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LES DÉBUTS DU FASCISME

Publié le 22/03/2014

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LES DÉBUTS DU FASCISME 

 

Le 23 Mars 1919, se réunissent environ 200 personnes qui vont créer à Milan, des faisceaux de combat. Parmi ces 200 personnes hétéroclites on trouve des anciens socialistes, des nationalistes, des anarcho-syndicalistes et aussi des futuristes. Benito Mussolini émergeant comme chef de cet ensemble. 

 

Qui est Benito bambin: 

 

Né en 1883 à Predappio en Emilie-Romagne (Bologne). Le père est forgeron-aubergiste (socialiste révolutionnaire) le petit Benito tire son nom de Benito Juarez (révolutionnaire mexicain). Sa mère est elle une catholique pratiquante. Il est politiquement influencé par son père et adhère au parti socialiste à 17 ans ou il milite pour les maximalistes. Il devient instituteur, mais s’occupe plus de la vie politique que son travail, il fuit l’Italie en 1902 pour éviter le service militaire (fortes positions antimilitaristes) et ne rentre qu’en 1904 au bénéfice d’une amnistie royale. 

Il est déjà bon orateur, ce qui lui vaut d’être remarqué avec notamment ses qualités de leader, il s’engage énormément. Il s’oppose par exemple à la conquête de la Lybie en 1911, il s’enchaîne par exemple aux rails pour stopper un convoi militaire. C’est un homme charismatique qui a le sens de la formule, de la théâtralité. En 1912 ( à 29 ans) il devient le directeur du journal du parti (Avanti!) pendant que les maximalistes ont pris la direction du parti. 

Arrive 1914, Mussolini comme le reste du parti affiche des positions de neutralité. Arrive le 18/10/14 ou Mussolini publie un éditorial en faveur de l’intervention italienne dans la guerre, complètement à contrepied des positions du parti. [Le 23/11 il est exclu du parti et va fonder son propre journal (il populo de Italia)] 

Pourquoi ce revirement? On l’accuse d’être acheté par les français, il est allé au moins une fois à l’ambassade de France ou il a certainement reçu de l’argent. Cela reste un argument polémique. 

On peut avancer qu’il se sentait à l’étroit à la direction d’avanti, et voulait prendre plus de responsabilité dans une formation politique, c’est une manière de claquer la porte du parti. 

Sur le plan idéologique, Mussolini est dans le vague, sa pensée n’est pas réellement formée. Il est plutôt attaché à la pensée de Georges Sorel qui explique que pour détruire la société bourgeoise, il faut définitivement utiliser la violence. 

En 1914 il déteste la société bourgeoise, il est anti-parlement, anti-libéraliste, il déteste l’Italie de Giuliti. Il est persuadé que cette guerre mondiale va être un tel choc que la vieille société n’y résistera pas, la guerre est vue comme un élément qui permettra la révolution d’après guerre. C’est un moyen de se débarrasser à terme de la vieille Italie. 

Cependant, a contrario des autres socialistes il ne délaisse pas le fait national. Il pense que la nation a une réalité et il veut réconcilier la nation et des idéaux révolutionnaires via la guerre. Et l’Italie s’affirmerait en faisant la guerre aux vieux empires. 

Après la guerre, les conditions seront optimales pour détruire le vieil ordre. Il s’engage dans l’armée royale, fait la guerre et est même blessé. Il mène la guerre de la même manière qu’il l’a prôné. 

 

Quel est le programme des faisceaux de combat? (cf doc) 

 

C’est un programme parfaitement révolutionnaire qui vise à détruire la société bourgeoise établie. Les faisceaux de combat acceptent la violence politique, ce sont les ennemis des socialistes jugés trop mous. Quelque jours plus tard, ils saccagent les locaux de l’Avanti! Cependant en 1919, c’est un véritable désastre électoral (4000 voix pour Béni à Milan contre 150K socialiste et 120K populaire). On pense au soir du 16/11/1919 que Mussolini est fini, il est proche du zéro absolu. L’aventure Mussolini pourrait tout aussi bien s’arrêter. 

Il va donc entamer sa mue pour élargir ses perspectives politiques. Il comprend que la politique italienne a besoin d’une force antibolchévique. Et dès début 1920, il va présenter les faisceaux comme un élément de lutte antibolchéviques et va recruter dans les squadristes, qui vont aller affronter physiquement les rouges (et 2/3 populaires au passage). Il se présente de plus en plus comme le rempart contre la révolution bolchévique. On aura des scènes de guerre civile en Italie, les affrontements font de nombreux morts. Les fascistes veulent tenir la rue, ils adoptent la chemise noire ( en signe de deuil), le manganero (bâton), et l’huile de ricin (ils font boire de force de l’huile de ricin). [on se bat aussi à l’arme à feu comme des gens civilisés] 

Au final le fascisme fait figure de barrage efficace contre le bolchévisme, ils libèrent les usines, vident les occupations de terres, c’est une forme de retour à l’ordre. ( début 1920: 20k adhérent et 320K en 1922) 

Il est intéressant de s’arrêter sur la composition sociale du parti fasciste (cf doc) qui est finalement assez ouvert., On trouve des classes populaires. Mais le noyau dur du fascisme: ce sont les classes moyennes. Mussolini a besoin d’organiser son parti pour le porter au pouvoir. 

 

III L’institutionnalisation du fascisme et la Marche sur Rome. 

 

Les autorités de l’état en province laissent faire les violences fascistes, on a même des exemples de chefs de casernes locaux qui fournissent des armes aux faisceaux. Un des rares cas ou les autorités ont fait preuve d’autorité est à Sarzanna, en toscane, ou 500 fascistes veulent rentrer dans la ville, or il se trouve qu’un jeune lieutenant des carabiniers a installé des barrages dans la ville et a pour ordre de ne rien faire rentrer, celui-ci fait allègrement tirer sur les fascistes (qui en meurent par réaction de cause à effet). 

Quant à l’attitude politique vis-à-vis des fascistes, Giuliti va tenter de les parlementariser. Ils essaye de les faire rentrer au parlement afin de les intégrer dans le compromis pour les « normaliser «. Giolitti a sous-estimer la dynamisme du fascisme et la synergie qu’elle entraîne. Il y a des faisceaux de combat mais il n’y a pas vraiment de parti politique, Mussolini décide de structurer les faisceaux. Et ainsi né le Parti National Fasciste, le programme est radicalement différent par rapport au programme initial des débuts du fascisme. 

Cependant Mussolini ne domine pas complètement le parti, même si il est considéré comme le chef, il doit composer avec les ras (chefs locaux du parti comme Italo Balbo à Ferrare, Dino Grandi à Bologne…). Béni n’a pas la haute main sur le parti, en 1921 il est tenté de négocier une trêve avec le parti socialiste, ce à quoi s’opposent les chefs régionaux. En cet été 1922, on peut noter trois choses importantes: 

La faiblesse de l’état libéral et de l’opposition, les fascistes sont en face d’adversaires divisés. 

Le rôle important de ras. 

Le pouvoir est prêt à tomber, on peut le prendre. 

Plusieurs personnages importants: Emilio de Bono qui a des contacts rapprochés avec l’armée, Maria de Vecchi qui a des relations avec la cours du Roi Emmanuel, et Dino Grandi qui représente le fascisme pur, dur et violent et bien sur Benito Mussolini. Ce quadrumvirat va commander une marche sur Rome pour exiger le pouvoir. Ils veulent demander au Roi que Mussolini soit placé au pouvoir. 

C’est environ 40 000 militants qui marchent sur Rome, ces hommes vont marcher 48h sous la pluie et se retrouvent face à une garnison de 28 000 soldats tenue par Pugliese. Et en même temps dans les provinces les fascistes se rendent maîtres des gares, des lignes téléphoniques… 

Le Président du Conseil est un proche de Giuliti qui se nomme Luigi Facta, et prend le 28/10 une décision de fermeté en décrétant un état de siège. Si ce décret est signé par le roi, l’armée aura l’autorisation de défendre militairement la ville contre les fascistes. Le roi va prendre conseils auprès des maréchaux de l’armée, notamment Diaz. Ils ne sont pas très affirmatifs, divisés. La Reine mère elle encourage son fils à nommer Mussolini Président du Conseil, on ne pousse pas Victor-Emmanuel à la fermeté. Il ne perçoit pas la dynamique propre au fascisme et le 30/10 il nomme Mussolini Président du Conseil. Trois ans avant des militants socialistes balançaient sa marionnette dans le canal de Milan. On est toujours dans un système parlementaire, on est pas encore rentrer dans une dictature. 

 

L’instauration de la dictature et du régime fasciste (1922-26) 

 

I) La maitrise du parlement 

 

Mussolini à l’intelligence de montrer patte blanche envers les chrétiens et catholiques en opposition à ses idées d’avant 14. Il fait aussi rentrer au gouvernement des personnalités célèbres. 

On trouve seulement deux ministres fascistes dans son gouvernement et tout deux sont plutôt rassurants, ce ne sont pas des durs. 

Le premier est Gentile (professeur de philosophie) et le second est professeur d’économie: De Stefani. N’oublions pas que ce gouvernement n’a pas la majorité parlementaire, et en même temps on assiste toujours à des manifestations fascistes dans les rues. Par exemple en Décembre 1922 à Turin on assiste à des expéditions punitives qui font 18 morts. 

Mussolini créer de nouvelles institutions: 

Tout d’abord le grand conseil fasciste. Qui est une sorte d’assemblée du fascisme. Cela se veut une instance (sans reconnaissance légale) dont Benito prend l’avis. 

La Milice fasciste crée en 1923 qui se veut une force de l’ordre parallèle. Les populaires ne soutiennent pas cette initiative et sortent du gouvernement. Le parti pop en sera affaibli à cause de la crise interne qui en résultera. 

Il a besoin d’une majorité, cependant cela suppose que l’on change le système électoral qui était à la proportionnelle intégrale dans chaque province. Mussolini va faire voter la loi Acerbo (nom de son secrétaire). Elle instaure le scrutin de liste sur le plan national, la liste ayant obtenu plus de 25% des voix, obtient 2/3 des sièges (excuse de l‘instabilité politique), le dernier tiers étant partagé à la proportionnelle. Mussolini créer donc une grande liste nationale, le bloc national (listone), dans laquelle il rallie certains libéraux, des nationalistes… 

Le 6 Avril 1924, 64% des voix vont au parti fasciste. On assiste à des pressions, des meetings chahutés, des affichages arrachés durant la campagne… Derrière ces 64% on note quand même 42% d’abstention, on peut penser qu’une partie de l’opinion est démobilisée (fasciste 375 sièges, socialistes 46, populaires 39, communistes 19, et libéraux 15 et quelques républicains). Il maîtrise le Parlement. 

 

L’affaire Matteotti 

 

C’est un des 46 députés socialistes. C’est un réformiste élu en Lombardie. Le 30 Mai 1924, on assiste à la cession de rentrée du parlement, triomphe fasciste. Matteotti monte à la tribune et se lance dans un réquisitoire contre le fascisme en dénonçant les violences cautionnées, celles pendant la campagne, accuse de fraudes, dénonce les infractions à la liberté de presse (pour la presse d’opposition). Tout ceci dans une ambiance survoltée et Mussolini reste au banc des ministres, impassible. 

Et le 10 Juin, Matteotti est enlevé, il descend de chez lui, longe le Tibre et prend la direction de Montecitorio après quoi il se fait enlever par quatre agresseurs en pleine journée. La police commence l’enquête (la police n’est pas encore du côté fasciste) et deux jours plus tard on attrape le coupable: Amerigo Dumini. C’est un responsable local d’une cellule fasciste. La presse internationale s’empare de l’affaire, l’opinion aussi. Mussolini a cette réflexion quand on lui porte l’affaire: « Ils auraient du y pisser dessus « (rapport à la plaque d‘immatriculation). On retrouve Matteotti mort le 16 Aout à une quarantaine de kilomètres de Rome. L’affaire se déchaîne encore plus, c’est un véritable choc dans le pays, il y a même eu quelques démissions du parti fasciste. 

Cette période ouvre une crise pour le Duce, il est attaqué de toutes parts, les journaux se lâchent. Et il y aura plusieurs campagnes de réaction. 

Il y a aussi la réaction de l’opposition qui pratique la « retraite sur l’Aventin «. L’opposition se retire donc du Parlement, ils ne siègent plus. En même temps le gouvernement cherche des fusibles, ainsi le commandant en chef de la milice est destitué, de même pour le secrétaire d’Etat à l’intérieur (Aldo Finzi). Est-ce que Mussolini en est responsable? Il semblerait qu’il ne soit pas le commanditaire directe de l’assassinat de Matteotti. Mais il est fort possible que des militants aient crus faire plaisir au Duce en éradiquant Matteotti de la surface de la terre. 

Comment parvient il à tenir? Il dispose de certains atouts politiques: 

L’incapacité de l’opposition à proposer un programme crédible, ou même un projet ou une alliance. L’opposition reste profondément divisée. 

Mussolini a toujours la majorité parlementaire qui ne s’effrite pas, sauf marginalement. 

Le roi Victor-Emmanuel III ne demande pas la démission du Duce. Cette décision aurait pu faire basculer Mussolini grâce au prestige du monarque. Pourquoi cette absence de réaction? On peut penser au spectre de la guerre civile, de l’instabilité du trône, à l’absence d’alternative politique… 

Le Parti National Fasciste reste un très grand soutient, la base du parti, et même les ras poussent à la fermeté. Et le 31/12/1924 consulte les consuls de la milice qui l’encouragent à annoncer la dictature en brisant les oppositions. 

 

Mussolini assume et instaure la dictature 

 

C’est un tournant car suite à cette réunion, le 03/01/1925, Mussolini fait un grand discours (polycopié). 

Mussolini assume toute la violence du parti fasciste (si le fascisme et une association criminelle, j’en suis le chef), il a créé un climat qu’il assume (moi qui l’ai créé […] de l’intervention à aujourd’hui). 

Il instaure de par le fait les lois fascistissimes. C’est un arsenal qui met en place la dictature: 

12/02/1925: Nomination de Roberto Farinnaci comme secrétaire national du parti pour remettre au pas l’unité du PNF. Il va recadrer le parti (c’est définitivement un ultra). 

01/05/1925: Loi sur les associations secrètes, qui vise la franc-maçonnerie accusée d‘antifascisme. 

19/06/1925: Loi d’épuration de l’administration, pour se parer contre les antifascistes. 

24/12/1925: Le gouvernement n’est plus responsable devant le Parlement mais seulement devant le Roi. 

04/02/1926: Le Maire est remplacé par le podesta (terme médiéval désignant un chef de village, en opposition au terme républicain) nommé par le préfet (soit directement par Mussolini dans les grandes villes). On supprime ni plus ni moins la fonction de Maire. Pour Rome ce sera même la fonction de gouverneur. 

03/04/1926: Interdiction des syndicats et du droit de grève (exceptés le syndicat fasciste). Les anciens syndicats sont supprimés. 

05/11/1926: Les partis politiques sont interdits sauf le parti fasciste. 

09/11/1926: Les députés d’opposition sont déchus de leurs mandats et déclarés ennemis d’Etat (les fascistes n’osent pas en faire de même pour Giolitti). 

Le régime avance et s’institutionnalise comme une dictature au fur et à mesure jusqu’à être clairement établie fin 1926. Et même en 1927 on adopte un calendrier fasciste qui commence à partir de la marche sur Rome. Et la société italienne a finalement accepté ce système autoritaire dans sa majorité, il n‘y a pas de réelle révolution violente . Globalement la société accepte (de manière au moins passive) la mise en place du régime. En 1926 on assiste tout de même à une série d’attentat visant directement à attenter à la vie du Duce, mais cela reste des événements assez marginaux.

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