme fondamentale et publiée en 1758.