Devoir de Philosophie

L’éthique matérialiste Denis DIDEROT

Publié le 24/03/2020

Extrait du document

diderot

L’éthique matérialiste

Denis DIDEROT

1713 - 1784

Entretiens avec Catherine II (1773)

Dans cet entretien avec Catherine II de Russie, Diderot ébauche un plan de réformes... pour la France!

Que doit-il arriver sous mon règne, si, après avoir relevé et enrichi ma nation, je prends quelque précaution pour que l’or ne soit pas le dieu de mon pays, et que, par le concours aux places, j’assure quelque récompense au mérite et à la vertu? Ne puis-je pas me flatter, ainsi qu’Henri IV, que mes paysans de la Brie auront le dimanche une poule dans leur pot ?

Mais quand le paysan de la Brie a une poule dans son pot, quelle est et quelle doit être l’aisance des autres conditions de la société ? J’ose le demander à Votre Majesté. Surtout si j’avais l’attention de ne me plus mêler de rien, et de croire que chacun de mes sujets entend mieux que moi ses intérêts dans son état; si les opinions religieuses n’entraient pour rien dans mes préférences ; si je ne me mêlais du commerce que pour l’aider et soutenir les grandes maisons de commerce défaillantes ; si je ne voulais donner aucun règlement aux manufactures ; si je récompensais parfois les inventeurs non par des privilèges exclusifs, mais par de l’argent et des honneurs ; si j’empêchais la justice d’être ruineuse; si je rendais à la presse toute sa liberté, etc.

Mais lorsque le talent et la vertu mèneront à quelque chose, lorsque la nation entière aura toute l’aisance que chaque condition comporte, lorsqu’il n’y aura d’inégalité entre les fortunes que celle que l’industrie et le bonheur doivent y mettre, lorsque j’aurai anéanti toutes ces corporations où l’on ne peut entrer sans argent, et qu’on doit regarder comme autant de privilèges exclusifs qui condamnent des milliers de citoyens industrieux à mourir de faim ou à entrer dans une prison1 ; lorsque j’aurai encouragé l’agriculture, la mère nourrice de tout un empire; lorsque j’aurai des citoyens riches, que feront ces citoyens de leur or? L’or ne se mange pas. Ils l’emploieront à multiplier leurs jouissances. Et quelles sont ces jouissances? Celles de tous les sens. J’aurais donc des poètes, des philosophes, des peintres, des statuaires, des magots de la Chine2, en un mot tout le produit d’un autre luxe,

diderot

« ÉTHIQUES ET CITOYENNETÉ tous ces vices charmants qui font le bonheur de l'homme en ce monde­ ci et sa damnation éternelle 3 dans l'autre.

Mais ce luxe ne sera plus l'enfant de la maison, il sera l'enfant de la prospérité.

1.

Diderot prélude à l'édit de Turgoc de 1776 qui abolit les structures des coq~orations de métiers.

-2.

Figurines repré­ semam un personnage obèse, assis.

-3.

Selon la religion chrétienne.

(;· Relevez et classez les réformes préconisées par Diderot.

En quoi sont-elles dans le ' droit fil des préoccupations des philosophes de l' Encyclopédie? 1 j • Rrécisez la valeur argumentative des« mais» qui ponctuent le texte (1.

7, 15, 18, 33).

' ! : • Gomment Diderot prévient-il les objections que pourrait lui faire son interlocutrice? ' 1 ! • En quoi réside le charme de la conversation de Diderot? ~- l..~-?~~u~=~e~~~e~~es_:v~i~6~.

_____________________ _ 110. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles