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Pour ce qui concerne la Renaissance, cette critique est faite, depuis fort longtemps, par les plus grands historiens et tout particulièrement ceux de la période qui précède : les médiévistes.

Publié le 06/01/2014

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Pour ce qui concerne la Renaissance, cette critique est faite, depuis fort longtemps, par les plus grands historiens et tout particulièrement ceux de la période qui précède : les médiévistes. On peut les comprendre. L'idée que le xvie siècle renoue avec la grandeur de l'Antiquité suppose que les mille ans qui se sont passés entre les deux n'aient été rien d'autre qu'une parenthèse de déclin, les « âges obscurs » dont on parlait, le « Moyen Âge » c'est-àdire littéralement un entre-deux sans intérêt. On explique parfois que les hommes du xve et du xvie ont eu le sentiment sincère de vivre des temps nouveaux en se référant uniquement à la sombre et courte période qui avait précédé : la Grande Peste de 1348, la guerre de Cent Ans et son cortège de ruine et de malheurs que le monde venait de vivre les aveuglaient. Faut-il pour autant, aujourd'hui encore, à cause d'un siècle terrible (la période qui va de 1350 à 1450), jeter l'opprobre sur mille ans ? On l'a vu, ce fameux « Moyen Âge » connut lui aussi des périodes de faste, d'allant, de prospérité, il eut aussi ses « renaissances » : la renaissance carolingienne, du temps de Charlemagne, la renaissance des xiie et xiiie siècles, avec, là aussi, ce grand bond en avant de la connaissance dû au développement des universités ; avec, déjà, la redécouverte des philosophes anciens grâce aux Arabes. De grands médiévistes comme Jacques Le Goff réfutent d'ailleurs le découpage traditionnel du temps et en proposent un autre : pour eux, la renaissance telle qu'on la présente est une notion creuse, il n'y a eu, depuis l'Antiquité, qu'une longue continuité, un Moyen Âge qui s'est terminé au xixe siècle avec la révolution industrielle. Précisément. La notion de « renaissance », comme elle nous est transmise, doit beaucoup aux historiens du xixe siècle. Le mot lui-même apparaît au xvie siècle sous la plume du père de l'histoire de l'art, Vasari, un Italien qui écrit la vie des artistes qu'il admire, Michel-Ange et les autres : il pense qu'ils ont fait renaître le génie, et donc qu'ils ont créé la renaissance (Rinascità). Il faut attendre le siècle de Michelet pour en faire une période historique, fille de l'idéologie de ce temps-là, la religion du progrès : le xvie siècle qui libère l'individu, qui secoue la domination sans partage de la religion est forcément « mieux », et, puisque la marche du temps pousse par essence vers la Civilisation, ce qui précède est forcément plus barbare, plus médiéval, en somme. Faut-il en rester aujourd'hui à ce schéma ? Il ne s'agit pas de nier le progrès technique, le progrès de la connaissance. Un livre imprimé, puisqu'il peut être diffusé auprès du plus grand nombre, apporte forcément un mieux par rapport au manuscrit, réservé à une petite élite. Bien sûr, la découverte extraordinaire du chanoine polonais Copernic, qui pose le premier que le Soleil est au centre de notre univers et non la Terre comme on le croyait, représente une formidable avancée de l'intelligence. Mais les massacres de masse des Indiens d'Amérique, mais les atrocités des guerres de Religion ? 1 Nouvelle Histoire « Point », Le Seuil, 1991. 2 de la France moderne, t. 1, Royauté, Renaissance et Réforme (1483-1559), Une histoire de l'Europe, Fayard, 1986. 17 Les Grandes Découvertes On ne peut être partout. Affairés à la vaine conquête de Milan ou de Naples, nos rois de France ratent le grand mouvement qui, à pareille époque, pousse quelques peuples intrépides à tenter l'aventure sur un autre terrain, la mer. C'est elle qui mène à la conquête de mondes inexplorés, elle qui permet une nouvelle épopée européenne, « les Grandes Découvertes ». Deux pays tireront une immense fortune de cette intuition maritime. Le premier est le Portugal. Ce peuple de commerçants et de navigateurs est obsédé par l'idée de trouver de nouvelles routes de commerce. Au début du xve siècle, le prince Henri, fils du roi, est passionné de voyages et d'aventures maritimes, cela lui vaut le surnom d'Henri le Navigateur (1394-1460). Il reste à terre mais use de ses richesses pour développer la cartographie, créer une école de navigation et impulser un mouvement qui se prolongera longtemps. Grâce à lui, les Portugais tentent peu à peu le voyage le long des côtes de l'Afrique, ce continent mystérieux. En 1434, ils sont au sud des Canaries ; en 1482 (bien après la mort d'Henri, donc), ils mouillent dans l'embouchure du Congo ; en 1487, ils franchissent la pointe sud du continent, qu'ils baptiseront « le cap de Bonne-Espérance » ; en 1498, enfin, le célèbre Vasco de Gama touche au but. Il aborde le port de Calicut, en Inde. Il en reviendra avec les épices convoitées, et une grande déception : là-bas, les grands rivaux des Européens, les Arabes, tiennent déjà tous les marchés, alors que ces longs voyages avaient pour but de contourner leur zone d'influence. Repères

« 17 Les Grandes Découvertes On nepeut êtrepartout.

Affairésàla vaine conquête deMilan oudeNaples, nosrois deFrance ratentlegrand mouvement qui,àpareille époque, poussequelques peuplesintrépides àtenter l’aventure surunautre terrain, la mer.

C’est ellequimène àla conquête demondes inexplorés, ellequipermet unenouvelle épopéeeuropéenne, « les Grandes Découvertes ». Deux paystireront uneimmense fortunedecette intuition maritime.

Lepremier estlePortugal.

Cepeuple de commerçants etde navigateurs estobsédé parl’idée detrouver denouvelles routesdecommerce.

Audébut du xv e  siècle, leprince Henri,filsduroi, estpassionné devoyages etd’aventures maritimes,celaluivaut lesurnom d’Henri leNavigateur (1394-1460).

Ilreste àterre maisusedeses richesses pourdévelopper lacartographie, créer une école denavigation etimpulser unmouvement quiseprolongera longtemps.

Grâceàlui, lesPortugais tentent peu àpeu levoyage lelong. »

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